JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
y unis ar'Tipaas»
3Qme année.
7FB.ES, 25 Août.
Depuis que le matérialisme est tombé
dans un profond discrédit, la philosophie
antireligieuse s'est frayé une voie nouvelle.
Elle qui ravalait l'homme au niveau de la
brute; qui ne voyait dans I ame humaine
qu'une portion de l'organisme corporel et
une machine pensées, en est venue
aujourd'hui non-seulement lui recon
naître une substance immatérielle, mais
exagérer même les facultés de son intel
ligence. L'homme, ses yeux, est perfecti
ble l'infini, et la perfection qu'il acquiert,
ses qualités intellectuelles et morales, c'est
lui-même qu'il se les doit. Devant le
rationalisme moderne, la chute originelle
de l'homme est une fiction; sa réhabilita
tion sur le Calvaire, un mythe; la grâce,
«ne pure abstraction; la révélation divine,
une formule philosophique. En un mot,
l'espèce humaine, barbare son origine,
s'est graduellement perfectionnée, et cette
marche progressive doit indéfiniment se
poursuivre par le fait seul de son activité
propre et de certaines facultés inhérentes
sa nature.
Déjà cette doctrine anti-chrétienne a eu
dans le pays un fâcheux retentissement.
Nous ne craignons pas de l'affirmer, la
chancre du rationalisme a mortellement
gangréné les collèges et les universités de
l'Etat; la plupart des professeurs, ceux en
particulier que patronnent les loges, sont
imbus de cette doctrine, et si l'intérêt et
la pudeur leur imposent encore une pru
dente réserve, il n'en estpasmoinsconslant
que les principes qu'ils professent et qu'ils
inculquent leurs élèves, doivent en être
eux aussi radicalement infectés.
Au reste tous ne se sont point renfermés
dans les bornes de cette réserve prudente.
C'est ainsi qu'on a entendu en ces derniers
temps un professeur de Gand prêcher le
socialisme; un professeur de Liège mécon
naître chez le peuple de Dieu sa mission
providentielle; et plus récemment encore
FAITS REMARQUABLES
un troisième professeur, également de
l'université de Gand, développer le ra
tionalisme dans toute sa crudité, nier
formellement la divinité du Christ et
n'envisager le catholicisme que comme
une phase du développement philosophi
que, laquelle doit s'éclipser son tour
dans le foyer plus lumineux de la raison
humaine.
Certes la suite de MM. Huet, Boegnet,
Laurent on en pourrait citer bien d'autres;
mais pourquoi chercher si loin des noms
propres? Jusqu'en celte ville même, un
professeur du collège communal, dans
une circonstance solennelle, n'est-il pas
venu formuler des opinions marquées au
coin du rationalisme le moins équivoque?
Lui aussi, il envisage évidemment la bar
barie comme l'état primordial de l'homme,
malgré les traditions universelles des
peuples, malgré la bible surtout, qui pro
clament tout le contraire. L'homme, son
point de vue, indéfiniment perfectible, n'a
guère besoin que de ses propres forces,
en-dehors du secours d'en haut, ponr
avancer dans la voie du progrès et de
la perfection; puisqu'il est vrai de dire
que les annales de l'humanité ne sont que
l'histoire du développement en quelque
sorte fatal de sa perfectibilité native.
Ainsi la grande régénération sociale d'où
l'ère moderne a pris dàte, n'est plus la
conséquence de la nature humaine réha
bilitée par l'Incarnation et les mérites du
Christ; c'est le produit direct et nécessaire
de la nature essentiellement perfectible
dont les hordes germaniques, qui chan
gèrent la face du monde politique, se
trouvaient si richement dotés. Au
surplus, le christianisme n'est sans doute,
aux yeux de l'orateur, qu'une phase tran
sitoire de la marche ascendante de l'espèce
humaine; car il s'incline en passant devant
les religions épurées des temps modernes!....
Telle est, avec ses conséquences les
plus directes, la doctrine professée dans
le discours d'apparat de M. le professeur
Navez, lors de la distribution des prix au
coljége Communal.
Les auditeurs en masse, parents, amis
ou curieux, en ont-ils tous saisi la signifi
cation et la portée? Non sans doute. Mais
qu'augurer d'une institution où de pareil
les théories dominent l'enseignement?
Qu'augurer de l'instruction donnée en
classe, huis clos, alors qu'on ne craint
pas d'émettre les opinions les plus témé
raires jusques en présence du public et
des parents mêmes des élèves?...
