Une lettre de Lille donne les renseignements
les plus satisfaisants sur l'état des récoltes dans le
département du Nord. On remarque que les pom
mes de terre conservent la coulenr vivace et la
vigueur de leurs ti^ts, et que les tubercules se
multiplient considérablement. Quand aux légumes,
si rares il y a quelque temps, ils sont devenus abon
dants au point que les marchés de la ville en sont
encombrés. Les campagnards qui ont voulu main
tenir la hausse, ont été obligés de remporter leurs
denrées ou de les abandonner sur la voie publique.
On a vu vendre des paniers de 12 h 18 belles
malades pour cinq centimes.
Depuis la bataille de l'Aima, l'armée anglaise
a déjà perdu en Orient ses meilleurs généraux.
Catbcart, Adams, Straogways, Torreos, sir John
Campbell et Bentiock ont été tués. Sir de Lacy
Evans, le duc de Cambridge et sir John Burgoyne
ont été renvoyés en Angleterre h cause du mauvais
état de leur santé. Lord Lucan et lord Cardigan
sont sans commandement. Le général Pennefather
et le major-général Codrington sont sur le point de
revenir en Angleterre pour cause de maladie
sérieuse. Il ne reste plus en Crimée que sir George
Brown, Engiand, Simpson et Estcourt; encore le
premier est-il assez grièvement blessé. Il faut
ajouter h cette liste la perte de commandant en
chef de l'armée britannique, lord Raglan.
Dans l'armée française nous devons citer le
général en chef de Saint-Arnaud, les généraux
Rey et Carbuccia, tous trois morts dn choléra; les
généraux de division Bizot, Mayran et Brunei; les
généraux de brigade de Lourmel et de Lavarande,
lues; les généraux Canrobert,Thomas, de Monet,
de Saint-Pol, Niol, de Failly et de Villiers, blessés;
les généraux Bouat, d'Alton ville, de Bousiogen,
Cœur et Dovel, successivement malades; ces trois
derniers, rentrés en France; telle est la part de
l'état-major général français dans les dangers et les
fatigues de ce long et rnde siège.
Un crime d'une andace inouïe vient d'être
commis h Coolscarapet a jeté la consternation
dans ses environs. Dimanche d'en plein jour, vers
2 heures de l'après-midi, le long d'un chemin
public, a été assassinée une brave et honnête
jeune fille de celte commune, nommée S. Van
Neste, âgée de 28 ans et dont la mère occupe une
petite ferme quelques minutes du lieu du crime.
C'est au moment où elle se rendait h l'église que
cet horrible assassinat a été commis.
La victime doit avoir été étouflée pour empêcher
ses cris. Oo avait rempli sa bouche de sable.
C'est la cupidité qui a poussé les assassins h
commettre ce crime; la fille Van Neste a été
entièrement dépouillée, on ne lui a laissé que sa
chemise pour couvrir sa nudité. Tous les autres
effets d'habillements et ses bijoux consistant en
une paire de pendants d'oreilles en diamants, nne
de bataille; aussi, ne nous étonnons-nous pas si,
depuis l'ouverture de la campagne, trois d'entre
nons ont été conduits aux portes de la mort et
quatre autres ont succombé. Seulement nous les
pleurons par l'effet d'un sentiment bien légitime.
I*a première victime de l'aumôoerie fut un digne
ecclésiastique, âgé de cinquante ans, ancien aumô
nier de l'ariuée, qui, pour toute récompense de ses
anciens services, avait demandé la grâce d'aller se
dévouer encore pendant ses derniers jonrs. Après
lai, nn autre prêtre, accompagnant des cholériques
h Constantinople, fut pris de la maladie de ceux
qu'il consolait et mourut en arrivant dans le
Bosphore. Eufin, dans ces derniers jours, nous
avions reçn avec bonheur M. l'abbé de Geslin,
jeune ecclésiastique dont les vertus faisaient espérer
de nombreux et utiles services pour l'armée. Uu
mois h peine de séjour eu Crimée a suffi pour
détruire sa brillante santé, et il est mort en offrant
sa vie pour le bonheur de sou pays et de sa famille.
bague eu or et une chaîne du même métal ainsi
que quelque monnaie, ont disparu.
