la belgique et le roi léopold en 1857. Le travail de M. Guizot sur les tristesévénements dont la Belgique a été naguère le théâtre, produit dans la partie impartiale et sérieuse du public la légitime sensation qu'il était aisé de prévoir. Eu vaio les principaux organes de la presse dite libé rale affirment-ils que cette étnde politique d'un des plus illustres hommes d'Etat dï sftéfè lie mérite pas d'être reproduite dans leurs colonnes, en vain s'efforcent-ils de l'amoindrir et de la cacher aux yeux de leurs lecteurs, les gens sensés veulent lire M. Guizot et le lisent. Il nous semble que cet accueil si sympathique fait.b l'opinion exprimée sur nos affaires par uo des fondateurs des institu tions parlementaires dont la Belgique est restée en possession, peut être interprêté comme un retour salutaire aux principes de i85i, et comme un avertissement efficace donné a ceux de nos adver saires qui invoquent toujours la force brutale cootre les orgaoes légaux de la volonté nationale. M. Guizot ne se borne pas d'ailleurs b blâmer les émeutes et les autres excès qui ont attristé la Belgique constitutionnelle, ni b prouver, avec une autorité incontestable, que la loi de charité ne méritait aucune des absurdes et odieuses accusations dont elle a été l'objet; il détermine clairement les conditions qui sont indispensables au maiotien du régime libéral qui subsiste en Belgique, et il démon tre, entre autres, que la religion, base de toute morale, est la plus importante et la meilleure garantie de la liberté politique et civile. Les remar ques profondes qu'il fait h ce sujet auront particu lièrement touché les esprits droits; nous les recom mandons d'une manière toute spéciale l'attention des libéraux éclairés qui aiment la vérité et la patrie. Quant b ceux de nos adversaires, malheu reusement en assez grand nombre, qui aspirent b la ruine du catholicisme et qui s'en vanteot tout haut, nous désespérons depuis longtemps de les ramener b une appréciation ptns équitable des intérêts sociaux. A ,.\m N'osant entreprendre la réfutation du travail de M. Guizot, certains journaux de la gauche fopt deux singulières objections b l'honorable pubiiciste. Ils récusent son témoignage parce qu'il o'a pas empêché la révolution de i848 et parce qu'il n'est pas Belge. La réponse se présente toute seule d'abord ce n'est pas M. Guizot, c'est la bourgeoisie libérale qui a fait ou laissé faire la révolutiou de février. Celte catastrophe était dans l'air depuis plusieurs années; nousdoutonsqu'uo homme d'Ëlat quelconque eût pu la prévenir. On ne sauve pas les nations malgré elles, et lorsqu'elles veulent se perdre il n'y a pas de force humaine qui puisse les releoir au bord de l'abîme. Après M. Guizot la république, et après celle-ci l'empire. Tel était le mouvement naturel des choses, et ce mouvement a été souvent prédit. L'anarchie, plus forte que Lonis-Philippe, ne pouvait être vaîocue que par Napoléon. Les libéraux de i848 ne se font plus b cet égard la moindre illusion, du moins en France, et leur mécontentement ne saurait être que du remords. Ensuite, nous trouvons tout naturel que M. Guizot, l'un des auteurs primitifs de la Constitution belge, calquée, en maints points essentiels, sur son œuvre de i8i4, se préoccupe du sort de cette Constitution et des moyens de la maintenir debout. Les conseils qu'il a en quelque sorte le droit de nous doDoer, doivent être écoulés, pour celte raison et pour d'autres, avec une sincère bienveillance. Nous ne sommes nullement blessés, pour notre compte, de voir un étranger de la valeur de M* Guizot intervenir dans nos débats intérieurs et émettre son avis avec une impartialité austère. Notre presse dite libérale, qui compte unp foule d'étrangers parmi ses rédacteurs et qui a si volon tiers reproduit contre nous le témoignage des journaux auglais et allemands, ne devrait pas ex primer le scrupule que nous réfutons. En iosislaot sur l'excelleot travail de M. Guizot, nous nous sentons d'autant plus l'aise qu'on ne saurait nous attribuer aucune arrière-pensée au sujet de la loi de charité. Nous ne la tenons pas poar nécessaire; nous croyons, nous avons toujours cru que la législation actuelle, telle que la cour de cassation l'a comprise, est suffisante. La loi oouvelle était certainement bonne en ce qu'elle réglait et assurait les manifeslaiioui.de la bienfaisance chré tienne. Elle était exclusivement rédigée