Nous lisons dans la Patrie le sacrifice que fait an sexe délicatde la beauté, de la jeunesse, souvent d'une baute naissance pour soulager toutes les misères humaines dont la vue est si humiliante pour notre orgueil et si révoltante pour notre délicatesse. M. Frère en juge tout différemment; pour lui, la charité de ces héroines chrétiennes qui sacrifient leur vie au bonheur des autres; qui versent sur les peuples les bienfaits les plus grands; qui rendent aux états les services les plus insigaes, cette charité est devenue même un crime; et pourquoi? N'est-ce pas pour ce fait seul que les soeurs de charité sont des émanations vivantes de la foi catholique dont les loges, en tous temps, ont juré, mais en vain, la ruine? Lorsqu'il s'est agi de décerner une plume d'or au cynique Sue, h l'écrivain le plus corrupteur de notre époque, alors M. Frère et ses adeptes senti rent le besoin de s'associer h cette démonstration ignoble. Sa conscience ne se révolte que contre les prétendus envahissements de la prêtraille et de la monacaille. Delenda carthagoc'est l'a ce dont il faut se défaire en Belgique! En signalant ces tendances déplorables du faux- libéralisme, ce n'est pas que nous entendions faire un reproche aux chefs de ce parti, du sans-génie et de la franchise avec lesquels ils étalent leurs doctrines révoltantes. Non; le pays ne sacrait qne s'éclairer au bruit des scandales parlementaires qui se produisent. Désormais le doute n'est plus pos sible. Chacun comprend le fond de la pensée des politiques des loges. La séparation de tout catho lique sincère d'avec une secte aussi manifestement hostile a nos croyances est inévitable, et le moment croyons-nous n'est pas éloigné, où l'épilhète de libéral, façon Verhaegen et Frère, deviendra l'injure la plus grossière que l'on pourra adresser h tout Belge qui en aimant sa patrie et ses libertés, veut les conserver par l'unique moyen, la fidélité h la foi catholique. Il est incontestable que le mot d'ordre ait été donné aux journaux du parti d'attaquer avec viru lence tout ce qui tient de près ou de loin au clergé, aux institutions religieuses. Ils ne reculeront devant aucun moyen, devant aucune imputation quelque calomnieuse et infâme qu'elle soit. 11 faut s'attendre h voir les petits journaux clubistes rivaliser dans la nouvelle voie qui leur est ouverte; mais malheureusement pour eux l'ar deur avec laquelle ils se jettent dans l'arèue, les aveugle tel point que, dès les premiers coups l'altaqae leur est fatale. Cet état durait depuis dix ans sans qu'Emile se lassât de son obstination ou Noémi de sa patience. Deux enfants de six et huit ans augmentaient parfois les remords d'un côté et de l'autre la douleur; car leur éducation commençait sans cette harmonie si désirable entre le père et la mère au sujet des grands principes qu'il importe de présenter de bonne heure, sans l'ombre d'une doute,h ces jeunes intelligences. Ceux qoi ne veulent pas se rendre aux douces influences dont il les a entourés, Dieu souvent les punit et les sauve en même temps par quelque coup de sa Providence, qui, en brisant leur bonheur temporel, leur apprend embrasser enfin les seules félicités qui survivent h tout. C'est ce qui devait arriver Emile. La santé de Noémi était on peu ébranlée, on lui conseilla l'air de la mer. Emile et Noémi n'aimaient le monde que tiès-médiocrement; ils étaient trop heureux l'un par l'autre pour avoir besoin de la foule des indifférents. Au lieu donc de se rendre Dieppe ou Ostende, où ils eussent retrouvé les habitudes et les exigences de la société parisieoue, ils choisirent un petit port des côtes de Bretagne, bien obscur alors et fréquenté seulement Il en est ainsi d'une feuille de cette ville, que nous ne voulons pas qualifier, parce que tout le monde l'a depuis longtemps appréciée h sa juste valeur. Ce journal a fait planer sur le clergé de Meulebeke une grave et odieuse accusation. M. l'abbé Verbeke vieot de lui adresser la lettre sui vante, qu'il nous prie d'insérer dans nos colonnes. Meulebeke 17 niai 1857. M. l'Éditeur du journal le Progrès. Dans un de vos derniers n", vous insinuez très clairement que le clergé de Meulebeke a fait dis paraître une somme de huit mille francs déposée chez une personne qui croyait en Dieu et qui était esclave du prêtre. D'après votre dire, cette somme constituait une part d'une succession, que les héritiers communs avaient cru pouvoir laisser en dépôt chez la sœur de la défunte, croyant la retrouver au (jécès de la survivante. Cette somme, dites vous, a disparu et la famille est deshéritée. Pour faire planer sur moi et sur mes vicaires l'odieux soupçon d'avoir fait disparaître ces huit mille francs, vous dites, qu'avant le décès de la personne chez qui l'argent était déposé, un grand remue ménage d'ecclésiastiques a eu lieu la maison mortuaire, et vous ajoutez que d'après la règle cléricale, les pauvres doivent être préférés aux héritiers du sang. Vous permettez, Monsieur, que je vous donne le démenti le plus formel et le plus positif. Le fait que vous rapportez est faux et calomnieux; tout votre récit n'est qu'un tissu d'impudents men songes. Non seulement le fond de votre récit est complètement faux, mais aussi votre article ne contient aucune assertion qui ressemble tant soit peu la vérité. Si