Ce 11'est que ce inalio que le cadavre de la
victime a été trouvé dans un petit bois, h quelques
mètres de la route; il est probable qu'il aura été
traîné là pour qu'on put d'autant mieux le dé
pouiller.
Quand on songe que tout cela a eu lieu au
moment où les personnes se rendaient l'église
ponr assister aux vêpres, le long d'un sentier fré
quenté, et qite ce Sont quelques malheureux
chiffons et des bijoux de peu de valeur qui peuvent
engager commettre un pareil crime, il y a réelle
ment de quoi frémir.
Oo écrit de Zutphen (Hollande), le 6 juillet
Hier, on a repêché près de l'établissement des
bains sur l'Yssel, une bouteille cachetée renfermant
un billet conçu en ces termes
Le navire sombre, nous ne pouvons aller plus
loin, ni gagner terre; que Dieu ait pitié de nos
âmes.
Navire Junge Piet, i.-g.-f. kleinspaak.
On écrit de Zeverbergen (Hollande) que
l'état des céréales, dans les environs de celte
localité, promet une moisson excellente. Les fro
ments d'hiver seuls ont légèrement souffert des
dernières gelées. Jusqu'à présent on ne s'aperçoit
d'aucune trace de maladie aux pommes de terre,
qui généralement se présentent dans des conditions
très satisfaisantes.
La récolle du houblon sera fort belle en
Angleterre. La Gazette du sud-est fait sar l'état
de cette plante les rapports les plus avantageux.
Les insectes ne causent pas de ravages. En Sussex
et en Surrey, les districts de bonblon sont dans un
état très-prospère.
Pendant la semaine dernière, il s'est vendu
Londres 597,o4o livres de thé.
On aouonce de Devenier, qu'un fatal acci
dent, arrivé en cette ville, a eu, pour toute une
famille, de bien funestes conséquences. Un jeune
enfant s'amusait jouer daDs la rue avec ses
camarades, quand la mère le fil rentrer avec taot de
précipitation, que l'eufaut éperdu alla tomber
dans une chaudière remplie d'eau bouillante et y
perdit la vie. A cette vue, la mère est saisie de
désespoir, sa raison l'abandonne et elle meurt peu
de temps après. Sous le coup de cette double
catastrophe, le mati sou tour, sent ses forces
s'affaiblir et en ce moment encore son état inspire
les plus vives inquiétudes.
Le nommé J.-B. Lotfeld, domestique
Touruay, a trouvé, il y a quelques jours, un por
tefeuille contenant pour 4,ôoo fr. de coupons
d'intéiêts d'obligations de la Société Générale.
Ces obligations étant au porteur, Lotfeld pouvait
sans danger se les approprier et toucher l'argent.
11 a préféré restituer son propriétaire le porte-
Huit jours après, celte tombe était peine fermée,
qu'un courrier de Cooslaotinople m'annonçait la
mort du R. P. Gloriot. Depuis quelques jours, ce
Père avait été nommé aumônier général du second
corps d'armée. Nous l'atteodioos avec impatience.
Chaque navire entraDt dans le port me semblait
devoir l'apporter; mais la Providence en avait
disposé autrement. En quatre jours, l'implacable
typhus avait encore fait une nonvelle victime, et
nous avions pleurer un homme que ses vertus et
ses talents avaient fait estimer par de nombreux
amis. Vous le voyez, mon révérend Père, chacun
paie son tribut sur cette terre inhospitalière, et
tons les dévouements se mêlent sur l'autel du
sacrifice en faveur de notre pays.
Pour ne pas terminer ma lettre par de tristes
souvenirs, je répoudrai une de vos questions
sur la manière dont on célèbre parmi nous les
grandes solennités de la religion.
