Monsieur le Rédacteur du Propagateur,
Le Progrès a refusé l'insertion de la lettre que
je lui ai adressée sons la date du 17, il ne m'a pas
nommé, dit-il, donc il n'est pas tenn, en vertu de
la loi, de tu'accorder la faveur que je sollicite de
lui; d'ailleurs, j'ai tort de vouloir occuper les
journaux d'une chose qui ne me concerne pas.
Mais le verluenx journal, n'a-t-il pas fait claire
ment comprendre que le clergé de Meulebeke avait
obsédé une vieille fille qui avait la simplicité de
croire en Dieu, et n'a-t-il pas fait planer sur lui
l'odieux soupçon d'avoir fait sortir des coffres de
la malade, une somme de 8,000 fr., qui y était
déposée? Maintenant le Progrès a l'air de dire que
ce sont des ecclésiastiques étrangers la commnne,
qui ont fait disparaître cette somme; que ce sont
eux qui ont causé tout ce remue-ménage 'a la
maisuu mortuaire, pourquoi l'honnête journal ne
dit-il de quel coin du monde sont venus ces ecclé-
Monsieur Céditeur du Progrès d'Ypres,
chose, la liberté, doit être la règle: l'intervention
de l'Éui, sons la forme do gouvernement central,
comme sons celle de l'administration provinciale
on communale, voilà l'exception. Tel est l'esprit
de la Constitution belge, dont est imprégné le
projet de loi actuellement discuté par les Chambres.
Un des effets de la loi sur la charité, selon nos
adversaires, sera de couvrir le pays de couvents,
de créer jusque dans les moindres villages autant
de personnes civiles qu'il y aura d'établissements
de moines, nonnelles ou dévoles. Telle est
l'erreur de nos adversaires, pour ne point dire leur
mauvaise foi. Voici la réponse péremptoire leur
assertion
Art. 71. a Les fondations sont autorisées par le
Roi sur la délibération de la commission admi-
nistrative du bureau de bienfaisance et sur
l'avis tant du conseil communal que de la dépu-
talion permanente.
Elles sont, après l'autorisation du Roi, accep
tées par le bureau de bienfaisance.
Donc les bureaux de bienfaisance seuls, seront
les propriétaires des immeubles des fondations;
d'après l'art, jb, la transcription en sera faite au
bureau des hypothèques de leur situation, an nom
du bureau de bienfaisance et de la fondation.
Le produit de la vente des immeubles qui
d'après l'arrêté de l'autorisation devroot être
réalisés dans un délai de deux ans, sera placé en
rentes snr l'Etat, inscrites également au nom du
bureau de bienfaisance et de la fondation.
Où seront donc les personnes civiles? Où
trouvera-t-on la main-morte?
Meulebeke a3 mai 1857.
et sa puissance? Qui dira ses joies, son énergie et
ses prodiges?
Même depuis le péché, les joies de cet amour
sont si pures, si ineffables, que le fils de Dieu,
Saints des Saints, nous les présente comme l'image
la plus vive des joies célestes et éternelles.
Votre cœur, dit-il, se réjouira comme le cœnr
d'one mère, et nul ne vous ravira votre joie.
Lorsqu'une mère donne le jour un fils, sa
peine est grande elle souffre de pressantes
douleurs. C'est la malédiction d'Eve qui pèse sur
elle. Muliercum parit, trisliam habel (Joan.,
XVI21). L'heure de son douloureux travail
est venue.' venit hora ejus. Mais lorsque son fils
est né, lorsqu'elle l'a mis au monde, non me minit
pressuras, elle ne se souvient plus de ses angois
ses, tant sa joie est vive et profonde!
Indépendamment de ces simples et belles paroles
de l'Évangile, il paraît bien que c'est nne joie
incomparable, la joie la plus douce et la plus noble,
une joie pleine de majesté et de mystère.
