40me Année.
Samedi 17 Janvier 1857.
No 4,101.
LE PROPAGATEUR
POUR LA. VILLE 6 FR. PAR AN, POUR LE DEHORS FR. 7-80 PAR
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
TROIS MOIS. POUR 3 MOIS.
7F3.33S, 17 Janvier.
bulletin politique.
Les renseignements qni arrivent de Berne con
firment les prévisions qni ont été émises an sujet des
dispositions de l'Assemblée fédérale. Il est b peu
près certain qne cette assemblée adoptera les con
ditions d'arrangement déjà déclarées acceptables
par le Conseil exécutif, et qu'elle ordonnera
l'élargissement immédiat des prisonniers royalistes,
de manière qne cette nouvelle arrive assez tôt b
Berlin ponr prévenir la mobilisation.
Quant b l'avenir réservé b la principauté de
Neuchâtel, cette question, d'après quelques jour-
naux étrangers, serait décidée par une conférence
où seraient représentées les cinq grandes puissances
signataires des traités de Vienne et dn protocole de
Londres.
On annonce de Berlin que le Roi Frédéric-
Guillaume est disposé b accéder anx propositions
médiatrices de la France ponr l'arrangement
définitif dn différend prusso-snisse. Sa Majesté
prussienne, indépendamment de la mise eu liberté
des prisonniers royalistes, demanderait, b titre
d'indemnité, pour l'abandon de ses droits de sou
veraineté sur la principauté, la reconnaissance
formelle de ses titres b la propriété privée des
châteaux de Neuchâtel et de Locle, ainsi que des
domaines qui en dépendent. Le revenu de ces
domaines, qui est de »8 b 20,000 tbalers, serait
employé b des oeuvres de bienfaisance, b Neucbâtel
même. Le drapeau de la Prusse serait arboré sur les
deux châteaux.
Le Séoat a terminé mardi i3 la discussion des
articles du projet de loi sur les denrées alimentaires.
L'amendement proposé par la commission a été
adopté par 28 voix contre i3. On sait que cet
amendement prolonge la prohibition de sortie
jusqu'au 1" juillet prochain.
L'amendement de M. Savartqui tendait b
laisser au gouvernement la faculté de décréter b
cette époque la liberté de sortie, ou, selon les cir
constances, de la maintenir, a été retiré par cet
honorable membreaprès une discussion assez
étendue.
La nouvelle de la décision prise par le Séoat, a
rassuré le pays entier. Nous constatons qu'elle a
été reçue avec une satisfaction manifeste dans
notre ville et dans tout l'arrondissement. Nos con
citoyens qui ont signé la pétition adressée au Séoat
dans le but d'obtenir la prohibition de sortie jus
qu'au 3i décembre 1857, sont contents, et ils ont
raison de l'être. Du moios, d'ici au 1" juillet, l'on
pourra juger d'après le résultat de la récolte pro
chaine, si une prohibition ultérieure ne sera pas
nécessaire, tandis que le terme du i5 février,
designé par la Chambre des Représentants, eut
laissé tout en questioo. Espérons que cette dernière
Assemblée adoptera les modifications votées par le
Sénatafin de ne pas détromper les légitimes
espérances du peuple et ne point froisser ses
intérêts.
nous sommes des crétins.
Nous autres, nous sommes de fameux crétins,
pères, oncles, maîtres d'une race de crétineaux.
Voilb qui est convenu, et il n'y a plus b y revenir.
Qu'b cela ne tienne! Les payens de l'empire
romain appelaient les catholiques des trois pre
miers siècles de l'Eglise, des fous. Nous sommes
donc en pur progrès, et dix-huit siècles de vie et
de bienfaits, qui ont crélinisé l'univers, nous ont
au moins fait gagner quelque peu en considération.
Notre crélinisme nous a fait assez sots pour
croire qu'on peut cultiver son intelligence, sans
goûter les ricaneries impies, l'érudition de mauvais
aloi, et l'ignorance philosophique d'un Voltaire,
les platitudes d'un Helvélius et les nuageuses
ténèbres de nos rationalistes modernes nous
sommes devenus assez niais, bêlifiéasauf respect,
se dit tous bas,) (1) pour ne pas comprendre que
pour former son caractère et développer les nobles
sentiments de l'âme, il faille aller se vautrer dans la
fange des immondes romans; s'il fallait même
absolument choisir, nous leur préférerions encore
les écrits de quelque capucin ou même les œuvres
de Sainte-Thérèse. Nous croyons cependant qu'il
nons reste permis comme toujours, de lire, écrire,
causer littérature, histoire, religion, philosophie,
sciences, administration, économie politique,
poésie même et autres crélineries semblables.
