FOI CATHOLIQUE*
CONSTITUTION BELGE*
41me Année.
Samedi 8 Août 1857.
Nos 4,158 et 4,159.
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
POUR LJ5 DEHORS FR. 7-50 PAR
ANS FR. POUR 6 MOIS, 2-7$
POUR 3 MOIS, wrr
7 F R 23 S 8 AOÛT.
BULLETIN POLITIQUE.
Le bruit de la frite de Delhi, qui s'était répandu il y a quel
ques jours n'itel pas encore confirmé par la voie officielleet
rencontre beaucoup d'incrédules.
Ce qui mérite moins de crédit encore. crest Faccusation lancée
par le Morning-'Post contre 'la IRussie d'avoir, par sés menées,
'provoqué l'insurrection indienne. Ainsi que le Constate uh eèt-
respondànt du Journal de Bruxelles, le véritable excitateur, le
seul coupable, c'est F Angleterre. Elle a été un vampire attaché
une proieAon seul système politique dans FInde a été de la
sucer jusqu'au sang, jusqu'à la moelle des os. il y après de dix-
huit'ans un homme compilint 'qùi a écrit un livre sur'FÎnde,
un anglais, Warren, disait Flous en avôris encôre pOur'vingt
ans dans F Inde, parce que nous avius encore pour vingt ans
prendre. Dans vingt ans. nous aurons achevé de spolier les
classes riches, les pagodes que nous commençons attaquer
seront complètement dépouillées et le peuple que nous surme
nons tombera de fatigue et diépuisement.
Ce n'est pas que F tridesoit plus malheureuse 'que Abus ses
conquérants mdhométatts èt mééOe sous'ses princes mdous. Mais
elle a oublié ses souffrances passées, et elle sent ses souffrances
actuelles. Puis il faut se souvenir que si les classes populaires
rte sont pas dans un état pire, les anciennes classes supérieures
du pays ont été dépouillées de leurs propriétés par les Anglais,
opprimées, humiliées par eux. Enfin le sentiment religieux avec
lequel il faut toujours sérieusement compter, est maintenant
soulevé contre F Angleterre .Personne n'itéra aux Indoue la con
viction' que le papier des cartouches distribuées aux cipayet est
enduit de graisse de porc ou de bœuf. Or. il y a là pour les
Indous qui déchirent la cartouche avec leurs dents, un effroyable
sacrilège. Celui dont les lèvres ont touché cette graisse (Fanimal
est par là même dégradé aux y eux 'de ses coté légionnaires
chassé de sa caste, ses liens de famille sont rompus. Comme un
lépreux moral, il est seul au milieu de la population,.hai de
tousrepoussé par tous comme un être abominableimmonde.
Ce qui <Failleurs aurait dd rendre plus circonspects les domi
nateurs de Flndoustan, c'est que depuis quelque tempeiai
rapprochement t'esi fait entre les populations 'maKdmétares de
rïnde et tes tndtius proprement ditsi Lss'Anglcné tiendront
bout dee révoltéson n'en doute pasdu moins tant que Ftneur-
rection, encore ioncentréé dans la présidence de Bombay, n'aura
pas gagné celles de Madras et de CalcuttaSi elle prenait
cette extension, observe encore la correspondance que nous citions
tantôt, ce seraient trois cent mille cipayet souledés cbntri ime
armée de vingt mille Anglais incapables dé dàniiHer seuls un
pays de loo millions d'âmes et de plus dé cent mille lieues
carrées de superficie, où il ne faut pas moins de quatre mois pour
aller d'une capitale Fautre, et que six mois de navigation
séparent de (a 'métropole. Ajoutez cela "qui les priticeé tribu
taires se soulèveraient' eb'ifué lei populations gûéètièées de
l'Afghllhtstan'et'les MaMitttes 'iétàiént bientôt eH' dénies.
C'tst li' la' pluS mauvaise chance possible'. M'est plus'vrai
semblable que l'Angleterre, cette nation puissante, opiniâtre dàns
ses desseine, tenace dans ses entreprises et qui ne ménage ni son
sang ni son or quand son orgueil et son intérêt sont fortement
engagés dans une question, finira par prévaloir contre la mollesse
et surtout ciktre lei 'divisions des '/ndéus. Mais ce stra une
longue et cdâtiilso affaire. On'tié se fait point une idèe dé cé 'que
colite un soldat anglais cette distance de la mire-patrie. Quand
il y bataille il se bat bravement. Mais hors de làtout le
service toutes les corvées retombent sur le cipaye. Celui-ci
coâte peu s'il meurt, on le remplace facilement; tandis que le
soldat anglais coâtè beauèoup et n'est'que très-difficilément,
très-Coâteùsement remplacé. Eh' bien! d'ici i longtemps on'ne
sautait pènser aux cipayes. Ms deviennent impossibles. Il faut
donc faire là guerre, ei après la guerre, dominer le paye avec
des soldats anglais. On sera obligé dédoubler, peut-être, de
tripler l'armée anglaise dans FInde. C'est pour la Compagnie
des Indes une véritable ruine, et, après la lutte, la Grande-
Bretagne doit demeurer en face des puissances rivales comme
épuisée parles sacrifices qu'elle aura faits et qui lui resteront
faire, et cela au moment où son gouvernement glisse peu peu
sur la pente d'une transformation radicale, et où elle est en
proie l intérieur une agitation qui n'est pas sans dangers.
