40me Année. Samedi 14 Mars 1857. A° 4,117. LE PROPAGATEUR pour la ville 6 fr. par an, pour le dehors fr. 7-50 par 4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75 trois mois. pour 5 mois. 7 P. 3 S14 Mars. bulletin politique. Nous avons bien pen de faits saillants a enre gistrer au bulletin de ce jour. En Angleterre, la lotte entre lord Palmerston et ses adversaires passionne toujours l'opioion publia que. Le conseil municipal dè Londres vient, d'adresser au premier ministre une adresse d'adhé sion et de confiance. La cité se déclare visiblement en faveur du gouvernement, toutefois, et contrai rement h ce que l'on a dit, lord John Russell ne renonce pas se représenter devant les électeurs de Va capitale. Les adversaires de la politique ministé rielle comptent sur l'appui des bourgs. Pour la plus grande édification des. admira teurs candides et surannés du beau idéal américain, il nous reste a signaler des nouvelles assez intéres santes, venues d'au-delà l'Atlantique. Des faits de véoalité, ayant été imputés par le correspondant du Times de New-York, contre des membres du Congrès américain, une enquête fut ouverte ce sujet, et le comité nommé a conclu l'expulsion de quatre honorables représentants. La Chambre a voté l'impression du rapport; ta discussion devait avoir lieu très-prochainement. On s'attend des révélations scandaleuses dont le travail du comité a donné déjà un ayant-goût. L'enqnête aurait mis sur la trace d'ooe association formée entre trente représentants pour la vente de leurs votes dans toutes les questions. Avant de faire partie de cette société, on devait s'eogager ne jamais voter d'une façon improductiveIl paratt que l'engagement aurait été religieusement observé. Et voilà où en est venu le régime représentatif sous la tutelle de la démocratie et do protestantisme! Dans sa séance du 6 marsla Chambre des Représentants était saisie d'une pétition dans la quelle quelques conseillers communaux de Cap- pelle protestent contre la conduite du gouverne ment qui a crn de son devoir d'ériger dans leur commune une seconde école primaire, parce qu'uDe seule ne suffisait pas aux besoins de la localité. A cette occasion notre représentant, M. Vandenpee- LA JUSTICE DIVINE. (Scite. Voir le u° ^,116 du Propagateur.) Le curé s'arrêta un moment, et voyant que ses paroles étaient écoutées, il poursuivit Vous êtes chrétien, Paul, et vous ne compren driez pas le double sacrifice de la croix, l'expiation et l'exemple? Qui osera se plaiodre et accuser le ciel, quand il verra que la Divinité, au lieu de de meurer dans un éternel repos, comme elle l'aurait pu faire, a voulu se faire homme, naître misérable, souffrir toutes les angoisses, toutes les douleurs et tuourir d'un supplice infamant Ah les hommes que l'orgueil de la fortune, le bruit des passions satisfaites étourdissent, peuvent bien rire, dans leur ignorance, de ce Dieu crucifié! Mais quand viennent la détresse, la misère, la maladie, les humiliations de l'esprit et du corps, quel est l'hoinme assez insensé ppur ne pas comprendre qu'il appartenait Dieu de glorifier la résignation? Les hommes sont injustes, dites-vous? Oui, cela est vrai la sagesse humaine se révolte quand on lui parle d'un premier crime qui a rejailli sur nous, et, dans lè cercle de sa justice, le crime qu'elle condamne rejaillit sur la famille du coupable, et chacun s'honore de ce préjugé Quand on parle d'une éternité de peines reboom a chaleureusement plaidé la caose des franchises communales; il a déployé nn zèle au quel nous ne pouvons manquer d'applaudir; cepen dant nous regrettons de devoir faire remarquer que M. Vandenpeereboom pratique mal en sa qualité d'échevin, les précieuses libertés dont il se montre l'ardent défenseor la Chambre des Représentants. Quiconque dit liberté communale, indique par là une liberté qui profite tous les administrés d'nne commune, UDe liberté qui se pratique selon le bon plaisir de la majorité. Or, est-ce de la sorte que l'entend M. l'écbevin Vandenpeereboom? Bien certainement non. A le voir l'œuvre dans cette cité, l'on dirait que les prérogatives communales sont le partage exclusif de ceux qui épousent ses opinions. Rien ne le prouve mieux que ses faits administratifs touchant l'enseignement depuis bon nombre d'années il Soutient avec l'argent de tous les contribuables, un établissement d'enseignement contre lequel la majorité de ces mêmes contribuables proteste par des actes qui devieonènl de jour en jour plus évidents. Lorsqu'on examine bien les faits et gestes de M. l'écbevinaurait-on tort de suspecter quelque peu le langage de M. le représentant? Celui-ci né craindrait-il pas, par hasard, que du droit d'ériger des écoles là où il en manque, le gouvernement ne fasse découler celui d'en sup primer là où il eu abonde? Nous sommes loio de vouloir reconnaître au gouvernement un droit aussi absolu autant que M. Vandenpeereboom nous sommes partisans de nos franchises commu nales. Mais quel mal y aurait-il voir le gouver nement exercer un contrôle pins sévère vis-à-vis de ces maisons d'instruction aux quelles il alloue l'argent du pays? Qoel mal y aurait-il le voir supprimer des subsides peu justifiables aux yeux de la nation Nous croyons entendre déjà