JOURNAL D'YPRBS ET DE L'ARRONDISSEMENT, EXPOSITION DE TABLEAUX, No 3,959. Samedi, 8 Septembre, 1855. 39me année. PRIX D'ABONNEMENT. Ypru, 3 moisft. 3 Par la poste. u 3 5o On s'abonne Yprrs chex D. LAMBIN MORTIER, Éditeur-Propriétaire, rue de Lille, fo, près U Gr*u<t'-PUcç. Les lettres et envois doivent être affrauebis. Insertions des Annonces centimes la ligne; on traite A forfait. LE PROPAGATEUR PARAISSAIT LE MERCREDI ET LE SAMEDI. CHEMINS DE FER d'Yprea A Courtrai, 55o, il—Vo, a 5—2o, de Poperingbe ao minutes plua tôt. De Courtrai Yprea et Poperingbp, 14°» ,035, 33o, 8a5. De Courtrai A MooscronTonrnai et Lille,6—3o, 7-35, io—$o, 3—a5,8—ao. De Courtrai pour G*ud, j, la—3o, 4, 6—i 5. De Courtrai pour Bruges, 7—4o, ia35 4—so, 6—ao 7??.3S, 8 Septembre. àfWbtarçn ipcDiTîn®®»» Sous ce titrele Prapagsteer donnera dorénavant dans chaque Dumcro, un exposé substantiel de la situation politique au moment de la publication du Journal. Trois jours de notre époque mouvementée, c'est une période historique il u'« pas fallu plu» dp temps pour renverser deux dynasties dans lia pays vqisiu. Mais l'homme 'agit* et Dieu le mène. Nous plaçant, en écrivant notre bulletin, A un point de vue assez élevé pour embrasser l'ensemble des ohnses, nous dépouillerons, pour nos abonnés, l'essence des faits de la multiplicité dea incidents; prenant sur nous le fardeau des ennuyeuses «eoberchesdes vaiues redites et des comparaisons entre les versions différentes sur les mêmes événements, nous ferou* un résumé, oeuvre de critique et de bonne foi. Pour aujourd'huiprécisons en quelques mots l'état général dea aiTaire». Au milieu dea luttes qui agitent les nations européennes )a Belgique jouit heureusement d'un grand calnfe; dea préoccupations sérieuses se portent toutefois ,vec quelque inquiétude sur son avenir industriel et agricole. Eu France, un gouvernement eu posaessioo d'une force actuelle que n'avaient point les pouvoirs auxquels il a succédé; faisant |e plys souvent de celle furpe A laquelle le récent voyage de 1, Reipe d'Angleterre vient d'ajouter un heqreux prestige, uç usage conforme aUf tyaditiong religieusespatriotiques et guerrières de la nation. La mauifestation des mauvaises passions eu grande partie répriméemais ces passions toujours menaçantes et se trahissant comme dans les iropblçs d'Angers. Le pays engagé daps une guerre honorable, dont il est impassible de prévoir le terme et de supputer |es charges, mais où l'armée de la nation de tout temps initiatrice du progrès chrétien, manifeste A l'Orient ce qu'est la eivilisation fon dée sur le dogme du renoncement .A soi-même et du triomphe de Prsprit sur la cliair. L'Angleterre semblant engagée de moitié avec la Fiance dans cette grande teutative pour limiter l'expansion de l'autocratie russe mais ne portant daus la Julfe ni le même désintéressement, ni I. méiue puissance morale, ni le même déploiement de forces matériel les récrutant péniblement sou armée de soldats qui sout loin d'être les plus digues enfimU du pays. Le parlement baisse daus l'opinion pu blique qui lui reproche de s'iuféoder a l'une ou l'autre des deux coteries qui se disputeut ou se partagent par inter mittence le pouvoir gouvernemental. Les hommes d'État étonnent le moude de certaines palinodies jointes A des actes de légèreté tournant l'insulte vis-à-vis des puis sances de second ordre. L'esprit national balançant entre A L'HOTEL DE VILLE D'YPRES. (Nous faisons tirer un uombre de feuilles excédant le ser vice des abonnements, pour qu'on puisse se proourer notre bureau, rue de Lille, io, les articles consacrés la Revue de l'Exposition.) A l'Exposition universelle de Paris, la Belgique tient, an témoignage des juges compétents, l'une des places les plus honorables, pour les Arls aussi bien que pour l'industrie. Elle y figure entre la France, l'Allemagne, la Hollande et l'Angleterre dans une position semblable h celle qu'elle occupe géographiquement entre ces Étals, servant presque de trait d'union de l'un l'autre, et participant de tous sans trop effacer sa nationalité qui se manifeste