Ne vous attendez pas ce que je vous dise que
feuille perdu, et ce dernier pour témoigner sa
reconnaissance de la restitution de ces valeurs, a
daigné le remercier.
La Shipping Gazelle dit que le nombre de
vaisseaux naufragés en juin monte 83. En mai,
98 vaisseaux ont été perdns; en avril, 109; en
mars, 14gen février, 164; en janvier, 238.
On a adressé au Courrier de Nantes un
magnifique épi de froment de iô centimètres de
longueur, renfermé dans la lettre suivante, écrite
de Sainte-Marie, près Pornic, sous la date du 6
juillet
Je ne sais qnels bruits la spéculation pourra
répandre sur l'abondance des prochaines récolles,
mais ce que je puis vous affirmer, c'est que de
Naotes ici, eo passant par Bouaye, le Port-SaiDt-
Père, Bourgneuf et Pornic, tous les champs sont
couverts des plus magnifiques moissons orge
seigle, lin, avoine et fromeut.
Depuis près de huit jours que j'habite la
commune de Sainte-Marie, dont les terres ne
passent pas pour être de la première qualité, nous
nous extasions chaque jour, en courant la campa
gne, sur la beauté incomparable des blés. Tous
les épis que nous voyons renferment on grain
abondant et se formant bien. Ils sont en moyenne
de 10 11 centimètres de long, et je n'ai pas en
chercher longtemps pour trouver, dans le nombre,
l'épi de i5 centimètres que vous trouverez ci-
inclus.
Hier au soir, en nous promenant, nons avons
passé près d'un petit champ de blé barbu, dont
les moindres épis avaient au moins 12 centimètres:
c'était probablement une culture spéciale. Mais,
quoi qu'il eo soit, je ne me rappelle pas avoir vu
dans ma vie d'aussi complètement beau et d'aussi
digne de l'admiration d'un laboureur.
Les pommes de terre s'annoncent également
bien, et si les nombreuses vignes de cette commune
laissent désirer sous le rapport de l'abondance
du fruiton peut dire du moins qu'elle offre
l'apparence la plus saine et la plus vigoureuse.»
Voici un extrait d'une lettre adressée de
Toul VEspérance de Nancyqu'on ne lira pas
sans intérêt. On y trouvera, comme le dit le
correspondant de ce journal, une révélation tou
chante de cet esprit héroïque de l'armée, dont
chaque jour apporte de nouveaux témoignages
On sait que dans la journée du 7 juin, si
brillante pour nos armes, ce fut le géoéral Vergé,
de Toul, qui avec sa brigade occupa définitivement
le Mamelon Vert, maintenant redoute Bracion,
autre nom glorieux la Lorraioe. Or un général
qui le jour même, ou le lendemain d'un pareil
exploit, sur le théâtre de l'événement, trouve assez
de tranquillité d'esprit pour composer, l'inten
tion de sa femme, de son-vieux père et de sa sœur,
tout est réglé d'avance et que les divids offices se
font avec une de ces solennités imposantes et
poétiques que dépeint si gracieusement la plume
de M. de Chateaubriand. Les incertitudes de la
guerre ne permettent rien de tout cela, et d'ailleurs
le mauvais temps de l'hiver rendait, jusqu'ici,
toute réunion nombreuse impossible. Mais de
nobles exemples donnés avec simplicité et des
actions courageuses faites sans emphase ont dû
réjouir Dieu bien plus que l'éclat d'uue cérémonie
de commande. Ainsi, chaque dimanche, cet hiver,
vous auriez vu, sur les neuf heures, le général en
chef, en grand uniforme, traverser la neige et se
baisser pour entrer dans la cahute où l'aumônier
supérieur avait été obligé de dresser un autel
côté de son lit. A la suite, un brillant état-major,
les aides-de-carap et plusieurs autres officiers se
pressaient dans la cabane pour participer aux
saints mystères. Le Dieu de Bethléem devait, ce me
semble, préférer cette marque de dévotion
beaucoup d'autres.