JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N0 3,907. Samedi, 10 Mars, 1855. 38me année.
liV. 7PE.SS, 10 Mars.
Il va de soi qu'on répand dans le public
une foule de cancans l'occasion de notre
fameuse crise ministérielle. On met en
avant les combinaisons les plus grotesques.
L'opinion générale est pourtant que les
ministres démissionnaires ne se sont re
tirés que pour la forme, et qu'ils vont re
prendre leurs portefeuilles d'ici quelques
jours.
Qu'ils partent ou qu'ils restent, cela
nous importe infiniment peu.
Mais s'ils avaient l'intention de rester,
pourquoi ont-ils donné leur démission?
A quoi peuvent servir toutes ces boutades
d'enfant capricieux, si ce n'est affaiblir
et déconsidérer le pouvoir? Les minis
tres croient-ils quecesdémissions toujours
offertes et toujours retirées sont de nature
leur concilier les sympathies et l'estime
du public?
Eh! mon Dieu, qu'ils se présentent une
bonne fois devant les Chambres et qu'ils
disent:
Voici nos principes et notre ligne de
conduite: Nous voulons telle chose et
telle autre. Cela est-il de votre goût
comme du nôtre?
Bon. Alors nous restons.
Ou n'en voulez-vous pas
Soit. Mais alors nous rentrons dans
nos foyers.
Avec de telles explications, on saurait
du moins quoi s'en tenir de part et d'au
tre. On n'aurait pas tout bout de champ
ces petites situations équivoques et pleines
de mystère, qui plaiseut tant aux esprits
médiocres.
On dirait que le Cabinet en se retirant
a voulu frapper un coup de théâtre et qu'il
n'a eu d'autre but si ce n'est de faire parler
de lui. Tout coup, 10 heures et 5 m.
du soir, le télégraphe annonce: Démis
sion du ministère belge! Quel événe
ment! L'Europe va se dresser sur la pointe
des pieds pour contempler ce qui se passe
Bruxelles: Les Cours de Versailles et de
Londres seront émues en apprenant celte
grande nouvelle; et lord Clarendon vien
dra de nouveau peut être Boulogne pour
conférer avec S. M. l'Empereur des Fran
çais sur la situation nouvelle faite au
monde, par suite de la retraite inopinée
du ministère-Piercot et consorts.
Quanta nous, noussommes touségards
parfaitement rassurés. Quelle que soit l'is
sue de celte crise ministérielle, toujours
est-il qu'une administration composée d'é
léments pris dans l'opinion libérale exclu
sive, est une chose absolument impossible.
Le pays est las des prétentions de toute
cette tourbe d'ambitieux qui ne veulent la
liberté que pour eux-mêmes, et qui n'ont
d'autre politique si ce n'est d'exploiter la
nation au profit de leur cupidité et de
leurs haines anti-chrétiennes. Ce que la
Belgique veut, c'est qu'il y ait la tête des
affaires chez nous, des hommes conci
liants, modérés, belges avant tout sachant
respecter scrupuleusement et nos tra
ditions religieuses, et nos traditions de li
berté qui sont la fois notre force et notre
gloire.
Ce n'est qu'en se plaçant franchement
sur ce terrain que le ministère qui doit
sortir de la crise actuelle, naîtra viable.
M. le Ministre des finances a déposé ces
jours derniers sur lebureau de la Chambre
un projet de loi qui ouvre au déparlement
de la guerre un crédit extraordinaire de 2
millions 435 mille francs, indispensable
la continuation des travaux d'achèvement
et d'amélioration de l'artillerie et du génie.
Celte somme est surtout destinée la con
fection d'armes portatives, de bouches
féu, de projectiles, d'affûts, de voilures,
l'achat d'une certaine quantité de poudre
de guerre, des travaux de démolition
dans les forteresses condamnées, et de ré
paration dans celles dont le maintien a été
reconnu nécessaire.
Le même Ministre a présenté en outre
un second projet de loi, tendant accorder
au département de la guerre un nouveau
crédit supplémentaire de 1 million 571
mille francs, pour augmentation des allo
cations du budget de 1855 relatives au
pain et aux fourrages, et de la solde jour
nalière du soldat d'infanterie, dont les de
niers de poche se trouvent réduits presque
néant par suite du renchérissement ex
cessif de tous les objets nécessaires sa
nourriture. Une partie du crédit est aussi
destinée l'achat de chevaux de remonte,
dont le prix s'est beaucoup élevé depuis
quelque temps.
