40me Année.
Samedi 28 Mars 1857.
No 4,121.
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
FOI CATHOLIQUE* CONSTITUTION BELGE.
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 3 MOIS.
TPKSSj 28 MARS.
BULLETIN POLITIQUE.
Ainsi qu'on devait le présumer, le gouvernement
piémontais a répondu au rappel dn comte Paar par
celui du marquis Cantooe, son envoyé Vienne.
Toutefois si la rupture des rapports diplomatiques
est complète, on espère que le conflit n'ira pas plus
loin, pourvu qu'il ne se complique de difficultés
étrangères et reste circonscrit entre l'Autriche et la
Sardaigne. Il circule, en effet, des bruits alarmants
cet égard. Quelques feuilles allemandes, et nom
mément la Gazette autrichienne, accusent la
Russie d'exciter sous main la Sardaigqe et d'exploi
ter la turbulence révolutionnaire du cabinet de
Turin pour assouvir ses propres rancunes et se
venger de l'attitude hostile tenue a son égard par
l'Autriche lors de la guerre d'Orient. Si telle est
la position prise par le gouvernement du czar, (ce
qui mérite confirmation,) elle serait de nature h
donner au différend austro-sarde des proportions
que par lui-même il ne comporte pas.
L'affaire de Neuchâtel s'avance vers une solution
h l'amiable. On ne doute pas que le roi de Prusse
n'abdique ses droits h des conditions également
honorables pour les deox parties.
Un manifeste de lord Palmerston a ses électeurs
de Jiverton attire en ce moment l'attention de la
presse. Le premier miuistre s'efforce de justifier son
administration politique, et il fait ce sujet une
remarque qae nous croyons utile de signaler. L'op
position, observe-t-il, n'a point osé l'attaquer sur
aucune des grandes questions de sa politique
extérieure, pas même sur celle de Naples, mais elle
a choisi pour terrain du débat les affaires de Chine,
où le pavillon britannique a été insulté par d'inso
lents barbares.
L'appel comme d'abus dirigé contre Mgr. de
Moulins se poursuit devaut le Conseil d'Etat. Le
rapport de M. Suin déjà approuvé par la section
CHARITÉ ET RECONNAISSANCE.
Paul Sunder était uo pauvre artisan, dans la
fabrique de machines de MM. Dalton et frères,
Nottingham. Depuis la première jusqu'à !a dernière
heure du jour, il travaillait avec ardeur, et malgré
son courage, il ne parvenait ménager sa femme
et ses cinq enfants qu'une bien chétive existence.
Paul s'était marié, comme le font beaucoup de
gens de sa condition, sans songer le moins du
monde aux moyens d'entretenir sa famille. Il
n'avait pas même pris le soin d'amasser un mince
pécule pour ce qu'on appelle les mauvais jours,
dont nul n'est exempt. Les choses allèrent fort
bien, aussi longtemps qu'il ne dut penser qu'à
Marie, sa femme, et son fils Charles; mais
quand Charles vinrent se joindre Jeaunette
VictorineRobert et Frédéric, le père Sunder ne
put s'empêcher de devenir soucieux. Ce n'était
pas, en effet, chose aisée pour lui, que de leur
fournir tous et le manger et le vêtement, et la
demeure et le coucher.
L'inanité de ses efforts pour suffire ces besoins
nombreux et la vue des privations que ses enfants
devaient s'imposer chaque jourplongèrent le
des cultes, conclut une déclaration d'abus, et
le conseil devait se réunir incessamment pour le
discuter. Quelque soit le jugement qui intervienne,
cette immixion du pouvoir civil dans les affaires du
culte constitue un anachronisme ridicule. Qoe
gagnera-t-il, le pouvoir, froisser les catholiques?
ébranler dans ses bases le principe d'autorité?
remettrede force l'Eglise un joug qu'elle n'entend
plus sobir? Contrairement, en effet, ce qu'on
avait dit, ces poursuites émanent de l'initiative de
l'Etat. Intentées l'occasion des réformes liturgi
ques introduites dans le diocèse, elles portent
(d'après les renseignements précis àcVUnivers) sur
ces deux chefs d'accusatioô la défense faite au
clergé par le Prélat d'en appeler l'autorité sécu
lière des sentences de l'Evêque; les modifications
introduites aux statuts du chapitre sans l'agrément
de l'Etat. Et cependant une réserve plus graode
était dans le cas actuel imposée au gouvernement
français; en ce que précisément Mgr. de Dreux-
Brézé ne passe poiut pour avoir voué au régime
impérial ses sympathies politiques.
L'on a pu, depuis longtemps, constater qu'une
opinion très accréditée l'étranger, attribue notre
ville un esprit anti-catholique. Il n'est pas rare
même d'entendre avancer que les habitants d'Ypres
sont voués de cœur et d'âme ce libéralisme impie
qui a juré une guerre ouverte l'Église et son
culte.
C'est là une injurieuse erreur dont est seul res
ponsable le parti ultra-libéral qui vent dominer
toute la ville. C'est en effet sa conduite, ce sont ses
actes dictés par une hostilité systématique tout ce
qui tient la Religion, et prônés par une presse
dévergondée, qui ont discrédité les Yprois dans
l'opinion de notre catholique Belgique.
