sible. Le divin Sauveur a dit h ses disciples et
leurs successeurs Comme mon Père m'a envoyé,
je vous envoie qui vous écoute, m'écoutequi
vous méprise, me méprise. JoAN. XX, 31 Luc.
X, 16). S. Paul a dit que les pasteurs des âmes sont
les délégués, les ambassadeurs, les ministres de Dieu,
les dispensateurs de ses mystères (I. Cor,.IV, 1.
II Cor. III, 6. V. 30, VI, 4); qu'ils sont les pères
des fidèles selon la foi, par l'enseignement qu'ils
leur donnent, par la régénération du baptême
qu'ils leur procurent (I Cor. IV, 15). C'est ainsi
qu'ils remplacent sur la terre notre Père qui est au
Ciel, et qu'ils vérifient la parole de Jésus-Christ,
disant b ses disciples Je ne vous laisserai point
orphelins (Joan. XIV, 18). Ils sont aussi vos pas
teurs; et l'exemple du bon pasteur, que Jésus-
Christ dépeint dans l'Évangile, ils sont obligés de
paître vos âmes et du pain de la parole de vie, et de
la nourriture des saints Sacrements, et de la manne
des bons conseils et des bons exemples. Ils ont reçu
de Dieu et de l'Église la mission de vous enseigner
la vérité et de vous préserver de l'erreur; de vous
exhorter b la pratique de la vertu, et de vous dé
tourner des sentiers du vice. Comme pasteurs et
comme pères, ils prient pour vous, ils veillent sur
vous; ils soot toujours prêts b vous aider, b vous
soutenir, b vous relever. Ils connaissent votre fra
gilité, ils compatissent b vos misères; ils vous par
donnent vos fauleset vos péchés, au nom de J.-Ch.,
dès que vous êtes disposés b ce plus les commettre.
Ils poursuivent la brebis égarée avec sollicitude et
amour; ils la rapportent sur leurs épaules au ber
cail du père de famille, ils lui restituent sa pre
mière innocence. Ils imitent eux-mêmes lorsque
la charité l'exige, le bon pasteur, en sacrifiant
généreusement leor santé et leur vie ponr leur
troupeau, selon cette parole de l'Évangile: Le bon
pasteur donne sa vie pour ses brebis (JoAN. X,
11). Vous avez vu de vos yeux, N. T. C. F., com
bien d'ecclésiastiques de ce diocèse sont morts b la
fleur de l'âge, victimes de leur zèle et de leur
charité, il y a dix ans, lorsqu'une affreuse maladie
sévissait parmi nous, et y exerçait d'affreux ravages.
A la même époqne l'univers entier a admiré le
dévonement héroïque de Monseigneur Affre, Ar
chevêque de Paris, qui armé de la parole du Sauveur
que nous venons de citer, versa son sang pour son
troupeau, en conjurant le Ciel de faire en sorte que
ce sang fût le dernier versé. Son pieux successeur,
dont tout le monde déplore aujourd'hui la mort
prématurée, et pour qui nous vous demandons un
pieux souvenir, comme gage de l'amitié dont il
nous honorait et que cous lui portions, son pieux
successeur, dis-je, était prêt sans aucun doute b
faite le même sacrifice, si Dieu ou le salut de son
troupeau l'eût exigé.
chaleureux défenseur. Elle n'était pas encore ter
minée, que déjb la nouvelle de sa mort vint désoler
ses collègues. Alors eut lieu une scène digne des
beaux jonrs du Parlement anglais.
Le chef du parti qu'il combattait le plus souvent,
M. Charles Rogier, qui fut son collègue au gouver
nement provisoire, et qui était ministre du Roi en
i848, lors de la crise dont la Belgique sortit si
heureusement, revendiqua le droit de rendre hom
mage et justice b l'illustre défunt. Il fut l'orgaoe
éloquent de l'émotion générale, et les principaux
orateurs des différents partis s'associèrent b l'envi b
une démonstration dont la lettre suivante, adressée
par le président de la Chambre an comte Werner
de Mérode, fera comprendre toute la portée
A l'unanimité, et par acclamation, la Chambre
des Représentants a décidé qu'elle assisterait en
corps aux funérailles d'un collègue si regretté.
