JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
No 3,998.
Mercredi, 23 Janvier, 1S56.
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Le Propagateur parait le MERCREDI
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LE PROPAGATEUR
CHEMINS DE FER
VÉRITÉ ET JISTICE.
d'Ypres Coartrai, 5—5o, 11, 5co,
de Poperinghe 20 minutes plus tôt.
Lté Courtrai Ypres et Poperinghe
7_4°i io—55, 4—5o.
De Courtrai MouscronTournai et
Lille, 7oo, 125o, 435, 615.
De Courtrai pour Gand 7 3o,
10—5o, 1—5o, 9—15.
De Courtrai pour Bruges ^o,g—3o,
125, 620-
TPP.2S, 23 Janvier,
IB wLiaïna
Quoique la presse anglaise fasse blanc de
son épée peu émoulue, maintenant que le glaive
des véritables guerriers semble se rapprocher
du fourreau, tous les bruits de paix se confir
ment. Dimanche au soir le corps diplomatique
au complet réuni chez M. IValewski a pu
entendre de la bouche même du ministre des
affaires étrangères combien les espérances de
paix étaient fondées. Les bruits d'un congrès
ont pris beaucoup de consistance où et quand
se tiendrait-il? On parle de Dresde ou de
Bruxelles. Il y a de grandes probabilités que
la Prusse sera admise dans ces conférences.
On s'attend, d'un jour l'autre, la signature
d'un armistice déjà consenti dit - un par
l'Empereur des Français. Le Constitutionnel
vient de publiersous la signature de son
rédacteur en chefun article qui pourrait bien
être puisé une source quasi-officie lie. On y
lit: La Russie a fait dans les voies de la paix,
par l'acceptation pure et simple de /'ultimatum
de l'Autriche, un pas immense. Nous croyons
qu'elle a sagement agi. Faincue partout
dans cette lutte qui lui coûtera si cher, elle a
voulu s'épargner de plus vastes ruines de
plus cruelles souffrances et de plus terribles
déjailes. Mais, si elle est vaincue, elle a noble
ment combattu, et, en déposant les armes, elle
aura le droit de dire qu'ayant lutté avec
gloire, elle peut traiter avec honneur. D'ail
leurs, que fait-elle, en renonçant sa domi
nation dans la mer Noire et son protectorat
dans la Moldo- Valachie Elle prouve, par
des actes, la sincérité de ses constantes décla
rations. Que lui demande- l-on? de se mettre
dans l'impossibilité de conquérir la Turquie,
de menacer l'Europe et de dominer le monde.
Elle a toujours dit que ce n'était là ni le but de
son ambition, ni la pensée de sa politique. Elle
peut donc, sans humiliation comme sans fai
blesse renoncer une domination et un
protectorat dont elle atteste qu'elle ne voulait
ce que disait le cousin écidil's quand il
était journaliste.
Quoi donc, cousin il y eut un temps où,
interrompant vos leclures dans les gros livres,
vous descendîtes, comme un simple mortel, aux
bagatelles de la politique au jour le jour, dans un
pays constitutionnel quelconque? «Comme
vous avez l'booDeur de le dire, mon petit. Étranger
bieu accueilli dans une terre hospitalière, je crus
payer ma dette de reconnaissance mes hôtes
temporaires en leur disaot quelques bonnes
vérités. Dans ce pays l'a, il y avait deux partis je
me trompe il y avait les deux partis qui se sont
partagé, se partagent et se partageront le monde
dans tous les temps et sous toutes les latitudes le
parti qui dit Oui et celui qui dit Non le parti qui
affirme qu'il faut obéir Dieu, la morale, aux
lois et au prioce, et le parti q„i revendique pour
les individus la liberté de se moquer de Dieu de
«ficher la morale, de se faire des lois a sa guise et de
se passer du prince, en en faisant un roi soliveau
pas se servir pour l'agrandissement de son
territoire et de sa puissance. Que voulaient, de
leur côté, les puissances occidentales garantir
l'intégrité de la Turquie et l'indépendance de
l'Europe. Du moment où elles obtiennent ce
qu'elles veulent, pourquoi prolongeraient elles,
sans une absolue nécessité une lutte qui ne
pourrait leur donner de nouveaux triomphes
qu'en édimnge d^^pLuveaux sacrifices et de
nouvelles vtctihm?
-Q&V "1"
Un professeur de Droit naturel est amené par
uue déduction d'idées qui nous semble, nous,
parfaitement logique et absolument nécessaire,
traiter, dans son cours, de l'influence du Chris
tianisme sur l'esprit général de la Législation.
Dès qu'un homme sérieux étudie le Droit, il passe
forcémeut de l'origine de la mitoyenneté des murs,
de la nuncupalion et de l'occupation, l'origine de
la notion même de Justice; il se trouve face face
avec cette définition du Droit romain: la Juris
prudence est la scieuce des choses divines et
humaines. M. Brasseur, s'il a quelque prétention
être jurisconsulte, doit donc posséder l'ensemble
des connaissances scientifiques qui permet d'em
brasser, dans un suprême rapport, les vérités de
l'ordre naturel et les vérités, supérieures mais
nullement répugnantes aux premières, de l'ordre
surnaturel Ulpien et Gains furent les théologiens
de leur temps,commeS' Thomas fut le jurisprudent
de son époque. Malheureusement le professeur de
l'Université de Gand, de l'Université de l'État
Belge qui apparemment est catholique, et, comme
tel, croit eu la divinité de J.-C. et en l'infaillibilité
de l'Église, si par Etat il faut entendre sous un nom
abstrait la réalité existante d'une communauté de
citoyens ayant la même foi religieuse et le même
lien politique; malheureusement ce professeur,
tout en s'enveloppant dans les nébulosités germa
niques du subjectif et de l'objectif a laissé
s'échapper, comme un rayon furtif, du sein de cette
logomachie ténébreuse, la proportion, très-nette
comme tout ce qui est mathématique, que voici le
protestantisme est au catholicisme ce que le catho
licisme fut au paganisme en Droit, c'est un progrès.
