40me Année. No 4,136. 4FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75 7PP.ES, 20 MAI. L'APOSTOLAT CONJUGAL. LE PROPAGATEUR POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN, POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAU TROIS MOIS. POUR 5 MOIS. BULLETIN POLITIQUE. Les nouvelles sont aufc réformes. En Orient, c'est le gouvernement turc, qui s'efforce d'extirper de l'église schismatique grecque des abus, qu'à sa honte le clergé de cette communion s'ingénie perpétuer. Ainsi le Patriarche est élu, en apparence, librement; mais en réalité les voix des électeurs sont toujours achetées et chèrement achetées. Pour récouvrer les sommes dépensées de cette manière le Patriarche vend son tour les sièges épiscopaux au plus offrant les Évêques font de même l'égard des curés et les curés pressurent les communes. Comme il n'est point tenu compte en cette scanda leuse répartition des places du mérite non plus que de la science, la dégradation intellectuelle et morale du clergé schismatique a pris des proportions déplorables. En même temps que la Sublime Porte réagit contre ces abus, ellemédile la séparation de l'admi nistration spirituelle d'avec l'administration tem porelle des communes, elle voudrait confier cette dernière, qui jusqu'à présent était aussi entre les tnains du clergé, un conseil composé de prêtres et de laïques. Il n'est point présumer cependant que le gouvernement ottoman vise intervenir par ce moyen dans les affaires intérieures des communautés chrétiennes, d'anciens privilèges leur garantissant le droit d'autonomie. Puisque nous voilà sur le terrain des réformes, signalons en passant les tendances que manifeste la Russie entrer dans la voie de la liberté commer ciale. En attendant les chemins de fer dévelop pent graduellement leur immense réseau travers les vastes provinces de l'empire. L'Angleterre son tour s'engage décidemment dans la voie des réformes politiques. Lord Palmer- ston a proposé la Chambre des Communes une motion qui a pour but d'ouvrir aux Israélites la (Soite. Voir le n° i,o34 du Propagateur.) Etrange inconséquence du cœur de l'homme Voici un mari qui aime tendrement sa femme. Il se plait lire dans ce jeune cœur, limpide et profond comme l'eau bleue des grands lacs. A force d'admirer le doux éclat de ses vertus, il en découvre le lien et le principe: c'est la religion... Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir, et ce n'est pas Emile qui serait aveugle aucun des mérites de Noémi. Il se promet tout bas de chercher un jour, bieutôt peut-être, s'instruire la même école. Rien ne saurait être plus doux au cœur de l'épouse chrétienne que cette perspective. Emile ne devait-il pas le sentir, et se hâter de prévenir Noe'rai de ses bonnes dispositions, afin qu'elle l'aidât de ses conseils, de ses encouragements, afin surtout qu'elle priât pour lui avec plus d'ardeur encore? Point du tout. Du jour où il crut s'apercevoir que ce travail intérieur n'était point ignoré de Noémi, qu'elle y coopérait au moins par ses prières, porte du Parlement. Il demande l'abolition du serment ou tout au moins la suppression des mots sur la vraie foi d'un chrétien. Lord J. Russell a fortement approuvé la motion; M.The- singer, membre du parti tory, sans s'opposer ce qu'elle fut introduite, s'est prononcé pour l'ajour- nement. Cette position prise par les conservateurs présage un nouveau refos de la Chambre des Lords. Toutefois, quoi qn'on fasse pour les maintenir, les traditions constitutives et nationales de la vieille Angleterre sont irrémédiablement condamnées dans l'opinion publique. Passant des événements d'un tout antre ordre, nous avons rapporter un bruit que confirme la Gazelle d'Augsbourget d'après lequel le voyage du prince Napoléon Berlin, avait pour but de demander au roi de Prusse, comme au chef de la maison de Uohenzollern, la main de la prin cesse Stéphanie de Hohenzollern-Sigmariogeo. On sait que lesdeux branches de Sigmaringen et de Hechingen sont catholiques. La princesse est née le juillet 1837. Elle se trouve en ce moment Dresde où le prince français s'est rendu également. Une nouvelle d'un intérêt bien plus puissant pour nos lecteurs et moins sujette confirmation nous vient de Lombardie. On annonce pour le 20 juin l'arrivée Bruxelles de l'archiduc Maximilien, gouverneur général du Lombard-Vénitien et fiancé de S. A. R. la princesse Charlotte. Cepen dant le mariage ne s'accomplirait qu'un mois plus tard et l'archiduc ne passerait que huit jours la cour de Belgique. Le comte d'Arcbinto, qui occope le premier rang dans la noblesse lombarde et peut être cité comme le type du vrai grand seigneur, serait ensuite envoyé