Il est bien remarquable qu'Eve, si récemment
maudite, Ere si coupable et si malheureuse, s'écria
siastiques qui l'insu du clergé de Meulebeke se
sont jetés sur cette proie enfouie dans une maison
où auparavant ils n'avaient jamais mis le pied?
N'est-ce pas là, de la part du Progrès une miséra
ble palinodie qui devrait faire rougir l'impudent
même?
Voici Monsieur la copie de la lettre que je viens
d'envoyer l'Éditeur du Progrès. Comme il m'a
nommé dans son n* du 21il ne peut plus prétexter
le silence de la loi pour se soustraire sa prescrip
tion formelle; j'espère qu'il posera cet acte de
réparation avant qu'il y soit forcé par le ministère
de l'huissier. Je vous prie Monsieur de reproduire
ces quelques lignes dans le Propagateur ainsi que
la lettre ci-jointe afin que le public pnisse s'édifier
sur les faits et gestes de certains organes du soi-
disant libéralisme.
Agréez etc. D. Verbeke curé.
Meulebeke, a3 mai 1857.
Je vois dans votre feuille du 21, que vous
refusez de publier ma lettre concernant une odieuse
captation qui, selon vons, a été pratiquée dans ma
commune. La loi dites vous ne m'autorise pas
exiger l'insertion de ma lettre parce que vous ne
m'avez nommé ni nominativement ni indirecte
ment. Vous ne m'avez pas nommé; soit; mais
n'avez vous pas clairement fait comprendre par
tout le contexte de votre article que le clergé de
Meulebeke, dont je suis le chef, a obsédé une
femme malade et qu'à sa mort un dépôt de 8,000
fr. avait disparu, grâce aux miracles de la bien
faisance cléricaleVous dites que je ne dois pas
ra'occuper de choses qui ne me concernent pas et
que je n'ai pas le droit d'infirmer ou d'affirmer les
faits dans lesquels je ne suis pas mêlé. Je ne com
prends pas Monsieur cette nouvelle théorie libérale;
j'ai toujours pensé que la liberté de la presse existe
pour moi comme pour tout autre. Du reste, s'il est
vrai qne le fait de la captation signalé par vous, ne
me concerne pas, ce n'est donc pas le clergé de
Meulebeke qui a obsédé la malade et qni a fait
sortir de ses coffres un dépôt de 8,000 fr., que les
héritiers y avaient laissé. Cet aveu me paraît fort
étrange; votre article auquel majeure du 17 a
répondu insione clairement le contraire. Si la peur
du code pénal vous fait maintenant reculer, je ne
vois dans ce procédé de votre part, qu'une certaine
habileté de lactique et un moyen plus ou moins
ingénieux pour vous tirer d'embarras. Mais per
mettez-moi de vous dire que vous ne vous exécutez
que sur un seul point; le fond de votre article
reste debout; il est toujours vrai, selon vons,qu'on
scandaleux escamotage a été pratiqué chez une
avec joie en enfantant sou premier-né: J'ai mis
un homme au monde'. Dieu m'a donné un fils!
Possedi hominem per Deum. Elle sentit que
c'était un retour de la bénédiction de Dieu.
Et saint Paul, longtemps après, n'iguorait pas le
secret de celte joie de notre première mère, lorsqu'il
écrivait la lumière de l'Esprit-Saint La femme
se sauvera en mettant des enfants au monde:
Mulier salvabitur per filiorum generatio-
nem.
Aussi, parmi les tendresses de la terre il n'en est
point qui ait quelque chose de vénérable et de
céleste comme l'amour maternel. Je le dis sans
hésitation c'est ici-bas le plus pur amour! Mères
chrétiennes, ne craignez point que vos enfants
usurpent dans vos cœurs la place que Dieu s'est
réservée. Aimer vos eofants, c'est aimer Dieu, qui
vous les donna; aimer vos enfants, c'est aimer
Dieu qui vous les conserve; aimer vos enfants,
c'est aimer ces àrnes immortelles que Jésus-Christ
a rachetées de son sang.
