JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
VS&lbtt ©'TISSUS»
No 3,957.
39me année.
TPSiBS, i" Septembre.
Dans notre numéro du 25 août nous
signalâmes certain discours prononcé par
un professeur du collège communal lors
de la distribution des prix aux élèves de
cette institution. A la suite d'un exposé
sommaire des doctrines du rationalisme
moderne, nous fîmes ressortir la portée et
les conséquences logiques des opinions de
même genre manifestées par l'orateur.
Ces doctrines, nous le savons, sont de
nature émouvoir l'opinion publique. Le
Progrès, de son côté, l'a compris, et dans
un de ces factum décousus et bouffis
d'humeur, tel enfin qu'il les sait faire, il
s'efforce de donner le change ses lec
teurs bénévoles. Nous ne ferons point cette
lourde diatribe l'honneur d'une réplique
avec des gens qui poussent la mauvaise
foi jusqu'à s'inscrire en faux contre les
faits les plus authentiques, pour peu que
ces faits les gênent, il n'est point de dis
cussion possible; on ne réfute pas de
pareils adversaires; le silence du mépris
en fait justice.
Vos appréciations sont calomnieuses, dit
la feuille trois fois véridique, vos alléga
tions de la plus flagrante injusticevous
mentez sciemment; votre attaque est aussi
brutale que déloyale, et ainsi de suite
Voilà certes des invectives parfaitement
accentuées. Cependant les faits consignés
dans nos colonnes se sont produits au
grand jour; ils sont du domaine de la
publicité, et les hauts cris du Progrès
démontrent simplement que le confrère
lui-même en apprécie la gravité. Sans
doute, nous n'avons soutenu nulle part
que M. Navez ait développé dans son dis
cours le rationalisme dans toute sa crudité;
il nous a suffi de constater que lui aussi
professe des principes dont ce système
forme la base et dont les conséquences
directes y ramènent logiquement. Que
les auditeurs en masse, ainsi que nous en
FAITS REMARQUABLES
fîmes la remarque, il y a huit jours,
parents, amis ou curieux n'aient pu saisir
tous sur le fait la portée de celte allocu
tion, cela se conçoit. Mais la presse qui
a mission d'éclairer l'opinion publique et
de veiller au bien-être général du pays;
mais nous-mêmes qui prenons au sérieux
cette mission, il appartenait de signaler
le danger que présente pour la jeunesse
studieuse une institution où lerationalisme
a manifestement envahi le corps profes
soral. En jetant le cri d'alarme nous
n'avons fait qu'obéir un strict et impé
rieux devoir garder le silence, c'eût été
nos yeux une lâcheté ou une trahison.
Au reste, si le Progrès tient nous con
vaincre de faux, que n'insère-t-il dans ses
colonnes, in extenso et sans ratures d'aucu ne
sorte, le discours de son docte client.
Leurs accointances réciproques doivent
rendre cette communication facile. Ainsi
le public tout entier jugerait en connais
sance de cause; et nous-mêmes qu'avons-
nous cœur sinon que lumière se fasse?
LE PROPAGATEUR
TEBITÉ ET JISTICI.
EXTRAITS DES ANNALES DE
(Suite. Voir le n® de samedi dernier
Le i5 août 1566, du temps de Rithovius, les
calvinistes iconoclastes commirent en celte ville
les plus horribles excès. Ces fanatiques détruisirent
les images et les confessionnaux, enlevèrent des
autels les vases sacrésbrûlèrent les livres de
l'évèché et des églises, pillèrent les temples, les
couvents, les maisons des chanoines et d'un grand
nombre de particuliers et les détruisirent de fond
en comble.
1567. Un maître maçon gagnait six patards par
journée son serviteur n'en recevait que quatre.
Le i4 avril de celte année, un prédicateur
calviniste fut attaché au gibet.
Le 5 mai i568, l'évèque Rithovius assista les
comtes d'Egmont et de Hornes k leurs derniers
moments. Il revint k Ypres avec les deux glaives (1)
(1) Ce» glaive» se trouvent dan» la trésorerie de la ville.
A bon vin point d'enseignedit le vieux
proverbe français; les Anglais, plus explicites,
posent comme axiome leur: défiez-vous des
enseignesjamais au dedans ce qui est annoncé
au-dehors. Si noire ami S'a-^io revenait au monde,
il se confirmerait dans son heureuse habitude de
croire en la sagesse des nations, pour peu qu'il
jetât les yeux sur les brochures, journaux, livres et
autres paperasses, où brillent en grosses lettres les
mots majestueux de Progrès, Politique nouvelle,
Idée du siècle, Religion de l'avenir. Sous cette
étiquette de contrebande que trouverait-il en effet?
Les utopies d'un matérialisme abject, des mots au
lieu de pensées, le retour en politique k des erre
ments dont le cours du temps nous a peu k peu
affranchis, enfin le progrès k reculons.
