40me Année.
Samedi 11 Avril 1857.
A° 4,125.
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an, poor le dehors fr. 7-50 par
a fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE* CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. tour 6 mois, 2-75
trois mois. pour 5 mois.
7FRES, il Avril.
bulletin politique.
Trois griefs forment la base du jugement porté
contre Mgr. de Dreux-Brézé. Est noté comme
d'abus, premièrement, l'engagement d'honoeur et
de conscience exigé des curés inamovibles, lors de
leur nomination, k ne pas se prévaloir de l'inamo
vibilité civile, si jamais ils se trouvaient dépouillés
par une sentence canonique de lenr titre et de
leur bénéfice. Celte mesure de précaution avait
pour but de prévenir le scandale donné plus d'une
fois sous Louis-Philippe de prêtres se maintenant
dans leurs cures au mépris de l'autorité épiscopale
et du jugement canonique qui la leur enlevait.
Au reste, il y a deux ans que l'Ëvêque lui-même
avait annulé ces engagements, devenus inutiles k la
suite de la promulgation dans un synode diocésain
d'un Statut, par lequel il est interdit, en vertu des
lois de l'Église, sous peine d'excommunication, h
tout prêtre frappé d'une peine canonique de
recourir l'autorité séculière. Ce Statut forme le
second objet de la condamnation lancée par le
Conseil d'État. Enfin le troisième grief allégué est
d'avoiren exécution d'un décret du concile
métropolitain de Sens, tenu en i85o, modifié les
statuts du chapitre sans l'autorisation ou l'agrément
de l'Etat. Ces nouvelles constitutions, ainsi que la
promulgation du Statut mentionné plus haut,
avaient reçu d'ailleurs l'approbation du Saiot-Père.
Quoiqu'il en soit, l'arrêt du Conseil d'État pro
nonce sur les trois points qu'il y a abus, et que les
dits actes de l'Ëvêque sont et demeurent supprimés.
Ces empiétements de l'autorité laïque dans le
domaioe spirituel ont eu un douloureux retentisse
ment parmi les catholiques français; mais la presse
est muselée. Nos vœux politiques, dit VUnivers
(qu'on o'accusera pas de mauvais vouloir envers le
gouvernement) nos vœux politiques ne souffrent
guère moins ici que nos convictions religieuses;
nos espérances se trouvent atteintes des deux
côtés. Nous nous abstenons d'en déduire les rai-
LE TRAIT-D'U N ION.
(Suite. Voir le n° 4»,a4 du Propagateur.)
Plus de visites faire, Dieu merci! dit
Edouard; voici un beau jour dont nous pouvons
disposer k notre gré.
Et que nous allons consacrer k une délicieuse
promenade, répondit Louise; n'est-ce pas ton avis?
Sans doute; eh bien! madame, mettez-vous
vite k votre toilette.
Sois tranquille, je ne me ferai pas attendre.
Quel bonheur, reprit Edouard en se frottant
joyeusement les mains, de sortir un peu de ce Paris
si confus, si broyant, pour aller respirer l'air pur de
la campagne!
Tu dis mon ami?
Je dis qu'au mois de juillet, et par un temps
comme celui-ci, la campagoe doit être dans tout
son éclat.
Oh! la campagne, c'est bien triste!
Y songes-tu? l'aspect le plus gai! des bois
sons, craignant de n'être pas toléréset ne
voulant point provoquer une répression que la
nécessité ne nous commande pas d'affronter
aujourd'hui.
En attendant voici les réflexions piquantes de
vérité que l'arrêt suggère au Bien Pubic
Il se trouvedoncque leCdnseil d'États'érigeant
en concile et s'arrogeant une autorité spirituelle
déclare une excommunication nulle et non avenue.
Nous savions que Jésus-Uhrist a dit k ses apô
tres Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera
lié dans le Ciel, et tout ce que vous aurez délié
sur la terre sera délié dans le Ciel mais nous
ne croyions pas qu'il eût dit la même chose an
Conseil d'État de l'empire français.
Ce burlesque arrêt nous remet en mémoire une
niaiserie judiciaire de même valeur.
Au temps où les parlements se mêlaient, com
me aujourd'hui le conseil d'État, de ce qui ne les
regardait pas, un arrêt fut rendu k l'effet d'ordonner
k un curé d'administrer un mflade auquel il refusait
les sacrements pour cause de jansénisme. L'huissier
chargé de le signifier termina son grimoire de la
sorte Et avons signifié a mon dit sieur curé que
faute par lui d'obtempérer au dit arrêt, la
présente sommation tiendra lieu de viatique an
malade.
Huissier et Conseil d'État nous semblent de
force égale en matière dedisciplioe ecclésiastique.
