40me Année.
No 4,141.
l'armée belge.
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN, POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
TROIS MOIS. POUR 5 MOIS.
TPB.SS, 6 JUIN.
BULLETIN POLITIQUE.
La chronique de ces jonrs derniers ne comporte
qu'un intérêt assez médiocre.
Après un séjour de quelques heures h Anvers,
où la famille royale s'était rendue sa rencontre,
le grand-duc Constantin est parti, le 3, pour
La Haye. Un motif de haute convenance n'a point
permis k S. A. I. de visiter Bruxelles, que l'orgie
révolutionnaire venait tout récemment de soniller.
A peine ouverte la campagne de Kabylie a déjk
amené la soumission de plusieurs tribus hostiles h
la domination française.
Dans les deux Chambres espagnoles, au Congrès
et au Sénat, une immense majorité a sanctionné la
politique du ministère Narvaez. L'appel k la con
ciliation fait par le chef du cabinet a été entendu
et le grand parti constitutionnel s'est reformé.
Nous disions, il y a quelque temps, qu'un mot
d'ordre avait été donné par les loges de Bruxelles
k tous les journaux du parti, de rivaliser de violence
contre le clergé, les ordres religieux, la loi sur la
charité, l'opinion catholique et conservatrice. On
voulait de l'agitation, on préparait des manifesta
tions révolutionnaires. La faction de Bruxelles a
été ponctuellement obéie; tout le monde a pu
remarquer même dans notre ville, la violence de
la presse maçonniqne, les éloges décernés k la
francmaçonnerie, les calomnies contre le clergé, les
articles incendiaires contre les jésuites, etc., etc.
Heureusement la population de la ville d'Ypres,
calme, religieuse, dévouée k l'ordre n'a accueilli
cet amas d'insolences, qu'avec froideur, qu'avec
dégoût.
L'émeute dans les mes de Bruxelles est venue
nons dévoiler le but de ce déchaîoement des
passions antireligieuses et antisociales. L'émeute
ne s'est pas concentrée dans la capitale toute seule
elle s'est déclarée en même temps dans la plupart
des grandes villes du pays, où elle avait été provo
quée également par les excitations de la presse
maçonnique qui prend si ironiquement le titre de
libérale. Il faudrait être peu clairvoyant pour ne
pas découvrir dans ces faits, l'exécution d'un plan
général combiné dans les loges, et dont l'exécution
était confiée aux adeptes. Le mot d'ordre était
partout le même et l'exécution assez uniforme. On
en voulait aux membres catholiques de la Chambre,
k la presse catholique et conservatrice; on eu
voulait spécialement au cris k bas les couvents
k ce que la religion et le dévouement devraient
rendre le plus respectable. Brutalités, violences,
sacrilègesrien n'a été épargné aux paisibles
religieux et religieuses. A Jemmapes, la barbarie
des émeutiers s'est portée jusqu'k vouloir incendier
la maison des frères de la doctrine chrétienne,
après qu'ils avaient brûlé leurs meubles jusqu'k
blesser gravement ces pauvres mais dévoués insti
tuteurs de l'enfance, jusqu'k les brûler vifs, sans
l'intervention de quelques citoyens courageux qui
les ont arrachés des mains de ces forcénés; le frère
Directeur de cette maison vient de mourir par
suite des mauvais traitements qu'il a endurés.
Beaux fleurons, en vérité, pour la couronne du
libéralisme! beau triomphe! manifestation inof
fensive!
Parfont où l'autorité s'est montrée courageuse
et décidée k réprimer les désordres,|'émeute a
reculé devant elle. C'est ainsi qu'k Gand, ville
d'ailtenrs assez turbulente, l'ordr.e menacé a été
facilement maintenu ainsi k Liège il a été aisément
rétabli.
L'anarchie a été plus forte k Mons; k Anvers
surtout les manifestations ont été déplorables;
l'on y blâme sévèrement la lâche faiblesse de M.
Loos, bourgmestre d'Anvers et chef de la police.
Que de malheurs on eut pu prévenir, que de
dangers menaçants pour l'avenir de notre patrie,
l'on eut pu conjurer, si k Bruxelles, en dépit du
conseil communal, le gouvernement eut doDné
l'exemple de la fermeté et d'une vigueur résolue k
faire respecter l'ordre public et la Constitution du
pays
A bas les couvents! k bas l'armée!
Tels ont été les deux cris principaux que
l'émeute a vociférés le 29 mai.
Le premier a été le plus prodigué, parce qu'il
faut plus de lâcheté et moins de courage pour
attaquer de faibles moines sans défense, que pour
insulter nos soldats dont l'épée a toujours digne
ment vengé l'honneur.
Mais le cri de A bas f armée! n'en a pas moins
été fréquemment répété par des malfaiteurs odieux.
Le parti du désordre veot la dissolution de notre
brave armée, ou tout au moins une réduction qui
la réduirait k l'impuissance.
