JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 3,922.
38me année
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''TPR.ES, 2 Mai.
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j La manifestation que prépare la ville
d'Yprea, en i'bpnneur de l'immaculée
Conception de Marie, s'annonce sous les
apparences les plus pompeuses. Depuis
plusieurs semaines de grands préparatifs
se font, pour celle solennité, fixée au
Dimanche 6'de ce mois. Chacun veut payer
la Mère de Dieu, son tribut d'amour
ét de véhéralîon. Les charpentiers, les
Seintres, les décorateurs, les marchands
e verres coloriés, peuvent peine suffire
aux cdrprtiaudes de tout genre qui leur,
dont faites. On cite des églises, des maisons,,
où les embellissements prendront les pro
portions les plus grandioses. En un mot.
l'on peut dire, que l'approche de la fête de.
Dimanche prochain répand dans toute, la
ville une activité extraordinaire. L'élan,
l'enthousiasme sont tels,, que plusieurs se
moàtrent jaloux de communiquer leurs
projets, et gardent le plus grand secret
sur leurs préparatifs.
Lés populations envirohnantes se con
fondent dans les mêmes sentiments de
joie. Poperinghe, Vlamertinghe, Passchen-
daele, Messines, et toutes les autres com
munes, fêteront dignement la Vierge
conçtreTgsmrrastïes:
Enfants de la catholique Belgique, ré
jouissons-nous de cette religieuse ardeur.
Habitants d'Ypres, soyons surtout fiers,
des transports unanimes qui éclatent au
sein de notre ville. D'illustres souvenirs,
nous ont valu l'insigne faveur, d'être
appelée la cité privilégiée de la Vierge. En
toute circonstance, sachons, comme nos
pieux ancêtres justifier une si glorieuse
réputation.
Lundi 30 avril 6 1/2 heures du soir, a
eu lieu, dans l'église des HR. PP. Carmes
Déchaussés, l'ouverture solennelle du Mois
de Marie. Après le ichant du Veni Creator
qu'entonnait notre vénérable Doyen M.
Welvaert, M. le vicaire Bossaerl, a pro
noncé une allocution sur les grandeurs
et les prérogatives de Marie.
Érigée eu 1839, par la pieuse initiative
des RR. PP. Carmes, cette belle dévotion
s'est pratiquée constamment dans -ladite
église avec une pompe et une magnifi
cence extraordinaire.
La proclamation du dogme de rimma-
éulée Conception de la Mère de Dieu, est
venue donner celte année, un intérêt tout
particulier la solennité du Mois dë Mai.
S'associant de loul cœur au mouvement
de la joie universelle qu'excite partout ce
glorieux événement, les RR. PP. Carmes
Déchaussés dont l'ordre a toujours soutenu
l'Immaculée Conception de la Vierge, n'ont
rien négligé pour ajouter un éclat nouveau
la dévotion déjà^ si vive envers Marie.
L'ensemble des décorations de leur église
présente le coup d'œil le plus ravissant.
Des figures etnblèmaliques, de nombreu
ses inscriptions, de jolis chronogrammes
sont rangés autour des murs qu'ils em-
betfissent âvec fraîcheur. Cinq transpa
rents d'un beau coloris, et dûs au pinceau
de M. Benoît Delhoor, notre concitoyen,
ancien lauréat de l'académie, sont en
châssés dans les vitraux. Ils représentent
S' Ëlie, S1 Simon Stock, S1-Géra ni, S'-Pierre
Thomas, S'-Cyrille, les principales illustra
tions de l'Ordre.Parmi leschronogrammes,
nous avons remarqué les suivants, dont le
choix paraît des plus heureux et la con-
texture des plus parfaites
A côté du trône de la Vierge
ConCeDo popULO paCEM, ConCUL-
CanDo serpenteM.
AlllettLs
DeCora MaCULâ Carens
haeC ADae MaCULâ Caret.
haeC alTera EVa DraConeM neCat
tU CaLCas DraConeM.
serpenteM peDe ConCULCas.
De paUs plUs IX VerkLaert t'Lang
geWensChte LeerstUk Dat gY zonDer
eenlge VLek ontVangen zYt.
De Chrlstene WereLD Was WaerLYk
VerbLYD oVer zULk Voorregt.
Vierge Marie pUre Dans Votre ConCep-
tlon, priez poUr noUs qUI aVons reCoUrs
VoUs
Ma s ce qui attire tout particulièrement
l'attention, c'est la disposition admirable
du trône de la Vierge. Au fond de l'église,
s'élève une montagne de lauriers et d'oran-
Igers, dont la douce verdure fait ressortir
dans toute sa vivacité, la richesse de
l'autel. Mille fleurs aux couleurs les plus
variées naissent dans cet épais feuillage.
