Séance du 19 mai.
désigné, au mois de novembre dernier, deux non-
veaux médecins ponr le terme de cinq années.
Qu'ont fait les médecins remplacés? Ils ont
réclamé parce qu'ils croyaient être dans leur
deoxième période de trois ans qui n'allait expirer
qu'au mois de novembre i85y. D'après eux, et en
réalité, leur première nomination datait de novem
bre i85i époqueb laquelle fut ouverte la nouvelle
maison des aliénés. Mais cette nomination n'ayant
été ni faite, ni renouvelée régulièrement, c'est-b-
dire, n'ayant pas été soumise b l'approbation de la
dépotation permanente, l'autorité supérieure a pris
pour point de départ le mois de novembre qui a
snivi la promulgation de la loi du 1" juin i85o,
d'où la conséquence que la deuxième période de
l'exercice des anciens médecins était expirée en
novembre i856. C'est donc b son incurie, b sa
négligence même, que l'administration locale doit
d'avoir eu raison sur ce premier point. Mais sur le
deuxième point, celui du terme pour lequel elle
avait nommé les nouveaux médecins, sa décision
a été cassée comme verre ils resteront en exercice,
non pas pendant cinq ans, mais seulement pendant
trois ans, comme le veut la loi.
Nos administrateurs ont besoin, de temps en
temps, d'une pareille leçon. Ou ils ne connaissent
pas la loi, ou ils feignent de ne pas la connaître.
Suivant aveuglément ce qu'ils appellent leur
raison pitoyable raisonils foulent aux pieds et
les principes les plus incontestables, et la Religion,
et les lois positives. Ils se placent au-dessus de la
loipour mettre leurs concitoyens hors la loi.
Jusques b quand la ville d'Ypres sera-t-elle
affligée de pareils administrateurs?
Sous le gouvernement des Pays-Bas (1815 a
i85o) tous les fonctionnaires publics étaient
obligés, peine de destitution, d'eovoyer leurs
enfants aux écoles officielles. Celte prétention
despotique renaît aujourd'hui dans les rangs du
parti pseudo-libéral. Plusieurs journaux somment
M. de Decker, ministre de l'intérieur, de destituer
M. le professeur Serrnrede Gandcoupable
d'avoir placé son fils b l'Université de Lonvain.
Nous u'avons pas b nous expliquer sur le fait même
imputé b M. Serrure, nous constatons seulement
que les attaques dirigées contre lui, sont un spéci
men du respect de nos pseudo-libéraux envers la
liberté. S'il ne peuvent pas entraîner le gouverne
ment dans la voie suivie autrefois par le gouverne
ment hollandais, du moins ils pratiquent largement
j'en suis convaincu, me l'envoie pour m'empêcher
de succomber b ma douleur je veux faire pour ma
femme morte ce que je n'ai pas voulu faire pour
elle vivante, ou plutôt je ressens, dans ce moment
où je vais la perdre, tout le poids de ses exemples
et de ses vertus. Je serai chrétien. Ainsi je pourrai
par la prière m'enlretenrr avec ma chère défunte.
J'élèverai nos enfants comme elle commençait b le
faire elle-même, dans l'amour de Dieu et de
l'Église. Et l'épouvantable malheur qui m'ac
cable, je sens que je devrai le bénir encore, puisque
ce don précieux de la foi, que Noétni depuis dix
ans m'offrait comme no divin trésor, j'aurai su du
moins le recueillir sur son tombeau.
Mon fils, que Dieu soit béni, reprit le prêtre.
Et il faisait signe b Émile de s'agenouiller.
Celui-ci n'hésita pas. An milieu des larmes et des
sanglots, il versa son âme tout entière dans l'âme
du bon curé.
En présence d'une volonté encore hésitante,
d'une foi dont les racines lui eussent paru moins
vigoureusesle prêtre eût remis b une autre
eotrevue l'absolution qui devait faire rentrer
Émile dans le grand bercail des chrétiens. Il
voyait son pénitent si bien disposé, il contemplait
cette pauvre âme a- l'instant d'éprouver une com
motion si profonde et ponr laquelle les plus
le principe de ce dernier dans les administrations
où ils sont les maîtres.
Il est en effet de notoriété publique, que dans
toutes les localités où les psendo-libéraux sont les
maîtres, comme par exemple ici b Ypres, la
liberté d'instruction n'existe pas pour tous les
fonctionnaires et fournisseurs qui dépendent plus
ou moins de leurs administrations. Sous peine de
destitution, de refus de fournitures ultérieures, ces
parents doivent sacrifier leurs enfants b l'idole de
l'instruction publique.
Il y a des parents fonctionnaires qui s'élant
imposé de lourds sacrifices pour envoyer leurs
enfants b l'extérieur, recevoir une éducation telle
qu'ils entendaient la leur donner, ont été l'objet de
menaces, de persécutions sourdes.
Mais tous n'ont pas ces moyens pour sauvegarder
leur liberté; sur ceux-ci pèse tout le poids de
l'intolérance de nos pseudo-libérauxqui a l'in
fluence que leur donne la position d'être b la tête
de puissantes administrations qui disposent d'im
menses revenus, joignent la faculté b appliquer les
bourses accordées par l'État aux écoles moyennes et
les subsides donnés par la commune aux établisse
ments de l'enseignement moyen.
Ajoutez b tout cela les obsessions quotidiennes,
le mépris déversé dans les réunions publiques sur
tous ceux qui entendent satisfaire au devoir que la
loi naturelle et divine leur impose et user du droit
que la liberté, consacrée par notre pacte fonda
mental leur accorde, et vous pourrez juger du
système d'intolérance suivi par nos pseudo-libéraux
pour rendre illusoire l'art. 17 de la Constitution.
