40me Année.
No 4,149.
7FB.S3S, 4 Juillet.
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an, pour le dehors fr. 7-50 par
4fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
trois mois. pour 5 mois.
bulletin politique.
On sait que ia Suède manifeste quelques tendan
ces entrer dans la voie de la liberté des cultes.
Il n'est pas mal édifiant toutefois de voir comment
le protestantisme comprend la tolérance religieuse
dans les pays assujettis sa domination. Ainsi un
nouveau projet de loi propose, la vérité, la sup
pression du bannissement pour quiconque soit de
l'église établie, mais il remplace cette peine par
l'ameode et la réclusion. Ainsi encore les mesures
les plus vexatoires, l'amende, la prison entravent
la prédication de tout culte contraire au luthéra
nisme, et, par un mépris révoltant de la conscience
et de l'autorité paternelles, l'on va jusqu'il imposer
aux parents,qui ont changé de religion, l'obligation
d'élever dans le culte luthérien leurs enfants nés
avant leur conversion. Circonscrites en des
limites aussi exigues, ces concessions la liberté de
conscience paraîtront au moins illusoires. Le clergé
luthérien et le parti ultrà-protestnot n'en ont pas
jugé de même, et la présentation des deux projets
de loi ont déjà rencontré de leur part une résistance
énergique.
Nous avons pareillement h revenir sur les événe
ments qui se passeot dans les possessions britanni
ques aux Indes. Ce n'est point, comme on avait dit,
au zèle outré des ministres anglicans'a leur
prosélytisme trop ardent qu'il faut attribuer la
Tévolte des Cipayes. Il serait plus vrai de dire que
(e gouvernement de la Compagnie des Indes-
Orientales (qui gouverne te pays sous la suzeraineté
de la Grande-Bretagne) a eu le tort de chercher
affaiblir les croyances de ses sujets, et a fait naître
cet esprit de scepticisme et d'indifférence qui est la
plaie des sociétés vieillies et qui achève leur déca
dence. La cause du soulèvement est bien plutôt,
selon nous, dans la conduite générale des Anglais
vis-à-vis des indigènes. Les Anglais, par suite de
cette fierté hautaine, de cette raideur dédaigneuse
qui les caractérisen'ont jamais su acquérir la
sympathie des peuples avec lesquels ils se sont
tiouvés en contact. Les haines peuvent s'apaiser,
les cruautés s'oublier; mais le mépris, le dédain
restent loujourscomme une barrière infranchissable
entre les deux peuples.
Puis encore, l'Inde n'a jamais été pour l'Angle
terre qu'uoe mine exploiter, et sa population
qu'une machine dont il importait de tirer parti.
L'Angleterre a poussé ses exactions fiscales jus
qu'aux dernières limites. Et de ses sommes énormes
qu'elle soutirait aux populations épuisées, elle
n'a pas même pourvu aux travaux les plus indis
pensables l'agriculture, au commerce et l'in
dustrie. Faute d'entretien, elle a laissé dépérir les
canaux d'irrigation si nécessaires dans ces pays
aussi chauds que fertiles. Faute de réparation, les
roules les plus importantes sont devenues tout
fait impraticables. Affranchissant de tout droit
l'entrée ses propres produits et imposant les manu
factures locales, la métropole a violemment écrasé
l'industrie indigène dans une lutte inégale. De là
un paupérisme effrayant et des famines périodiques
qui déciment les populations.
Et maintenant, pour remédier au mal qu'il a fait,
le gouvernement britannique s'apprête noyer
dans le sang, étouffer sous une compression
violente la révolte que ses propres errements ont
fomenté. C'est l'expédient que les journaux anglais
s'accordent suggérer au ministère. Au reste, il y a
dans la presse, dans le gouvernement, dans les
populations un élan spontané. Pour l'Angleterre I
c'est la guerre sainte, car il y va de sa puissance I!
industrielle et commerciale, il y va de ses intérêts
mercantiles.
De leur côté, sans doute, les Hindous déploieront
dans la lutte une effervescence non moins grande,
et si la civilisation européenne doit l'emporter,
longtemps encore ils lui opposeront cette impossi
bilité tenace qu'ils puisent dans le mysticisme spé
culatif et rêveur de leur religion. Uu trait, qne
rapporte l'Univers, dépeint au vif sous ce rapport
le caractère des Hindous. Il y a peu d'années,
dit-il, un régiment (indigène), contrarié dans ses
préjugés, qui l'on voulait faire manger de la
viande de vache, si nos souvenirs sont exacts,
sortit de ses cantonnements et alla s'asseoir en
plein champ, les hommes formant un cercle. Ils
restèrent trois jours immobiles et sans manger,
décidés qu'ils étaient se laisser mourir de faim,
si le gouvernement ne cédait leurs demandes.
La mutinerie d'un détachement de cavalerie
indigène fut, paraît-il, l'occasion de la révolte
actuelle. Soupçonnant que leurs nouvelles cartou
ches étaient garnies avec de la graisse de porc,
contradictoirement avec la lettre ou l'esprit de leur
religion, quatre-vingt-cinq soldats avaient mécon
nu la voix des chefs. Condamnés la prison, ils
sont, le 10 mai, délivrés par leurs camarades de
garnison Meerut. Les révoltés massacrent les
Européens et incendient leurs propriétés; mais
rejetés de la ville par deux régiments anglais, ils se
portent sur Delhi. La garnison indienne de cette
place importante et le penple font cause commune
avec les fugitifs, et le fort de Delhi où les Européens
se sont réfugiés tombe entre leurs mains. Le massa
cre fut horrible et l'on n'épargna pas mêmes les
femmes ni les enfants. Les insurgés ont placé
leur tête de gré ou de force le fils du dernier
Grand-Mogol, qui la compagnie payait 2,u5o,ooo
fr. de liste civile. En temps ordinaire l'armée
indigène monte 200,000 hommes; mais les cadres
sont généralement composés d'Européens. La com
pagnie dispose en outre de 5o,ooo hommes de
troupes britanniques.