dans certains produits industriels où elle excelle, comme dans certaines œuvres d'art qui sont bien téelleiuent de l'école Flamande tuoderne, et non des pastiches de l'école d'Ingres ou de celle de Delacroix, du vaporisme anglais ou de l'archaïsme germanique. C est une heureuse pensée d'avoir ouvert en même temps une exposilion industrielle et artis tique l'Hôtel-de-ville d'une cité bien modeste a,)joord'hui, mais qui fut un des membres puis- sauts de la vieille Flandre, au temps de sa su pré— ,naiie nationale dans l'Industrie et dans les Arls. Sl l'Exposition universelle est comme le cotigrès le respect des anciennes institutions et le besoin des ré formes est moins sur fie loi-même qu'aux temps des deux Pitt et même des Çapniug et (les Robert Petl. La pro fonde dégradation ropealc des basse* classe* si nombreuses contraste péniblement avec l'élégance aristocratique des familles opulentes, et fait reJouter que ces hommes puissants en soient A compter leur or sur un volcan. L'Italie travaillée en sens contraire par des prétentions A l'omnipotence parlementaire même en fait fie conscience et de religion, par le radicalisme fanatique du Mazziuisme et par des résistances maladroites et d'étranges opiniâtretés, est dans uue position pleine de périls. L'altitude du Roi de Naples suspectant le clergéentravant son action et irritaut d'autre part les rancune* révolutionnaires, est au moin* singulière. Se* velléité* malveillante* vis-à-vis de la France et de l'Angleterre *out trop ostensibles pour qu'eufiu oes deux puissances alliées ne soieut p*i autori sée* A publier comme elles viennent de le faire par un organe bien accrédité: qu'elles veulent en finir; qu'elles faciliteront volontiers par leur modération le retour des bonnes relations, mai* que si l'aetipn diplomatique ne réussit pas, ils sont résolus A avoir recours A ton* les moyens dont ils disposent pour rétablir les choses sur uu pied qui leur permette de ue plus avoir A t'en occuper. A l'est, l'Au|ricbe dans l'expectative; au midi l'Espague dans de* crise* qui l'épuisent et l'aunibileot. Anoibal ne pot se tenir de rire en entendant un jeune orateur professer l'art de la guerre en sa présence; je ne sais si nos cultivateurs intelligents lie pourraient pas gratifier du sourire dn fier Carthagioois maints écrivains agronomes qui, se plaçant sur le piédestal de la science, assomment de leurs élucubratioos emphatiques et erronnées cep* qui ont h faire le premier pas en agriculture, et traitent de badatfds et d'ignorants ces hommes usés dans le métier, ayant pour eux une pratique qui n'est pas exemple de défauts, il est vrai, mais qui s'améliore au fur et mesure que leurs rnoyeus le leur permettent. Il esl bien vrai qu'il y a on grand nombre d'écri- .vains agronomes qiii ont travaillé plutôt au préju dice qu'à l'avancement de l'agriculture. Il esl des exceplions honorables que nous respectons d'autant plus qu'elles sont plus rares. Depuis >846 surtout, dous avons eu des journaux des revues, des biblio thèques agricoles; faire de l'agriculture était devenu la marotte du magister de village comme œcuménique des représentants de l'art, les expo- siiions provinciales en sont comme les assemblées primaires. Là se révèlent, auprès des maiires déjà en possession des suffrages du public, les lalenis encore peu connus et les aptiludes heureuses qui de l'aveuir est réservé; là aussi s'introduisent des prétentions qui se seraient caressées elles-mêmes dans l'ombre d'un atelier privé, et qui, mises au grand jour de la comparaison avec des œuvres de mérile, peuvent en recevoir la salutaire leçon don née autrefois par Boileau Soyez plutôt maçon si c'est voire métier. Les expositions provinciales, comme les assem blées primaires dans les pays où il y a des élections deux degrés, oui pour effet d'opérer le triage entre les généreuses ambitions des capacités et les ridicules aspirations de la nullité. Elles sont excel lentes pour promouvoir une noble émulation enlrç des hommes qui, même de grandes distances res pectives, concourent au progrès de l'art ou au