près du roi Léopold pour faire, au nom de l'Empereur, la demande officielle de mariage. Un des caractères distinctifs du pseudo-libéra lisme, c'est son esprit d'hostilité et de haine contre la foi catholique et les iNstitntions qu'elle fait tout s'arrêta soudain. A l'admiration naïve des vertus inspirées par l'Evangile, l'humilité qui avouai: sa propre faiblesse, la bonne volonté qui commençait faire quelques efforts, succéda le réveil de l'orgueil, l'orgueil, ce grand ennemi du travail de Dieu dans lésâmes. Ce fut une cruelle réaction. Au lieu de se laisser entraîner par la douce influence des vertus de Noémi vers la source divine d'où elles découlaient, Emile se roidit contre ce bon mouvemeut. Il vit dans les rares qualités de sa femme uu leurre destiné l'attirer, daus ses mérites lui, dont il reconnaissait, hier encore, l'infériorité, l'effort suffisant de la raisou humaine. Cette pacifique con quête que Noémi méditait de son âme, il l'appela une guerre sourde, déloyale, faite sa liberté. Il le signifia, non sans quelque dureté, Noémi. Celle-ci toujours prête s'accuser, se reprocha cruellement d'avoir, en laissant trop tôt éclater sa joie, amené ce regrettable temps d'arrêt. Son désir ne fut pas moins vif de voir Emile revenir Dieu, ni ses prières moins ferventes pour amener ce bieuheureux résultat, ni sa couduite moins con stamment l'abri de tout reproche qui aurait pu retomber sur ses croyances, moins constamment éclore. En vain par des dehors subtils, par des protestations mensongères, les coryphées des loges cherchent-ils déguiser leurs passions haineuses; leur hypocrisie ressort tous les jours, de leurs actes comme de leurs paroles. D'ailleurs tout doute sur les tendances du libéralisme exclusif est impossible quand on a suivi attentivement les discussions de la Chambre des Représentants, sur le projet de loi concernant les legs et les établissements charitables. Quiconque est de bonne foi doit en convenir le libéralisme des loges s'est dépeint grands traits. Dans un discours, qui n'est qu'un tissu de railleries scanda leuses, de déclamations perfides, de lâches men songes et de calomoies contre la religion et ses ministres, M. Frère s'est acquitté de celte tâcbe, en maître habile et expert. Une colère aveugle transporte M. Frère quand il s'agit de régler le moindre compte avec le clergé; mais, ce qui rend le franc-maçon liégeois furieux, c'est l'ombre d'un moioe ou d'une nonnette évoquée devant lui. Le délire qui travaille M. Frère l'endroit des institutions religieuses est tel, que s'il fallait l'en croire sur parole, le pays ne serait bientôt plus qu'un vaste couvent, où chacun serait tenu de porter le froc et le capuchon pour être de mode. On comprend qu'une pareille perspective doit avoir troublé l'esprit de M. Frère, lui, qui la vue d'un prêtre, mille pas de distance, donne des crispations de nerfs. Aussi, comme il s'est acharné belles deols contre les institutions religieuses! Nulle n'a trouvé grâce devant lui, pas même les sœurs de charité dont le monde eutier admire la vertu et le sublime dévouement. Quoique pétri de haine coutre la religion et ses ministres, le patriarche de Ferney, dont M. Frère a l'heur d'être le disciple, Voltaire, qui a tout attaqué, tout souillé de sa bave impie a rendu cependant justice ces bonnes sœurs Peut-être, dit-il, il n'y a rien de plus grand sur la terre que empreinte d'une douceur, d'one grâce, d'une promptitude reconnaître ses torts, d'une sérénité joyeuse qui devait lui gagner tous les cœurs. Un résultat du motus fut atteint par cette sage conduite. Sans doute le coup était frappé; Emile était pour longtemps rejeté daos un parti pris de résistance, pire raille fois que son ancienne indiffé rence. Mais, après la mauvaise humeur des premiers jours, sou affection pour sa femme ne fut point altérée. En y réfléchissant de sang-froid, en regardant agir et parler cette angélique créature, le moindre soupçon sur sa bonne foi lui parut un sacrilège. Ne pouvant plus la considérer comme uu imposteur, elle fut un dupe ses yeux, mais nne dupe d'ailleurs si aimable et si intelligente, qu'Emile se résigna parfaitement être heureux avec elle. Deux épines pourtant étaieut au fond de celle félicité. Emile sentait bien que son triste amour- propre l'éloignait de ce qui eût établi entre Noémi et lui une communauté de sentiments et d'espéran ces qui eût doublé sou bonheur. Et quant Noémi, comment exprimer celle douleur de l'épouse chrétienne qui voit celui qu'elle aime pardessus tout fermer volontairement ses yeux et son cœur la grâce?

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Le Propagateur (1818-1871) | 1857 | | pagina 1