Le Sénat a adopté les diverses lois qui
suivent
1° Il a confirmé le vote de la Chambre
des Représentants, qui, en prorogeant la
loi sur les Jurys d'Examen, a supprimé
l'examen pour l'obtention du grade d'élève
universitaire;
2° Il a voté l'unanimité le crédit de
80,000 fr., destiné subvenir aux frais de
la participation de nos industriels l'ex
position universelle de Paris;
3° La loi qui établit la réciprocité avec
la France, en matière de sociétés anony
mes^ égalementété adoptée l'unanimité.
4° Enfin, le Sénat a adopté par 23 voix
contre 7, la loi interprétative du décret du
20 juillet 1831 sur la presse
L'Assemblée s'est rangée l'avis de la
Cour de Cassation et de la Chambre des
Représentants, c'est-à-dire, que les jours
de retard, dans le fait de la publication
d'une réponse un article jugé diffama
toire, sont comptés pour les journaux
périodiques commepour les jouruauxquo-
lidiens.
Le budget de la dette publique pour l'an
née prochaine 1856, a été distribué la
Chambre des Représentants; il s'élève
fr. 37,505,994-96 et présente sur celui de
1855 une augmentation de 559,314 fr.
INONDATIONS EN HOLLANDE.
Les Américains poursuivent activement
la construction du télégraphe sous maria
qui doit relier le Nouveau-Monde au Con
tinent Européen. 600 ouvriers travaillent
depuis un au la pose des poteaux et des
fils dans la partie comprise entre New-
York et Saint Jean, sur Je banc de Terre-
Neuve. Saint-Jean est le point le plus rap
proché de l'Europe.
Douze cents milles (environ 400 lieues)
sont déjà prêts, et l'on compte bientôt pou
voir recevoir des nouvelles de notre Con
tinent dans l'espace de 5 6 jours. Avant
deux ans, Londres communiquera avec
New-York par un fil électrique,et l'échange
des correspondances entre ces deux capi
tales n'exigera pas plus d'une heure.
LE PROPAGATEUR
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On reçoit les nouvelles les plus tristes sur le
débâcle des eaux dans les provinces deGueldre et
du Brabant. Dans les communes environnantes
d'Arnhem, les digues sont partout rompues et les
campagnes pre'sentent l'aspect d'un lac immense.
Les maisons situées b la digue de Dreotnel près de
la roule de Heerewarden son: entièrement englou
ties, celles du Oudeo-Maasdeu s'écroulent sous la
pression de l'eau. Les communications sont inter
rompues sur plusieurs poiuls. Du côté de Tiel, un
grand nombre de maisons sont engluulies. Le
canon de Grave a annoncé que la digne avait
également été rompue. Un grand nombre de
pièces de bétail sont perdues. Le Rhin charrie des
épaves de bateaux, des poutres, des instruments
aratoires, etc. Ou apprend que ni villages sont
inondés. Écho univ
Des milliers de familles ont perdu tout leur
avoir. Dans les provinces de Gueldre, du Brabant
septentrional et d'Utrecht, on voit partout des
maisons qui sont entraînées par les eaux. Une
immense quantité de bétail a péri.
Le Rhin charrie en ce moment d'énormes gla
çons. Les eaux sont a une hauteur telle qu'on
u'a pas vue depuis 1820. Partout les digues se
rompent ou meuaceDt de se rompre. De Hattem a
Bergwyk les digues soDt débordées sur un parcours
de plus d'une lieue. A Wageningen on craint que
les digues ue puissent résister au courant on s'y
apprête fuir au moindre signal du danger. Voila
ce que nous Irouvo'oS dans les journaux.
TREMBLEMENT DE TERRE.
Une dépêche télégraphique annonce qu'un
tremblement de terre épouvantable a détruit la
ville de Brousse. 2,000 personnes ont péri. On sait
que c'est Brousse qu'Abd-del-Kader s'est retiré.
TÉLÉGRAPHIE SOUS-MARINE.
REVUE POLITIQUE.
On ne connaît pas encore textuellement le Ma
nifeste du nouvel Empereur de Russie. Cependant
une dépêche télégraphique en donne le passage le
plus saillant: Puisse la Providence, dit le Czar,
qui nous a appelé h cette mission si élevée, nous