immortelle, créée k l'image de Dieu et servie,
durant son passage sur la terre, par uo organisme
délicat, sujet k mille accidents, susceptible d'ha
bitudes funestes créées par la répétition d'impres
sions pernicieuses. Quellegraodeur, quelle fragilité;
qne de charmes, que de faiblesse Et les parents
disent au maître voilk notre enfant, faites nous en
un bomme.
Les quelques sages qui font la gloire de l'anti
quité païenne s'appliquèrent toute leur leur vie k
se connaître eux-mêmes, pour apprendre k savoir
ce que c'est qu'on homme, et quels devoirs incom
bent k celte nature si frêle et si sublime. Éclairés
des lumières de la révélation, des esprits méditatifs,
depuis le temps où de pieux ascètes se réunirent
dans la maison de l'évangeliste Marc k Alexandrie,
jusqu'k notre époque agitée où la vie solitaire
fleurit pourtant encore dans les champs de la
Trappe ou entre les rochers de la Chartreuse; des
esprits éminents, voués k la contemplation des
rapports de la créature avec son auteur, usent leurs
longues veilles k se demander: Qu'est-ce que
l'homme? Et je vois l'instituteur primaire qui, de
soo chef s'est fait tel pour ne pas être ouvrier ou
marchand; je le vois ce maître qui n'a pas appris k
obéir; il prend l'enfant par la main; il le fait
asseoir sur uo banc, lui assigne uo numéro d'ordre,
le coofiek quelque autre écolier pour que celui-ci
l'aide k répéter I'abc, et s'en retourne eo se frottant
les mains dire aux parents pressés d'aller k leurs
affaires: Soyez tranquille, nous en ferons un homme.
Qu'est-ce donc que cet instituteur de la jeunesse?
A-t-il, ou n'a-t-il pas l'âge de l'expérience? Est-
ce une intelligence appliquée au côté sérieux de la
vie? A-t-il assez pénétré dans l'économie de la
société et de la religion pour savoir k fond ce
qu'exige de tout homme la position sociale dans
laquelle la providence l'a placé, ce que réclame de
lui le titre de chrétien? Qui est-il qu'est-il
C'est un maître diplômé.
Eo passant dans les rues des grandes cités, il
m'est arrivé bien souvent de regarder avec un
louchant intérêt, s'avancer k la tête d'un nombreux
bataillon d'écoliers, la figure fraîche, imberbe et
rosée de quelqu'un deceshumbles frères des Écoles
chrétiennes, instituées il y a deux siècles par le
vertueux de la Salle. Je me disais: cet enfaut qui
eu guide d'autres a deux ceols ans d'expérience;
car ses moindres gestes, ses moindres paroles, ses
moindres enseignements, sont réglés par ses supé
rieurs, et par les Constitutions de soo ordre. Il sait
ce qu'il a k dire et k faire et il le fait et le dit avec
autorité, cat il a derrière lui des milliers d'hommes
purs, vertueux et dévoués comme lui, qui n'hésitent,
pas plus que lui, k guider l'enfance dans celte voie
chrétienne frayée par la tradition depuis les temps,
si loio de nous, où les premiers religieux furent les
réformateurs de la société romaine et les institu
teurs des jeunes nations barbares.
Cet eofaot là sait pratiquement tout ce que les
Sages du Paganisme rencontrèrent par on prodige
du génie, tout ce que les plus judicieux et les plus
savants des Pères de l'Église ont dans leurs hardies
spéculations perçu de plus juste et de plus vrai sur
la nature de l'homme et sur sa destinée. Il l'appli
que sans effort et sans peine k la direction de ces
petits écoliers qui le suivent avec obéissance; car,
de tant de trésors d'expérience et de lumières, il
n'est que le dispensateur, mais le dispensateur
autorise, de la part nécessaire aux élèves de son
école, de sa classe, de sa division. 11 reflète ponr
eux, et dans la mesure qui leur est utile, les clartés
de la doctrine divine et de la science humaine.
