JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
M» 3,939.
39me année.
7FB.ES, 30 Juin.
Nous sommes autorises déclarer que
les négociations qui avaient été entreprises
dans le but d'opérer la fusion du collège
communal d'Ypres avec le collège de S1
Vincent de Paul établi dans celte ville,
ont échoué.
Le collège communal et l'école moyenne
continueront donc être privés du concours
du clergé; et le collège de S' Vincent de
Paul sera dirigé l'avenir comme par le
passé dans l'esprit qui lui a valu la con-
iiance des parents et le haut degré de
prospérité auquel il est arrivé.
Sans vouloir accuser personne, nous
devons la vérité de dire que la bonne
volonté pour amener un accord n'a pas
manqué au clergé.
LE PROPAGATEUR
VÉRITÉ. ET JUSTICE.
On lit dans la Patrie de Bruges
La Belgique parait menacée d'une espèce d'in-
vasioo russe.
D'après certains renseignements que nous re
cevons de la capitale, le Czar veut s'emparer d'une
partie de la presse de notre pays.
L'Indépendance, dont le désintéressement est
connu, fait depuis longtemps une édition spéciale
de sa feuille pour la Russie.
On a pu voir, lors du décès de l'Empereur
Nicolas et même depuis le commencement de la
guerre, avec quelle sollicitude ce journal cultive le
gouvernement raoscotive.
L'Étoilepetit journal assez répandu, est, dit-
on, au service de la Russie. C'est un petit cosaque
qui fuit la guerre b la façon des Bédouins, en se
faufilant partout, sans laisser percer, s'il se peut, le
bout de l'oreille.
L'Observateur,» ce qu'on nous assure, accepte,
malgré les démentis dont il s'est couvert, des
articles russes. Il occupe une des ailes de l'armée
d'invasion.
Ce n'est pas tout.
Le gouvernement russe a trouvé, parmi les
rédacteurs de Indépendance, un Belge qui prend
sous sa responsabilité le nouveau journal exclu
sivement et absolument russe,qui porte pour titre
le Nord.
Si la Belgique ne devient pas russe sous peu, la
faute n'en sera ni au gouvernement moscovite, ni
aux organes du parti libéral qui acceptent sa livrée.
Ce phénomène, fort naturel eu lui-même, est
assez curieux.
Qui aurait pu croire, s'il ne connaissait b fond le
libéralisme maçonnique, que les chauds défenseurs
de la liberté de la presse et du régime consti
tutionnel se rangeraient avec tant d'empressement
sous la bannière d'un gouvernement absolu, qui
répudie la liberté de la presse et ne la souffre pas?
Ces journaux reprochaient naguère encore aux
catholiques belges de ne pas aimer cette liberté et
même de la condamner en secret; aujourd'hui nous
trouvons nos accusateurs parmi les défenseurs de
l'absolutisme le plus encroûté!
Il est vrai qu'b l'heure où l'on nous lançait ces
reproches, certains journaux étaient déjà b la solde
du préfet de police de Paris, et se gardaient bien de
réclamer la liberté de la presse en France, ou bien
de fulminer contre l'Empereur des Français, qui a
cru bon de la sopprimer d'un trait de plume.
Les intérêts de la caisse s'y opposaient
La caisseI voilb le grand mot: il explique la
moitié du phénomène dont nous sommes témoins.
Le reste de l'énigme s'explique par l'hostilité de la
presse maçonnique envers le catholicisme.
Le Nord découvre très-nettement sa pensée b ce
sujet La Russie, dit-il, a une histoire, une
religion, une nationalité bien distincte de celles du
reste de l'Europe, qui a son histoire commune,
son origine féodale et catholique commune la
Russie doit donc avoir des éléments constitutifs
de son ordre spécial différents aussi, et qui
se développent logiquement selon leur nature
propre.
Ainsi l'ordre social de la Russie, qui a sa religion
propre, suppose le développement d'éléments con
stitutifs tout-b-fait différents des éléments du reste
de l'Europe, qui a pour principe social la religion
catholique! C'est l'organe russe qui l'affirme.
Est-il étonnant dès-lors que la presse libérale
maçonnique se mette au service de la Russie
A cette condition elle servirait l'Empereur de la
Chine.
Entreteraps que les amis du pays réfléchissent a
la position que la presse libérale fait b la Belgique
vis-à-vis des puissances occidentales. La chose
mérite attention.
Un des membres les plus distingués du barreau
de notre ville, M. l'avocat Smaelen, vient de
prendre la résolution de se retirer des affaires pour
entrer dans la Société de Jésus. C'est Ib, pour
notre cité, une perte qui sera difficilement réparée.