DISCUSSION GÉNÉRALE DU PROJET DE LOI SUR LES
ÉTABLISSEMENTS DE BIENFAISANCE.
Voici le discours de M. Alph. Vandenpeereboom
que nous publions in extenso
NOUS NE VIENDRONS PAS
Voici b quelle occasion le député libéral d'Ypres
a proooncé ces remarquables paroles
M. Osy ayant par motion d'ordre demandé qne
la séance du 20 fut fixée b midi, M. Verhaegen
s'oppose b cette proposition en criant qu'on veut
étouffer le débat, que c'est un scandale; un rire
homérique accueille cette absurdité. M. Osy insiste,
parce que dit-il nous avons beaucoup de travaux,
et M. Vandenpeereboom répond
NOUS NE VIENDRONS PAS II!
puissantes consolations n'étaient pas de trop, qu'il
ne crut pas devoir différer...
Le pénitent se releva, fortifié contre le coup
qui allait le frapper. Le prêtre sortit; Emile
alla s'agenouiller près du lit où durait toojours la
terrible léthargie
Qui dira les mystères de celte nuit cruelle, les
joies intérieures du nouveau chrétien mêlées aux
douleurs qui le déchiraientl'attente pleine
d'angoisse de ce réveil qui devait, être suivi du
sommeil de la mort? Cela dura jusqu'au matin.
Le soleil commençait b peine b paraître, et
glissait dans la chambre b travers les volets fermés,
lorsque Noémi sortit de son long sommeil. Au
soupir qu'elle poussa, Émile leva la tète, qu'il
tenait cachée dans ses mains.
Les yeux de la mourante avaient un éclat extra
ordinaire; et, quand elle parla, sa voix, si embar
rassée il y a quelques heuresétait devenue
tellement distincte qu'un éclair d'espérauce tra
versa l'âme d'Émile.
Elle vit tout de suite que quelque chose d'im-
portaot s'était passé pendant son sommeil. Emile
raconta le coup de la grâce qui l'avait terrassé,
après les longues résistances de sou orgueil. Il eut
des paroles déchirantes pour peindre son bonheur
A un argument aussi écrasant, dont se servent
parfois les jeunes miliciens de certaine université,
quand ils préfèrent la partie de plaisir b la leçon,
quelle réplique y avait-il b faire? Aussi ne faut-il
pas s'étonner que la motion de M. Osy ait été
repoussée, et que la gauche ait remporté un suc-
CCSrtMt puéril.
Uo vote a eu lieu b la Chambre des Représentants
dans la séance du tg mai.
M. Frère-Orban avait fait dans la séance précé
dente la proposition d'une enquête b l'effet de
rechercher
i° Quelle est la condition des classes pauvres
dans le pays;
2° Si les moyens employés pour prévenir ou
soulager la misère atteignent le but que l'on s'est
proposé;
3° Quelles sont les réformes b introduire dans
les institutions publiques destinées b secourir les
pauvres;
4* Quelles seraient éventuellement les modi
fications b introduire dans la législation relative
aux indigents.
A la séance du 19, le ministre de l'intérieur a
pris la parole pour déclarer que le cabinet a été
unanime b reconnaître que la proposition d'enquête,
contenue dans la motion de M. Frère, était un
ajournement indéfini du projet de loi, un rejet
déguisé. Cette proposition a été caractérisée par
M. Malou en un mot c'est, a-t-il dit, le rejet de
la loi moins la franchise.
La motion d'enquête faite par M. Frère a été
repoussée par 60 voix contre 44 et une abstention.
Parmi les membres qui ont voté pour l'enquête
nous trouvons le nom de M. Vandenpeereboom,
qui a déclaré ainsi qu'une enquête qui dure depuis
10 ans, n'a pas suffi pour arrêter son opinion sur
l'importante question de la charité.
Mercredi 20 la Chambre n'a tenu qu'une courte
séance. M. Vandenpeereboom se fondant sur les
art. 4o et 4i du règlement, a prétendu que la
discussion générale étant close, il était interdit de
voter sur la question de principe relative aux admi
nistrateurs spéciaux; d'après lui, agir autrement,
c'est se mettre dans l'impossibilité de modifier les
articles du projet. M. De Theux a démontré ensuite
que sa motion, tout en simplifiant les débats, ne
préjuge rien et laisse pleine latitude b ceux qui
voudraient proposer des amendements aux articles
du projet.
de chrétien au moment où son bonheur d'époux
allait lui être échappé. Puis, se rattachant b un
dernier espoir... Chère amie, tu es beaucoup
mieux ce matin. Tu te rétabliras, et dous aurons le
bonheur de servir Dieu ensemble.
Non, mon ami. Le plus grand de tous les
bonheurs, pour moi comme pour toic'est que tu
sois devenu chrétien. Ce bonheur, il faut bien
l'acheter. Que Dieu soit béni d'avoir voulu
accepter ma vie pour prix de cette grâce que je lui
demande depuis dix ans! Servir Dieu avec toi,
te voir apprendre b nos enfants l'amour des choses
divines, oh! ce serait trop doux! Je ne l'ai pas
mérité
Elle parlait encore qu'un brouillard passa sur
ses yeux. Elle sentit que c'était sa dernière heure
Adieu, dit elle, et de ce qui lui restait de force
elle serra le crucifix sur son cœur...
Emile poussa uo cri... Elle était morte...
Il y a viogt ans qu'il la pleure et qu'il cherche b
marcher sur ces traces, afin de la retrouver un
jour dans l'éternelle patrie.
Eu terminant, le vieux conseiller avait des lar
mes dans la voixJ'ai appris, le soir, que c'était
lui qui était Emile.