FRANCE. une pièce de 1 franc par minute; elle aurait, pour le faire sortir en totalité', marcher encore pendant environ soixante deux ans. On écrit de Vienne, le 9, que l'Archiduc Ferdinand-Maximilien, qui a l'intention de rendre une visite, aux fêtes de Noël, son auguste fiancée, la Princesse Charlotte, est attendu vers le i5 dans cette capitale, se rendant h Bruxelles. On pétitionne, Louvain, contre le projet de loi sur les denrées alimentaires. On écrit de Malinesle 12 décembre: Comme dans les autres localités de la Belgique, les Malinois voient avec frayeur le nouveau projet de loi des denrées alimentaires, plusieurs pétitions circulent dans toutes les classes de la société pour demander aux Chambres le maintien de la législa tion actuelle et un droit de sortie sur le beurre et les œufs. Inutile de dire que ces pièces se couvrent de nombreuses signatures. Un jour, le R. P. Rozey, missionnaire dans la Nouvelle Zélande, et en ce moment Douai, s'était rendu daus un endroit habité par les anthropo phages; il y fut reçu avec honneur par le chef qui l'invita a dîner. Le R. Père accepta les offres qui lui étaient faites, et tous deux se mirent a table; mais que l'on juge de la répugnance du zélé missionnaire lorsqu'il vit une esclave apporter une corbeille dans laquelle se trouvaient des plantes de fougères surmontées d'un bras d'bomme grillé! Au mouvement de répulsion que fit le mission naire, l'anthropophage lui dit: Tu vois, Père, que j'ai voulu te recevoir le mieux qu'il m'a été possible. Alors, le R. P. voulut lui faire comprendre que Dieu défendait de se nourrir de chair humaine, mais ce sauvage ne comprit rien et conduisit son hôte dans une hutte qui servait de cuisine et lui fit voir dix cadavres grillés; b l'un d'eux il manquait un bras c'était celui que l'on avait servi pour le repas. Le très-révérend Théodobal Mathew, uni versellement connu comme l'apôtre de la propaga tion de la tempérance, est mort le 8 Queenstown, en Irlande, après avoir, pendant plusieurs années, mené une vie languissante, conséquence naturelle des peines infinies qu'il s'est données en Angleterre et en Amérique, pour la cause de la tempérance. Express du 10.) Nous venons d'annoncer la mort du R. P. Mathew. Un fait assez piquant dans la vie de l'apôtre de la tempérance, c'est qu'ayant dépensé en bonnes œuvres tout le reste de son patrimoine, il vivait eu graode partie, des secours que lui don nait son frère, distillateur dans lesud de l'Irlande. Dans celte situation d'esprit, les fréquentes vi sites que lui fit le curé rappelèrent bientôt dans le cœur de Marie ces grands et beaux principes de la religion catholique qui fout supporter l'adversité non-seulement avec courage, mais même avec joie; et alors, convaincue qu'elle ne souffrirait ni inu tilement, ni injustement, elle sourit encore a cette amère existence où elle trouvait des vertus nou velles b pratiquer, des mérites nouveaux a acquérir, et même (l'eût-elle jamais pu croire?) de doux et purs contentements savourer. Les soins du mé nage, l'éducation des enfants, quelques pieuses lectures, sa correspondance avec Henriette, rem plissaient et abrégeaient les journées. Et ce fut ainsi que, six ans après les douloureux événements décrits dans la première partie de celte histoire, elle arrivait ce calme et cette sérénité que nous dépeignions dans le chapitre précédent. Cependant ces années ne s'écoulèrent pas sans épreuves. Henriette écrivait toujours b sa cousine, et toujours, dans les termes les plus vifs, la sup pliait de revenir. C'eût été une grande joie pour Marie que de se retrouver avec une amie si chère; mais constamment préoccupée de l'avenir et du Or, le père Mathew étant allé prêcher