pour la ville 6 fr. par an, 4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour trois mois. FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. pour le dehors fr. 7-50 par an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75 pour 3 mois. bulletin politique. 40™e Année. M» 4,145. LE PROPAGATEUR 7?R3S, 20 Juin. L'intérêt des nouvelles politiques étrangères se résume principalement dans la lutte qui se poursuit vivement en France en vue des élec tions prochaines pour l'assemblée législative. Dans la plupart des circonscriptions électorales les candidats du gouvernement ne manqueront pas de l'emporter. Par contre Vopposition a beaucoup de chances dans la capitale, pourvu que la concorde renaisse dans ses rangs. Le général Cavaignac brigue les suffrages des électeurs en quatre ou cinq départements et nommément Paris. Il est probable toutefois que Vancien chef du pouvoir exécutif refusera comme en 185 2 de prêter le serment acquis et qu'il entend seulement faire servir sa nomina tion comme moyen de protestation. /.'Univers engage vivement les catholiques prendre part au scrutin et voter, sauf de rares exceptions, en faveur des candidats du gouvernement. La réforme proposée par le cabinet britan nique au serment parlementaire a été adoptée la Chambre des Communes par 541 voix contre 201.11 s'agissait d'effacer de la formule du serment ces mots, sur la vraie foi d'un chrétien, n contre lesquels réclamaient les Juifs. Mais 375 voix contre 83 ont écarté Vamende- ment de M. Deasy tendant faire disparaître toute la différence qui existe encore entre le serment prêté par les catholiques et par les protestants leur entrée au Parlement. En effet la formule tusage des membres non- catholiques contient encore, comme aux plus beaux jours de la réforme, une protestation contre la suprématie ecclésiastique et spirituelle du Pape. Pour compléter notre revue politique de ce jour signalons Varrivée prochaine Bruxelles de Varchiduc Maximilienl'auguste fiancé de notre princesse royale. La solution qui vient d'être donnée 'a la crise politique, met un terme h la cruelle incertitude et h l'anxiété qui tenait le pays en suspens; elle ramène momentanément le calme et le règne de l'ordre pnblic, qui peut se raffermir, si le parti des loges revient h des sentiments sages et patriotiques; elle rend anx travaux de l'agricoltnre et de l'indus trie les miliciens appelés sous les drapeaux; elle met fin aux lourdes charges qui allaient s'accumuler sur les contribuables; si la plaie gangréneuse que l'esprit révolutionnaire a faite au flanc gauche du pays, n'est pas incurable, elle permettra la Bel gique de regagner lentement l'estime et la confiance de l'Europe, que l'équipée maçonnique lui avait fait perdre. A l'ambition révolutionnaire de la gauche qui voulait la chûte du cabinet et la dissolution des Chambres, elle refuse l'une et l'autre et laisse le pouvoir lk où il se trouvait constitutionnellement, et où il devait rester. La loi du pauvre n'était qu'un faux prétexte d'insurrection on abandonne h l'opi nion ameutée son prétexte, on sacrifie la formalité d'une nouvelle loi h introduire, tout en déclarant maintenir en réalité les dispositions fondamentales de la loi, toujours et partout obligatoires comme auparavant, ainsi que l'a décidé le pouvoir judiciaire du pays. Mais, tout en sacrifiant une loi que le pays réclamait et que la majorité a le droit constitutionnel de faire passer, on sauve toutes les apparences, et l'on met constitutionnellement la majorité en de meure de se montrer généreuse. Bref, on observe toutes les lois de la logique formelle, appliquée la politique. C'est très-babile; disons plus, c'était le meilleur expédient possible, depuis que le gouvernement, par sa faiblesse inouïe, s'était mis dans la déplorable position de devoir recourir h un expédient. Pour amener une véritable solution, pour faire complè tement prévaloir les droits de la vérité, de la justice, de l'esprit constitutionnel de dos institutions libé rales, il ne restait d'autre moyen que l'emploi énergique de la force. Pouvait-on y songer au milieu de l'égarement, de la surexcitation, de la fascination des esprits, alors qu'on avait laissé prendre au mouvement inconstitutionnel et révo lutionnaire de si vastes proportions? Reculant devant la cruelle extrémité de réduire par la force une partie considérable de la nation, se trouvant dans l'impossibilité de lui faire entendre raison, il fallait chercher transiger et demander un sacrifice h la générosité patriotique d'un parti toujours digne de la Doble cause libérale, chrétienne, belge qu'il défend. L'on est navré de douleur cependant, quand on songe qu'il eut suffi de deux escadrons de cavalerie, débouchant au petit trot sur la place du Palais de la Nation, pour épargner cette