40me Année
No 4,137.
4FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
7FE.ES, 23 MAI.
L'APOSTOLAT CONJUGAL.
LE PROPAGATEUR
POUR LÀ VILLE 6 FR. PAR AN, POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
TROIS MOIS. POUR 3 MOIS.
BULLETIN POLITIQUE.
Les visites princières et royales, dont nous som
mes témoins depuis quelque temps, donnent toujours
lieu aux commentaires des nouvellistes politiques.
Toutefois l'intérêt réel ou supposé, qui s'y rattache,
s'efface devant la grande entrevue de souverains,
dont on s'entretient maintenant, et qui aurait lieu,
cet été même l'époque du voyage que le czar doit,
dit-on, faire en Allemagne. On pense, dit un des
principaux journaux autrichiens, que la Prusse,
qui désire beaucoup opérer un rapprochement
entre l'Antriche et la Russie, profitera de cette
occasion pour faire de nouvelles démarches dans ce
but. La Boisen-Halle, que nous citons, ne doute
pas des dispositions favorables de l'empereur Fran
çois-Joseph.
La cour de Berlin provoquerait une entrevue a
laquelle seraient invités, outre les trois empereurs
de Russie, d'Autriches et des Français, les Rois
et d'autres souverains allemands. On. désigne,
comme siège de ce congrès de Rois, Dresde ou
Aix-la-Chapelle.
Nous avons publié, il y a quelques mois, une
série de pièces relatives au service médical des
établissements charitables. Laissant nos lecteurs
le soio d'apprécier ces documents, nous nons som
mes abstenus d'exprimer une opinion parce qu'il y
avait recours vers l'autorité supérieure contre les
décisions prises, et parce que, dans le premier
moment, il eut été facile de confondre l'intérêt des
pauvres avec des susceptibilités personnelles, quel
que respectables qu'elles fussent.
Aujourd'hui que la question est tranchée, nous
dirons quelle a été, dès le principe, notre façon de
penser sur le remaniement du personnel opéré
(Si'ite et fi*. Voir le n° i,o34 du Propagateur.)
Il y avait un mois que cette douce ivresse durait
lorsque Noémi ressentit un léger malaise suivi de
quelques frissons, puis d'une fièvre violente. Le
médecin, homme fort habile, déméla tout de suite
une fièvre typhoïde. La malade languit toute une
semaine; des craintes et des espérances, se suc
cédant et se détruisant l'une l'autre, firent mourir
et revivre trois ou quatre fois le pauvre Emile.
Puis enfin le mal prit le dessus; et le docteur
déclara qu'il n'y avait plus d'espoir.
Noémi avait toujours été fidèle cette règle de
la piété chrétienne, de vivre comme si chaque jour
elle devait mourir. La mort n'aurait donc pu la
surprendre.Cependant aux premières atteintes
du mal, elle avait appelé auprès d'elle le bon curé
du village, un saint homme qui depuis cinquante
ans dirigeait toutes ces âmes simples et qui con
naissait les consolations appropriées h chaque espèce
de douleur. Il sut par Noémi que parfaitement
heureuse ici-bas, elle faisait volontiers Dieu le
sacrifice de tous les biens qu'elle tenait de sa bonté;
qu'elle n'avait qu'un regret, c'était de mourir avant
d'avoir ramené dans le girou de l'Eglise l'âme de
dans le service sanitaire des Hospices, du Bureau de
Bienfaisance et de la maison des aliénés.
Il u'est évidemment pas possible de soutenir que
les médecins des Hospices et du Bureau de Bien
faisance soient nommés vie. Non seulement ils
sont révocables pour cause de négligence ou d'in
capacité accidentelle, mais encore leur mandat
peut être limité et il peut même l'être après une
nomination pure et simple. Donc, la rigueur, la
loi n'a pas été violée en ce qui concerne les
médecius des Hospices et du Bureau de Bien
faisance. En les remplaçant ou a limité leur mandat.
Il est vrai que ce mandat avait été accordé et
accepté d'une manière indéfinie, et qu'une admi
nistration honnête eut commencé par indiquer une
limite dans l'avenir avant de procéder un renou
vellement. Il y avait là une question de convenance,
d'équité et de justice. Or, oui n'ignore plus quelle
est la force des pseudo-libéraux sur ces matières.
MM. Coppieters et Hammelrath faisaient ce
service depuis trente ans et plus; et sans aucun
préambule, on les remplace, oui, on les remplace
de la manière la plus brutale, les adhérents de la
clique dominante trouvent cela fort simple; ces
Messieurs avancent en âge; ils doivent faire place
aux jeunes médecins, d'ailleurs ils ont une belle
clientèle et, ce qui ne vaut pas moins, une belle
fortune. C'est tout bonnement de l'ingratitude, de
la plus offensante ingratitude: nous la réprouvons,
comme nous la réprouverions si elle s'adressait,
par exemple, a un professeur du collège communal,
que l'on écarterait parce qu'il a trente ans d'exer
cice, sous prétexte qu'il faut encourager les jeunes
gens. Comme d'habitude, on cache la vérité. Il
s'agissait de lécompenser des services politiques et
de préparer de serviles dévouements. Nous verrons
bien si l'on n'aura pas perdu plus que l'on n'aura
gagné. Il parait que le chef a prononcé ces paroles
mystérieusement sombres: vous ne savez pas,
son cher mari. - Le bon prê:re fut ému de ce
généreux abandon d'un bonheur si rare; et il eut
la confiance que Dieu récompenserait cette rési
gnation toujours si difficile, en donoaut la mort
de l'épouse une efficacité que n'avait pas eue sa vie.