dans la ville habitée par son frère, y obtint un tel succès, et le nombre des consommateurs de liqueurs fortes diminua de telle sorte, que le frère do mission naire dut suspendre subitement ses paiements et se mettre en faillite. On ajoute que ce sinistre n'ébranla en aucune manière le zèle du père Mathew, et que son frère lui-même supporta ce désastre avec une résignation toute chrétieuue. Le gouvernement sarde, annonce-t-on, s'est décidé b entreprendre b ses frais le percement du Mont-Cénis qui doit relier le chemin de fer Victor-Emmanuel avec les chemins de fer français. Un projet de loi doit être présenté b la prochaine session des chambres piéraontaises, pour l'exécu tion de ces travaux gigantesques, qui dureront au moins cinq ou six ans. Le tunnel qu'il s'agit de percer n'aura pas moins de 12 b i3 kilomètres de longueur. C'est grâce aux machines b vapeur, qui permettent d'accélérer le percement, que l'exécution de ce tunnel est devenu praticable; car avec les moyens ordinaires, il aurait fallu plus de quinze ans pour exécuter cet immense travail. (suiivDmQo aiLDiaiinio* ASSASSINAT SUR UNE JEUNE FILLE DE SIX ANS PAR SON PÈRE ET SA BELLE-MÈRE. Jean Neveu, âgé de 4o ans, et Jeanne Orien, femme Neveu, âgée de 37 ans, ont comparu devant la cour d'assises de la Loire-Inférieure, accusés d'avoir donné la mort b leur petite fille, âgée de six ans. L'acte d'accusa tion contient sur leur crime d'horribles détails qui soulèvent le cœurd'indigoation contre les coupables, eo même temps qu'ils inspirent une profonde pitié pour la pauvre enfant victime, pendant deux années, des plus affreuses persécutions. Comme il arrive trop souvent, l'eufant était fille d'un premier mariage de son père, et elle avait encouru dès d'abord la haine de sa marâtre. Jeanne Orien, condamnée en i854 pour ses mauvais Iraitemeuis eo«ers l'eDfaut, loin de mettre b profit la leçon, n'en était devenue que plus ardente b la torturer, et avait entraîné son mari b partager ses sentiments. Dès lors la pauvre petite Jeanne Neveu, battue, privée de nourriture, délaissée dans les champs au froid le plus intense, contrainte b manger des crottes de brebis, dépérissait b vue d'œil. En présence d'une voisine, elle s'écriait Du pain du pain Si on feignait un instant de lui en donner, c'était pour le lui enlever dès que la voisine était partie. Le 20 mars dernier l'enfant rendait le dernier soupir. Le maire, soupçonnant un crime, fit pro- ■«W.IPliLM.IIIW ■IIBIMI'.HHt II—Wf IIIWI II bonheur de ses enfants, elle ne put consentir b cette réuoion. Aussi fut-ce nu sacrifice b renouveler sans cesse, car Henriette la pressa longtemps de ses sollicitations. Enfin Dieu eut pitié d'elle. Hen riette, qui avait voulu jusque-là demeurer libre, pour être tout entière b son amie, pressée, tour mentée par ses parents, consentit b se marier. Cet évéoeraenl De refroidit pas son amitié: seulement elle insista moins désormais sur un retour que les circonstances rendaient difficile b réaliser. Plus calme dans sa solitude, moinsobsédée par les souve nirs et les images d'un monde vers lequel elle n'avait plus b revenir, Marie put atteindre enfÎD cette séré nité pieuse, unique partage des âmes qui se confient en Dieu. Elle profita de cette tranquillité si pré cieuse pour s'occuper exclusivement de ses enfants. Elle avait b cet égard une lâche difficile b remplir; car, tout en les façonnant b la vie rustique des campagnes, elle ne pouvait cependant les aban donner a cette grossièreté de mœurs et d'habitudes qui diminue singulièrement, aux yeux du citadin, le charme des chaumières. Il fallait doDc combattre incessamment les influences pernicieuses de l'exem ple, puisque tout autour de ces enfants