De ces exploits de procureurs et d'huissiers aux
faits et gestes do gouvernement Mexicain, la tran
sition est toute faite. Ce dernier, s'il est k bout
d'écus, n'est pas k bout d'expédients. Pour faire
face aux embarras financiers qui l'obsèdent, il s'est
mis en devoir de joindre a la spoliation des biens
d'Église l'aliénation du territoire successivement
déjk rétréci de la République. C'est ainsi qu'il
songe k vendre a son euvabissante sœur des Etats-
Unis, une partie des provinces de Sonora, de
Sinaloa et de Basse-Californie pour une somme de
3,ooo,ooo de dollars, dont 1,200,000 seraient
retenus pour le paiemeot des créances américaines.
sur les coteaux, des fleurs et des ruisseaux dans les
prairies, des sentiers unis comme les allées d'un
parc, des oiseaux qui gazouillent dans les arbres.
Et pas une voix pour apporter k notre oreille
ces mots qui font toujours plaisir Voilk un joli
coople qui passe! j'avoue que je préfère de beau
coup les boulevards.
Oh! les boulevards... Tu trouves que c'est
amusant?
Ravissant, mon ami.
Deux rangées d'arbres qui étouffent entre
deux rangées de maisons!
Mais quelles maisons des palais.
Un pêle-mêle de gens affairés qui se heurtent,
de voitures qui se croisent et qui s'accrochent!
Uneagréable variétéde magasins,de toilettes...
De l'agitation, du bruit, de la poussière.
Point de bruit ni d'agitation k la campagne,
je suis forcée d'en convenir, mais le silence du
désert et l'immobilité de la tombe. Allons, mon
ami, avoue de bonne grâce ta défaite la campagne,
c'est la mort; les boulevards, c'est la vie. Hâte-toi
HOSPICES D'TPRES.
quatrième article.
Personne ne l'ignore plus, il y a division au sein
de l'administration des Hospices; cette division n'a
pas seulement éclaté au sojet du remaniement du
service médical, mais elle éclate tous les jours
au sojet d'une question autremeot importante, celle
de constructions de nouveaux bâtiments et de
reconstructions des nombreux bâtiments qui exis
tent. Le budget est en déficit malgré l'élévation des
ressources; le bon sens dit qu'il faut simplifier
l'administration en centralisant les établissements;
l'humanité élève la voix et réclame des secours plus
efficaces pour les malheureux qui ne peuvent pas
être recueillisencore dans les hospices; et le Président
est seul de son avis lorsqu'il cède aux inspirations et
de l'humanité et du bon sens tous les autres
membres de l'administration obéissent aveuglément
k l'influence personnelle et occulte qui les tra
vaille, les domine et les asservit. Depuis douze ans,
ils ont voté près de 4oo mille francs pour
constructions et reconstructions; et depuis douze
ans aussi, c'est-k-dire, durant toute la crise alimen
taire, les secours a domicile sont restés les mêmes;
nous nous trompons, le secours d'hiver a été
augmenté, mais, chose pénible k relever, cette
augmentation a été déduite du secours d'été.
Nous donnerons ultérieurement le détail de ces
dépenses exorbitantes en bâtisses nous mettrons en
regard le chiffre dérisoire des secours k domicile.
Enfin, nous établirons un parallèle entre les immen
ses revenus, indiqués avec précision, et le nombre
limité de pauvres, affligés par l'âge ou l'infirmité,
dont le sort est plus ou moins adouci par l'emploi
de ces ressources étendues.
Apprécions, aujourd'hui les motifs qui guident
les membres formant la majorité de l'administration.
Us pensent que l'unijor mité et la conduite de
leurs prédécesseurs dans la distribution des
secours extérieurs est bonne ci suivre... Cela
n'est pas progressif. Le temps et les circonstances
sont variables plus les besoins des malheureux
donc, nous allons faire une promenade sur les bou
levards, c'est convenu.
Mais pas du tout j'ai pour les boulevards une
insurmontable antipathie. Dépêche-toi; c'est a la
campagne que nous allons.
Un ordre!
Une prière; et tu es trop bonne pour ne pas
t'y rendre.
Céder k la tyrannie, quel que soit son masque,
ce n'est point bonté, c'est sottise.
Je serais curieux de savoir qui de nous est le
tyran.
Vous, Monsieur, qui exigez que je sacrifie
mes goûts aux vôtres,
C'est bien plutôt vous, Madame, qui ne tenez
nul compte de mes désirs, et qui prétendez me
soumettre k vos fantaisies.
Je vous déclare, en tout cas, que je ne suis
nullement disposée k accepter le rôle de victime.
El moi, je ne veux pasêtrela vôtre,assurément.
Edouard et Louise se regardèrent uu moment
comme s'ils n'avaient pas la certitude de s'être bien