40me Année.
4,109.
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an, p0dr le dehors fr. 7-50 par
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
trois mois. pour 3 mois.
7FP.ES, 14 Février.
bulletin politique.
L'affaire de Neuchâlel reste toujours en suspens
et la même incertitude continue h régner quant k la
situation réelle des négociations. Il parait toutefois
que le temps d'arrêt qui s'est produit a pour cause
certaines hésitations de la Prusse, et, s'il faut en
croire les informations qui arrivent k la fois de
Berlin et de Berne, les réfugiés royalistes qui sont
arrivés depuis peu dans la première de ces capitales
ne seraient pas étrangers k l'attitude nouvelle du
gouvernement prussien.
Ou assure que les dernières nouvelles de Chine
annoncent que les représentants de toutes les puis
sances étrangères, k l'exeplion de celai des Etats-
Unis d'Amérique, avaient maintenu leur déclara
tion de neutralité dens l'affaire de Canton.
la constitution et la liberté d'enseignement.
■I.
Sous un régime où la liberté est le premier prin
cipe politique, l'enseignement comme la conscience
religieuse, la presse et l'association se meuvent et se
développent avec une spontanéité et une indépen
dance entière. Elles n'ont de contrepoids que le
bon sens et la foi religieuse d'un peuple assez mûr,
assez calme assez fort et assez droit pour se
modérer lui-même dans l'usage qu'il fait de ses
admirables prérogatives.Le gouvernement,disions-
nous, dans l'enseignement comme dans les autres
libertés, n'a rien k voir; il est incompétent en
principe, et il faudrait répondre k sa tendance
d'immixtion par une fin de non-recevoir. L'ensei
gnement est libre, dit la Constitution, il y avait
cependant au sein du Congrès national, une infime
minorité qui reconnaissait le grand-maître de
Facqs pour son chef. Elle voyait de mauvais œil
que catholiques et libéraux se fussent donné la
main sous l'étendard de la liberté pour affranchir
le pays du despotisme hollandais et poser les bases
d'une nationalité libre, forte et indépendante. Elle
jalousait ce noble enfant que la Mère-Patrie nour
rissait depuis longtemps dans ses entrailles et
qu'elle enfanta si péniblement; mais qui dès sa
naissance faisait voir déjk qu'k l'ombre du Trône
constitutionnel il grandirait pour la gloire de sa
Mère et en ferait un objet d'admiration en Europe.
Cette minorité encore se défiait de la liberté parce
qu'elle pressentait que la force la plus vitale du
pays, la foi catholique qui a créé notre Belgique, la
conserve et l'animeaurait alors elle aussi son
expansion libreirrésistiblevictorieuse. Cette
minorité anticatholique combattait donc au Congrès
la liberté d'enseignement. Plus tard, lorsqu'elle fut
parvenue a entraîoer, dominer et k absorber la
piajorité du parti libérallorsqu'eo 1847 elle
parvint au pouvoir pour faire de la politique
nouvelle, elle nous gratifia en dépit du pays, de la
fameuse loi sur l'enseignement moyen de l'État,
organise sur une vaste échelle dans le but avoué de
faire concurrence la liberté; loi monstrueuse
au sortir de l'atelier, puisqu'elle excluait formelle
ment des matières obligatoiresl'enseignement
religieux; car il fallait opposer le monopole de
F État sans religion au monopole de la liberté
dont le pouvoir religieux avait osé faire usage.
Cette minorité, impuissante dans le Congrès,
pour empêcher la proclamation de la liberté d'en
seignement comme principe constitutionnel, était
Ik cependant toujours pour chercher k lui faire
quelque brèche et obtenir au moins quelque con
cession transactionnelle en faveur de l'État. De
puissants motifs d'ailleurs devaient rallier bien des
voix k la cause d'une certaine intervention bien
déterminée du gouvernement. L'État devait avoir
son armée, permanente et bien instruite, recrutée
au moyen d'une conscription obligatoire; il devait
donc avoir ses écoles militaires que la liberté ne
pouvait lui garantir. D'un autre côtéla liberté
venait k peine de naître; on ne savait pas, on
n'avait pas vu encore, on n'osait pas espérer d'elle
les merveilles que, grâces k l'esprit catholique elle
fut capable de produire. Qui n'eût pas cru alors
que l'État ne dût lui tendre une main généreuse?
Pour la liberté religieuse, le pays était en pleine
possession de ce que les besoins du colle réclament;
il avait ses temples, ses fabriques, ses séminaires,
et la Constitution garantissait des sommes annuelles
pour l'entretien des ministres du culte comme
petite compensation en restitution du vol des biens
des églises et des couvents consommé par la révo
lution française. L'usage des libertés de presse
et d'association était facile et sans grandes dépenses.
I! n'en pouvait être de même pour l'enseignement.