Elu voulez-vous une preuve? vous entendez
tous les jours ces apôtres du progrès réclamer
gravement l'intervention de l'État dans l'ensei-
qui avaient servi k l'exécution de ces deux
infortunés.
Le i5 décembre 1570, Pie V convoqua en
assemblée les princes chrétieus, Don Juau d'Au
triche ayaul besoin de secours pour s'opposer aux
Musulmans qui menaçaient l'Occident. Dans celle
réunionle géoéral des Mioimes s'engagea k
envoyer k Don Juan, 3o,ooo h. tirés des couvents
sous ses ordres.
1573. Rithovius institua le séminaire.
1577. Rithovius convoqué a Garni, aux États
de Flandre, fut incarcéré dans cette ville avec
Remigius Driutius, évêque de Bruges et d'autres
notables du pays, pour avoir protesté dans l'as
semblée générale des États de Flandre contre le
choix fait du prince d'Orange comme Ruwart.
Peu de temps après, les deux prélats furent trans
férés k Termonde. Il existe encore des lettres
écrites par Rithovius pendant sa captivité et dans
lesquelles il exhortait ses diocésains k la persévé
rance dans le bien.
Le 33 juillet 1678, les Gantois rebelles s'em
parèrent de la ville et en chassèrent les Carmes,
les Augustins, les religieux de S'-François habillés
gnement, dans l'industrie, dans l'agriculture. Com
ment disait naguère, avec un beau mouvement
oratoire, un des enfants perdus du parti, qui veut
être en Belgique ce que fut la Jeune France
Comment! «le gouvernement pourrait dépenser
des millions pour apprendre k lire et k écrire, pour
enseigner la morale et la Religion et il ne pourrait
pas apprendre aux malheureux a vivre de leur
labeur, il ne pourrait pas tâcher de substituer le
travail k l'aumône et de relever l'homme aux yeux
de son semblable comme k ses propres yeux
Cette tirade dans l'esprit de l'auteur voulait dire
que le gouvernement ne doit point trafiquer en
industrie et en agriculture en vue de faire uu
bénéfice, mais qu'il doit faire des essais, des
expériences en vue de faire connaître des pro-
cédés nouveaux propres b accroître les forces
productrices du paysl'expérience prouvant,
ajoutait le naïf auteur de l'article qu'il nous plait
si fort de citer, prouvant que l'amélioration no-
table effectuée en industrie et en agriculture
a dans ces dernières années n'est pas due k une
autre cause qu'k l'intervention do gouvernemeut
dans beaucoup de choses.
Voilk ce qu'on écrit, voilk ce que de bénévoles
lecteurs s'en vont répétant; car écrire et dire de
pareilles choses c'est se poser carrément en homme
de progrès.
Quoiqu'il soit ennuyeux d'avoir trop raison, il
faut pourtant bien prendre la peine de prouver k
ces champions de la politique nouvelle que leur
intervention du gouvernement dans beaucoup de
choses est une vieillerie, soit dit quant au progrès;
un danger quant aux principes de liberté con
stitutionnelle; une cause de ruioe quant la pros
périté du pays.
Dans les sociétés primitives, il n'y a point de
division des pouvoirs; la plénitude de l'autorité
réside dans le chef de la tribu: il est le prêtre, le
roi, le juge et aussi le bourreau. Le gouverne
ment intervient là dans beaucoup de choses.
Les grandes monarchies de l'Orient, l'Égypte
Progrès, u° du 29 juillet i855.
de gris et les Riches Claires dont ils détruisirent
les couvents. Les Recolets furent forcés de
balayer et de nettoyer les rues sous menace de
devoir décamper s'ils refusaient de le faire. Le a3
septembre suivantla ville tomba de nouveau au
pouvoir des rebelles qui cette fois ci détruisirent
le tombeau en marbre (1) de Robert de Béthune,
(1) Il existe encore dans le chœur une pierre (épul-
crale avec l'inscription que voici
CY GIST
NOBLE PUISSANT PRINCE
I)E BONNE MÉMOIRE
MONSEIGNEUR ROBERT
COMTE DE FLANDRE
QUI TRÉPASSA L'AN DE GRACE
MCCCXXII
LE JOUR SAINT-LAMBERT
PRIEZ POUR SON AME
ADIEU.-
De plu» nn portrait en peinture du susdit comte »tm
l'inscription suivante
ROBERTUS
DE BETHUNIA
PRINCEPS VIRTUTE CL A RUS
AUDAX ET BEI.LICOSUS
FLAN. COMES il.
Y PRIS OBYT 1; SEPT. t3« jET. SUX 8a.
IN HUJUS CHORI MEDIO
SEPULTUS JACET.
BESTAURATUM 1628 ITEM 1887.