Il ne se trompait pas.
C'était le soir du vingtième jour. Peu d'heures
auparavant, le docteur avait déclaré que Noémi ne
passerait pas la nuit. Cependant, comme elle avait
encore sa connaissance, elle fit signe qu'elle voulait
revoir le curé qui l'avait administrée le matin
même. Le curé revient. A cet instinct merveilleux
que donnent l'amour des âmes et une longue pra
tique du saint ministère, il sut recueillir les mots
entrecoupés que la malade articulait d'une voix
éteinte. Avec ces mots, il composa des phrases, et
reçut ainsi la dernière confession de Noémi, qui se
courba sous une dernière absolution. L'effort
qu'elle avait fait parut l'avoir épuisée; elle tomba
dans une sorte d'affaissement et de léthargie que le
médecin avait annoncée comme devant précéder
immédiatement la mort.
Le prêtre allait se retirer. Il serra tristement, en
passant, la main du pauvre Emile, et lui dit, avec
un accent paternel que son caractère et ses cheveux
blancs justifiaent amplement Mon pauvre en
fant, que le bon Dieu vous assiste
Messieurs, ce que c'est qu'une destitution. Il en
sait, lui, quelque chose; vingt-sept ans n'ont pas
affaibli ses rancunes. On comprend du reste qu'aux
yeux des pseudo-libéraux une destitution ne soit
bonne que lorsque l'on peut en profiter en per
sonne ou en faire profiter son fils.
Et les pauvres qu'auront-ils gagné ce rema
niement du service médical? Rien, absolument
rien. Les misères de l'hôpital, par exemple, ne
tenaient pas aox médecins, mais bien l'adminis
tration, qui résistait toute nouvelle mesure
proposée par les médecius, qui allait même jusqu'à
vouloir, la correspondance le prouve, qu'ils guéris
sent les malades avec moins de médicameots qu'ils
ne croyaient devoir en prescrire.
A part les convenances, il se rattachait une
question de légalité la nomination des médecins
chargés du service la maison des aliénés.
La loi du 18 juin i85o porte que le personnel
des médecins sera approuvé, tous les trois ans, par
la députalion permaneotequi pourra en tout
temps ordonner la modification ou le remplacement
de ce personnel, en cas de négligence grave, ou
d'omission de devoirs imposés aux médecins par la
loi, le tout sauf recours au Roi.
Le règlement du i" mai i85i ajoute la liste
nominative des médecins attachés chaque établis
sement, ainsi que le taux des traitements, rétribu
tions ou émoluments qui sont alloués aux médecins
des établissements publics, sont soumis tous les
trois ans, dans le courant du mois de novembre,
l'approbation de la dépulation permanente du
Conseil de la province, avec tous les renseignements
qu'elle peut juger nécessaires.
La première approbatioo doit être demandée
immédiatement après l'autorisation accordée par le
gouvernement pour le maintien ou l'ouverture de
l'établissement.
Qu'a fait l'administration des Hospices? Elle a
Ne partez pas, Monsieur le curé, répondit
Emile, en saisissant cette main vénérable et la
pressant sur son coeur, ne parlez pas, il faut
absolument que je vous parle.
Ils s'assirent côté l'un de l'autre. Emile était
suffoqué par les sanglots. Le bon prêtre remarqua
qu'au milieu des exclamations de la douleur la plus
profonde, rien d'amer ni de violent ne se faisait
jour; pas un murmure contre la Providence. Cela
lui parut d'un bon augure.
Mon père, dit Emile, quand il put parler, je
suis un misérable.C'est moi qui suis cause de
la mort de ma femme. Il y a dix ans que je lutte
contre ma conscience, et Dieu, pour me punir; me
retire celle dont j'ai refosé, par un criminel orgueil,
de suivre les conseils et d'imiter les vertus.
Malheur moi, parce que j'ai attendu ce coup
terrible pour me rendre! Mais; cependant, mer
ci, mon Dieu, vous qui permettez que ce coup du
moins fasse tomber le voile qui était sur mes yeux
Dans quelques heures, mon père, ma chère
Noémi aura cessé de vivre; mes pauvres enfants
n'auront plus de mère, et un deuil éternel aura
pris possession de tout mon être... 0 mon père, je
ne puis me faire cette idée... Et voulez-vous que
je vous dise simplement la seule consolation que
je sente poindre au fond de mon cœur?... Dieu,