Avant son départ, l'honorable avocat a cru devoir
confier sa nombreuse clientèle aux soins de M'"5
Verlynde et Bossaert, chacun jusqu'à concurrence
d'une moitié.
Par arrêté royal, en date du 29 juin, M. H.
Bossaert, avocat et avoué b Ypres, est nommé juge
suppléant b la justice de paix du 2e canton de cette
ville, en remplacement de M. Titeca, décédé.
Mercredi d'. a eu lieu Warnêton l'instal
lation de M' Blieckcomme curé du dit lieu.
A cette occasion, la ville tout entière avait pris
un air de fête. L'église ainsi que toutes les rues
étaient décorées avec gout. Apres la cérémonie
un splendide dîner a été donné l'Hôtel-de-
Ville. 1 25 personnes parmi lesquelles 75 ecclé
siastiques, les autorités du lieu et les membres
de la famille du nouveau pasteur, y assistaient.
Plusieurs toaslesy ont été portés. Ajoutons que
les indigents ont eu leur cote part.
Aujourd'huiM' le chanoine De Haerne est
venu inspecter le Collège Episcopal de notre
ville.
On lit dans la Gazette autrichienne, du 23
L'assaut malheureux de la tour Malakoff peut
produire deux effets divers dans les capitales de
l'Occident. Il peut enflammer la passion; il peut
aussi faire écouler la voix de la raison. Dans le
premier cas, le général Pélissier conservera le
commandement b tout prix, livrera assaut sur
assaut; dans le dernier, on se disposera sérieuse
ment b terminer b temps et d'ooe manière honora
ble le siège de Sébastopol.
Le but de la guerre n'est autre que de vaiocre
l'ennemi. Mais la Russie ne sera pas vaincue si
l'on prend la tour Malakoff, si l'on incendie les
quatre vaisseaux de ligne qui lui restent dans le
port de Sébastopol, si même on prend les forts
septentrionaux.
Toute forterésse, dit-on, peut être prise; mais
elle* déjà suffisamment rempli son bot lorsqu'elle
coûte b l'ennemi un prix immense. Quaod une
forteresse suffit pour occuper le gros des forces
ennemies, quand elle épuise ses forces et éclaircrt
ses rangs des mois entiers, lorsqo'enfio elle ne
tombe qu'après que l'enoemi a perdu le pouvoir
de causer d'autre malelle a fait toot ce qu'on
attendait d'elle. Le vainqueor de nom est le vaincu
de fait.
Il n'y a rien d'extraordinaire b ce que, un assaut
ayant échoué, un second ou un troisième réussisse.
Quoique, suivant les nouvelles arrivées aujourd'
hui, (rois généraux aient été tués dans la dernière
affaire, et 9,000 hommes mis hors de combat, il ne
faut pas encore désespérer de la prise de la tour
Malakoff.
Si le général Pélissier avait été heureux, s'il
avait pris celte tour, nous n'en considérerions pas
moins le siège de Sébastopol comme manqué. Si
nous même, nous pouvions lire dans l'avenir et
prévoir que la place tombera dans six mois, nous
conseillerions encore de ne pas passer ces six mois
devant ses murs.
Les Russes ne s'étaient pas couverts d'bonneur
dans les Principautés du Danube, devant Silistria,
d'où vient donc qu'on l'a pour ainsi dire oublié
aujourd'hui? De ce qu'ils ont réparé leurs fautes
par un acte de prudence. Lorsqu'ils ont sonné la
retraite et repassé le Pruthon les a traités avec
ironie et dédain.
Aujourd'hui, on ne se moque plus de cet acte.
On reconnaît qu'une sage retraite porte souveot
de meilleurs fruits qu'une marche imprudente en
avant.
Le peuple rirait peut-être aussi si les Anglo-
Français se retiraient de devant Sébastopol. Mais
que ceux qui craignent ce rire ironique, songent b
ce que ferait ce même peuple quand l'on ne pourra
plus se retirer, quand des monceaux de cadavres
marqueront la place où les éléments et les épidé
mies auront tué ceux qui n'auront pas. eu le bon
heur de mourir par le fer ou par les balles. Et
craint-on peut-être les railleries des Russes? Ils
ne riront pas quand Odessa sera incendié; quand,
d'Anapa, on affranchira le Caucase, quand leurs
côtes seront partout sillonnées par les boulets
ennemis. Ils ne riront que tant que l'amour-propre
forcera leurs ennemis b s'épuiser sur le point le
plus invulnérable de la Russie.
Celte opioion publique, que craignent tant les
gouvernements de la France et d'Angleterre, est
le meilleur allié de la Russie.