Les journaux subversifs ravalent sans cesse
l'armée comme le clergé.
Le cri de l'émeute a été l'expression brutale de
leurs vœux.
Le parti du désordre a toujours attaqué, bafoué,
écarté, désorganisé l'armée.
Telle est la tactique de tous les révolutionnaires!
L'histoire est Ik pour le prouver.
Les faits qui se sont passés depuis quelques jours
le confirment.
C'est parce que, partout et toujours, l'armée a
été la garantie la plus solide de l'ordre social.
C'est parce que notre belle armée belge a tou
jours été dévouée, avec tant d'énergie que de
modération et de dignité, k l'ordre, k notre Consti
tution et k notre Roi.
C'est parce qu'ils savent, les anarchistes, que
s'ils persévéraient danf leurs coupables desseins,
l'armée belge serait là,ponr-sauvec te pays.;. y!-
Il en sera éternellement fier!
Aussi loogtemps que le parti conservateur sera
au pouvoir, notre brave armée sera maiotenue sur
un pied qui lui permettra de rester k la hauteur de
sa noble mission.
Pour la gloire et le bonheur de la patrie, elle ne
disparaîtra jamais!
Mais ceux qui disparaîtront, ce sont les agents
du pouvoir qui, par complicité ou complaisance,
par incapacité ou incurie, ont compromis le repos
public, les droits les plus sacrés des citoyens et la
diguilé du nom belge.
M. Alpb. Vandenpeereboom est revenu de
Bruxelles k Ypres. Ce n'est pas la première fois. II
loge en ville dans la maison qui loi appartient,
comme c'est son ordinaire, lorsqu'il ne doit pas
jouer du libéral k la Cbambre.
Mais cette fois-ci, il fallait faire au moins du
lapage. Les ovations aux députés de la gauche, ne
faisaient-elles donc pas partie de la fête maçon
niqne qui vient de jeter l'opprobre sur le pays?
M. Alph. Vandenpeereboom avait appuyé de son
vote la gauche maçonnique, calomniatrice et enne
mie de la loi des pauvres. Laissant k MM. Malou et
Van Renynghe le rôle généreux et chrétien de se
déclarer les amis courageux et dévoués du pauvre,
il avait voulu lui, être l'instrument du parti
maçonniqne qui transforme les questions sociales
en questions de parti. Il lui fallait une ovation
La francmaçonnerie, avide du pouvoir, s'était
servie de la discussion de: la loi des pauvres, pour
soulever' les mauvaises passions et ne recule pas
devant l'émeute même. Elle fait éclater partout de
graves désordres; les libertés constitutionnelles
sont méconnues, le parlement est avili, le pouvoir
royal violenté, la constitution est entamée, l'anar
chie est menaçante, le commerce languit, la con
fiance s'affaiblit, 2Ô,ooo hommes sont enlevés aux
travaux industriels et agricoles; le pays est mis dans
d'énormes dépenses qui pourront nécessiter de
lourdes charges pour les contribuables: La Belgique
est déconsidérée k l'extérieur, et k l'intérieur sus
pendue peut être sur l'abîme d'une révolution
sociale
Et il fant une ovation
Ypres est trop belge pour prendre part aux
désordres de la rne; ambitionnait-on peut-être la
gloire d'une complicité morale, d'une manifestation
sympathique?
Disons tout de suite, en l'honneur du patriotisme
et du sentiment catholique froissés de toute la ville,
que la manifestation blâmable, pour laquelle on
avait fait de si grands efforts, k complètement
échoué. Quelques circonstances ont épargné au
député libéral d'Ypres, l'humiliation d'une récep
tion bruyante k son entrée en ville. Quelques frères
et amis seuls se trouvaient k la station pour le
recevoir. Mais M. l'Échevin n'a pas pu où n'a pas
voulu décliner l'humiliation d'une sérénade qui lui
a été donnée le lendemain.
Toute l'association libérale même celle clextra-
muros était extraordinairement convoquée, et cela
avec les instances les plus vives et les plus pressan
tes; quelques membres, se sont réunis en groupe
pour pouvoir crier de manière k être entendus; la
musique du corps des pompiers dont M. Alph.
Vandenpeereboom est le commandant, a joué et a
même donné l'air da chaut populaire de N.-D. de
Tbuyne, suivi de la Brabançonne. Une assez grande
foule de promeneurs, car il fesait beau, se trouvait
sur la petite place; elle n'a pris aucune part k
l'ovation; le groupe du parti a engagé, sollicité,
pressé la foule; il a voulu l'entraîner par sou
initiative et par son exemple la foule est demeurée
silencieuse et froide; l'ou dit qu'elle n'a répondu
que par des murmures et des propos très-peu
flatteurs, et qu'elle s'est, retirée avec la même
indifférence glaciale; ce qui du moins est certain,
c'est qu'aucun carreau de vitre n'a été cassé.