soufflé mol, mais sur ce qu'il appelle le rétablisse ment de la main-morte en Belgique, sur les crimes des papes, les vices du clergé, l'immoralité des corporations religieuses, enfin, sur le programme tout entier de la presse maçonnique et unitaire. Après avoir soigneusement ramassé dans l'histoire lestent et une anecdotes scandaleuses qu'elle ren ferme, M. Verhaegen les a étalées avec bonheur autour de hii, pour en tirer cette conclusion singulière que les hospices officiels sont les seuls qui puissent, sans danger pour un pays, secourir les pauvres et les malades. Le compère Mathieu n'eût pas parlé autrement si son ombre avait pu monter h la tribune. Après avoir parlé deux heures sur les couvents, M. Verhaegen a parlé une grande heure sur les testaments, sur les messes que les mourants font dire, sur les captations, sur les empoisonnements, sur les milliers d'abus que fait naître la liberté de tester, doot jouissent les catholiques, etc. A ce propos il a raconté une foule de petites anecdotes, plus ou moins suspectes, qui ont fait rire, il est vrai, mais qui offrent un côté sérieox, en ce sens qu'elles attestent le désir secret qu'éprouvent certains hom mes de la gauche de mettre hors la loi le clergé et les catholiques. Si ces prétendus libéraux étaient les maîtres, quelle étrange liberté on verrait régner en Belgique! M. Verhaegen et qoelqoes-nns de ses amis trouvent spirituel de répéter sans cesse que le clergé belge accapare, monopolise et vole effrontément le bien des pauvres. Ces accusations sont aussi odieuses qu'injusteselles éclaireront les esprits impartiaux sur les tendances d'un parti intolérant et haineux qui diffame ses adversaires au lieu de les combattre avec des arguments sérieux et décents. Séance du 6 mai. M. Verhaegen a terminé son discours, qui a encore rempli toute la séance. La terrible fantas magorie de la maio-morte a joué son rôle, et jamais M. Verhaegen n'a mieux manœuvré sa lanterne magique, ni avec une plus ingénieuse mise en scène. Le fantôme a d'abord paru vague et indécis, comme il convient un fantôme qui sort de la nuit des temps, puis M. Verhaegen l'a rapproché, grossi, grandi, et rendu tout h fait effrayant, en accompagnant ce spectacle d'explications faites sur un ton gradué, depuis le pianissimo jusqu'au point culminant d'un crescendo formidable, avec des accents variés pour impressionner vivement les auditeurs, selon toutes les traditions du vieux mélodrame. L'effet de son éloquence a été très- grand sur les membres de la gauche; ils riaient Or, la pauvre Noémi, toute fervente chrétienne qu'elle fût, n'avait aucun goût pour la vie monas tique; et ses vingt ans venus, on songea la marier. Parmi les nombreux prétendants qu'attiraient sa dot assez ronde, sa jolie figure, son aimable caractère et son séduisant esprit, M. et Mm° Dubord donnèrent la préférence h un jeune magistrat de mes amis, qui ferait son chemin, assnrait-on,d'ailleurs honnête jeune homme, mais point chrétien, bien entendu. Emile plut àNoérai; elle lui trouva(je ne saurais trop vous dire si elle eut tort ou raison) de l'in struction, de l'intelligence, une grande loyauté, beaucoup d'agrément dans la conversation. Elle ne fut pas insensible h l'affection qu'il lui témoigna. Bref, le mariage se fit. Tout fut bonheur d'abord pour Noémi. Ni l'es prit, ni le cœur, ni le caractère d'Emile ne trahirent les promesses qu'on en avait faites et les espérances auxquelles ma cousine s'était livrée. Son mari la rendaitheureuseellui faisait honneur danslemonde. Ce serait mentir de dire qu'il manqoât alors quelque chose h la félicité de Noémi. Il y a dans les premiers jours de ce bonheur conjugal, de cette affection sans limites que se vouent deux êtres faits l'un pour l'autre,une plénitude de joiedans laquelle beaucoup, mais c'était pour dissimuler leur pro fonde terreur, et il en est, dit-on, qui affirment avoir vu une maio-morte, fraîchement coupée, plauer çh et là sor l'assemblée comme la menace du festin de Balthazar. Enfin, M. Verhaegen, pontife do Grand Orient, a fini, en prononçant au nom du Christ une excommunication en règle contre le clergé catholique, et les frères et amis ont répondu Amen. Séance du 7 mai. L'honorable comte de Theux, dont la parole a tant d'autorité, a ouvert la séance par un discours où il s'est attaché réfuter MM. Tesch et Ver haegen. Le discours de M. de Theux a été écouté avec une attention soutenue et a recueilli les marques de la plus vive sympathie. M. Thiéfrya pris ensuite la parole pour répondre aux critiques dirigées par M. Malou contre l'admi nistration des hospices civils de Bruxelles. La Chambre, snr la proposition de M. le ministre des finances, a mis son ordre du jour, la suite de la discussion sur la bienfaisance, celle du projet de loi relatif l'emprunt proposé l'année dernière. Voici comment un membre de l'Assemblée législative en France, l'adjurait en i85o, de favoriser par tous moyeos l'expansion de la charité et de ne mettre aucune entrave au soulagement des pauvres Ne gênez aucun bien, n'en arrêtez ancun. Laissez la bienfaisance des individus, de la reli gion, s'étendre en tous sens comme une forêt vierge de laquelle il ne faut pas retrancher une seule branche. Laissez le riche oisif qui cherche une occupation, l'homme pieux qui croit servir