JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. I No 3,915. Samedi, 7 Airil, 1855. 38me année. TPB.ES, 1 Avril. P L'avènementducabinetdu30mars donne la presse maçonnique d'incroyables accès de fureur. La nouvelle administration n'a pas en-' core eu le temps de poser un seul acte, et léjà elle est jugée digne de mort; d'un out de la Belgique l'autre, les scribes u libéralisme se mettent l'injurier ou- rance. Tous les ministres sont vilipendés, rainés dans la boue: on va jusqu'à ex- loiter contre eux leurs relations d'affaires et de famille pour insinuer qu'ils sont ven dus l'étranger et sur le point de livrer le ays. Qu'espère-t-on obtenir par l'emploi de ces manœuvres odieuses? Il est possible, sans doute, que de cette manière, on réus sisse rendre impossible chez nous tout ouvernement par le parti conservateur, ais quand on aura obtenu un tel résultat, n n'en sera guère plus avancé: car les ibéraux exclusifs ne seront pas même de reprendre les positions qu'auront dû abandonner leurs adversaires politiques. Les beaux temps du libéralisme intolérant sont passés, et nous disons hardimenlqu'ils e reviendront plus. Aujourd'hui, la ques tion setrouve poséeentre les conservateurs etla révolution, la révolution avec toutes ses conséquences sociales et socialistes. En tre cesdeux extrêmes, il n'y a plus de place tenable pour le libéralisme. Comme nous le disions, il y a quelque temps, la nation ne veut plus de ce système intermédiaire inventé et prôné pour la commodité de quelques bourgeois repus, qui voudraient concilier* l'ordre dans la société avec le bé néfice de leurs passions satisfaites: Tout cela est usé jusqu'à la corde. Ohl [Messieurs, prenez-en votre parti: vous et vos doctrines vous êtes devenus pour le peuple un objet Je dédain. Pour toute consolation, il ne ous reste plus qu'à manger en paix vos evenus et vos appointements, et qu'à dis- iller le venin de vos calomnies sur les omraes politiques que vous serez jamais impuissants remplacer. A chacun son métier; celui-là, c'est le vôtre. Quant aux hommes honorables que le Roi vient d'appeler la haute direction es affaires, nous espérons qu'ils auront ,ssez de sangfroid et de fermeté pour ne as s'émouvoir des criailleries et des in jures de la presse clubisle. Ils gouverne- ontla Belgique avec calme et avec sagesse, ans nullement s'inquiéter du bruit que 'on fera autour d'eux. La lumière qui les clairera dans leur marche, ce sera la onstitution dans son esprit comme dans a lettre; ce seront aussi toutes les glo rieuses traditions qui se rattachent la fondation de notre nationalité. C'est sur ce terrain qu'ils convieront les hommes de bonne volonté, tous les amis de l'ordre, et qu'ils travailleront au rapprochement des partis. Mais aussi hors de là, point de tran saction possible: tout ce qui n'est pas 1830 doit être impitoyablement repoussé, et re- faflîetïatBS les antres ténébreux des sociétés sécrétés. N La tâche imposée aux nouveaux Minis tres est délicate. Il s'opère dans le pays un travail de transformation entre les partis, dont on devra avant tout savoir tenir compte. Une politique faible jetterait l'in certitude et le découragement dans les rangs destamis de l'ordre; ceux-ci se dé fieraient désormais de leurs propres forces, et croiraient que tout est perdu; outre qu'ils se trouveraient compromis vis à-vis de l'opinion: on les jugerait impuissants opérer le bien. Donc pas de faiblesse: mais aussi, pas d'imprudence. Une politique imprudente disloquerait la majorité parlementaire et provoquerait des tiraillements et d divi sions funestes parmi les conservateurs alors les ennemis de l'ordre deviendraient forts de notre propre faiblesse, et nos insti tutions courraient degraves dangers. Tout gouvernement deviendrait impossible, et pour sortir de cette pitoyable situation, il ne resterait que la révolution ou le coup d'Etat. Voilà les deux écueils que le cabinet du 50 marsaura éviter. Espérons qu'il saura les éviter. Le talent ei le patriotisme des membres de la nouvelle administration nous en sont un sûr garant. LE PROPAGATEUR vérité et jcstice- Il est heureux pour M. Tesch qu'il n'ait pas réussi 'a former un ministère, ayant le programme de Y Observateur pour joyeuse entrée, car le chef du cabiuet aurait reçu, le jour même de son installation au pouvoir, un démenti éclatant de la part de ses électeurs en effet oous apprenons que, dans sa séance du 5o marsle conseil communal d'Arlou