plusieurs semaines honorer dignement la Vierge
immaculée, qui de tout temps fut la protectrice
spéciale de Messines. Toutefois la splendeur de la
fête a surpassé de bien loin l'attente générale. A
peioe le 6 mai fut-il arrivé que dès le grand matin
une immense quantité de drapeaux, de bannières,
de joyeuses banderoles se sont déployés dans toutes
les rues, pour se laisser caresser par le souffle du
vent d ouest, qui, par parenthèse, était parvenu la
nuit précédente détrôner Borée h l'haleine gla
ciale. La joie était peinte sur tons les visages. On
allait enfin pouvoir donner l'essor aux sentiments
d'amour et de vénération dont grands et petits, ri
ches et pauvres étaient pénétrés envers la Vierge
conçue sans la tache originelle!
Une procession solennelle avait été annoncée
pour ce beau jour. Elle sortit après Vêpres. Rien
de plus gracieux et de plus édifiant la fois que
celte cérémonie religieuse. A la tête se trouvaient
au delà de deux cents jeunes filles, élèves de l'Insti
tution royale. Un grand nombre d'entre elles
portaient soit des bannières, soit des bouquets ou
des corbeilles de fleurs. Venaient ensuite la su
perbe bannière de la congrégation de jeunes per
sonnes érigée h Messines sous le titre de l'Immaculée
Cooception de Marie. A côté paraissaient des ban
nières de moindre dimension, portées, comme la
graode, par des congréganistes. Puis, s'avançait ma
jestueusement l'image richement ornée de Nolre-
Datne de Messines, entourée de superbes flambeaux
ainsi que de jolies fleurs de toute espèce et de
toute nuance. Paraissait enfin le Saint Sacrement
que M. le curé portait sous un dais d'une beauté
remarquable, et que précédait un double rang de
membres de la confrérie du Saint-Sacrement. La
régence suivait immédiatement le baldaquin et
était elle-même suivie par une foule considérable
de fidèles, empressés d'offrir a la Mère de Dieu les
honneurs dont ses beaux privilèges la rendent si
digne. La procession s'est successivement arrêtée
devant trois reposoirs décorés avec goût.
A peine la procession était terminée, qu'on vit
tout le monde se préparer avec empressement
illuminer les façades des maisons. De mémoire
d'homme jamais illumination ne fut h Messines ni
plus générale ni plus brillante. Dès que les cloches
eurent donné le sigoal, des milliers de lumières
jetèreut comme par enchantement le plus vif éclat
de quelque côté qu'on portât la vue. Des transpa
rents, des verres et des lanternes coloriés, d'hum
bles chandelles, figurant ici, des pyramides, l'a des
portes de triomphe, attiraient partout de nombreux
spectateurs.
Parmi les maisons particulières se distinguaient
celles de M. le curé, de M. le vicaire, de M. Ph.
Vandermersch et d'autres encore, mais surtout
dans quelques jours viendra le beau temps.
Oh! vous avez raison, monsieur l'aumônier, ré
pondront-ils d'une voix commune; un jour de
beau fait oublier quinze jours de mauvais. Il
faut donc vivre d'espérance. Et là-dessus
chacun reprend les différents incidents de la jour
née et s'efforce de prouver qu'après tout on n'a
pas tant souffert.
En face de la balle ennemie, la crainte du danger
est de beaucoup inférieure au désir de faire triom
pher le drapeau français. Voici deux braves trou
piers malades assis derrière ma teole où ils essaient
de se ranimer au soleil. Ils causent et ne se doutent
pas que je les entends. Nous sommes malades,
dit l'un d'eux. Cela ne va pas, camarade.C'est
vrai, répond l'autre écloppé. Tout de même si le
général Canrobert nous disait: «Mes enfants,
nous aurons demain un coup de chien, il faut
monter l'assaut! a eh bien, nous trouverions le
moyen de le suivre pour montrer aux Russes ce
que savent faire même les malades français. Tu
raison, camarade, réplique vivement le premier
celle de M"" veuve Vicloor, qui, au jugement de
tous, a remporté la palme. Il est vrai que le vent
a un peu nui l'illumination de quelques façades.
