JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
N<> 3,966.
39me année
7FKES, 3 Octobre.
PRIX D'ABONNEMENT.
Ypres, 3 moisfr. 3
Far la poste3 5o
On s'abonne Ypres che* D. LAMBIN
MORTIER, Éditeur-Propriétaire, rue
de Lille, io, près la Grand'-Place.
Le Propagateur parait le MERCREDI
et le SAMEDI, 7 heures du soir.
Les lettres et envois doivent être
affranchis.
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la ligne; on traite forfait.
LE PROPAGATEUR
"VÉRITÉ ET JUSTICE.
CHEMINS Pi FER
d'Ypres A Courtrai, 55o, 11—20, a,
5—20, de Foperhaghe 20 minutes ptuitôt.
De Coqttrai Ypres et Pope ring he,
74°> 1055, 3—3o, 825.
De Conrtrai Mouscron, Tournai et
Lille, 6—3o, 7 35,105o, 3a5,820.
De Courtrai pour Gand, 7,. 123o, 4.
C—15.
De Courtrai pour Bruges, 74°i,a55
410,6—20.
0><DIHnïIl(8«a»
Les sièges et les batailles ont leur grandeur
Le christianisme n'est pas la religion de la
sentimentalité l'eau de rose il salue le
Dieu créateur et conservateur du nom par
excellence de Dieu des armées.
Et pourtant tout cèdedans notre pays
pacifique par condition mais plus ou moins
souffrant de la guerre, tout cède, dans les
préoccupations de la semaine, cette question,
en apparence si minime: le ministère a-t-il
bien ou mal fait d'accorder quelques doigts de
ruban un professeur? Tout un pays prend
fait et cause dans cette affaire. Qu'y a-t-il
donc là dessous? On nous accordera que la
Belgique est assez sensée pour ne pas s'affoler
pour ou contre M. Altmeyer. Les jugements
sévères de tous les organes de la conviction
nationale et catholique; les appréciations
excentriques du mérite du professeur par tel
journal compromis, ou le dédain affecté de la
question dans lequel se gourment les habiles
tout prouve Cimportance que le pays tout
entier attache h un fait isoléet en apparence
bien peu digne d'intérêt. Heureux le paysoù
le bon sens public s'émeut de tout ce qui touche
la morale; même les excès de la dissolution
témoignent par leur fiévreuse animosilé, de la
puissance des convictions contre lesquelles se
soulève tant d'hostilité. L'affaire capitale de la
semaine est donc pour notre catholique Belgi
que celle-ci La Constitution qui laisse
toutes les opinions la licence de se produire
donne-1-elle au gouvernement le droit de ré
compenser par une distinction honorifique les
attaques aux principes moraux sur lesquels
est basée la Constitution? Ici point d'ambages
il est certain que la Loi du peuple Belge, dans
le droit politique et surtout dans le droit civil,
est une loi chrétienne il est certain aussi que
les doctrines, si doctrine il y a, du professeur
récemment décoré, n'ont d'autre but que cCat
taquer la valeur de la loi chrétienne, et qu'elles
sont ainsi dans leurs conséquences opposées
au droit politique et civil du pays. Le minis
tère a fait ici une faute les catholiques, c'est à-
dire C immense majorité nationale l'en avertit,
mais ne lui retire pas pour cela sa confiance.
La loi morale et l'amour du pays priment
LES FLAMANDS EN BRETAGNE. - 1832.
Pauvre grand'tanleelle était dépaysée
Grietje, me dit-elle un jour, je sens que le mal,
le véritable mal du coeur, le mal du pays, va me
prendre. Ces grandes landes couvertes de bruyère;
et pourtant la bruyère fioruie sous les yeux du
bon Dieu et des petits moutons innocents qui
y paissent; ces ajoncs aux fleurs d'or et aux
epioes piquantes comme est la vie dorée et poi
gnante du monde; et pourtant ces ajoncs chauffent
le four du pauvre;ces blés sarrasins, quien
fleur, sont blancs comme la neige, mais n'amènent
qu'un blé noir; et pourtant ce blé ooir donne les
grousla bouillie du matin, et la galette, le
souper du soirBruyèresajoncsblés ooirs,
tous les autres intérêts. Jetons seulement un
coup d'œil de tristesse sur l'Espagne, cette
pauvre nation que /'Indépendance elle même
voit la veille de nouvelles perturbations.
DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE.
i I. (suiYe.)
Que la bonne foi du lëcteur réponde nne
question qnipour être blessante pour certains
amours-propres, n'est pas {jour cela rmpertioente.