Associant le pays au deuil de votre famille, la
Chambre a voulu de plus que ses travaux fussent
suspendus le jour de l'inhumation.
Cette manifestation, sans précédents, est jus-
tifiée par l'éclat des longs et glorieux services
Voilb, N. T. C. F., ce que sont pour vous les
ministres du Seigneur, que l'église a placés b votre
tète, pour guider vos pas dans les voies du salut.
Mais quels sont vos devoirs b leur égard?
Ce sont, N. T. C. F., les devoirs que vous auriez
eu b remplir envers le Sauveur lui-même, s'il eût
cootiuué b exercer parmi vous, le mitjistère qu'il a
confié a ses disciples.
Vous devez d'abord b vos pasteurs un sentiment
de respect, de vénération et d'estime, b cause du
caractère sacré dont ils sont revêtus, et b cause de
l'autorité qu'ils exercent parmi vous. Dieu a dit
d'eux Que personne ne porte la main sur mes
oints (I Paral. XVI, 32J; et l'église leur applique
ces paroles que le patriarche Isaac adressa b son fils
Jacob Que celui qui vous maudit, soit maudit
lui-même; que celui qui vous bénit soit comblé
de bénédictions (Genes. XXVII, 29)! Ecoutez-les
donc, N. T. C. F., comme vous écouteriez les
Apôtres ou le Sauveur; comme vous devez écouter
les envoyés de Dieu, les anges du Seigneur. Ne
souffrez jamais, qu'en votre piésence,on les attaque
par des injures, par des médisances ou par des
calomnies. Considérez comme faites b vous mêmes
les insultes que des hommes égarés osent adresser
b vos pères selon la foi, aux chefs de votre famille
spirituelle, b vos plus sincères amis, b vos plus
généreux bienfaiteurs.
A ce titre, outre le respect et l'estime, vous leur
devez l'affection, l'amour et la reconnaissance.
C'est pour Dieu et pour vous qu'ils ont renoncé au
monde, et aux jouissances légitimes de la vie. Ils
ont consacré leur existence et leurs personnes au
salut des âmes et b la gloire de Jésus-Christ. Ils
vous aiment, ils vous portent dans leurs entrailles,
ils ne soupirent qu'après votre bonheur, ils se font
tout b tous. Ah soyez en convaincus, N. T. C. F.,
en priant pour eux, en leur témoignant votre re
connaissance, en les aimant comme vos pasteurs,
vous ne payerez qu'imparfaitement tout ce qu'ils
vous fout et vous veulent de bien.
Enfin vous leur devez obéissance en tout ce qui
concerne le salut. Prenez garde, N. T. C. F., b un
piège que bien des circonstances font naître au
jourd'hui sous vos pas. L'indépendance qui règne
en Belgique, b l'égard des choses temporelles, fait
oublier quelquefois les liens de dépendance que
Dieu a établis entre lui et nous pour les choses du
Ciel. On est souvent tenté de juger l'Église et ses
ministres, dans des matières qui sont essentielle
ment de leur compétence, et qui ne sont pas de la
compétence dessimples fidèles. Ne discutons jamais
notre obéissance en matière de foi et de mœurs, N.
T. C, F.; ne soyons pas avares de notre soumission
envers l'Eglise notre Mère admettons comme bon
rendus b la patrie par le comte Félix de Mérode.
Il lui a dignement payé sa dette, qu'impose
s un grand nom, un nom historique.
Fondateur courageux de notre indépendance
net de notre nationalité; vétéran du régime
parlementaire, qu'il a puissamment aidé a créer;
homme d'intelligence et de cœur, avant tout
homme de bien, il emporte avec lui les regrets,
l'estime, l'affection de tous.
n La grandeur de la carrière qu'il a si noblement
parcourue élève sa mort b la hauteur d'un deuil
n national.
Puisse la pensée que cette perte est ressentie
par tout un pays, contribuer au moins b soulager
votre légitime douleur. La Chambre desRepré-
sentants est l'organe du sentiment général en
s'unissant b vos larmes. Il appartient b la religiou
seule de les essuyer.