Les ennemis de la religion catholique se
sont de tout temps déchaîné contre les
ordres monastiques. Boulevard de la foi et
de la piété chrétienne, ces institutions en
constituent aussi l'efflorescence la plus
brillante, la réalisation la plus complète.
Quoi d'étonnant, en conséquence, si les
prétendus libéraux, qui dépouillent les
couvents en Espagne, en Suisse, en Pié
mont, les calomnient chez nous où ils
n'ont plus aujourd'hui de richesses perdre.
Nous croyons qu'en présence de cette
hostilité sourde ou déclarée, on lira avec
intérêt les lignes suivantes, qu'un éminent
écrivain, qui est la fois un éminent ma
gistrat, a consacré l'histoire et l'utilité
des ordres religieux. C'est un fragment
détaché de la nouvelle édition de Vlnlro-
duclion l'histoire de la Belgique, que fera
paraître M. le baron de Gerlache, premier
président de la cour de cassation. Le mor
ceau que nous publions, fait partie d'un
fragment bien plus considérable, dont l'au
teur a donné lecture la séance du 50
juillet 1855, de l'Académie Royale de
Belgique (classe des Lettres).
No 3,955.
LE PROPAGATEUR
VÉRITÉ ET JCiTICE.
EXTRAITS DES ANNALES DE
(Suite. Voir le n? de samedi dernier
Le 5 avril i44g, Jeanne, comtesse de Flandre,
longeait la prison de cette ville. Les détenus, la
plupart condamnés pour crime de lèse-majesté,
yoyaut travers les grilles passer leur souveraine
se mirent h crier. Jeanne étonnée en demanda la
cause aux gens de sa suite qui lui répondirent que
Ces malheureux la suppliaient de leur accorder
8race. La comtesse les fit mettre en liberté et
accorda au magistrat d'Ypres le privilège de
libérer chaque année, le jour du Vendredi Saint,
quelques détenus. De l'a le nom de Goed vrydag
Kind. Ou procédait h la mise en liberté du con-
d a mué dé la manière que voici le premier magis
trat de la cité, accompagné des échevins, se
rendait 'a la prison et demandait an bailli ce qu'il
désirait? Celui-ci répondait: que les juges s'as
semblent. Le voogd s'en référait aux échevins et la
réunion avait lieu. Le greffier exhortait le magistrat
prendre en pitié le malheureux sort des détenus.
Le voogd interrogeait le conseil s'il trouvait bon
de visiter la prison et de s'enquérir du nombre des
condamnés et de la nature de leurs crimes. Deux
magistrats allaient trouver les prisonniers, s'in
formaient de leurs méfaits et venaient faire leur
rapport a l'assemblée. Lecture en était faite et on
s'en référait aux voix. Si le plus grand nombre de
voix étaient eu faveur de celui qu'on.voulait libé
rer, on ordonnait au bailli de l'amener devaut les
magistrats assemblés. L'ale coupable se jetait
genoux et demandait pardon de son crime. On
l'admonétait et ou lui ordonnait de se retirer.
A considérer les choses, humainement parlant,
on a peine comprendre la rapide propagation des
couvents au moyen-âge. La vie du barbare, c'était
le culte de la chair et du sang, la déification des
passions et une sauvage indépendance et la vie du
religieux, c'était la lutte de l'esprit contre lachair,
l'abnégation de sa volonté propre et l'enchaînement
Alors le bailli demandait la suspension de ce
tribunal.
1476. La comtesse Marie institua la Kat feest
commençant le 2d lundi du carême et durant six
jours. Pendant les seize jours qui précédaient ou
suivaient cette fête, quiconque s'y rendait ou eu
retournait ne pouvait être arrêté.
1476. Pierre Van Lancksaeme et dame Pauwe-
lyns moururent. Une inesse anniversaire fut
instituée perpétuité pour le repos de leurs âmes
et se célébrait dans l'hôpital N. D. A l'offrande,
le prêtre disait Venez offrir au nom du seigneur,
c'est aujourd'hui la messe anniversaire de Pierre
Van Lancksaeme et de dame Pauwelyns. Après le
saint sacrifice ou distribuait du pain blanc et du
hareng.
Le 5 mai 1491, les Sœurs Noires de l'ordre de
de Saint-Augustin s'installèrent en cette ville sous
la direction d'une supérieure et d'un chanoine
régulier de Saiut-Martin.