JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
M» 3,936.
38me année.
7FB.3S, 20 Juin.
Le Progrès est en admiration devant les
grands principes de 89, voir même de 93.
Quoi d'étonnant?
En ce temps-là on proclamait la Consti
tution civile du clergé; on volait les biens
de l'église; on traquait, on déportait les
prêtres ou on les massacrait en masse. Ces
jours de proscription et de deuil pour la
religion catholique sont digues des sym
pathies du Progrès, lui qui naguère
encore écrivait que la prière est un abus;
que les pratiques et les cérémonies du
catholicisme sont des momeries ressuscitées
des siècles d ignorance; que la Belgique,
enfin, devrait se guérir PAR LA FORCE de
la lèpre des couvents et des institutions
chrétiennes.
Quant nous, nous sommes Belges avant
tout, et nous ne connaissons qu'une chose
en fait de politique: c'est 1830; c'est notre
Constitution; ce sont les principes d'ordre
et de liberté qui ont présidé l'œuvre de
notre émancipation politique.
II est vrai, du reste, quecette manière de
comprendre les choses ne cadre pas en
tièrement avec les grands principes de 89 et
de 95: nous en sommes fâchés; mais ce
n'est pas notre faute si la révolution de
1830 est le contre-pied des maximes anti-
chrétiennes de ces temps néfastes que l'on
veut réhabiliter de nos jours.
Il y a quelques mois, nous disions une
autre occasion que notre libéralisme ex
clusif n'a pas une goutte de sang belge
dans les veines.
Est-ce vrai? qu'on juge:
Sans cesse il a les yeux tournés vers la
France de 89 et de 93; tandis qu'il passe
dédaigneusement côté de la Belgique de
1830, se réveillant tout-à-coup pour con
quérir, par un effort héroïque, sa nationalité
près de s'éteindre sous les étreintes du
despotisme hollandais. Il proteste contre
notre révolution et contre l'œuvre du
Congrès national; il proteste contre les
libertés civiles et religieuses dont tous les
Belges jouissent sous la garantie de notre
pacte fondamental; et dans sa fureur, il
menace de changer la Constitution légalement
ou de l'abattre révolutionnairement.
Du reste, nous dédaignons ces menaces
comme ceux qui les font si l'on nous
attaque légalement, nous nous défendrons
légalement; et si l'on nous attaque par la
force, nous nous défendrons aussi par la
force. Pas un poucede terrain ne sera cédé
au libéralisme révolutionnaire des loges.
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LE PROPAGATEUR
VÉRITÉ ET JUSTICE.
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passages d'une
Nous croyons faire plaisir h nos
reproduisant ici les principaux pa:
lettre que M. le chanoine De Haerue vient d'adres
ser au Journal de Bruxelles. Elle contient une
réponse péremptoire ceux qui s'obstinent h voir
dans la prohibition 'a la sortie des céréales la cause
déterminante de la décroissance de nos importa
tions. Voici les extraits saillants de cette lettre:
Les partisans du libre échange reprennent
depuis quelque temps leur thème favori sur cette
matière. Ils nous citent devant la barre de la
statistique, et menacent de nous ensevelir sous une
avalanche de chiffres. Nos importations diminuent
s'écrient-ils; elles sont moindres sous le régime de
la prohibition la sortie, qu'elles ne l'étaient sous
celui de la libre exportation. Donc, si la prohibition
ne sévissait pas en Belgiquenos importations
seraient plus considérables qu'elles ne le sont
aujourd'hui, et probablement aussi fortes qu'elles
l'étaient alors que le régime de la spéculation
florissait dans toute sa liberté.
Ne demandez pas a ces Messieurs, si la décrois
sance de nos importations ne pourrait pas être
attribuée une autre cause qu'à celle de la prohi
bition, et si ce résultat ne se présente pas dans
d'autres pays, soumis des régimes différents do
nôtretels que l'Angleterre, la Hollande, la
France, etc. Cette observation ne serait pas digne
d'un économiste, elle sentirait trop la routine
prohibitionniste dont sont encore encroûtés tant
de pauvres rétrogrades.