Éclairé lui-même de celle double illumination il
respecte dans cet enfant, destiné k être un modeste
ouvrier, un autre Jésus enfant prêt k eotrer dans
l'atelier du charpentier Joseph; il veoère ces pau
vres petits dont les anges contemplent la gloire du
Père céleste. Pour lui la lâche d'instituteur est
vraiment une œuvre de respect, comme elle est
vraiment une œuvre d'autorité.
Tel n'est poiul, tel ne peut être le caractère des
efforts, même les plus consciencieux de l'institu
teur laïc, libre, indépendant, qui ne se rattache
par aucun lien k nos écoles normales. D'où lui
vieut sa mission? de lui-même. Il a choisi d'être
maître d'école, plutôt que d'entrer en apprentis
sage chez un cordonnier et d'être cordonuier. Il a
suivi soo goût, il exerce la profession qu'il a pré
férée. Il l'exerce houorablentent, je le veux bien
il a de l'esprit, c'est possible; il a du cœur, qu'on
l'estime autant qu'il le mérite; il a de la foi, Dieu
lui en réserve la récompense. Mais ce qu'il n'a pas,
c'est de l'autorité. Le diplôme donne le droit
d'enseigner mais il ne confère pas la puissance de
convaiucre, de persuader, de faire croire k vos
enseignements. Qu'est ceci? s'écrie la frivolité.
Croire aux enseignements d'un maître d'école! Eh
qui donc fait schisme en fait de ba, be, bi, bo, bu,
ou de 2 et 2 font 4! Pauvre pays, où la fonction
de l'instituteur primaire est si bas ravalée, qu'on
ne voit eo lui qu'un montreur de lettres et de
chiffres; pauvres instituteurs exposés par le mépris
public k vous considérer vous-même comme des
gens dont le métier consiste k apprendre k lire, k
écrire et k compter [La suite au n' prochain.)
Un arrêté du 24 courant a conféré la décoration
de l'Ordre de Léopold k des professeurs des quatre
Universités du royaume.
Parmi ces nominations, dit l'excellent journal de
Gand, le Bien publicil en est nne qui nous a
profondément affligés. C'est celle de M. Altmeyer,
professeur k l'université de Bruxelles. Nous ne
craignons pas de dire que la décoration accordée k
cet écrivain est un acte déplorable, qni froissera
vivement les sentiments religieux du pays.
Le ministère en écrivant sur son drapeao les
mots de modération et de conciliation, n'a pu
s'engager k pratiquer une indifférence si absolue
entre les doctrines, qu'il puisse se trouver réduit k
concilier l'affirmation et la négation, en récom
pensant au nom du pays d'une main des savants
qui l'honorent k juste titre, d'autre part des hommes
qui l'empoisonnent par les plus détestables écrits.
Nous n'hésitons pas k placer M. Altmeyer dans
cette dernière catégorie.
L'arrêté royal dn 24 septembre porte que l'on a
voulu récompenser en M. Altmeyer les services
rendus par lui k l'enseignement supérieur. Nous
demandons k M. le mioistre de l'intérieur quels
sont ces services. Nous n'en connaissons d'autres
que le Cours de philosophie de lhistoire professé
k l'Université de Bruxelles, et condamné k Rome
en i84i. Ce livre, une des plus tristes productions
que la haine de l'Eglise ail inspirées de nos jours,
est basé loot entier sur le panthéisme allemand de
Strausse et de Hegel; il renferme les attaques les
plus brutales contre la révélation en général et
contre le catholicisme en particulier, dont il est la
négatioo absolue.
La Revue de Bruxelles, recueil dirigé en i84o
par MM. De Decker et Dechamps, appréciait le
cours de M. Altmeyer dans les termes les plus
sévères; citant un passage où l'auteur développe
ses doctrines morales, la Revue déclarait que le
panthéisme professé par l'auteur ne détruit pas
a seulement toute morale, en niant toute respon-
sabilité; mais qu'il couvre même l'infinie majesté
du Dieu trois fois saint de tous les crimes, de
toutes les infamies du genre humain I Le cœur se
soulève, et l'esprit indigné cherche en vain des
a termes pour qualifier de pareils blasphèmes.