Quant la chapelle de Notre Dame de Messines,
appartenant l'institution royale, il faut l'avoir
vue pour se former une idée de la magnificence
avec laquelle elle est ornée pour le mois de mai.
Je ne dirai rien des mille et mille fleurs, des
nombreuses bannières, des beaux chronogrammes,
qui embellissent le sanctuaire de Marie. Il est in
croyable de quelle intelligence, de quel tact les
dames de l'Institution ont fait preuve. Car ce sont
elles qui ont décoré la chapelle. Qu'on s'imagine
donc, si on peut, l'efTet qu'y ont du produire le
soir des lumières sans nombre, particulièrement
une brillante étoile d'une énorme dimension, por
tant au centre le chiffre de la Sainte Vierge. Non,
on ne pouvait voir rien de plus beau.
Uu superbe feu d'artifice a clôturé cette belle
fête en l'honneur de. Marie immaculée. Les frais
en ont été supportés par de nombreux souscrip
teurs. C'est M. Deleu, instituteur communal qui
a été l'artificier. La pyrotechnie ne lui est pas
étrangère; il ne le doit céder, je pense, qu'à bien
peu d'artificiers en titre. Comme la fête était ex
clusivement religieuse, M. Deleu a prié M. le curé
de Messines de vouloir mettre le feu au bouquet
portant le nom de Marie. M. le curé s'y est prêté
de bonne grâce. L'opération a parfaitement réussi.
A dix heures et demie le feu d'artifice était ter
miné.
NOUVELLES DIVERSES.
Un déplorable accident est arrivé en cette ville
dans la nuit du 7 au 8 courant, vers l'heure de mi
nuit. Un individu, cordonnier de son état, et
domicilié aux environs de la ville, en essayant de
passer le fossé d'enceinte du côté de l'ancienne
porte deThouroul, s'est embourbé dans la vase et
a péri misérablement. Il avait pour but de se sous
traire la taxe de 30 c. prélevée aux portes pour
les entrées et sorties. Deux hommes qui le sui
vaient, entendirent leur malheureux compagnon
se débattre quelque temps, mais ne purent rien
distinguer cause des ténèbres. Ils viurent donner
l'éveil au bureau de police; mais toutes les recher
ches furent infructueuses. La casquette du défunt
fut trouvée, mais on n'a point découvert encore
le cadavre. C'est ce qui avait fait courir le bruit,
que cet individu n'avait point péri.
Bruges, 8 mai. La procession du S' Sang et
de la Vierge conçue Immaculée, avait attiré hier
dansnotre ville une foule innombrable d'étrangers.
La procession a été magnifique; les divers grou-
interlocuteur. Quand on aura donné le signal de
l'assaut, les popes russes ne diront plus leurssol-
dats que les Français ont les mains gelées. Nous
jouerons la main chaude ce jour la. Et chaque
empreinte de nos doigts sera la preuve que nous
avons le sang bouillant malgré le froid de cette
diable de Russie.
Cependanton signale l'arrivée d'un convoi de
blessés. J'entre dans la salle où l'on vient de dé
poser ces malheureux. Le premier de la triste ca
ravane est un zouave horriblement mutilé. Il va
sans doute se plaindre, car il est facile de faire le
brave avant le danger; mais lorsque la mitraille a
frappé, les murmures et les cris succèdent aux
bravades. Détrompez-vous. Nos soldats ne sont
pas des fanfarons. Ce sont de bons et loyaux en
fants qui affrontent la mort avec toute la naïveté
que leur inspirent l'amour désintéressé de leur
pays et le sentiment du devoir. Eh bien, mon
pauvre zouave, vous avez été bien malheureux dans
cette dernière affaire Malheureux, monsieor l'au
mônier, mais non. An contraire, j'ai en une chance
pes de vierges et de garçons, représentant telle et
telle catégorie de saints, ont fait le plus bel effet.
