irrécusables qui nous démontrent le but de nos
adversaires, et nous indiquent d'où ils sont partis et
vers quel résultat leurs principes doivent les
conduire.
A l'ombre de la liberté octroyée par la Consti
tution, les forces vitales du catholicisme si vivaces
dans notre pays, ont produit l'enseignement libre
qui répond seul, osoos-nous dire et suffisamment,
aux besoins de la Belgique.
Dès le lendemain de notre glorieuse émancipa
tion, après avoir été comprimées dans l'étreinte de
l'intolérance hollandaise, les forces do catholicisme
se manifestèrent par un élan vigoureux en élevant
comme par enchantement des établissements d'in
struction libre sur toute la surface du pays. La
Patrie se réjouissait, h la vue des beaux fruits que
produisait sur son sol, la liberté pour laquelle ses
enfants avaient combattu. Elle en était fîère, car
nos voisins, qui au sortir d'une révolution se trou
vaient encore enchainés au monopole universitaire,
dont ils n'avaient su se débarrasser, demandaient
la liberté d'enseignement comme en Belgique.
Mais dès le principe se manifestèrent les colères,
les haines impuissantes de l'in&me minorité qui
dans le Congrès s'était attachée b nos institutions,
comme un insecte malfaisante l'arbre de la liberté
nationale. De ses larves, chauffées aux foyers des
loges fit irruption dans nos Chambres législatives
cette majorité de triste mémoire, qui sous l'appa
rence du libéralisme n'a cessé de menacer nos
libertés. Elle s'est attaquée de préférence b celles
qui sont les plus chères aux conservateurs parce
qu'elles sont les bases de notre nationalité. L'en
seignement catholique a été le point de mire de
leurs attaques. Or, déclarer la guerre l'enseigne
ment catholique n'est-ce pas la déclarer h la liberté
d'enseignement, puisque celui-lb c'est le pre
mier fruit de celle-ci; la destruction de l'nn ne
doit-elle pas entraîner la destruction de l'autre?
Faire la guerre a l'enseignement libre n'est-ce pas
la déclarer h l'art. 17 de la Constitution?
Les actes de nos adversaires ont partout les
mêmes caractères, sinon les mêmes effets.
Dans notre ville, grâces aux traditions de la
politique exclusive et intolérante de 1829
n'avons-nous pas vu dès son avènement, un
Conseil communal se targuant de professer les
principes libéraux, jeter sur le pavé les élèves et
les professeurs de l'établissement libre? Mais ici
comme ailleurs, les forces catholiques étaient plus
puissantes que ne le croyaient nos adversaires; le
collège catholique s'est retrempé dans la persécn-
immémorial, il passait ce jour entier h boire et h
danser, tant que ses jambes avinées le lui permet
taient. S'adressant ses camarades, qui se dispo
saient h rentrer chez eux
Les amis, dit-il, en élevant la voix, j'ai nne
fameuse nouvelle b vous apprendre!
Qu'est-ce qu'il y a?.... qu'est-ce qne c'est?
dit-on de tous les côtés en se réunissant autour
de Martin.
Je dis que je sais une nouvelle si bonne
que demain je ne reste pas une heure dans l'atelier,
si maître Paul y est encore; et je parie que vous
en faites autant si je vous dis mon secret!
Bah! tu plaisantes Tu le moques de nous!...
Prends garde de te faire chasser si on t'entend!
s'écrièrent plusieurs voix.
Me faire chasser, moi! c'est possible, parce
qu'il n'y a pas de justice. Mais ce ne sera pas, tou
jours, par ce maudit Paul. Ali je plaisante ab je
me moque de vous! eh bien! je vous dise! je vous
répète qne maître Paul est un misérable, le dernier
des derniers.... Oui, il a voulu faire le piocbeur, le
zélé! Il a si bien fait auprès do patron que nous
avons été obligés de travailler le lundi, lorsque de
tout temps nous étions libres ce jour-lb. Tout ça,
c'était pour nous endormir! Mais il faut que justice
lion malgré les sourdes menées et les intrigues les
plus basses, il a continué de vivre, ses forces se sont
accrues; aujourd'hui il offusque de sa gloire l'éta
blissement communal. Indeirœ!
Pour faire concurrenceb la liberté, nos adminis
trateurs, fidèles b leurs principes libéraux, a leurs
traditions maçonniques, ne rougissent pas de sacri
fier b un établissement dont la ville n'a que faire,
DIX MILLE CENT QUARANTE FRANCS PAR AN,
arrachés sous forme de centimes additionnels, b la
bourse des contribuables, tandis que, protecteurs
obligés de la liberté, ils ne donnent pas une obole
b l'enseignement libre, mais bien au contraire
refusent au clergé paroissial son modique supplé
ment, pour le punir d'en être le zélé défenseur.
Ainsi d'une part Emploi partial des fonds de
tous les contribuables b l'entretieu de l'établisse
ment officiel créé pour faire concurrence a la
liberté, et d'autre part déni de justice, guerre
ouverte b l'égard de l'enseignement libre et de ses
défenseurs!
Voilb le régime intolérable sous lequel nous
vivons jusqu'à présent b Ypres; régime que nous a
créé le libéralisme intolérant, et qu'il s'efforce
d'appliquer partout où il a la main haute et puis
sante.
Voici le texte de la proposition de loi déposée
samedi b la Chambre par MM. Lelièvre, Délia
Faille, Coomans, de Kerchove, Rodenbacb, de
Moor, Vao Thieghem, etc.
Article unique. Les dispositions suivantes
sont ajoutées b l'art. 55 de la loi du 21 juillet 1844
sur les pensions civiles et ecclésiastiques;
Toutefois, le gouvernement pourra autoriser
a les veuves sans enfants b se remarier, b la
condition de perdre la moitié de leur pension.