Nous n'avons pas appris que M. Altmeyer ait
depuis lors modifié ses doctrines il est aujourd'hui
ce qu'il était il y a quinze ans: philosophe pan
théiste, ennemi ardent et passionné de l'Église
catholique. Nous regrettons que ce soit un ministère
conservateur qui ait cm devoir récompenser de tels
services. A ce compte M. le professeur Laurent ne
doit pas désespérer de voir reconnaître un jonr par
une distinction nationale l'éclat que ses travaux
philosophiques ont jeté sur l'eoseignemeot supé
rieur de l'État.
[Bien public.)
Le résultat des examens par les élèves de l'Uni
versité catholique devant les différentes sections
du jury combiné de Liége-Louvain, a été extrême
ment brillant cette année.
Le nombre des récipiendaires appartenant k
l'Université catholique s'élevait k 187; de ce
nombre 4 ont été autorisés k se présenter au jury
central, i4out été absents, 4 se sont retirés, 28
ont été ajournés, 137 ont été admis dans la
manière suivante
11 avec la plus grande distinction
2 avec la grande distinction et mention
honorable
i3 avec grande distinction;
3 avec distinction et mention honorable;
29 avec distinction;
i5 avec mention honorable;
64 d'une manière satisfaisante.
IPlIBMvflJmiKDn (DI?ÏI1<£2R2>&2»
Le sieur C. d'Huygelaere, receveur des douanes,
k Courtrai (Flandre occid.), est nommé receveur
des contributions directes et accises k Poperinghe,
même province.
Portugal. Les journaux anglais publient
des correspondances de Lisbonne du 17 septembre
relatives k l'avénement du roi Don Pedro V. On
sait déjk que les anciens mioistres ont été mainte
nus dans leurs fonctions et que le nouveau Roi a
adhéré k la politique du cabinet Saldanba.
A la séance solennelle des Cortèsaprès un
discours prononcé par le roi Don Ferdinand, le
jeune Don Pedro a prêté serment de fidélité k la
Constitution.
Tous les Rois de l'Europe étaient représentés
aux cérémonies de l'inauguration de Don Pedro V,
plus les États-Uois et le Brésilet plusieurs
vapeurs de guerre anglais ont tiré des salves dans
le port de Lisbonne.
Le 18 septembre, le Roi et toute la Cour se
sout rendus k la place du Commerce où le conseil
municipal a présenté k S. M. les clefs de la
capitale.
Pendant les trois jours, le nouveau Roi s'est
mêlé k ses sujets, qui l'ont accueilli avec le plus
vif enthousiasme. Il était accompagné de son père,
qui semblait heureux de renoncer au poids de la
couronne.
Espagne. Jeudi matin est arrivé de Paris le
traité d'alliance, ratifié en toutes formes par les
ministres espagnols, français et anglais; c'est donc
une question résolue et les Cortès n'auront point k
discuter la question de principe, elles seront appe
lées k discuter celle des subsides que le gouverne
ment demandera. Dans tous les cas, la discussion
n'en sera pas moins intéressante. Le ministère delà
guerre a terminé tous les préparatifs faits k cette
occasion; les régiments d'infanterie et de cavalerie
qui doiveot prendre part k la campagne sont déjk
désignés, parmi eux se trouve un régiment du génie,
dont un bataillon est parti pour Barcelone le 17 de
ce mois.
Italie. On écrit de Turin au Courrier des
Alpes
Décidément, nous voilk Russes ou Anglais: lu
haute direction des affaires spirituelles dans le
royaume de Sardaigne n'appartient plus au Pape 01
aux Évêques; nos ministres tiennent ferme et haut
la houlette du pasteur. En lisant dans votre Ga
zette de Savoie qu'un ordre avait été envoyé aux