Y a-t-il beaucoup de personnes qni attachent nn
sens aux mots ronflants du sacerdoce de l'insti
tuteur. Le papier grisâtre d'an journal souffre
ces boursoufflnres, mais elles feraient rire dans la
conversation. Pour l'immense majorité de la popu
lation des villes et des campagnes, le maître
d'école est un maître apprendre lire, comme il
y a des maîtres h danser.' Que les instituteurs
primaires laïcs qni se considèrent comme investis
d'une plus haute mission que celle de l'instruction
élémentaire; que ceux d'entre eux qui s'occupent
de l'éducation de leurs jetâtes élèves, comme de
leur suprême devoir, se comptent et nous disent
leur nombre. Plut 'a Dieu que nous pussions le
publier, comme uoe réfutation de ce que nons
venons de dire 3
Sans eu rien rétracter, notre consfcience nons
oblige toutefois, et c'est pour nous une dooee obli
gation,de faire observer, et avec insistance, que nous
d'ignoroos pas qu'il sort des écoles normales de
l'Etat d'excellents jeunes gots, zélés et pieux, qui
se dévouent uoe tâche ingrate par ^mour de la
patrie et de la religion. Honneur ces âmes géné
reuses; mais honte aussi an funeste système d'ad-
minislration qui gaspille si aisémeut les fonds
publics en vaines superfluités, et qui, en réduisant
un si piètre salaire la rémunération due aux
laborieux artisans de l'enseignement primaire, a
abaissé dans l'esprit de nos populations, malheu
reusement un peu trop mercantile, la dignité
qu'eût dû garder l'instituteur. Le Religieux voué
l'instruction mène nne vie bien pauvre et bien
austère, mais enfin il est a l'abri du besoio, par
cela même qu'il a besoin de bien peu. Aucune
démarche compromettante ne peut donc nuire,
dans l'opinion, b la vénération que lui doivent ses
élèves et leurs parents. Qu'il est difficile au con
traire l'instituteur primaire laïc, réduit une
gêne extrême, de ne pas se fourvoyer «dans les
moyens qu'il cherche pour essayer de s'en tirer.
que vous faites sotnbre et sauvage au coeur d'une
pauvre flamande
Ainsi disait ma grand'tanle Jacoba Vandeohove.
Pauvre grand'tanle elle avait vu sa douce
jeunesse s'écouler b l'ombre do cloître S'-Martin,
dans la maison hospitalière de son frère aîné,
chaooine gradué de la cathédrale d'Ypres. Puis la
tourmente était venue; un jour, du haut du
mont Cassel, b la tête des pouilleux devenus des
patriotesun faussaire, un expulsé dans les
colonies, gracié par le débonnaire Louis XVI, et
signalant sa reconnaissance en faisant massacrer
par trahison, le bon religieux qui l'avait élevé;
un sabreur, dont, plus tard, l'Empereur disait:
assez de lui dans mon armée; s'il y en avait deux,
il faudrait en fusiller un, pour apprendre a l'autre
vivre; Vandarame, en un mot, avait fondu,
Nous avons entendu des écoliers de village chan-
sonner leur maître écondnit un peu brusquement
par des parents pen disposés b accorder la main de
leur fille au magister épris de la dot. Nous avons
entendu rire de l'habit rapiécé de celui-ci, des
petites finesses employées par celui-làpour se
faire donner en présent nn boisseau de pommes
de terre; ou rit de l'appétit du malheureux qu'on
a convié b sa table on rit de sa timidité on de sa
jactance, comme d'un aveu de sa misère ou d'une
révolte contre la bassesse de sa condition. Eo butte
au dédain géoéral,rl'institutenr se souvient pour
tant que dans la presse et dans les Chambres il a
des flatteurs; qu'il y a un parti qui voudrait
substituer l'école b l'église et l'instituteur an
prêtre singuliers flatteurs qni exaltent l'orgueil
et affament l'estomac de leur idole, de leur victime.
Quoi d'élonoant que la tète tourne b plusieurs;
que de haineuses rancunes voilées sous nn masque
hypocrite précipitent ces iofortnnés dans les bas
fonds dn socialisme, après les avoir jetés dans la
fange do vice! Que foot alors, pour le mal, ces
hommes dégradés, dans l'école où des coteries ont
parfois la puissance de les maintenir; que font
alors, que peuvent faire pour le bien les hommes
honnêtes et dignes sur lesquels rejaillit la honte
d'une pareille confraternité? Ponr le mal, l'insti
tuteur indigne a la puissance du pestiféré pour
répandre la contagion il démoralise en peu de
temps toute la population d'un village. Pour le
bien, l'instituteur, honnêtedévoué, pieux, est
presque réduit b l'impuissance; car il doute lui-
même de son anlorité; personne ne croit en sa
mission éducatrice; il se laisse aller b pratiquer
l'instruction comme uo métier, puisqu'on ne le
pense pas appelé b faire aotre chose. Il n'élève
plusses écoliers, il se borne b les instruire. Son
œuvre n'est plus une œuvre de respect ponr ces
enfants dont il faudrait faire des hommes; parce
qu'il ne comprend que trop, aux railleries de cet
âge sans pitié, que ces enfants le regardent comme
au-dessous du commun des autres hommes. II
peut périr b la lâchemais rien ne fera désormais
de son œuvre laborieuse uoe oeuvre d'autorité.
Les instituteurs primaires qui ont été préparés a
l'accomplissement de leur utile ministère dans les
écoles normales du clergé, souffrent beaucoup, dans
l'exercice de leur charge, de la coofusion qu'on
peut faire d'eux avec les maîtres sans mission
dont nous venons de décrire la condition. Mais la
position du nortnalisie diffère du tout au tout, en
comme l'oiseau de proiesur le presbytère de
Reninghelst où ma tante avait trouvé un refuge;
et, d'événements en événements, le sort mot
stupide et qni cache d'affreuses résistances, la
Providence, l'avait jetée dans la plaine d'Aigre-
feuille, entre Bretagne et Vendée, où la soeur du
chanoine, mort sur l'échafaud révolutionnaire,
était en vertu de son âge et de son titre, cher a
tous les cœurs chrétiens, ce titre bc'ni de vieil le-fi Ile,
c'est-b-direde femme supérieure aux incitations
vulgaires, où ma tante Jacoba était la mère d'une
colonie flamande de neveux, petits neveux, de
nièces et petites nièces,implantée ou plutôt trans
plantée de la grasse Flandre yproise dans la
sauvage Armorique.
(La suite au n' prochain.)