Ces bouleversements ont, paraît-il, gravement
compromis la gigantesque entreprise de M. de
Lesseps, le percement de l'isthme de Suez. Grâces
ses actives démarches,lesavanl ingénieur semblait
parvenu rallier son projet la faveur des grands
centres industriels de l'Angleterre. Les difficultés
survenues aux Indes ont présentement tout remis
en question. Les préventions contraires ont repris
consistance, et, notamment dans les régions minis
térielles, on redoute que la nouvelle voie de
communication vers la mer des Indes ne rende, au
détrimeut du commerce et même de la domination
britanniques, les relations trop faciles entre les
pays orientaux et les contrées, telles que la France
et l'Italie, qui avoisinent le bassin de la Méditer
ranée.
rouissage du lin.
Dans la séance du Conseil communal, qui a eu
lieu le 29 juin, il s'est agi, comme nous l'avons
annoncé dans notre d*N", de la question du rouis
sage du lin dans les eaux vives de la Lys. Le Conseil
a décidé l'unanimité qu'une requête en double
sera envoyée MM. les ministres de l'intérieur et
des travaux publics, pour les prier de ne pas entra
ver cette opération, qui n'a pas toujours présenté
les inconvénients qu'on a signalés; cette année est
exceptionnelle par suite d'une sécheresse qui dure
pour ainsi dire depuis plus de trois mois. Les eaux
de la rivière n'ont pu se renouveler aussi fréquem
ment que les années précédentes et c'est ainsi qne
les effets du rouissage ont pu faire surgir plus de
plaintes qu'autrefois. D'autres motifs pour us pas
donner suite la défense de rouir dans la Lys sont
présentés et consignés dans la pétition, qui sera
immédiatement adressée au gouvernement.
D'une autre part nous apprenons que daDS
l'arrondissement de Courtrai il se fait des démar
ches pour le même objet. Sur l'appel du Collège
échevinal de la ville de Courtrai, une réunion des
bourgmestres du district a en lieu lundi en cette
ville, et on a arrêté une série de mesures ayant pour
but de contrebalancer l'effet des démarches que les
adversaires du rouissage ont résolo d'entreprendre
pour faire réussir leurs prétentions. Une commis
sion a été nommée; elle restera en permanence
jusqu'à ce que le débat soi: vidé, et que tout danger
ait disparu. Déjà, comme première mesure, une
pétition aétéenvoyée M. le ministre de l'intérieur
par les chefs des administrations cororonnales pré
sents la réunion. La chambre de commerce, de
son côté, prépare un mémoire étendu sur la ques
tion. Enfin, les conseils communaux des différentes
localités de l'arrondissement interviendront l'effet
d'appuyer le mouvementqui sera efficacement
soutenu par l'action du comice agricole de Courtrai.
Des événements qui se passent dans tous les pays
où le régime des élections existe, ressort un fait
incontestable, de nature suggérer de graves ré
flexions, et ouvrir les yeux bieo des geus que
de faux préjugés aveuglent encore.
Partout le libéralisme proprement dit, s'absorbe
de plus en plus, et s'annihile dans le mouvement
démocratique.
Les élections qui viennent d'avoir lieu en France
en font foi. Les libéraux français se sont coalisés,
ont pactisé ouvertement avec les républicains de
toutes nuances; ils espéraient se servir, comme
d'un instrument utile leurs fins, de la popularité
des républicains. Ceux-ci ont accepté l'alliance
et en ont retiré tous les avantages; les libéraux ont
été débordés par les démagogues au profit desqneis
la coalition a tourné; la queoe a emporté la tête.
Et parmi les républicains ce sont les plus avancés
qui triomphent!
Ce sont les émigrés français qui, do fond de leur
retraite ont dirigé le mouvement électoral, en
attendant mieux.
Ce sont les journaux confidents des sociétés
secrètes, publiés, dans notre pays, qui saluent avec
allégresse le réveil révolutionnaire de la France.
Ce réveil, dit le National, est tout républi-
cain et démocratique. Il y a bien quelques can-
didats orléanistes ou légitimistes; mais quelle est
l'idée, quel est le parti qui sonne la diane du
scrutin? C'est la démocratie seule qui peut et qui
l'ose? Ce résultat est d'autant plus grand que
c'est la bourgeoisie qui tient la tête de la
colonne et convie le peuple une lutte commune.
Il est désormais et plus que jamais acquis, que
tout ce qui ne veut pas le Bas-Empire eu France
ne voit d'avenir que dans la République la
France, au premier cri du réveil, proclame le
principe qui a inauguré le XIX" siècle, et fait
acte de foi dans la démocratie. Ce résultat n'est
pas moins important que l'autre.
La jubilation du radicalisme révolutionnaire de
notre pays, la vue de ce qui se passe .en France
n'a rien qui doive étonner. C'est pour lui que le
libéralisme extrême s'agite et prépare les voies;
c'est son profit que la classe intelligente et
aisée a hurlé dans nos rues, soulevé les pavés,
fait des ovations et a adressé au Roi des sommations
plus ou moins respectueuses, moins ou plus imper
tinentes. Nos libéraux, comme leurs modèles eo
France, n'ont-ils pas aussi tendu la main aux
démagogues? n'ont-ils pas aussi organisé une