Aussi n'est-il pas sàr que F Angleterre ne soit pas aussi épuisée,
aussi blessée par son succès qu'elle pourrait Fétre par un revers.
Utiutre part, les rivoltéi ont commis des atrocités récoltantes;
les Anglais paraissent disposés agir avee une énergie de répres
sion terrible. La haine des deux nations enlfellss nefera donc
que s'accroître et la domination britannique deviendra, dé la
part des populations indiennes, F objet dune plus profonde
exécration.
Au milieu de ces Complications le voyage de rempereur
Napoléon Osborne est fort remarqué et une importance
évidente.
A l'autre extrémité du globeon se préoccupe vivement de la
situation anormale faite d la ville de New-York par suite des
dissentiments qui existent entre la ville, où domine le parti
conservateur, et Fétat de Fftw-Tork, où lee kaoweuothiugs
sont parvenus naguère asseoir leur.prépondérance. Sentant que
le pouvoir doit bientôt leur échapper'{le résultat des élection*
présidentielles de Fan dernier leur en a fait comprendre quel
que chose,"} ils ànt voulu au moine placerquelques-uns de leurs
adhérente, fitl-ce au mépris des privilèges séculaires dont la
ville est en jouissance. L'état de New-York a réorganisé ainsi le
service de la police. Mais le mécontentement qui règne ce
sujet parmi toutes les classes de la société, s'est traduit en
émeute dame lee classes populaires pet la police agent méprisé
d'un pouvoir détesté ne s'est point senti de force maintenir le
bon ordre dans la cité.
En déclaraot que l'ennemi commnn, c'est le
catholicisme; que pour l'anéantir, toutes les nuan
ces du libe'ralisme doivent s'unir aux sectaires
protestants comme aox démocrates et aux républi
cains, nos adversaires méconnaissent ce grand
enseignement de nefre histoire: que la Belgique
n'a conservé sa nationalité, ne l'a recouvrée après
bieo des vicissitudes, que grâce a l'esprit catholique.
Si la Belgique n'avait pas été catholique, il y a
longtemps'qu'elle aurait cessé d'être une nation.
L'histoire nous atteste que tons les pouvoirs, qui
oot successivement dominé dans notre pays, depuis
plus d'un siècle, ont mis tout eo œuvre pour
dénationaliser la Belgique par la distrnetion de
l'esprit catholique qui l'anime. Or, si c'est dans sa
religion que notre patrie avait ironvé la'force de
résister h la propagande protestante du XVI siècle;
c'est aussi dates» religion qu'elle a puisé l'énergie
pour anéantir1 les efforts du pbilosophisme sous
Joseph II; ainsi que la fermeté pour s'opposer aux
tendances schismatiques du gouvernement impé
rial; c'est dans sa religion; que la Belgiqoe a trouvé
le courage pooHvtter contré le pouvoir protestant
du Roi Guillaume: Cest b sa religion, ses prêtres
alors entourés de popularité'et aux plus fervents
catholiques1 dn pays, qu'elle a'dû, même de nos
jonrs, son indépendance et ses libertés.
En attaquant donc l'esprit catholique du pays,
les libéraux renient son passé glorieux leurs èfforts
ne tendent qu'à réaliser le but que s'étaient proposé
les souverains étrangers d'asseoir leur domination
sur les ruines de notre nationalité.
Au lien 'de demander leurs inspirations aox
annales de notre p.aysj les libéraux semblent avoir
mis leur amour'propre se faire, comme les libé
raux du Piémont'ef de la Sardaigne, les instruments
serviles des démocrates cosmopolites, et comme
eux, les ridicules imitateurs des tribuns français.
N'est-ce' pas le même esprit d'opposition étroite
et systématique, la même peifidie dans le choix
des moyens qui a caractérisé les doctrinaires français
ainsi que les réformateurs italiens, que nous troo-
voos dans la conduite du pseudo-libéralisme belge?
