JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
No 3,989.
39me année.
PRIX D'ABONNEMENT.
L-
CHEMINS DE FER
Ypres, 3 moisfr. 3
Par la poste. 3 5o
On Y prés chez D. LAMBIN
MQBTI^RÉditeur' Propiiétai re, rue
de Lille, ko, près la Grand''-Place.
Le Propagateur parait le MERCREDI
el le SAMEDI, 7 heures du soir.
Les lettres et eQvois doivent être
affranchis.
Insertiops des annonces 17 centimes
la ligne {'ba* traite forfait.'
LE PROPAGATEUR
VÉRITÉ ET JUSTICE.
d'Yprés Courtrai, 5—5a, 10, 1an,
5*20, de Pqperinghe, 20 minutes plus tôt.
Dé Courtrai Ypres et Popei inghe*
6, io5o, 3—25, 8a5.
De Courtrai MouscronTournai et
Lille, 7 35r 105o, 325, :2o.
De Courtrai pour Gand 7 12 3o
4, 615.
De Courtrai pour Bruges, 74°j12
235, 620
7PB.SS, 22 Décembre.
La'paix se Jera-t-elfi, ou bien, la guerre,
concentrée, jusqu'ici, sur l'étroit plateau, de
Chersonèse prendra-1-elle au printemps
prochaindes proportions plus étendues et
durera-1-elle jusqu'à ce que les parties belli
gérantes, lasses de guerroyer et dénuées de
ressources, se voient forcées par l'impérieuse
loi de la nécessité l'une d'accepteravec
empressement, des conditions qu elle a rejelées,
les autres de se départir de leurs exigences
Dieu seul connaît l'avenir il sait quel sort
l'Europe est réservée.' Toujours est-il que la
paix nous semble possible même dans les
termes de Vultimatum que lé comte Esterhazy
est chargé, au nom de l'Autriche, de porter au
cabinet de S1- Pétersbourg. Nous ne croyons
pas que In Russie subit une humiliation en
donnant tes garanties exigées par VAutriche',
En effet, s'il est toujours dur une puissance
d'accepter', après coup, des propositions qu elle
U primitivement refusées, il n'y a pas, dans
celle contrariétééprouvée par sa politique, le
caractère humiliant qu'aurait la soumission
forcée qui oblige, après une déjaile, d'accepter
des conditions nouvelles et plus impérieuses
Nous savons bien que la version du, Mornipg-
Posl témoignerait de prétentions plus absolues
de la part des puissances occidentales quant
la fiessoret/ne-; -métis-, les organes les mieux
autorisés de la politique française tout en
admettant la vérité et la portée de la mission
du comte Esterhazy, ont déjà fait justice des
articulations trop bazardées du journal an
glais. En accédant aux vœux de VAutriche,
la Russie ne ferait que reprendre des négo
ciations auxquelles elle s'était déjà prêtée, il
y a un an, et n'aurait qu'à donner son assen
timent au seul point resté en litige lors de
l'adoption par elle des trois autres points de
garantie posés par les puissances alliées, point,
en définitive résolu par les victoires des alliés.
En traitant avec des gouvernements aussi
conservateurs que ceux des deux Empires, le
JDB IL'iAIBÎT iûAmS IL'imiDDS'liRm
Czar pourrait compter surles. égards dus la
majesté souveraine En se référant aux termes
des qualres garanties, la Russie peut donc,
très honorablement, conclure la paix comme
de son côté, la France peut cesser la guerre
sans s'exposer aux reproches de négligerpar
trop de modération, d'en recueillir fis fruits;
car un traité de paix, sur ces bases, lui assure,
pour l'avenir, fis résultats qu elle avait primi
tivement en vue; et l'obtention, par la victoire,
de ces résultats importantschangeen sa
faveur, l'étal des choses européennes, au point
de lui assurer une prépondérance morale que
la France, depuis i8i4, ne possédait plus En
effet, quelle Jul l'origine du conflit? fis réclama
tions de la France contre la domination exclu
sive du schisme grec Jérusalem. Les puis
sances alliées réclamèrent ensuitecomme
garanties de l'équilibre européen, que le pro
tectorat des Principautés danubiennes fut
réglé de manière sauvegarder fis droits de
suzeraineté du Sultan; que fi territoire de la
Turquie conservai son intégritéet que la
puissance maritime russe dans la mer Noire
fut affaiblie, au point de ne plus menacer fi
Bosphore; que toutes fis puissances agissent
de concert dans l intérêt des populations chré
tiennes de l'empire. Ce but, la France l'a
atteint et dépassé. Elle exerce avec prépondé
rance l'ancien protectorat des Francs dans la
.Terre Sainte; l'Autriche exerce fi sien sur fis
I Principautés du Dar^ufe. Le^pavillon russe ne
flotte plus sur les eaux du Pont-Euxin la
marine russe est plus qu affaiblieelle est
détruite. Les ports russes dans celle mer sont
bloqués par fis escadres alliées ou détruits
par les bombardements ou au pouvoir des
puissances alliées. Le commerce russe est
presque anéanti et Sébaslopul, le boulevard de
la Russie méridionale n'existe plus. La France
a donc atteint son but; mais, modérée dans sa
force, elle n'a point permis l'enivrement des
victoires de l'influencer dans ses exigences
triomphante jusqu'à ce jour elle désire la
paix, comme la veille des batailles; la Russie
en repoussant l'ultimatum de l'Autriche assu
merait sur elle seule la responsabilité des
événements.