a adopté la convention d'Anvers. Le vote a eu lieu l'unanimité des voix. On le voit, le programme de M. Frère est repoussé même dans les villes où son opinion a eu jadis le plus d'influence. [Patrie.) Qu'il est consolant de voir en un siècle d'incré dulité les sentiments religieux de tant de chrétiens se ranimer l'approche des grandes fêtes. C'est ainsi que pendant la Semaine Sainte un nombreux concours de fidèles a assisté assidûment, aux offices divins. Le Jeudi Saint notamment, ,j toutes les églises de la ville ont été visitées dès la pointe du jour jusqu'au coucher du. soleil. A l'église de S'-Martin, on reinaïquait, h l'offiue du malin, tout ce que cette paroisse compte de plus notable. Le soir encore la vaste basilique voyait se presser daus son euceinte une foule uombreuse et compacte de fidèles qui était venue assister b l'in- structioo religieuse qui devait terminer cette belle journée. Ou y reinaïquait le riche 'a côté de l'ou vrier et du pauvre. M. l'abbé Bossaertvicaire de cette paroisse, a su, comme de coutume, corres pondre a l'attente et au pieux empressement de son immense auditoire. Cet honorable ecclésiastique a saisi celle occasion pour traiter avec éloquence et érudition one des matières les plus importantes et les plus pratiques. Il a parlé de la confession. L'orateur a fait voir l'action de Dieu sur le con fesseur et sur le pénitent dans le sacrement de la pénitence; il a développé cesdeux parties avec un talent véritable. Dans sa première partie, il a dé montré que le confesseur doit être revêtu de toutes les vertus dont J.-Ch. lui-même était revêtu, de cette miséricorde, de cette bonté, de celte patience, etc. Dans sa seconde partie, il a énmnéré tous les bienfaits de la confession. Ensuite, il a placé deux étendards, celui de J.-Ch. et celui du démon. Celui de J.-Ch. invitant le pécheur h la péoilence par ces paroles consolantes Venez moi, vous tous qui travaillez, et qui êtes dans la peine, et je vous soulagerai. Celui du démon, éloignant les chrétiens de cette source salutaire, leur suggé rant un grand nombre d'objections. Toutes ces objections, l'orateur les a réfutées, l'une après l'autre, avec une rare lucidité. Mais il a surtout attiré l'attention de son nombreux auditoire lorsque remontant successivement jusqu'aux pre miers siècles de l'Église il a confondu les impies de nos jours, leur prouvant par la citation de documents nombreux et convaincants que la con fession est d'institution divine. Toute la foule 'a genoux, l'orateur, le crucifix entre les mains, a terminé, avec celle onction qui lui est propre, en remerciant le divin Sauveur de nous avoir voulu instituer le sacrement de la péni tence, et en recommandant b sa miséricorde tous ceux qui négligent, profanent et blasphèment ce moyen efficace de salut. La nouvelle donnée par les journaux, que le ministre de la guerre, cédant aux réclamations des habitants d'Ath vient d'accorder b cette place, une garnison de i bataillons d'infanterie, d'un escadron de cavalerie et d'une derai-batterié'd'ar tillerie, a produit une vive sensation dans notre ville. Oo nous assure, qu'en vue d'obtenir la même faveur, l'administration communale d'Ypres se propose de faire une nouvelle démarche auprès de M. le général Greindl, le nouveau ministre de la guerre. Nous désirons de tout cœur que cette nou velle instance aboutisse. A cet effet, nous croyons devoir observer b nos roaodatairesb l'hôtel-de-vi 1 le, qu'il est de toute nécessité, que le Progrès, leur organe officieux ou officiel, s'abstienne dorénavant de toute récrimination malveillante b l'égard du nouveau Cabinet. Ce n'est pas en usant de pro cédés malveillants envers l'administration Dedec- ker-Vilain XIIII, que notre ville pent espérer de voir mettre un terme au système de défaveur, dont les ministères libéraux nous ont rendus vic times. Le nouveau Cabinet n'ayant posé jusqu'ici aucun acte, a droit a la sympathie de tous. Plus que toute autre localité, la ville d'Ypres a des mo tifs pour ne point s'aliéoer son bienveillant appui. Les journaux de la capitale doiis informent que M. Dedecker le nouveau ministre de l'intérieur vient d'adresser b tous les fonctionnaires de pro vince, une circulaire, pour leur prescrire la modé ration et l'obéissance. Nous sommes curieux de sa voir, quel effet celle missive aura produit dans les

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Le Propagateur (1818-1871) | 1855 | | pagina 1