N'a-t-il pas aussi ses journaux qui le louent, qui
l'encouragentqui lui décernent les palmes d'une
popularité sans limites, qui l'affranchissent de tonte
responsabilité dans les désordres, dont leurs décla
mations impies et sauvages ont déjà été la cause et
le signal? Ne trouve-t-on pas dans ses tendances,
celles de (Ont le parti révolutionnaire qui a failli,
nagnères encore, mettre l'Europe en feu? n'est-ce
pas la même hostilité contre la teligion et ses minis
tres? ne sont ce pas les mêmes efforts s'appuyer
sor ton! ce'qui peut affaiblir l'influencé légitime et
vraiment libérale do sentiment religieux?
Nos libéraux se glorifient comme dous, d'appar
tenir une nation indépendante et d'avoir encore,
•enls sur le coottuent; des institutions libres. Mais
qu'ils se souviennent, que c'est la religion,
rattachement qu'ont toujours en nos populations
pour le foi catholique, que nous devons d'avoir
échappé au cataclysme européen, qui partout
ailleurs a noyé 1a liberté et ses bienfaits? S'ils se
croient assez forJs pour retourner nos libertés
contre cenx de qui ils Jes opt reçues, qu'ils sachent
que c'est les retourner contre eux-mêmes, contre
ces droits dont ils se diseot si jaloux, contre leur
indépendance et leur nationalité.
Que les hommes boonêtes qui se laissent aveu
gler par des déclamations mensongères, qui ne
savent pas résister des criailleries et se laissent
traîner la remorque par uoe coterie d'ambitieux
et de brouillons, ne s'y trompent pas! Le jour, où
Cémente, l'intimidation, l'intrigue, le mensonge
auront fait sortir la Belgique des voies régulières
où elle s'est maintenue pendant un quart de siècle
le jour, où il y aura Bruxelles un ministère
d'hommes impies, de démocrates, de, franc-maçoDs,
notre patrie, dernier refuge de la liberté constitu
tionnelle sur le continent, sera bien près de se
voir effacé du nombre des pays qui s'appartiennent
Quand la Belgique cessera d'être catholique, elle
aura,perdu sa nationalité.
1L'article précédent, et qui n'est que la con
tinuation de celui que nous avons publié, il y a
huit jours, était écrit quand nous avons eu
connaissance du travail de M. Guizol, dont
nous parlons plus loin.
Notre thèse reçoit de la part de tillustre
écrivain'français une confirmation éclatante.
Il y, a, dit M. Guizot, dans la situation
évidemment critique où se trouve la Belgi-
que, deux faits capitaux que je me permets
de rappeler aux honnêtes gens et aux hommes
éclairés de ce pays, particulièrement aux
libéraux.
Le premier fait que r esprit chrétien est la
meilleure sauvegarde de la liberté politique, il
r exprime en ces termes Qu'avecunpeu de
clairvoyance et <Timpartialité on visite V\Ân-
n g le terre, la Hollande,.les États-Unisqu'on
pénètre un peu avant dans ces sociétés si
n diverses tant d'égards qu'on leur taie te
pouls avec attention, comme des êtres yi-
vanls on sera Jrappé de la grande place qu'à
travers les développements de la civilisation
et la variété des sectesa tenue et tient tou-
jours là, dans les dmes et dans les mœurs, le
christianisme dogmatique et pratique. Ces
s.peuples sont la fois devenus libres et restés
chrétiens, preuve éclatante, parmi tqnt J'au-
très, que la religion sied bien la liberté, et que
t autorité humaine se relâche d'autant plus
aisément dans le monde social que l'autorité
s divine conserve mieux dans le monde moral
son droit et sa force lieu commun sublime
qu'on se contente trop souvent d'avouer du
bout des lèvres, et qu'il faut avoir conslam-
ment présentà l'esprit quand on est appelé au
difficile honneur de travailler la fondation
ou au maintien d'un gouvernement libre.
Ce serait, de la part des libéraux belges,
une faute impardonnable de l'oublier un mo-
ment. Ils ont eu cette bonne fortune, que l'élé-
ment religieux, chrétien,catholique, a marché
s avec eux la première conquête de la liberté
ils ont encore plus besoin de son concours
pour Caffermir et la conserver. Il leur en
coûtera souvent des déplaisirs surmonter,
des ménagements garder, des sacrifices
faire qu'ils n'hésitent pas, qu'ils ne perdent
pas de gaieté de cœur Cheureuse chance qu'ils
ont obtenue Centrée de la carrièreCalliance
chrétienne est pour eux la condition du bon et
durable succès libéral, s