Où trouver la puissance individuelle ou collective,
libre, assez forte pour créer une Université? Une
ombre même d'Université? Et cependant le pays
devait avoir sans délais ses médecins, ses avocats,
ses hommes formés aux hautes études. La
liberté pouvait-elle créer assez d'établissements
d'instruction moyenne pour suffire aux besoins du
pays? Pouvait-elle partout répandre l'instruction
primaire? Comment réunir les éléments nécessaires
et pourvoir aux dépenses? Si la liberté réussissait
k produire certains établissements d'enseignement,
ils devaient être, croyait-on, complètement insuffi
sants, laisser de nombreuses lacunes. Il appartenait
donc k la sagesse du Congrès de ne pas sanctionner
un état de choses qui aurait été désastreuxet qui
paraissait assez généralement inévitable et sans
remède. On voulut donc appeler au secours de la
liberté l'intervention du gouvernement, pour com
bler les lacunes; mais on eut soin de l'entourer de
garanties qui la rendissent favorable k la liberté, et
salutaire pour le pays; et ne permissent point
qu'elle devint une arme ministérielle de destruction
et de despotisme, comme nous le verrons.
Nous attendons la fin de la discussion
sur les bourses universitaires, et le rejet de
l'odieux amendement de M. Frère, pour
présenter nos lecteurs la question sous
son vrai jour, et faire voir quelles sottes
idées germerçt dans la tête de quelques
libéraux; l'atmosphère des loges paraît
leur donner des vertiges tels que chez eux
le calcul des chiffres est au niveau de leur
logique et de leur amour pour la justice.
Nous extrayons du discours prononcé par M. De
Theux le passage suivant.
II contient l'exposition des mêmes principes que
nous avons défendes dans les articles publiés au
sujet de la liberté de l'enseignement.
Vingt-six années d'existence de la liberté oc
troyée par la Constitution belge, n'ont pas suffi k
nos adversaires pour en comprendre pratiquement
les principes. La liberté d'enseiguement c'est
l'antipode de l'intervention de l'Etat, tout aussi
bien qu'une religion de l'État serait opposée a la
liberté des cultes garantie par l'article i4 de la
Constitution. Voici les paroles de M. De Theux
Messieurs, les observations de l'honorable M.
Verhaegen m'amènent k communiquer k la Cham
bre des réflexions que j'ai faites depuis longtemps.
Depuis i83o, les questions d'enseignement revien
nent fréquemment dans celte enceinte.
Pourquoi Parce qu'on a peine k admettre
franchement, sincèrement le principe de liberté
proclamé par la Constitutionparce qu'on cherche
constamment d'une manière quelconque, tantôt
aux frais du trésor, tantôt au moyen de complica
tions d'examens, k entraver les libres résultats de
notre Constitution.
Cependant, qu'on ne l'oublie pas, la liberté de
l'enseignement en Belgique est collatérale k la
liberté des cultes, l'une et l'autre s'élèvent k la
même hauteur la liberté d'enseigoement, quant k
son importance aux yeux du pays, est presque
l'égale de la liberté des cultes.
Dans beaucoup de pays, la question de l'ensei
gnement devient un véritable embarras pour le
gouvernement.
Si on n'entre pas franchement dans les prin
cipes de la liberté, il en sera de même chez nous;
et ces embarras, que provoqueront ils? Une lutte
ardente entre les défenseurs de la liberté et ceux
qui veulent d'une manière quelconque en altérer
les résultats. Si d'un côté on se propose de porter
atteinte k la liberté, de l'autre côté, n'en douiez
pas, il se trouvera des défenseurs de la liberté qui
prendront la résolution de refuser des subsides pour
unenseignement qui devrait tendre k son oppression.
Le gouvernement, vous a-t-on dit dans la
séance d'bier, est le protecteur né des établisse
ments de l'État ou s'étonne que M. le ministre de
l'intérieur soit venu proposer aux Chambres le
retour k la législation de i835, qui admet au
partage des bourses les jeunes gens les plus méri
tants, sans distinctiou du lieu où ils font leurs
études. Le ministre de l'intérieur est sans doute le
protecteur né des établissements de l'État, en ce
qui est juste, en ce qui conduit an bien des éludes
dans le but de les maintenir k la hauteur qu'elles
doivent avoir dans l'intérêt du pays, et non pour
faire l'office d'un méchant boutiquier qui, par de
mauvaises manœuvres, attire les ebalands.
Telle n'est pas la mission du ministre de l'inté
rieur; s'il est le prolecteur de l'enseignement aux
frais de l'État, il est aussi, de par la Constitution,
le défenseur de l'enseignement libre. Il a dans la
société une seule mission k remplir; c'est de faire
en sorte, s'il en est besoin, que l'eoseignement
public comble la lacune que l'enseignement libre
on privé pourrait laisser; qu'il comble cette
lacune d'une manière large; soit, mais qu'on ne
vienne pas insliguer le ministre k négliger les
intérêts de la science, du service de l'État, pour
procurer quelques chalands k ses établissements.