Nous tenons déclarer, pour l'honneur de notre
cité, qu'Ypres n'est pas une ville anti-catholique.
Il est vrai, nous avons une régence libérale, décidé
ment hostile la foi de nos pères une régence qui
par son esprit de parti maintient, au grand détri
ment des contribuables, uo collège communal en
malheureux Paul dans des tristesses profondes
d'un caractère bon et sensible, il ressentait dou
blement les souffrances des siens; il acceptait pour
lui la faim et ses tortures, mais il ne pouvait voir,
sans en ressentir une douleur poignante, les pro
grès de la maigreur dans la personne de son
épouse et de ses jeunes enfants. Le découragement
vint insensiblement s'emparer de son cœur, comme
il avait déjà envahi celui de la bonne Marie. Tous
deux cependant étaieot catholiques instruits et
fervents; mais quand l'horrible faim se présente
la porte du logis, les âmes les plus fortes se sentent
plus ou moins défaillir.
L'attitude morne et désolée de Paul ne tarda
pas être remarquée par l'ecclésiastique qui don
nait ses soins spirituels dans la paroisse où habitait
la famille Sunder; il s'empressa de demander au
malheureux père la cause de ses chagrins. Celui ci
en fit aussitôt le narré, et termioa en disant que le
workhouse était la seule perspective qui lui restât,
lui et ses enfants.
Mais rien, ajouta-1-il, ne nous serait plus
pénible que d'être contraints d'entrer dans cet
établissement.
Mou ami, vous n'y songez pas, lui répondit
le curé vous abandonneriez votre travail et vous
devriez retirer vos enfants de l'école?
opposition au collège épiscopal une régence qui
semble s'être imposé la mission de vexer le clergé
parce qu'il est de cœur et d'âme dévoué son
devoir, soumis son chef; il est vrai encore qoe les
administrations des Hospices, du Bureau de Bien
faisance sont assez illégalement peut-être dominées
par cet esprit irréligieux qui met an service de la
coterie au pouvoir, les énormes ressources dont ces
administrations disposent il est même vrai qu'une
minime partie de la haute classe soutient et seconde
la lutte incessante déclarée par la coterie pseudo-
libérale contre tout ce qui tient l'Église et ses
ministres.
Mais, nous le demandons tout homme sensé,
est-ce là la ville d'Ypres? Est-il juste, est-il
logique de conclure du petit nombre toute la
masse?
Nous soutenons nous, que la ville d'Ypres est
foncièrement catholique, sincèrement et inébranla-
blement attachée sa Religion.
En effet, où y a-t-il dans une ville de dix-huit
mille âmes, plus d'institutions, plus d'associations
charitables? Où y a-t-il plus de charité, pins de
charité chrétienne, plus d'élan pour les bonnes
œuvres? Où y a-t-il plus de dévouement aux
besoins physiques et moraux de la classe nécessi
teuse? Où y a-t-il plus d'attachement l'Église et
ses salutaires prescriptions?
Si l'esprit de parti a exercé depuis bon nombre
d'années, une funeste influence, il ne doit ses succès
qu'à son audace, qu'aux armes déloyales dont il
s'est servi et l'espèce de joug tyrannique que les
moyeus matériels dont il dispose, lui permettent de
faire peser sur la classe marchande et ouvrière.
Jamais il n'a pu, ni ne pourra détruire les bons
principes déposés au fond des cœurs. Toutes les
fois que le parti pseudo-libéral a porté la question
sur le terraio religieux il a éprouvé de rudes échecs.
Témoin, le collège communal, qui malgré la puis
sante, l'active protection du pouvoir communal et
de ses adhérents, malgré les grosses sommes qu'on
lui consacre, s'éteint lentement dans une espèce
de léthargie témoin la désapprobation universelle
déclarée contre la mesure vexatoire que l'adminis
tration communale a prise contre one partie du
Monsieur, je n'y pois rien, dit Paul avec
douleur. Nous ne pouvons pas nous laisser mourir.
Il ne m'est plus permis de travailler ma journée
entière, et cela met le comble nos privations. Je
désire vivement que mes enfants reçoivent quelque
éducationmais la nourriture leur est aussi abso
lument nécessaire.
Vous êtes-vous adressé M. Dalton?
Non, monsieur; il a déjà tant donner.
D'ailleurs, que peut-il faire? S'il voulait com
mencer par ma famille, il aurait nourrir presque
la moitié de Nottiogham. Et puis, l'on dit que le
workhouse est assez bon pour le pauvre.
Qui dit cela? Ce n'est pas M. Dalton.
Croyez-moi, allez le voir et demandez-lui des
conseils. Quaod les choses seront au pis, il sera
temps encore de vous rendre au workhouse et de
tâcher de vous y résigner; mais auparavant,
essayez s'il n'y a rien de mieux faire.
Paul reçut avec recounaissance cet avis, et il
alla sans tarder voir M. Dalton.
Après one longue et laborieuse journée, M.
Dalton se délassait en écoutant les premiers essais
de sa petite fille sur le piano; uo sourire entr'ou-
vrait ses lèvres et son regard serein décelait la
bonté. Dès qu'on lui eut annoncé qu'un de ses