vous maintenez votre accusation contre le clergé de Meulebeke, je vous sommerai de déclarer le nom de la personne chez qui la prétendue captation a eu lieu; entretemps je vous requiers au nom de la loi d'insérer littéralement ma présente lettre dans votre plus prochain numéro. Agréez... etc L'abbé Verbeke, curé a Meulebeke. A QUOI SERT PARFOIS L'ARGENT DES PAUVRES. C'est au nom des abus que le parti libéral fait une guerre aussi acharnée que déloyale au projet de loi soumis la Chambre; ces abus, vrais ou Jauxremontentpour la plupart des siècles qui ne peuvent plus revenir; mais n'y aurait-il des abus que dans Vadministra tion de la charité privée La charité officielle pourrait-elle exhiber toujours et partout une I de quelques seigneurs sérieux. Ils louèrent une charmante maisonnette où ils s'installèrent avec leurs enfants. Jamais ils n'avaient été aussi heureux; non que leur affection mutuelle, source de leur bonheur, fût susceptible d'accroissementune seule révolution eût pu, en lui donnant, du côté d'Emile, le principe sacré qui lui manquait, l'élever en la sanctifiant; mais cette heureuse révolution, la conversion d'Emile, n'était poiut arrivée; Noémi même, n'y voyant plus aucune probabilité humaine, ne l'espérait que de la miséricorde de Dieu. Jamais cependant ils n'avaient été si heureux Les joies de la terre ressemblent un tableau dont le mérite, quelque grand qu'il soit, semble grandir encore et se compléter, grâce au cadre qu'une main intelligente lui a choisi. Au milieu de cet admirable paysage où, d'un côté, la mer déployait ses grandeurs, sou charme indéfinissable et ses dangers qui semblent ajouter encore b son attrait, tandis que, de l'autre côté, l'abri du promontoire derrière lequel était assis le village, des moissons, des prairies, des ruisseaux, des bou quets de bois étalaient la grâce et l'animation de la campagne, sentant la vie circuler plus vivante robe immaculée? Nous nous permettons d'en douter, et s'il nous plaisait d'aigrir ce débat, il nous serait bien facile d'apporter des preuves nombreuses l'appui de notre allégation; mais il ne nous plaît pas d'explorer pour le moment ce terrainet nous voulons nous borner appeler l'attention publique sur un fait fort significatif posé par des adversaires acharnés de la charité chrétienne. Il n'y a pas quatre ans, une feuille éminem ment libérale de Bruges fut condamnée, pour diffamationquinze mille francs de dom mages-intérêtsplus aux frais du procès, montant dix mille autres francs. La cour d'appel de Gand déclara qu'un esprit de méchanceté et de vengeance avait présidé aux malveillantes publications de cette feuille, et que plusieurs des faits, déclarés faux par ses propres témoins, devaient être considérés comme entière ment inventés par elle-même. Voila pour la moralité du procès. Lorsqu'il s'agit d'exécuter l'arrêt de la cour d'appel, il y eut des difficultés qui furent soumises en référé a M. le président du tribunal de première instance de Bruges, en son au dience du 19 août i853. Là, Vavocat de la feuille condamnée avoua qu'on était prêt payer la somme due la partie civile en écus appartenant au bureau de bienfaisance d'Ypres représenté par M. Merghelynck, h ce dûment autorisé. L'argent des pauvres servait donc secourir un journaliste libéral condamné pour diffa mation Mais ce n'est pas tout il résulta des plai doiries et des pièces communiquées l'audience, que le bureau de bienfaisance d'Ypres excédait ses pouvoirs et commettait une grave illégalité, puisqu'il disposait de l'argent des pauvres sans y être autorisé. Il y aurait du danger pour nous, disait l'avocat de la partie civileaccepter celle somme, parce que la partie adverse nous pré- sente une somme qui ne lui appartient pas; pour payer il faut être propriétaire de la somme qu'on donne en paiement, notre adver- saire ne peut pas nous payer avec targent d'un établissement pubtic qui ne peut rien aliéner sans autorisation préalable. Du reste, il n'appert nullement que le sieur Merghelynck ait qualité pour payer au nom du bureau de bienfaisance d'Ypres, qui lui-même ne pouvait y être autorisé. pour ainsi dire dans leurs veines, grâce h cette brise de mer qui, comme l'air des montagnes, semble activer en nous le foyer de notre être; joyeux de vivre presque seuls l'un avec l'autre, d'admirer ensemble ces spectacles variés de la nature, de voir se développer sous leurs yeux l'intelligence et le cœur de leurs deux aimables enfants, Emile et Noémi n'étaient pas plus beureux qu'auparavant, mais ils éprouvaient un tressaille ment plus vif, et comme un nouvel épanouissement de leur bonheur. Était-ce une consolation que Dieu leur accor dait, au moment où ce bonheur allait sombrer, comme cette barque qu'ils virent un matin quitter le port, toutes ses voiles au vent, saluée par des cris joyeux de femmes et d'enfants auxquels, répondait sur le pont le chant cadencé des mate lots..., le soir un seul homme revint et apprit au village qu'une violente tempête avait tout englouti? Était-ce au contraire une engoisse de plus pour celui qui allait survivre, et se rappellerait toute sa vie au milieu de quels enchantements la mort avait porté le ravage dans son bonheur? Pour être continué.)

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1857 | | pagina 2