Dieu, l'homme autrefois jeune et qui ne l'est plus, la femme antrefois belle et qui a cessé de l'être, celui qui a failli, et qui, dans le secret de son cœuroffre la justice suprême un moyen de rédemption, laissez-tes tous leur manière, suivant leurs penchants, se créer, ou des jouissances, 00 des dédommagements, on des consolations, ou des mérites aux yeux de Dieu, et tous faire ainsi le bien par les motifs qui leur sont propres. Et puis après les avoir laissé faire, voos État, vous gou vernement, regardez l'a où la bienfaisance privée n'aura point passé, là où elle aura été insuffisante et chargez-vons du bien qui n'aura point été accompli. Prenez pour vous la tâche négligée ou inachevée. Rivalisez, soit; mais ne vons jalousez pas, ne vous contrariez pas. Tous ensemble, cœurs bienfaisants, cœurs pieux, cœurs repentants, tous, tout le reste s'absorbe. Et ce n'est là le moindre des dangers que présentent ce que l'on appelait tout l'heure les mariages mixtes. Il est crain dre que le cœur de l'épouse chrétienne n'oublie dans ces douceurs d'un amour pnremeot humain cet amour suprême qui devrait dominer et vivifier tous les autres. A force d'aimer, même de l'affection la plus légitime, une créature qui ne connaît pas Dieu, on risque d'en venir trouver cette créature parfaite et ne plus tenir compte de ce principal qui lui manque. On s'habitue un mari non chrétien; et on en prend son parti bravement et sans trop de désolation on ne fait plus rien pour le ramener Dieu. Noémi avait le cœur trop haut pour méconnaître ce poiot les vraies conditions du mariage, pour en embrasser seulement les joies et en repousser les charges. A ce premier enivrement que justifiaient sans doute les qualités morales de son parti, succédèrent bien vite de cruelles réflexions. Cet homme si bon, si aimable, d'une conscience si délicate, cet homme,àqui elle avait donné son cœur sans réserve, il était absolument étranger tont sentiment, tout acte religieux. 11 croyait sans doute aux grands individus, Église, État, quand vous aurez réuni vos moyens, vous serez peine suffisants, non pas pour supprimer la misère (promesse mensongère adressée l'anarchie), mais pour la diminuer, la diminuer ce point que la société n'ait pas rougir d'elle-même. Le passage qu'on vient de lire appartient au rapport de la commission de l'assistance et de la prévoyance publiques, présenté l'Assemblée législative le 36 janvier i85o. Le nom du rapporteur est M. Thiers. Le sonnet suivant vient d'être offert en hom mage M. Verhaegen par le Bourgeois de Bruxelles, ami intime de VÉmancipation Lui toujours! lui partout de sa voix de tonnerre Où donc pourrons-nous fuir l'éclat persécuteur? Professeur, avocat, maçon, législateur, Il assourdit sans cesse et le ciel et la terre. Le Vésuve parfois dans son large cratère, De la lave brûlante emprisonne le cours; Mais lui, volcan sans nomn'a jamais su se taire, Mais lui fume toujours De ses poumons d'airain, admirable puissance, Lorsqu'un discours finit un autre recommence, Car sa vie est, hélas! un éternel discours. Et si Dieu foudroyait le monde Lui seul, armé de sa faconde, Debout sur les débris, il parlerait toujours ACTE OFFICIEL. Un arrêté royal, en dale dn 3o avril, autorise la commission administrative de l'hospice des vieillards et infirmes Moorslederecaler, jusqu'au i4 août prochain, la clôture des opéra tions de la loterie autorisée par arrêté royal du 14 août 18Ô6. NÉCROLOGIE. Nous apprenons la mort de M. Smits, ancien ministre des finances, et aujourd'hui gouver neur de la province de Limbourg. M. Smits est décédé Arlon, le 3 de ce mois, dans de grands sentiments de foi et de résignation chrétiennes après avoir été administré des sacrements de l'Église. Usera vivement regretté dans la pro vince qu'il administra pendant de longues an nées avec autant de sagesse que de dévouement. NOUVELLES DIVERSES. Monsieur Adolphe Van den Boogaerde, de Poperinghe, vient d'obtenir, devant le jury combiné [Bruxelles-Gand) le diplôme de candi dat-notaire, avec grande distinction. principes d'une religion parement philosophique. Il n'était ni athée, ni matéraliste, ni panthéiste. Mais Dieu eût été un mythe, qu'Émile n'eût point rendu moins d'hommages qu'il oe faisait la divinité. Jamais une prière ne sortait de ses lèvres ni de son cœor. Pensée navrante, et dont Noémi cependant ne pouvait se dissimuler la vérité! son mari vivait d'une vie toute naturelle, et il était en fait aussi insoucieux de la vie venir que l'animal dont les destinées sont bornées la terre. Noémi avant son mariage, n'avais jamais vu de près d'autre homme que sou père (lequel était un saint homme.) Au milieu de l'affection passionnée qu'elle avait vouée son mari, elle éprouva une sorte-de terreur pour cette existence où Dieu n'avait aucune part, pour ces pensées dans lesquelles n'en trait jamais aucune préoccupation des choses d'en haut. Les regrets stériles ne conviennent qu'aux carac tères faibles. Les âmes courageuses voient le mal pour travailler le guérir, pour embrasser vaillam ment, et dussent-elles moarir la peine, la sainte mission de semer la vérité, là où l'erreur et le mensonge seuls avaient germé jusqu'ici. [Pour être continué

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Le Propagateur (1818-1871) | 1857 | | pagina 2