JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT, N« 4.052. Mercredi, 30 Juillet, 1856. 40me annee. PRIX D'ABONNEMENT. Ypres, 3 moisP* 3 P.r la posle»35o Oo «'ahonut Ypres chez D. LAMBIN MORTIER, Éditeur Prupriélaire, rue de Lille, 10, près la Grand'-Place. Le Prirpagateur parait le M EH CB EDI ut le SAMEDI, 7 heures du soir. Les lettres et envois doivent être affranchis. Insertions des annonces 17 centimes la ligue; on traite forfait. CHEMINS DE FER LE PROPAGATEUR VÉRITÉ ET JUSTICE. d'Ypres Courtrai, 5,3o, 9,35, 3,40 5,4o, de Poperinghe 20 minutes plus tôt. De Courtrai Ypres et Poperinghe, 7,35, io,55, 3,25, 9,20. De Courtrai Mouscron et Lille 7,3o, 10,5o, i,5o, 5,oo, 9,i5. De Courtrai pour Gand, 7,00, 10,45 12,5o, 5,oo, 6,45. De Courtrai pour Bruges, 7,4", >',oo, 2,00, 6,55. 7??.S3, 30 Juillet. Les nouveaux renseignements reçus île TAracon tendent faire pressentir la soumi-sinn piochaine de Saragosse et de la province tout entière. On assure que le général Falcon, désespérant de pouvoir défendre les |»outions de Monte Terrero et le fort Aljofciia qui dominent Saragosse, les aurait fait évacuer, après avoir désarmé leurs ouviâges Le général Ecliague qui s'était élalili aux environs de la place, la j action des deux routes principale*, inter ceptait les convois et les anivagt-s, qui sont nombreux de ce côté, et déjà la populationaugmentée par les milices venues du dehors, commençait souffrir de la rareté des vivres: c'est en grande partie celte circonstance qu'il faut altiibuer la demande d'une susp-nsion d'armes. Le général Dulce, de son côté, s'était établi sur la route de Huesca d*ns une excellente position, et avait assuré ses communications avec Ecliague. Les insurgés étaient d'ailleurs hors d'état de tenter une sortie et d'inquiéter les généraux de la reine. De Madrid, l'on apprpnd que les milices d'un certain nombre de provinces allaient être licenciées et qu'il serait pourvu plus tard leur organisation sur de nouvelles bases. Une dépêche de Turin du x8 juillet apprend que le mouvemeut sur la frontière du duché de Modène est in signifiant. Aussi la tiauquillilé a été promptemeiit et parfaiti-meut iétablie M «ssa-Carrara et la frontière sarde. D'après une corresp udance de la Gaieite de Hanovre, les négociations relatives au péage du Sund ont pri- une tournure qui fait espérer que cette afTaire sera réglée d'une manière conforme aux intéiéts du commerce de la Baltique. A l'exception de l'Angleterre, toutes les autres puissances out déjà donné leur vote et se sont prononcées pour le principe du rachat. Le Roi accompagné de la famille royale esl arrivé dimanche d'Bruges b i heure el demie. A sa descenie de voilure, le Roi, qui portait l'uniforme de lieutenant - général el le grand cordon de son ordre, fut salué par les acclamaiions des fonctionnaires présents. En entrant dans le salon de réception, S. M. donnait le bras b S. A. R. el I. Mra* la duchesse de Brahant; LL. A A. RR. M"" la LE MARIAGE DE JIA FILLE. Eh bien mon brave Jenkin, voyons qu'est-ce qu'il y a Te voilà planté devant moi, raide comme un piquet, roulant ton bonnet dans les mains, te juchant tantôt sur un pied, tautôt sur l'autre, comme la cigogne qui loge sur la cheruiuée du voisin Maikus. C'est que, voyez-vous, maître Rhénoster, ce que j'ai b vous dire est bien embarrassant. Voyons, et d'abord assieds-lui sur cette escabelle, si lu ne veux pas ressembler b une grue, et parle bien, si lu ne veux pas ressembler b un imbécile. Dame! maître, c'est qu'elle est bien jolie au moins, mam'zelle Minn-Guite. Tu ne me