40me Année. No 4,103. LA JUSTICE DIVINE. k LE PROPAGATEUR pour la ville 6 FR. par an, pour le dehors fr. 7-50 par 4 FR. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75 trois mois. pour 3 mois. 7FP.3S, 24 Janvier. bulletin politique. On mande de Berlin qne M. de Manteuffel a expédié, dès le 17, anx agents diplomatiques de la Prusse l'étranger, une Note dans laquelle il déclare que la condition préalable exigée par la Prusse étant remplie, cette puissance est prête h soumettre le règlement définitif de la question de Neuchàtel une conférence européenne. A Lisbonne, les bruits relatifs une prochaine modification du cabioet prennent une nouvelle consistance. Si l'on s'en rapporte certaines indications, la majorité du cabinet reconstitué appartiendrait la fraction des progressistes his toriques ou des dissidents. Les débats dans les deux Chambres seront, dit-on, très-animés, lorsque la question du serment parlementaire y sera portée. C'est par les mots, a-t-on dit, que l'on condoit les hommes; c'est par les apparences, ajoutons- nous, que ceux qui ont intérêt les tromper, leur en imposent. C'est ainsi que, de nos jours, ceux-là mêmes qui sont les moins religieux, prétendent sonveot avoir le plus de religion; et pour donner le change aux simples, plus d'une "fois ils ont voulu se faire passer pour les apôtres les plus fidèles, les plus dévoués de la doctrine du Christ. Il n'est pas bien difficile de faire ressortir la fausseté de leurs folles préten tions; le mot seul de religion doit convaincre de mensonge quiconque se dit religieux, sans vouloir observer les préceptes de sa religion. En effetla religion c'est la connaissance de la Divinité, du culte qui lui est dû, jointe a l'accom plissement des devoirs qu'elle imposec'est le (Suite. Voir le n° 4,°97 du PaopjciTtuii.) En ce moment le curé passait devant la maison, et, selon son habitude, il s'approcha pour échaoger quelques bienveillantes paroles. Il vit toute la famille en prières, dans un mouvement extraor dinaire il se mit simplement h genoux sur le seuil de la porte et pria avec elle. En se relevant, en aperçut le curé h genoux, qui se relevait aussi. Moosieur le curé s'écrièrent-ils tous d'une voix. Oui, mes eofants, il vous a vus priant avec ferveur, et il a mêlé ses prières aux vôtres; n'est-il pas de la famille? Quelle honte! Monsieur, s'écria Ambroise; mais certainement vous partagerez notre joie Imaginez que notre père, que nous ne connaissons pour ainsi dire pas, revient dans trois jours ici, de son grand voyage. Il y a dix ans qu'il est parti cela valait bien la peine de remercier Dieu! Remerciez-le toujours, mes enfants, en toute chose. Mais je vous félicite tous de cette heureuse nouvelle, et vous en particulier, Madame, qui sentiez mieux toute la douleur de cette longue absence. Je pense que je ne serai pas le dernier faire connaissance avec ce cher voyageur? Oh le premier après nous, moosieur le curé: commerce positif et efficace de l'homme avec Dieu c'est, suivant le terme étymologique, le lien qui attache l'homme Dieu et l'observance volon taire et exacte de ses lois. Un auteur contemporain l'a très-bien dit la religion est tout ensemble une passion et une vertu de l'humanité; une passion, en tant que l'humanité est entraînée vers Dieu, par une attrac tion constante et universelle: une vertu, en tant que, malgré cette attraction, il en coûte l'huma nité de grands efforts pour entrer dans ce commerce positif et efficace avec Dieu d'où il suit clairement que quiconque se dit religieux, et ne veut pas se faire des efforts pour entretenir ce commerce sublime, se trompe non seulement soi-même, mais il en impose h ses semblables, et par conséquent il ne mérite que la confusion et le mépris attaché h l'hypocrisie. De nos jours on se pique beaucoup d'être reli gieux; ceux-là mêmes qui, daos la pratique se montrent les plus indifférents en matière de reli gion, ne veulent pas du tout passer pour des impies. Dernièrement encore, notre Cbambre législative fut témoin d'une scène qui vient h l'appui de celte assertion. MM. Verhaegen et Frère, ces deux coryphées de la fraocmaçonnerie belge, n'oot-ils pas battu en retraite au moment où tout un pays allait leur octroyer le nom d'hommes irréligieux? La fortune ne les a pas trop bien servis, cette retraite a été pour eux quelque chose comme la retraite de Russie en 2812; le nom fatal a été lancé. Et comme de juste ces Messieurs, il est vrai, suivent la religion des rationalistes; mais celle-là rejette toute révélation, n'admet