On a surtout admiré le groupe de vierges qui chan
tait l'unisson les litanies de la Mère de Dieu. Les
bannières de diverses couleurs, que portaient di
vers groupes, se mêlaient agréablement aux vieux
étendards de la ville, et lorsque la procession fut
parvenue au Bôurg, où la bénédiction a été donnée,
le coup d'œil était des pins ravissants.
NN. SS. de Montpellier, évêque de Liège; De-
lebecque, évêque de Gand; Gouella, nonce apos
tolique; Malou, évêque de Bruges, marchaient
dans la procession, dans l'ordre où nous venons
d'écrire leurs noms.
Des détachements de lanciers et de la troupe de
ligne ouvraient et fermaient la marche du saint
cortège.
On a fait la remarque que, ponr la première fois
depuis des temps immémoriaux, la relique du
Saint-Sang, qui est considérée comme relique de
la cité de Bruges, n'était pas suivie des magistrats
de la ville. [Patrie.)
Vendredi dem., le bateau 'a vapeur Douvres,
venant de la ville de ce nom, a été jeté la côte
au moment où il voulait entrer dans le port d'Os-
tende; les voyageurs et leurs bagages ont été
sauvés. A marée basse, les agrès et les meubles ont
été retirés du navire.
Le corps du bateau a été coupé en deux. Ce
bâtiment appartient une société anglaise et était
estimé 35o.ooo francs.
Un terrible malheur est arrivé Sysseele,
dans la nuit de vendredi samedi une maison h
deux demeures, appartenant an sieur Jean Coene,
et dont une partie était habitée par le nommé
Billiet, a été réduite en cendres, et la femme
Billiet, âgée de 3a ans, ainsi que son enfant, âgé
de six sept mois, ont péri.
C'est en voulant sauver des meubles qne la
femme Billiet a trouvé la mort dans les flammes.
Les cadavres calcinés des deux victimes ont été
enterrés samedi soir.
Le dommage est évalué environ 1,000 fr. Rien
n'était assuré.
Jeudi dernier le feu a détroit Zonnebeke,
une maison trois demeures, occupée par des ou
vriers. Rien n'était assuré.
Le ministre de la guerre informe les personnes
qui désireraient s'entretenir avec lui sur les affaires
qui concernent son département, qu'il les recevra les
lundis, de 10 13 heures du malin. [Moniteur.)
Les sections ont examiné le projet de loi qui
alloue au département de la guerre un crédit de
3,58o,ooo fr. pour les lits militaires. Ce projet a
rencontré une certaine opposition. Un grand
nombre de membres ont exprimé des doutes sur
étonnante. J'étais dans la tranchée; une bombe
arrive qui me brise la jambe. Je tombe par terre;
la bombe éclate et me fracasse l'épaule. J'en suis
quille pour une jambe et un bras coupés, lorsque
j'aurais dû mourir sur le coup. Quelle chance
II faut avoir vu le caltne, le sang-froid et le
courage imperturbable avec lesquels nos hommes
subissent les opérations les plus terribles la suite
d'une blessure pour se faire nne idée juste de leur
courage. Aussi, je vous l'assure, lorsque, depnis
six mois, on est l'heureux témoin de ces disposi
tions héroïques de nos troupes, on se réjouit en
pensant que la France n'a pas dégénéré, que son
caractère est resté le même, et qu'aujourd'hui,
comme toujours, la victoire est assurée au courage
de ses enfants.
Ne craignez pas que jamais notre drapeau reste
entre les mains des ennemis. Des milliers d'hommes
se feraient tuer pour ouvrir le passage celui qui
chercherait le ressaisir. Dernièrement, une action
partielle avait été engagée sous les murs de la ville.
On luttait corps corps, et c'était dans la nuit.