A ce propos, il nous vient b l'esprit quelques
vers de Le Franc de Pompignan. On peut en faire
une application si juste aux illuminés de notre
pays qui en veulent tant au divin Époux de la
Mère de ces pauvres crétios passés, présents et
futurs. Les Saintes Écritures nous dépeignent
l'entrée de Jésus-Christ .-dans le monda sous
l'image du Soleil levant qui s'élance majestueuse
ment sur l'horison pour éclairer et ranimer de sa
lumière ceux qui étaient assis dans les ténèbres et b
l'ombre de la mort, et répandre partout la vie,
l'abondance et la fécondité. A cette belle image,
dont s'est emparé le poète, donnez sa signification
originale; par le Nil, comprenez la Belgique, et
par les nègres du désert, entendez les francmaçons
et leurs échos sortis de leurs loges ténébreuses pour
insulter le Christ et son Eglise, et jugez alors de
la justesse de l'application. La critique littéraire
trouve l'antithèse de ces vers trop brillante; mais
dans la matière qui nous occupe, elle est bien plus
dans les idées et les faits que dans les mots. Voici
ces vers
Le Nil a vu sur ses rivages
Les noirs habitants du désert
Insulter par leurs cris sauvages
L'astre éclatant de l'Univers.
Cris impuissants, fureurs bizarres!
Tandis que ces monstres barbares
Poussaient d'insolentes clameurs,
Le dieu, poursuivant sa carrière,
Versait des torrents de lumière
Sur ses obscurs blasphémateurs.
LES PETITS APPOINTEMENTS.
(Voir le N° de mercredi passé.)
D'autres disent les curés et les vicaires n'ont
ni femme ni enfants, par conséquent leurs besoins
sont moins nombreux. Beau raisonnement! on irait
loin avec le principe sur lequel il repose. Si le
gouvernement voulait suivre celui-ci dans toutes
(1) Mais tout haut dans le Proyris du 14 décembre dr.
ses conséquences, il finirait par rogner la pension
de tous les employés célibataires ou veufs ainsi
que de tous ceux qui, grâce b leur fortune person
nelle ne dépendent pas ou ne dépendent qu'en
partie de la place qu'ils occupent. Mais laissons Ib
ces sortes de considérations et voyons si chez le
prêtre rien ne remplace la femme ou les enfants.
La grande famille des pauvres au milieu de laquelle
il y a, de nos jours, tant de larmes b essuyer, tant
de misères b soulager, b qui s'adresse-t-elle de
préférence? n'est-ce pas au prêtre? n'est-ce pas le
chemin menant au presbytère qui est le plus fami
lier au misérable? Souvent le prêtre est l'unique
confident d'une détresse extrême, souvent il est
seul pour en conjurer les suites. Figurez-vous un
prêtre en face d'un moribond, autour duquel tout
fait défaut, hormis la honte qui couvre la misère,
d'un simulacre d'aisance, que fera-t-il si ce n'est
pratiquer cette charité chrétienne qu'il a mission
de prêcher de parole et d'exemple? Il va sans dire
que de pareilles rencontres, pour peu qu'elles se
répètentfont brèche aux faibles ressources du
prêtre. 11 est vrai, et nous aimons b le reconnaître,
il y a bon nombre de localités où des personnes
charitables viennent en aide au ministre du Sei
gneur et où les autorités se font nu doux devoir de
ménager les ecclésiastiques dans la répartition des
impôts. Mais il y en a bien d'antres où cette assis
tance est rare et la protection nulle. Nous connais
sons des conseils communaux qui pour les charges
publiques tiennent b classer leurs prêtres b côté
des personnes les plus aisées de la commune; nous
en connaissons d'autres qui leur enlèvent uu faible
supplément, qu'on droit coutumier semblait avoir
garanti. Et pourquoi une conduite aussi mal
avisée? Parce que MM. les vicaires et curés ont eu
le tort de remplir dignement leur devoir, parce
qu'ils se sont montrés les enfaots soumis de leur
Ëvêque. Nous savons très bien qne de pareils
motifs ne seront jamais avoués. Des magistrats ne
voudraient pas avoir l'air d'obéir b des sentiments
peu dignes de leur position. C'est pourquoi ils vous
disent plutôt qu'ils suppriment les suppléments ou
bien parce que les finances communales ne per
mettent plus de les payer ou bien parce que les
fabriques sont b même d'en supporter la charge.
Qui ne voit que, pour la plupart des localités, ce
sont lb de misérables prétextesplutôt que de
bonnes raisons? Des prétextes marqués au coin de
la plus pitoyable futilité. Comment, en effet, les
qualifier autrement pour une ville, par exemple,
où le conseil communal supprime les suppléments
de MM. les vicaires et curés, tout en continuant b
dépenser des milliers de francs lb où il ne devrait
pas dépenser un centime; tandis qu'il est évident
d'ailleurs que la plupart des fabriques, depuis leur
spoliationont de la peine b fournir le stricte
nécessaire au culte divin. Il sera toujours vrai de
dire que la passion est une mauvaise conseillère
Nous ne fioirions pas si nous tenions b énumérer
tous les motifs qui militent en faveur de notre
thèse et qui tous tendent b convaincre MM. les
Représentantsque la justice demande que le
clergé inférieur soit compris dans la mesure gou
vernementale et compris de telle sorte que les
conseils communaux n'aient plus b les menacer
lâchement de la suppression d'un faible supplé-