Les enfants nés du nouvean mariage n'auront
aucun droit b la réversion de la pension dont la
veuve remariée jouissait.
Dans la discussion sur les bourses universitaires,
M. Rogier a exprimé la pensée secrète de la gauche
en exigeant qne les bourses de l'État ne soient
accordées qu'aux élèves des Universités officielles.
Il a prouvé avec ses collègues que son parti déteste
plus la liberté qu'il u'aime les écoles de l'État.
Ce qu'ils désirentc'est le retour b la politique
exclusive et intolérante de 1829, moins par amour
de la tyrannie qu'en haine de la religion. Leur but
est de forcer la jeunesse b fréquenter les établisse
ments, entretenus aux frais du bodget. Ainsi tombe
se fasse et que la vérité se connaisse je vous dis que
je ne remets plus les pieds ici tant que ce misérable
y sera.
Alors je te conseille de partir, dit un des
ouvriers.
C'est ce qu'il faudra voir!... Voulez-vous
que je vous dise la chose, le fio mot? reprit-il en
baissant la voix, sur le ton du mystère.
Le cercle se resserra autour de lui
Voyons donc!... au fait et ne lanterne
pas tant!
Vous saurez donc que le fameux contre
maître, ce n'est ni plus ni moins qu'un galérien,
un forçat libéré!...
Allons donc, c'est un conte; c'est une farce,
et une mauvaise! s'écrièrent b la fois tous les
ouvriers.
Je ne plaisante pas si longtemps, ni de cette
manière-lb, reprit Martin avec une sorte de
gravité; je vous répète donc que maître Paul est
un galérien! travaille avec lui qui voudra!
L'assurance de Martin commençait b persuader.
Mais, dit l'un des ouvriers, comment sais-tu
ce grand secret?
Comment je le sais? Voici Vous saurez qne
tous les mois maître Paul se présente mystérieuse-
la liberté sous les coups do faux libéralisme. M. du
Dumortier l'a fort bien dit la contre-révolution
est commencée, les principes de la Charte de i83i
sont combattus, même par des hommes qui les ont
proclamés b cette époque.
Nous constatons ces tendances significatives, qui
justifient les craintes et les prévisions que nous
avons toujours émises. Émancipation
La section centrale chargée d'examiner la de
mande d'un crédit de 1io4,48o fr. pour augmenter
les petits traitements, s'est encore réunie samedi
sous la présidence de M. Delehaye. Elle a d'abord
pris connaissance des réponses du gouvernement
aux questions qu'elle lui avait posées.
Quant au clergé inférieur, M. le ministre a
répondu b peu près en ces termes aux observations
présentées par MM. Vao Iseghem et Coomans
Les vicaires et chapelains, dont le traitement est
de 5oo fr., d'après la loi du 9 janvier 1837, sont
au nombre de 1,818, savoir 1,618 vicaires et 200
chapelains. Le casuel de ces ecclésiastiques n'est de
quelque importance que dans les grandes villes.
Dans les petites villes et dans les campagnes, il est
insignifiant (sonveot il n'atteint pas la somme de
200 fr.). Pour avoir des renseignements plus
amples b cet égard, M. le ministre de la justice
vient de s'adresser aux membres de l'épiscopat, et
leurs réponses seront communiquées b la section
centrale dès qu'il les aura reçues.
Il résul te enfin des explications du gouvernement
qu'un assez grand nombre d'employés ne jouissent
pas encore de leur traitement normal.
Après une longue discussion, la section centrale,
sans modifier ses résolutions précédentes,a demandé
de nonveaux renseignements et s'est ajournée b la
semaine prochaine.
Dans la discussion relative au jury d'examen
universitaire, M. Devaux émit l'opinion suivante
L'enquête atteste qu'il y a en Belgique
soixante - six établissements d'enseignement
moyen. Si la Belgique avait le tiers de ces établis
sements, vingt-deux établissements d'enseigne
ment moyen dans de bonnes conditions d'enseigne
ment où l'on ferait de bonnes études, je crois
qu'elle pourrait se féliciter.... Il est impossible
d'espérer d'avoir en Belgique soixante-six
établissements d?instruction moyenne au niveau
d'un bon enseignement.
Aujourd'hui M. Devaux trouve qne vingt-deux
ment chez le maire pour prouver qu'il ne quitte
pas le pays il ne le pourrait sans permission. Et
c'est Claude, le fils du maire, qui me l'a dit hier,
buvant bouteille ensemble! Cela est si vrai que
demain je le lui dirai en face, b cet échappé de
galère, et je parie cent sous qu'il ne me dément
pas!... Écoutez! il me vient une idée demain, au
lieu d'arriver b six heures, je n'arrive qu'b sept, et
s'il me dit un mot, comme c'est certain, je lui ferai
son compte! Est-ce convenu? Oui, oui, b
demain! En voilb une nouvelle! Qu'est-ce qui
aurait dit ça? Nous verrons un peu quelle
figure il fera demain Il faut que je le voie pour le
croire Ça ne me surprend pluss'il était si raide
quand on a marché b coups de fouet... etc., etc., etc.
Tels étaient les propos incohérents, hostiles, ridi
cules et méchants qui circulaient parmi les ouvriers.
Encore un mot, ajouta Martin je vous re
commande le secret jusqu'à demain matinpour
qu'il ne soit pas prévenu, et b demain la surprise!
C'est convenu b demain! b demain! s'écriè
rent tous les ouvriers.
Ils sortirent et regagnèrent chacun leur demeure.
Il faut dire que, pour ne pas gâter l'effet de la
scène attendue, pas un ne divulgua le secret
promis. Pour être continué.)