Au sommet de ce trône verdoyant, sous
un dais étoile est placée l'image de (3
Vierge, éblouissante de lumières.
Impossible de se faire une idée de l'effet
que produit celle représentation majes-
Luusêi'Dànscurtectrco 11 stance solennelle,
rien ne plaît davantage l'âme chrétienne,
que de voir briller la Reine de toule
virginité, dans un jardin de lys et de
roses. C'est le trône le plus naturel, le
mieux choisi, qu'on pouvait préparer
Marie, dans ces jours de gloire et de
triomphe pour elle. Nous félicitons cor
dialement les dignes Pères Carmes d'avoir
réalisé une idée aussi délicate, comme
nous leur savons gré, de leur zèle pro
pager de plus en plus la dévotion envers
LE PROPAGATEUR
VÉRITÉ ET JUSTICE*
LETTRE DE R. P. DE DAMAS;
AUMONIER DE L'ARMÉE D'ORIENT,
AU DIRECTEUR DES Précis historiques.
(suite et fin.)
Pendant la traverse'e, les me'decins do bord font
régulièrement la visite des malades, et toutes les
précautions sont prises pour que rien ne manque
en fait de soulagements a la souffrance. Si tous les
bâtiments sont organisés comme le Christophe Co
lomb, qui vient de me transporter Coustantinople
avec un convoi de trois cents malades, il est diffi
cile de demander plus de dévouement aux hommes
qui composent les équipages de la marine impé
riale, depuis les commandants jusqu'aux simples
mousses. En parcourant les rangs pressés de nos
pauvres malades, je rencontrais sans doute l'ex
pression de la souffrance, mais aussi, je veux le
dire I honneur de notre marine, je voyais sur les
physionomies et je trouvais sur toutes les lèvres
1 expression tout aussi bien sentie de la recon
naissance.
J ai pu coustater avec bonheur que le soulage-
meut des douleurs physiques n'était pas le seul but
des soins prodigués au malade. Dès la première
nuit, le médecin eu chef viut frappera ma cabine,
et voulut me conduire lui-même au chevet d'un
honnue dont la maladie faisait craiudre une mort
prochaine. Le leudemain malin, il eut la boulé de
venir me reudre coinpie de l'élat des malades,
lu'iudiquaui les plus souffrants et me facilitant
ainsi l'exercice de mon ministère. A son exemple,
les aides-majors et les infirmiers se montrèrent
auimés des sentiments les plus élevés et mirent
leurs soins ne pas laisser uu seul homme privé
des cousoiations d'en haut.
Plusieurs fois, dans la journée et dans la nuit,
j'entendis de petiis matelots frapper ma porte en
tue criant Monsieur l'aumônier, il y a un
homme qui souffie bien. Venez le voir, s'il vous
plaît. Je sortais et je les suivais auprès du
malade. Si je le trouvais,assez tnal pour recevoir
l'extiéiue-onciion, je voyais aussitôt mes petits
matelots ôter leurs chapeaux, se composer religieu
sement et suivre avec intérêt les cérémonies de
l'administration du sacrement. Honneur au vais
seau qui est si parfaitement commandé I Honneur
aussi h l'équipage qui obéit si bieu aux inspira
tions du chef
La mer Noire n'est pas aussi terrible que les
anciens poètes ont bien voulu la faire, et je l'ai
entendu dire plusieurs marins distingués, sa na
vigation n'offre pas de terribles difficultés. Aussi,
bieu souvent, le trajet de Kamiesch h Constanti-
iiople se fait saris peine, et les malades n'en sont
point incommodés. Mais h certains jours excep
tionnels, quelques-uns de nos convois ont cruel
lement souffert. Voici venir un nuage qui porte
dans ses flancs la tempête. Le vent mugit dans les
cordages. Les flots de la mer se soulèvent. La neige
tombe: elle s'attache aux cordages; elle se gèle
alentour, et bientôt les câbles se raidiront et se
ront si couverts de glace qu'ils doubleront de vo
lume. Impossible de rester sur le pont que tous
les malades descendent dans les batteries. Et puis
fermez les sabords, de peur que la mer n'eolre par
les ouvertures et n'inonde le faux pont.
Oh! alors, quel triste spectacle! voyez comme
il fait sombre dans ces batteries ainsi fermées; le
jour v pénètre peine. Ou entend les craquements
du navire. Les malades ont de la peine se tenir
a leur place. Ils sont jetés les uns sur les autres par
le mouvement des flots. Le mal de mer se joint
la dysseuterie pour les torturer. Le plancher sur