MM. les membres de la Régence yproise qui nons disent mais si nous n'avions pins ces subsides que le gouvernement accorde anDoellemeDt au collège communal èt ses aunexes nous aurions payer pour notre propre compte la somme de 3oo 4oo fr. pour chaque élève qui fréquente l'éta blissement! Ce serait par trop fort! Oui Messieurs! ce serait par trop fort! et sachez que les catholi ques, qui ne profitent pas de votre enseignement, pour celui qui toute sa vie viole les lois divines, on lève les épaules et voilà que celui qui a violé un moment les lois humaines, porte la flétrissure jus qu'au tombeau; et si les hommes vivaieot éternelle ment, l'homme lui-même aurait inventé l'éternité des peines pour le crime même repentant et expié O vanité de la sagesse humaine Mais la justice de Dieu ne procède pas ainsi, mon enfant, et tandis qne les hommes vous méprisent, vous outragent, vous abreuvent de dégoût et d'amertume, les anges, les élus, les saints, la Vierge et le Christ vous nomment leur frère, et Dieu m'envoie vers vous, moi, son 'ministre et son prêtre, comme un ami, pour vous consoler, comme uu serviteur, pour vous servir. Ces paroles, comme UDe fraîche rosée, pénétraient l'âme brûlante de Paul il se sentait la fois consolé, fortifié, et déjà il ne songeait plus qu'à se préparer pour une lutte nouvelle contre les préjugés et les mépris du monde. Pardonnez un malheureux s'écria-t-il en saisissant la main du curé. Ah! je ferai bon marché de moi-même; mais ma femme, mes enfants!... Quel avenir je leur prépare Le curé garda le silence un moment, livré une profonde réflexion puis il ajouta Pendant dix ans, Paul, vous avez supporté des humiliations et des souffrances sans nombre, dans l'espoir de trouver quelque repos au sein de ont mille fois plus de raison que vous autres, de crier sur tous les tonsque c'est par trop fort que de verser, pleines mains, au profit d'un petit nombre, l'argent qu'on vous confie pour le bien- être publie. D'après ce langage que noos venons de tenir, on pourra dire tant qu'on le voudra, que nous sommes hostiles au collège communal pour autant qu'il subsiste par l'argeut de ceux qui n'en veulent pBs; mais nous espérons bien, qu'on anra assez de confiance dans nos principes constitutionnels, pour ne pas nons croire hostiles on enseignement libéral, dooné anx frais de ceux qui le désirent. Si MM. les libéraux de notre ville eDteodent donner on enseignement de cette natore leurs enfants, eb bien! qu'à l'exemple des catholiques qui ont pourvu- l'enseignement catholique, ils délient eofin leurs bourses et pour voient l'enseignement libéral! Nous, nous serons les premiers nous incliner devant un légitime usage de la Constitutioncomme noos serions les premiers féliciter les membres particuliers d'ooe régence, qni cessant d'être prodigues de l'argent d'autrui, deviendraient eofin libéranx de ce qni leur appartient. En temps et lieu 1 e Propagateur reviendra sur la délibération du conseil communal d'Ypres en date du 17 Novembre i856, par laquelle a été supprimé le supplément la pension des deox desservants et des huit vicaires de notre ville. Les vrais motifs de cette suppression ne sont plus on mystère pour personne, quoiqu'ils n'aient jamais été avoués, qnoiqn'en certain lien on ait désiré même, qu'à jamais ils restassent cachés la connaissance du public. Des défenseurs officieux on officiels s'ingénient trouver des moyens pour pallier l'odieux de la mesure prise par notre Régence. Ils s'en vont partout dire que l'on a tort de croire que cette mesure ait beaucoup lésé le clergé, parce que les appointements des desservants et des vicaires qui montent 800 et 5oo fr., ne sont pas les seuls émoluments dont ils jouissent parce qne les prêtres n'ont ni femmes ni enfants nourrir etc. etc Depuis longtemps l'opinion publique a fait jnstice de ces cavillations et déjà depuis deux mois, votre famille. Quel repos vous le voyez Eh bien ne vous seutiriez-vous pas la force de faire un sa crifice... un grand sacrifice! dans l'espoir certain d'une vie et d'une félicité éternelles! Parlez, parlez; tout me sera bon; je sais prêt tout. Vous voyez comment a été troublée la paix dont vous jouissiez depuis un an. Il semble cepen dant que vous n'ayez qu'un parti prendre: quitter le pays, vous établir ailleurs, au loin. Mais qui vous dit que les dures nécessités de votre position ne révéleront pas une seconde fois le secret qui vous suit? Et saurez-vous résister toujours ces ter ribles assauts? Votre femme, vos enfants y résis-- teront-ils? Mais qne faire alors? juste ciel! s'écria Paul, d'une voix gémissante, en joignant ses mains. Je vous l'ai dit, un sacrifice! Et je sais que je parle un homme éprouvé. Arobroise, Victor, écoutez-moi et faites-moi une promesse non pas que je doute de vous, mais parce que ce moment est solennel et veut une inébranlable résolution Me promettez-vous, devant Dieo, devant votre père, que jamais, pour aucun motif, ponr ool intérêt, si grand qu'il soil, me promettez-vous de ne jamais abandonner votre mère et votre sœur, de vivre, de travailler jusqu'au dernier jour ponr elles? Pour être continué.)

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Le Propagateur (1818-1871) | 1857 | | pagina 1