mainiieu du goût; elles sont parfaites pour décçn- certer la suffisance elles repdent et fopt justice. Entreprenant la revue de l'Exposition de$ beaux-arts de noire salon d'Ypres, nous sommes tout d'abord heureux d'avoir féliciter l'adminis tration de l'heureux succès de sa tentative les artistes de notre cité, de la Belgiqnp, de la Hollande, de lu France et même de l'Autriche ont répondu son appel en envoyant plus de 280 tableaux, aussi celle des sommités scientifiques et littéraires; chacun avait du nouveau dire. On consignait des expériences, 00 vantail telle pratique qui n'avait jamais existé que sur le papier indulgent de l'écrivain. Qu'est-il arrivé? beaucoup de jeunes cultivateurs épris de Iqul semblant de nouveauté, avides de progrès, cruyaRi eo la sincérité de lenrs maîtres, et voulant se mettre «y niveau de la scieuce, mirent en pratique les moyens pompeuse ment vantés; jls n'éprouvèrent qpe de tristes déceptioos; ils subirept les effets du poison caché sous les dehors d'pn beau jivre et payèrent d'une partie de lepr fortune la confiance irop facilement accordée aux aberrations des amis de la scieuce et dp progrès..... Que d'exemples ne pourrions nous pas citer: que de grands propriétaires même se sod( ruinés en se faisant innovateurs, eu voulant régénérer l'agriculture. Doit-on être étonné, après cela, que nos cultivateurs prudents et avertis par l'insuccès de plusieurs, ne soient p^s tout de soite du goût de ces tbéoficieos habiles; que, pour leur faire plaisir, ils n'exposent pas quelques gros écos péniblement gagnés. L'agriculture belge est un mopumepl antique que nous devons vénérer et auquel il serait bien de porter le respect que d'autres peuples lui out voué. Par ci par là nous avons en retirer quel ques pierres que le temps a usées, pour le renou veler et le rameper ainsi sa première splendeur. Loin donc de jeter le blâme sur tout ce qu'ont fait nos pères, loiu dp traiter de surannées des praiiqoes que nous trouvons peu conformes avec les données de la science, sj souyent en défaut faute d'appli cations exactes, aimons rendre justice aux progrès accomplis par nos pères, et aidons par de sages conseils et des écrits judicieux purifier la pratique agricole de tout ce qui peut être un entrave de nouveaux mais véritables progrès. M'oublions pas surlopt que si les sciences peuvent puissamment contribuer rendre la culture plus intelligente, il faut cependant qu'elles soient appuyées par l'expé rience; aussi les progrès en agriculture seront toujours lents parce que l'expérience de sa Dalure (car, peu d'exceptions près, il ne figure que des peintures dans celle exhibition;) et malgré le concours d'artistes étrangers, par le nombre des œuvres comme par leur caractère en général, l'Exposition yproise est et demeure flamande. Bien compris, ceci ne serait pas son moindre titre l'estime des vrais amis de Fart. Notre tâche est aussi facile et aussi agréable l'égard de la Com mission directrice qui a fait preuve de ce tact qui ne s'acquiert que par l'expérience, dans le place ment des tableaux et l'arrangement des salons, tout en se dévouant avec un zèle qu'on n.e saurait trop louer et uoe exquise urbanité, l'assitjétisse- ment de donner tous les renseignements désirés sur les toiles exposées et sur leur valeur vénale. Si nous nous permettions une observation, qui serait bien contraire au reproche ajressé d'ordinaire aux Commissions de ce genre, elle ne porterait que sur l'indulgence on peu trop bienveillante qui a admis au salou desobjets,deschosessi l'on veut,comme les n" 33, 179 et 122. Notre incrimination n'atteint que l'excès daos la crainte de désobliger; la sûreté du goûl de MM. les membres de la Commission est hors de cause; ils en ont fait preuve daus le choix des tableaux achetés pour la Loterie donl le produit doit venir en aide la population ouvrière char mante penséedonl la réalisation est comme une cor diale poignée de main de l'artiste el de l'artisan, une assistance fraternelle de l'art l'industrie.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1855 | | pagina 1