Donc, conclurent ses élèves et le public gratifié de
ou en lui coupant le cou sur la place publique; cela
s'est vu parfois. Et de quel parti éliez-vous,
cousin Kgidius?» J'avais observé que depuis
le déluge, dans le premier parti se trouvent les
hommes de génie, qu'ils s'appellent Moïse, Platon,
Thomas, Kepler, Bossuet, Leibnitz ou Newton;
malgré les différences produites par celte sorte de
fatalité qui nous asservit aux préjugés de notre
éducation, tous ces grands hommes ont été profon
dément religieux, et religieusement conservateurs
de la tradition sociale. J'avais encore observé que
dans ce graud parti conservateur, sauf quelques
hypocrites que j'aurais eu plaisir démasquer, la
masse, qui, Dieu merci, forme la presque univer
salité du genre humain, est scrupuleusement fidèle
ses devoirs moraux et souverainement obéissaute
l'autorité qui maintient le lien social. Quand un
homme qui se disait de ce parti fuit quelque faux
pas en morale il passe toujours d-uis le parti
opposé, où il trouve beaucuupi de frères et amis
pour compagnons de ses débauches. Le contraire
ne se voit jamais il n'y a que les hommes les plus
cette profession de foi, donc, dans la Juris
prudence, science des choses divines et humaines,
le Protestantisme qui a nié au catholicisme son
caractère divin est un progrès donc le catholicisme
est une vieillerie usée comme le paganisme qu'il
détrôna; donc le protestantisme qui a tiré les
esprits de la servitude comme le catholicisme avait
arraché les corps l'esclavage, a pour lui main
tenant la vérité, jusqu'à ce qu'une doctrine plus
avancée vienne son tour le reléguer parmi les
défroques du passé.
La Belgique catholique s'est émue de cet ensei
gnement payé par elle et donné malgré elle
ses enfants. Elle s'est levée en masse contre la
lâcheté d'un homme qui investi d'une fonction de
confiance abuse de 9a position officielle pour répan
dre dans de jeunes intelligences des principes
contre lesquels tous les efforts des familles avaient
jusque là tâché d'opposer des barrières. Cet homme
s'est drapé dans son droit de penser ce qu'il lui
plait. Qui lui dénie ce droit? Nous lui accordons
même celui de regarder le mahométisme comme
un progrès sur le christianisme puisqu'il lui est
postérieur, et d'aller, s'il le veut, s'éprendre de
l'Alcoran au milieu des croyants circoncis mais au
nom de l'Évangile qui garantit l'Église de J.-C.
son infaillibilité indéfectible, nous, catholiques,
nous sommons ce traînard de doctrines historiques
arriérées de descendre d'une chaire que nous avons
érigée, pour que nos enfants gardent leur liberté de
conscience et n'aient pas l'esprit faussé et, par
suite, les mœurs corrompues, par un empoisonneur
public arguant de son droit de préférer l'opium qui
doDne le vertige au pain vulgaire qui fortifie.
L'animosité de la presse incrédule contre le
courageux journal le Bien public, les timidités du
juste-milieu Belge, demandant en grâce qu'on
étouffe tout ce bruit, donnent la mesure de l'im
portance sociale et politique de cet incident.
M. Ch. De Brouckere prive le pays de ses
lumières au moment où il en avait besoin, et sacrifie
sa conscience, ses opinions et l'intérêt des mal
heureux une misérable question de parti. Le
parti auquel M. De Brouckere fait profession
d'appartenir, est ce parti libéral qui, sous l'inspi-
dignes et les plus honnêtes qui abandonnent le
parti de la liberté quand-même, pour passer dans les
rangs des serviteurs du principe d'autorité. Le
plus grand reproche qu'on puisse faire cette
multitude qui professe la nécessité de la soumission
aux pouvoirs institués de Dieu, c'est qu'elle est un
peu moutonnière; c'est qu'elle compte dans son
sein de braves gens, très bien intentionnés d'ail
leurs, mais qui, exempts par la solidité de leurs
principes des vices pernicieux et des écarts de
conduiten'échappent pas toujours au petit
travers de prêter l'oreille aux commérages, et de
bourdonner un peu comme la mouche du coche.
Très indulgent, (parce que je suis bien vieux) pour
les faiblesses humaines, je me permettais, quand
j'étais journaliste, une plaisanterie l'adresse de
mes meilleurs amis, et je bénissais Dieu que nos
adversaires ne trouvassent nous accuser d'autre
crime que de vouloir ressusciter le Moyen-âge, la
Main-morte et l'Inquisition. C'était nia joie
d'entendre les rodomontades de ces confrères de
l'autre bord, qui le poing sur la hanche et le gros