tendait céder b l'autopsie du cadavre. Cette autop^ 3 révélé que l'enfant était morte de faim; mais uric autre cause non moins horrible avait bâté sa mort Neveu, le propre père, avait étouffé sa fille. Un matin, a l'aube, le 18 mai, il s'était jeté sur le lit de la pauvre enfant. Maman donne-moi ta me notte, avait crié la victime. Mets-lui ton mou choir sur sa bouche, avait répondu l'atroce marâtre Tous les témoins sont venus confirmer les fajts de la cause, l'immoralité de la femme Neveu et la crainte que ce couple monstrueux, comme l'a dit le ministère public, inspirait b tous. Jeanne Orien, femme Neveu, a été condamne'e b quinze années de travaux forcés et b la surveillance de la haute police pendant toute sa vie. Jean Neveu a été condamné b la peine de mort. On écrit de Paris, i3 décembre, b Y Indé pendance On a reçu aujourd'hui les détails les plus inle'- ressants sur l'attentat de Naples. Ils sont en tout conformes aux dépêches télégraphiques; mais ce que le télégraphe ne pouvait que faiblement indiquer, c'est le courage personnel du Roi et l'in dignation populaire. A quelque opinion que l'on appartienne, on doit s'honorer par la justice rendue aux qualités d'un homme, fut-ce un adversaire. Louis XVIII, atteint d'une balle dans son chapeau, disait froidement Un pouce plus bas et le roi de France s'appelait Charles X. Louis-Philippe et ses fils furent beaux de calme et d'intrépidité sous la mitraille de la machine Fieschi. Napoléon III ne répondit au coup de Pianori que par un regard méprisant, Ferdinand II, assailli en pleine revue par un soldat assassin, a reçu le coup sans manifester d'émotion. Le Roi assistait au défilé de son armée; viDgt mille hommes environ avaient déjà passé devant lui. Il était, selon l'usage, en avant de son état-major, daus une position tout b fait découverte. Un simple soldat du 3° bataillon de chasseurs b pied s'est précipité sur lui, et le mouvement de ce furieux a été si prompt que ni le Roi, ni les princes, ni aucun des aides de camp n'ont pu parer le coup. Sans l'obstacle fortuit qu'a opposé un arçon de la selle, où le coup de sabre baïonnette est venu s'éinousser, cette large et dangereuse lame portait en plein dans la poitrine du Roi et la mort était certaine; il n'aurait peut-être pas survécu une minute b un coup porté avec une telle force et qui aurait ouvert une plaie béante. Il est plus facile de se figurer que de décrire l'horreur d'une telle scène et la terreur qui l'eut b affaiblir et b corrompre l'éducation maternelle. Secondée par les soins dévoués du digne curé, elle eut la joie de voir ses deux fils, Ambroise et Victor, parvenir b un âge où l'homme est presque formé dans les campagnes, avec les plus solides et les plus aimables caractères. Quant b Marthe, sa fille, il semblait qu'elle n'eût des yeux que pour regarder sa mère et l'imiter. Mais, sur cette terre, la paix ne nous est jamais donnée que pour nous préparer aux combats; les heures tranquilles doivent toujours ê're employées b nous prémunir contre les assauts; tout ciel pur doit s'attendre aux orages. Or, après dix annee; de repos et de sécurité, une lettre vint jeter le trouble dans le cœur de Marie. Dès qu'elle eut re gardé l'adresse de cette lettre, en reconnaissant l'écriture, elle fut saisie d'uu tremblementconvulsif» une mortelle pâleur couvrit son visage, et elle de meura quelques instants immobile, les yeux lèves au ciel, comme pour implorer une force qui 'ul manquait. Elle rompit enfm le cachet, tourna vive ment les pages, lut la signature c'était bien son mari, Paul Imbert, qui lui écrivait. Pour être continué

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Le Propagateur (1818-1871) | 1856 | | pagina 2