que le culte de la raison, laissée h elle-même et h ses propres lumières; peut-elle donc bien porter le nom de Religion? Si les rationalistes veulent être je suis trop honorée, ainsi que mes eofants, de votre bienveillance; si Dieu entend nos prières, vous saurez combien nous sommes h vous! Merci, mes amis, merci! Marthe, ne m'ap- porterez-vous pas un bouquet pour la chapelle de la Sainte Vierge? vos lilas embaument! Toutes mes fleurs pour elle et pour vous j'ai aussi une rose, la première de cette année elle sera au milieu du bouquet. Merci et adieu, mes enfants; que Dieu veille sur vous Le jour commençait poindre, la cime des col lines qui bordent la Seine comme d'une verdoyante guirlande, ne s'éclairait encore que d'uoe lumière douteuse, et des brouillards précurseurs d'un beau soleil couvrait les plaiues et les vallées. Déjà cependaot on était sur pieds dansl'humble demeure de dame Marie. Jamais la salle n'avait respiré une plus éclatante propreté; jamais le beau portrait de famille, dont le cadre doré ressortait magnifi quement sur les lambris enfumés, n'avait été épousseté avec plus de soio. Des provisions inac coutumées étaient étalées sur la table, et un grand feu de bourrées pétillait dans l'être. La vigilante Marthe disposait tout avec la plus grande activité, et s'ajustait elle-même comme pour un jour de fête, tout en faisant mille questions sa mèie sur les voyages et l'arrivée inattendue de son père. Marie était très-émue. conséquents avec leurs principes, ils doivent avouer, que la raison d'un sauvage qui, élevé au fond des forets parmi les brûtes de pire espèce, n a reçu ni leçons dî éducation de personne admet une religion toute aussi parfaite que le chrétien le plus éclairé. Telle est la conséquence légitime, qui découle naturellement des principes dont ces apôtres de l'avenir font on étalage si pompeux. Mais qui voudrait se rendre solidaire d'une telle absurdité? Nous catholiques, pour l'honneur de la raison et de l'humanité, nous soutenons, avec un écrivain célèbre, qne la doc trine chrétieune seuleproduit ce commerce positif et efficace avec Dieu que nous appelons religion; toute autre doctrine condoit nécessaire ment ou la superstition, ou l'incrédulité, et par suite ne mérite pas même le nom de religion. Quand l'homme veut faire de la religion sans le secours de la raison, il tombe immédiatement dans la superstition; de là en effet, les cultes divers, disséminés dans le monde, et étrangers la doc trine catholique, dans lesquels on ne trouve que les superstitions les plus grossières et les plus dégradantes pour l'humanité. D'un autre côté, si l'homme veut faire de la religion avec la raison seule, comme la milice de l'avenir le veut entreprendre, il tombe inévita blement dans l'incrédulité. Pour s'en convaiocre, nous n'avons qu'à jeter un regard sur le siècle présent, et sur celui qui vient ae s ecouier; uu j voit clairement que le ratiooalismea produit l'in crédulité, et ses déplorables suites, les révolutions ainsi Dieu, le fondateur de la religion véritable, a placé l'homme, dans ses rapports avec lui, entre Charybde et Scylla; quiconque ne vogue pas sur la barque de Pierre, dont le Christ est le pilote, va se briser contre l'un de ces deux écueils. Mais pourquoi donc mon père nous a-t-il quittés pour aller en Amérique? Je t'ai dit quelquefois, Marthe, que nous n'avions pas tonjours été pauvres. Ton père ne pouvant s'habituer notre détresse, est parti dans l'espoir d'améliorer notre position. Ce pauvre père! Mais revient-il bien riche? Mma Renaud, l'épicière, m'a dit qu'on revenait toujours de ces pays-là avec des millions, et que le plus difficile était d'y arriver. On t'a fait des contes, Marthe. Il eu est de ces pays-là comme des autres. Ceux qui sont pauvres s'y enrichissent aussi difficilement qu'ailleurs. Ton père avait épuisé toutes ses ressources, il était souffrant, je ne suppose pas qu'il revienne plus riche qu'il n'est parti. Qu'est-ce que cela me fait Il y a de la place pour lui ici. Tenez, j'aurais été bieu fâchée que mon père fût venu pour nous emmener. Ambroise, uu fouet la maio, entra. Mère, nous partons le cheval est scellé, Vic tor l'amène. Tu dis que nous recoonaîtrous notre père sa taille, Maison reconnaît toujours son père! Nous partons. Marie efMarthe restèrent sur le seuil de la porte; suivant des yeux les deux frères jusqu'au moment où ils disparurent derrièie une baie; puis elles rentrèrent. Pour être continué.)

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1857 | | pagina 1