malheureuse crise h la Belgique. L'irréparable faute de faiblesse étant commise, nous nous résignons h accepter l'expédient que la sagesse du Roi propose. Nous devons ajouter cependant que l'ensemble de la situation que nous a créée et l'ambitioD révolutionnaire du parti libé ral maçounique et la faiblesse du pouvoir, est un grand malheur pour la Belgique, parce que la Con stitution et la Nationalité belge ont reçu une profonde blessure parce que le pouvoir s'est amoindri parce qu'un encouragement a l'émeute est donné au libéralisme dope,h la francmaçonoerie impie et révolutionnaire, h la démagogie socialiste. Quand nous disions, il y a déjk quelques années, que le parti des loges ne professait, pour notre Constitution et pour nos libertés, qu'un respect hypocrite, et qu'uo jour viendrait où nous les défendrions seuls contre lui, il se trouvait des hom mes soi-disaot modérés et conciliants qui nous taxaient d'exagérations. Aujourd'hui que ce parti foule ouvertement aux pieds nos institutions nationales, aujourd'hui qu'il fait un appel public la violence et menace a la fois toutes les libertés conquises en i83o,on peut dire qui de nous ou de ces prétendus modérés a eu raisou Le parti exclusif a jeté le masque il se révolte contre la majorité légale, il l'attaque k coups de pierre dans les rues et coups de sophismes dans ses journaux. II affiche ouvertement la prétention de monter au pouvoir par les voies révolutionnaires et de traiter la Belgique en pays cooqois. Jusqu'k ce qu'on ait cassé les Chambres, expression légitime de l'opioion publique, il agitera le pays. C'est la presse révolutionnaire qui l'annonce officiellement, c'est-h-dire, qu'il continuera k crier: A bas les couvents! A bas le clergé! A bas Carmée! et k exploiter les calomnies atroces que ses agents répan dent partout. Que les honnêtes gens se le tiennent donc pour dit et qu'ilss'arrangenten conséquence, mais surtout qu'ils ne reculent pas devant l'intimidation, qu'ils n'écoutent point la peur, cet agent détestable dans une société politique. Il en a coûté jadis k la France son sang le plus précieux, ses biens, ses institutions, sa liberté pour avoir cédé a la peur. Au temps de Joseph II et de Guillaume, le libéralisme était plus puissant qu'aujourd'hui. En 1825, il était l'ami, le sootien et l'admirateur du gouvernement hollandais. Ceux qui crieDt aujour d'hui A bas les couvents! applaudissaient alors aox arrêtés qui supprimaient les couvents. Ce libéralisme a été vaincu par l'opinion publi que et il a succombé avec Guillaume. Au Congrès National, c'est k peine s'il a pu faire entendre une voix timide. Il revit aujourd'hui escorté de révolutionnaires émériles, et comme eD 1825, il aspire k exercer en Belgique son intolérable tyrannie. Que les conservateurs catholiques fassent coura geusement aujourd'hui ce qu'ils firent de 1825 k 1829 qu'ils se concertent, qu'ils fortifient leur union; que surtout, nous le répétons, ils ne se laissent pas intimider par les mensonges et l'audace des perturbateurs. Aujourd'hui le gouvernement leur fait défaut; en 1825 il leur était hostile; il les combattait ouvertement. La position est donc meil leure qu'alors. Mais il faut se concerter, s'entendre et agir. La liberté d'association est compromise. Le cri anti-constitutionnel A bas les couvents! prouve qu'on en veut au libre exercice du culte. Les attaques k main armée dirigée contre les journaux conservateurs de Bruxelles, constituent une grave alleiote portée k la liberté de la presse. La prétention de dissoudre violemment la majo rité légale, est la négation formelle du pacte fondamental. Il s'agit de savoir maintenant si le pays se laissera imposer le joug des loges, la lyraDDie du libéralisme exclusif, ou bien, s'il saura malgré l'inaction de ministres pusillanimes, défendre ses libertés et maintenir, par ses propres efforts, intact l'héritage qu'il a reçu de ses pères. C'est k lui k décider de sou sort.L'énergie du bien peut toutsauver.Lamollesse peut tout compromettre. Nous disons aujourd'hui aux catholiques belges ce que M. de Moutalembert disait en janvier i848 aux catholiques français Je demande que les honnêtes gens ouvrent les yeux et sachent k quoi s'en tenir sur les périls de la situation qu'ils s'arment d'une triple résolution k l'encontre des ennemis intérieurs et extérieurs qui nous menacent. Pour moi, ma conviction est que le plus grand des maux dans une société politique, c'est la peur. Oui, dans cette époque infâme et sanglante, que l'on veut a toute force réhabiliter, savez-vous quel a été le principe de toutes nos catastrophes? C'est la peur. Oui, la peur qu'avaient les honnêtes gens des scélérats, et même la peur que les petits scélérats avaient des grands.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1857 | | pagina 1