Cette religion, que le président de la Chambre
belge invoque si b propos, avait été dès ses plus
jeunes années l'objet de son culte el de son amour.
11 ne se contenta pas d'en pratiquer toutes les lois
avec une exacte fidélité, pendant tout le cours
ce qu'elle déclare bon, et comme mauvais ce qu'elle
déclare mauvais. Usons envers nos pasteurs d'une
confiance filiale; acceptons avec empressement les
conseils qu'ils nous donnent; écoutons avec avidité
les règles qu'ils nous tracent pour l'accomplisse
ment des devoirs de notre état. Alors, N.T. C. F.,
non-seulement nous porterons gravé dans notre
cœur, mais nous manifesterons dans notre conduite
le caractère des véritables enfants de Dieu, des
membres fidèles de l'Église.
Remarquez bien du reste, N. T. C. F., que les
trois sentiments de vénération, d'amour et d'obéis
sance envers vos pasteurs, que nous venons de
vous rappeler, ne constituent point pour vous une
œuvre de piété surérogatoire, mais une obligation,
un devoir. C'est sur ces trois sentiments que
repose la communion ecclésiastique, l'union spiri
tuelle de tous les membres de l'Église avec leurs
chefs et entr'eux. C'est par ces liens que chaque
fidèle s'attache d'esprit et de cœur au centre de
l'unité, au corps mystique de Jésus-Christ, et reçoit
l'influence salutaire de son chef, de son Sauveur.
Ceux qui permettent que ces liens essentiels de la
vie chrétienne s'affaiblissent et se relâchent, se
privent de beaucoup de bénédictions; ceux qui les
brisent, renoncent au salut.
Réfléchissez bien, N. T. C. F., b ces vérités im
portantes, pendant le saint temps du Carême qui va
commencer, et tâchez d'y conformer désormais
votre conduite.
Comptant sur votre zèle et votre ferveur, qui
sauront suppléer par d'autres œuvres de piété et de
charité, b l'indulgence maternelle de l'Église, nous
vous accordons encore, en ce qui concerne les lois
du jeûne et de l'abstinence, les adoucissements qui
vons ont été accordés l'année dernière.
(Les dispositions du Carême au n" prochain
LES ATTAQUES CONTRE LOUVAIN.
C'était en haine de Venseignement catholique
que le parti maçonnique avait en i84g spolié
les Universités libres au profit des Universités
de l État dont on cherchait déjà faire des
succursales de l'Université rationaliste de
Bruxelles. Désespérant du maintien de cette
injuste mesure qui allait tomber sous le coup
de la loi réparatrice que la Chambre devait
voter, le parti maçonnique déversa sa haine
acrimonieuse contre'enseignement religieux,
sur t Université catholique de Louvain. On
chercha provoquer au sein de la Chambre
une coalition contre Louvain, des Universités
de Bruxellesde Gand et de Liège. M. Ver-
haegen faisait généreusement le sacrifice des
droits de l'Université maçonnique aux bourses
d'une vie irréprochable. Il en fut, dans sa carrière
publique, le défenseur intelligent, intrépide,
infatigable.
Personne en Europe n'a plus, et mieux fait qne
lui, pour faire reconnaître les droits de l'Église, et
pour lui assurer la place qui lui convient au milieu
des besoins et des progrès de la société moderne.
Jamais la foi do chrétien n'a affaibli chez lui
l'énergie du citoyen jamais aussi les travaux et
les luttes du citoyen ne lui ont fait perdre de vue
les voies et les sacrifices du chrétien.
Il savait associer la sollicitude la plus vigilante
e! la plus laborieuse pour les intérêts sociaux et
politiques, b la conviction de l'incurable fragilité
des choses humaines. Le détachement des biens de
ce monde était le trait distinctif de son caractère
el la pensée dominante de son âme.
Cette religion, qui avait été la première et la
plus constante préoccupation de sa vie, devait
naturellement rayonner sur ses derniers jours.
Elle lui a donne la force et le courage de mourir
comme il avait vécu, daos la pleine possession des
consolations et des lumières de l'éternelle vérité,