parais pas avoir mauvais goût mais où veux-tu en venir? Ma foi, puisque vous me le demandez, je prends mon courage b deux mains et je vais vous le dire c'est, père Rhéooster, que je... que je... Que je... que... quoi? C'est que je l'aime, votre fille, est-ce que cela vous fâche? Ça ne peut pas me fâcher, puisqne je l'aime aussi et que tout le monde en fait autant, n'est-ce pas! Oh! pour ça, c'est la vérité. Mais, papa Rhénoster, c'est que je l'aime, moi... pas comme 'îs autres....; comprenez-vous? Hein! comment dis-ta princesse Chai lotte, le duc de Brabant et le comte de Flandre suivirent; les princes portaient l'uni forme de colonel de leurs régiments respectifs. Le Roi fut complimenté par M. l'échevin Delescluze, b la tète du conseil communal, en l'abseuce de M. le bourgmestre Boyaval. Le Roi a remercié le conseil communal de Bruges et a pris place avec la duchesse de Srabant et la princesse Charlotte dans une voiture de la cour découverte, b quatre chevaux, précédée d'un pi- queur. Dans la secoude voiture se trouvaient le duc de Brabant et le comte de Flandre. Les autres v oi 1 ur es cou len ai en t,indépeu dam tueut des autorités, les persouues de la suite de S. M- Un tonnerre d'applaudissements et de vivats éclata dès que S. M. lut aperçue par la foule; les datues placées daus les croisées des maisons agitaient leurs mouchoirs, jetaient des fleurs; c'était réelle ment une entrée triomphale; le Roi répondit b ces acclamations en saluant b droite et b gauche, de la manière la plus bienveillante; S. M. paraissait très satisfaite de l'accueil si cordial qui lui était faite; Elle accueillit avec un empressement, qui fit redou bler les bravos de la foule, plusieurs pétitions qui Lui fureot présentées. Depuis la station jusqu'à l'hôtel du gouvernement, il y avait une foule si énorme que le cortège fut arrêté plusieurs fois dans sa marche, el b chaque halte la voilure de S. M. fut entourée et acclamée de la manière la plus enthousiaste. Dès que la voiture royale déboucha sur la Grand'Place, un Vive le Roi! qui se prolongea pendant plusieurs minutes, salua S. M. Eu même temps, tons les corps d'harmonie, réunis la, se mirent b jouer la Braban çonne, les tambours battirent aux champs, la garde civique et les troupes préseutèreut les armes, les centaines de drapeaux des sociétés et des communes Ma foi, s'écria Jenkin avec une détermination extraordinaire et en enfonçant brusquement son bonnet de laine sur sa tête, je jette mon chapeau par-dessus le buisson et je vais vous coûter ça longuement, maître je vous demande Minn-Guite eu mariage, et voilb. Maître Rhénoster ôta ses lunettes de dessus son Dez, les posa sur sou établi, b côté de son alêue; puis, après avoir secoué son tablier de cuir, il se retourna et jeta un œil inquisiteur vers l'arrière boutique. Lb était assise modestement une jeune fille de dix-sept b dix-huit ans, belle comme une vierge de Raphaël, b la chevelure blonde et bouclée, aux yeux azurés et baissés, mais bien baissés, sur un petit ouvrage de broderie. Je ne sais comment il se faisait que ses joues quelquefois un peu pâles, étaient alors vermeilles comme les pétales d'une rose de Bengale. Son père, après l'avoir considérée en silence pendant une ou deux minutes, reprit sou trancbet, sa forme et son cuir, et se remit b travailler sans dire un seul mot. Après dix minutes d'un silence fort embarrassé de tous les côtés, Jenkin reprit courage et dit Vous aurais-je déplu, maître? vous ne répondez rien. Que diable veux-tu que je te réponde, mon pauvre garçoo Vois-ln, il y a des