Dans les articles que l'occasion me suggéra de
donner snr l'Exposition artistique et industrielle
qui eut lieu a Ypres au mois de septembre, je
regrettais que le temps et l'espace me fissent défaut
pour apprécier, comme elles le devaient être, du
point de vue de l'art, quelques œuvres remar
quables de l'industrie yproise, exposées dans la
grand'salle des Halles. Il va sans dire, puisqu'il
s'agit d'art, que je ne regrettais nullement de
n'avoir pas le loisir d'entretenir le public, des
imitations en plâtre peinturluré, en pain d'épice,
ou en choColat, de poires incuites, de trognons de
choux, de crapauds et de pains-français. Tout
cela est fort divertissant, mais très-peu artistique:
quelque chose de cela peut être, de fort bon goût,
au dire de plus d'un de mes jeunes amis; mais il y
a uu autre bon-goût, moins enfantin et plus sévère,
qui pardonne peine au Vilruve des pâtissiers
bruxellois ses cathédrales en massepain et ses
palais en caramel. Somme toute, pourtant, un
Aristarque un peu Pantagruélique digère mieux
ces colonnades-là que les brioches de la petite
rue S'-Marlin. Mais s'il y a des enfantillages
industriels, fort ingénieux d'ailleurs s'ils sont
lucratifs, qui singent les objets d'art, comme les
figures de cire, qui minaudent la vitrine des
coiffeurs, singent une statue]jou une coquette; il y
a aussi des produits d'une industrie sérieuse dans
lesquels le sentiment du beau s'incarne dans
l'utile, pour satisfaire an double besoin de notre
nature d'être servie et d'être charmée.
Un des hommes de notre temps qui aurait, de
l'aveu de tous le plus de cœur et d'esprits'il
n'avait le malheur d'être un ministre déconcertant
pour les petites finesses des partis, a lundi, lors de
là solennité de la remise aox exposants belges
Paris, des médailles et des croix, qui nous honorent
et les récompensent, dit une parole qui me remet
On se laisse prendre aux mots tout le monde
revendique la liberté de conscience; les chrétiens
fidèles, et ceux qui se targuent de ne pas l'être.
Dans la bonche des uns et des autres, ce mot ne
peut avoir le même sens. Le chrétien réclame
la liberté d'obéir sa conscience qui lui commande
la soumission aux priqcjpes, de la loi naturelle et
aux préceptes de la loi religieuse; .les martyrs, en
mourant, protestaient de leur droit celle liberté.
Le chrétien ne prétend point servir Dieu, sa
guise, mais, il meurt, s'il le faut, pour ne le servir
que de la manière que la foi le lui rfrdonne. Est-ce
là la liberté de conscience que font sonner bien
haut les adversaires du Christianisme Non,
puisqu'ils accusent les dogmes positifs du catholi
cisme d's|f,enter aux droits de la pensée. La liberté
de conscience est donc, pour eux, la faculté de
s'affranchir des obligations de la loi naturelle,, de
Tes mitiger ou de les interpréter, leur, giç, et dq
répudier, si bon leur semble, tout ou partie des
deéoirs religieux. Ils se courroucent de ce que la
Religion condamne, sous le noin de révolte, cette
émancipation de l'esprit et de la volonté, et crient
au fanatisme, quand l'Église proclame, qu'en de-'
hors de la croyance en ses dogmes et de l'obéissance
ses lois, il n'y a point de salut. Parmi eux,
quelques-uns affectent de se croire menaces d'une
nouvelle guerre des. Albigeois. Ils redoutent, tout
au moins, l'Inquisition et, en attendant, font
gorge chaude de l'Index. D'antres, au contraire,
insinuent doucereusement que l'Église est sévère,
quand oq lui laisse la puissance, mais fort accom
modante, quand on la tient en bride; ils en con
cluent que la conscience catholique a toute l'élas-
ficilé de la conscience d'un libre-penseur. Ce n'est
point sérieusement qu'on aces terreurs; passons
donc sur les frayeurs d'un retour au Moyen-âge
mais, précisons bien que si l'Eglise accepte des
faits, dont elle n'a pu empêcher l'accomplissement,
si elle tolère des maux pour en éviter de plus
grands, elle ne transige point pour cela, avec Iq
rigueur du principe. Sous le nom de liberté de la
presse, elle n'approuve point la liberté de répandre
la corruption, la révolte et l'incrédulité; sous le
nom de liber té des cultes, elle ne ratifie point la
liberté d'ouvrir une mosquée eu face d'une église;
sous le nom de liberté de conscience, elle n'autorise
la plume aux doigts longtemps engourdis, en me
rappelant ce qu'au nom de l'art je dois quel
ques représentants de l'industrie qui ont marqué
l'Exposition yproise Que l'enseignement artis
tique professionnel s'organise, disait M. De
Decker; que les élus de l'art se maintiennent dans
les régions sereines de l'idéal; mais qu'un bon
nombre des hommes qui savent comprendre et
reproduire le beau condescendent meure leur?
talents au Service de l'utile; et la Belgique, qui a
déjà conquis une place si honorable an concours
général de l'industrie des peup/çs, n'aura plus
riën eovier d'autres nations.
Beaucoup de vérités eu peu de mots. Oo ne
peut se promener par un chemin de la Belgique
sans courrir le risque de se coigner le liez la
porte de quelque Académie. Dans ces sortes de
lieu, on apprend dessiner architecture et paysage,
bosse et nature; mais on n apprend être ni
sculpteur, ni peintre, ni architecte, ni même
dessinateur intelligent'dé quoi que ce soit au