J'en demande pardon aux progressistes de la
science économiquej'ai eu la malencontreuse
idée que la cherté actuelle ne provient pas de la
prohibition.
J'ai porté, moi aussi, ma main sur les chiffres,
ces redoutables auxiliaires des économistes; e^
faut-il le dire? je suis parvenu dresser le tableau
que
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Dans ce tableau j'établis, comme on le voit,
pour les céréales les plus importantes h la fois en
Belgique et en Angleterre, UDe comparaison entre
les importations des deux pays soumis, le premier
au régime de la prohibition la sortie, le second k
celui de la liberté. Je compare d'abord le mois de
janvier de i8à5 au mois correspondant de i854,
mois pendant lesquels la Belgique a subi la prohi
bition et l'Angleterre la libre sortie; ensuite je
mets en parallèleencore pour les deux pays,
l'année 1853 et l'année i854, pendant une bonne
partie de laquelle nous avons également été soumis
au régime prohibitif. Il y a en effet, diminution
d'importation chez nous pendant le temps de la
prohibition. Mais cette diminution a été plus con
sidérable en Angleterre sous le régime de la libre
sortie. Pour les mois de janvier correspondants de
i855 et de i854 la chute est pour la Belgique de
17 millions de kil. a 6 millions, soit de deux tiers;
mais en Angleterre, pour les mêmes mois, elle est
de 635,ooo quarters 179,000, c'est-k-dire d'à
peu près quatre cinquièmes. L'année i8ô3 toute
entière, mise en rapport avec l'année i854, donne
pour la Belgique une différence totale en grains de
de i5o millions de kil. i3o millions, c'est-à-dire
de i3[i5 au détriment de i854; mais en Angle
terre, la diminution totale de l'une année l'autre
a été plus considérable puisqu'elle dépasse 8|ii.
Tel a été le mouvement respectif des importations.
J'en conclurais, si j'étais économiste comme on
l'est aujourd'hui, que la prohibition de la sortie a
été favorable aux importations; mais en simple
mortel je me contente de dire qu'elle n'y a pas été
défavorable; seulement j'ajoute qu'elle a eu
l'avantage incontestable de nous conserver nos
approvisionnements et nos bonnes qualités de
céréales, seul résultat qu'on ait voulu obtenir.
Si je ne craignais de commettre une nouvelle
hérésie économique, j'irais jusqu'à dire que la
prohibition de la viande que consomme notre
classe ouvrière aurait le même effet que celle des
céréales; mais je m'arrête, dans la crainte de
paraître par trop ennemi des lumières qui nous
viennent d'outre-Manche, et qui sont aussi vraies
que bienfaisantes pour nos habiles voisins.
Il est question de demander la libre entrée du
hareng salé. Nous ne pourrions qu'applaudir
cette mesure temporaire, vu la cherté des vivres.
Un article sur la matière a paru, il y a quelques
jours, dans un journal de Gand. Le fond de cet
article nous paraît vrai;mais il y a des inexactitudes,
qui proviennent de l'idée si légèrement accréditée
en Belgique, que la Hollande aussi bien que l'An
gleterre adoptent le libre échange, même lorsqn'il
est contraire leurs intérêts. Il est dit dans cet article
que le hareng est admis partout en franchise de
droit. C'est là une erreur on aurait pu dire partout
excepté en Hollande, où if est soumis un énorme
droit différentiel, consistant tout simplement dans
la prohibition pour les importations sous pavillon
étranger. Ceci n'empêche pas qu'on invoque
l'exemple de la Hollande en faveur de l'abolition
complète des droits différentiels.
C'est cette prohibition qu'est dû l'insuccès de
notre pêche au hareng, tandis que celle de la morue
par exemple va assez bien. Si cette industrie a été
fortement protégée en Belgique, c'est cause du
système prohibitif qui la favorise en Hollande, au
point de rendre toute concurrence impossible de
Dotre part.
Comme on le dit dans l'article cité, cette indus
trie est devenue insignifiante en Belgique. Aussi
pour ne rien négliger de ce qui peut faciliter