choses que je ne peux pas dire sans que ça me fasse dans la boncbe le même effet que si je mâchais une Défie verte. Puis, se tournant vers sa fille, i! ajouta Minn^ Gnite, as-tu arrosé mon jardio, aujourd'hui? saluèrent le Roi; aux acclamations réitérées de la foule vinrent se mêler les accents les plus joyeux du carillon. C'était une magnifique réception, une réception toute flamande, dont il faut avoir été témoin pour pouvoir en juger; cela ne se décrit pas. A peine S. M. fut-Elle entrée b l'hôtel du gouvernement provincial, que, suivi du duc de Brabant et du comte de Flandre, Elle en sortit b pied pour faire te tour de la Grand'Place; le Roi voulait saluer de plus près le peuple qui lui avait donné tant de marques d'affection et de dévouement. Cette démarche toute spoutariée du Souverain porta l'enthousiasme au comble: les cris de Vive le Roi! furent si nourris, si prolongés, qu'à diverses repri ses S. M. se retourna pour remercier. Après avoir pris un peu de repos, le Roi s'est montré sur l'estrade accompagné de toute la famille royale, et il a pris place sur le trône qui lui était préparé ayant b sa droite S. A. R. et I. Mm" la duchesse de Brabant el Mgr. le comte de Flandre, b sa gauche LL. A A. RR. M"* la priucesse Char lotte et le duc de Brabant. Alors a eu lieu la lecture au Roi des adressesdu Conseil provincial de la Flandre occidentale, et du Conseil communal de Bruges. Ensuite a eu lieu la présentation au Roi de l'album contenant les adresses de félicitations de toutes les communes de la province, sans en excep ter celle de Zoutenaye, dont la population est de 35 âmes. Quatre bourgmestres ont présenté le livre au Roi. Ensuite S. M apercevant sur l'estrade Mgr. l'évêqne de Bruges, s'est approché du prélat et s'est entretenu assez longuement avec lui. Le défilé a eu lieu ensuite. Le Roi, accompagné de toute la famille royale, delà cour etdesautorités, s'est placé sur le devant de l'estrade et toutes les Pas encore, père. Et avant qu'elle eût fini celte courte réponse et rabaissé sur sa broderie ses grands yeux bleus, Rhé noster s'était levé de dessus sa chaise b trois jambes, s'était emparé d'une vieille carafe en forme de bu vette, et, avec la seule peioe d'allonger le bras par dessus son étroit établi, il arrosait son jardio. Or, ce jardin, placé sur la fenêtre, consistait en une caisse de bois, large d'un pied, longue de trois, remplie de terre, dans laquelle végétaient une dou zaine de tulipes, alors en pleine floraison. Jamais on n'avait connu au père Rhénoster un autre jardin que celte caisse. Avant de continuer, il faut que vous sachiez que le drame que je vais vous raconter s'est passé il y a environ quarante ans. b Harlem, ville de Hollande, célèbre par toutes sortes de choses que je ne sais pas, mais, par dessus toutpar la culture des tu lipes et par sa Société des sous-tulipiers, dont moi, pauvre femme, qui n'ai que cinquante ou soixante variétés (fond blanc), dans mon tout petit jardin, j'ai l'insigne honneur d'être membre honoraire. Le pauvre Jenkin était tout-b - fai t désorienté; la voisine, qui écoutait b la porte, a dit, depuis, qu'elle avait entendu très-distinctement une sorte de soupir s'échapper entre les jolies lèvres de Minn- Guite. Mais Rhénoster eut le talent de faire durer l'arroserueril des douze tulipes environ ud quart d'heure. Jenkin était outré; il perdit la tête... La tête, non, le bon garçon ne pouvait rien perdre qui ressemblât b quelque chose comme ça mais i! per dit patieoce.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1856 | | pagina 1