Quand vous êtes séparées de ces enfants si
chers, vous aimez Dieu qui vous les garde en son
femme malade, qu'un remue ménage d'ecclésias
tiques quelconques a eu lieu dans la maison mor
tuaire, et qu'une somme de 8,000 fr. a disparu
par un procédé que vons qualifiez de miracle
clérical.
Vous devez comprendre Monsieur, que l'hon
nêteté la plus vulgaire vous impose le devoir de
répondre ma sommation; il faut que vous
désigniez la maison ou cette captation a en lien.
Il y a ici nn grand escroc ou un vil calomniateur.
L intérêt général exige que le coupable soit connu.
Le public Monsieur est maintenant même
d'apprécier sa jnste valeur et votre attaque et
votre défense; celle-ci est aussi pitoyable que
celle-là est déloyale. Vous refusez d'insérer ma
réclame; vous n'osez plus insinuer que le clergé
de Meulebeke a fait disparaître une somme de
8,000 fr. parce que vous savez qu'il y a une
justice eu Belgique. Vous faites maintenant planer
l'odieux soupçon sur d'autres ecclésiastiques que
vous n'osez pas nommer. Je vous ai sommé d'in
diquer la maison mortuaire où la prétendue capta
tion a eu lieu, et vous gardez le silence; voos
brodez toute une histoire sur des faits de pore
invention, vons savez que votre calomnie sera
reproduite et propagée par les feuilles libérales de
toute la Belgique, et quand je vous somme au
nom de la justice, de la vérité et de l'honnêteté de
prouver votre accusation ou de vous retracter,
vous dites que la chose ne me concerne pas et que
j'ai tors d'occuper les journaux de ma personnel
Je n'ai pas besoin de qualifier un pareil procédé.
Je vous requiers au nom de la loi de publier
littéralement ma présente lettre dans votre plus
prochain n".
Agréez, etc. L'abbé Verbeke,
curé Meulebeke.
Le long discours de M. Frère résume, avec la
violence qui distiogue toujours le grand orateur de
la gauche, tous les griefs que nos adversaires
imputent au projet de loi sur les établissements de
bienfaisance. Après M. Frère, la gauche n'avait
plus besoin de parler. M. Rogier a pu se démener
et se faire applaudir par les tribunes; mais il n'a
plus rien dit.
Il va sans dire que la presse libérale est en
extase devant le réquisitoire du député liégeois.
l'Observateur ne trouve point de termes assez
élogieux ponr relever ce monument d'éloquence
politique. Les lecteurs de cette feuille ne com
prendront point comment le projet de M. Nothomb
a pu survivre cette exécution capitale. Et pour
tant il lui survivra, et l'œuvre du cabinet sera
d'autant plus solidement assise que ses adversaires
sein paternel,travers les nuages d'une séparation
douloureuse, au milieu des combats ou parmi les
orages des mers. Et quand ils vous sont rendus,
c'est Dieu encore que s'adressent votre recon
naissance et vos transports, votre saisissement de
cœur et votre joie.
Que dis-je? cet amour est si admirable; il a
quelque chose de si profond, de si divin il déconle
si sensiblement du cœur de Dieu même et des
entrailles de son infinie bonté, qu'on peut dire
sans exagération que le cœnr des mères est le
plus bel ouvrage de ses mains; du moins, Dieu
semble n'avoir pu trouver dans tonte la nature,
nne plus douce, une plus vive image de son
amour pour nous.
Voyez, quand il veut attirer loi les âmes
égarées Venez moi, dit-il, comme nne mère
caresse et console son jeune et unique enfant, je
vous consolerai, je vous porterai, je vous allai—
terai dans mon sein, sur mes genoux, comme
une mère. (Isaïe, 66-12, i3, i4.)
{Pour être continué.)