dans l'in térêt des pauvreset devait réunir des voles unanimes. Paisqu'il en a été autrement, puisque l'esprit de parti a dénaturé et reodu presque impossible une œuvre d'intérêt national, il faut attendre que la lumière;se fasse et que la gauche elle-même, an jour désabusée, réclame cette loi avec autant de force qu'elle en a déployé pour la combattre. Quand la session des Chambres belges a été soudainement close le i5 juin dernier, dit M. Guizot le problème du régime des établissements de charité en Belgique n'a pas soudainement disparu; il est encore ib, dans les faits et dans les esprits. Je ne sais quel jour, ni sous quelle forme, ni par quel cabinet, ni devant quelles Chambres il reviendra; mais b coup sûr, il reviendra. Uo jeune officier, qui manie la plume aussi bien que l'épée,adresse les vers suivantsau Bien public: AUX MAGISTRATS DE GAND. Ai» Te soutiens-tu disait un capitaine! Soldats, tremblons!... un fier conseil d'édiles A formulé le blâme contre nous! Noos eûmes tort d'empêcher qu'en nos villes La liberté fut traînée aux égoûts. Qu'importe, amis, celte iojure nouvelle? Nous qui tenons b la for-du serment, Un pareil blâme honore uotre zèle; Rendons-eo grâce aux magistrats de Gand. Plus n'est besoin de chefs, de discipline, De règlements, ni d'inflexibles lois; Les avocats s'en vont, on le devine, Régir l'armée et le people b la fois. Viennent l'émeute et la guerre civile, Ces beaux messieurs ramasseront le gant; Car tout pouvoir vient de l'hôtel-de- ville... Tel est l'avis des magistrats de Gaud. Eh! bien, l'émeute ouvre sa bacchanale, Vite, Messieurs, allez-y mettre un frein.... Silence 1 ageqts de la force brutale, Nous respectons le peuple souverain. i. Pourtant, Messieurs, là-bas on nous appelle; Ce peuple y fait l'œuvre de l'ouragan.,.. Non, non, troupiers vous avez trop de zèle; Imitez donc les magi&irats de Gand. i9»n< ufrym-iù Nous des brutaux Messieurs les têtes fortes N'avez-vous point l'esprit en désarroi? Mais.sommes-nous des enfonceurs de portes?, Insultons-nous le fils de notre Roi? Dans de grands mots que votre orgueil se drape; Mais nous vit-on assaillir lâchement, Oui, viogt contre uo, les frères de Jemmape? Répondez donc, magistrats de Gand! Ah pour l'honneur de la fière Belgique, Pays de l'ordre et de la liberté, S'il faut lancer quelque blâme énergique C'est vous, Messieurs,qui l'avez mérité! Devant l'armée b son devoir fidèle, Certes l'émeute a dû lever lé camp; Et nous blâmer, c'est tremper avec elle, Sachez-le bien, magistrats de Gand Mais non chez vous plus d'un décret s'abrogei.. Si maintenant, Messieurs, vous nous blâmez, Hier encore vous faisiez notre éloge; A ces retours vous nous accoutumez. Achevez donc en paix vos comédies; Demain, plus tard, ehfio n'importe quand, Vous chanterez d'autres palinodies.... Nous attendons, magistrats de Gand Discours prononce parM. le Gçuverneur de la Province, en séance du 18 Juillet 1857, l'occasion de la discussion du rap port de la 2* Commission, sur la demande du comité institué Courtrai, dans l'intérêt du maintien du rouissage du lin dans les eaux de la Lys. (suite. Vojr le u» du Propagattur.) Messieurs Ge n'est pas la première fois que des réclamations surgissent contre le rouissage daos la-Lys et que cette industrie est appelée b se défendre. Nous avons trouvé dans nos archives provinciales des documents précieux sur cette lutte d'intérêts oppo sés, et ces documents prouvent qu'après de longs combats pendant lesquels le rouissage a été par iutervalle soumis aux plus dures conditions, cette industrie a cependant toujours fini par triompher desesadversaires,soit par toiérance,soiilégalement. Ces documents, Messieurs, renferment d'autres enseignements qui sont pleins d'actualité, et c'est pourquoi je vous demande la permission d'en analyser quelques-uns. Nous trouvons le rouissage en usage ao îfi™* siècle; b celte époque d'une production alimentaire relativement faible, la pêche en rivières avait une importance plus considérable qu'aujourd'hui. Aussi voyons-Bobs en i54u paraître une ordon nance sur la pêche, dans laquelle noos trouvons la défense de rouir le lin et le chanvre dans la rivière; et savez-vous, Messieurs, quels étaient alors les coupables? C'étaient les Gantoisc'est dans les rivières de Gand que le rouissage est interdit. Toutefois, daos le cours de la même année, nous trouvons la défense appliquée b une zone plus éteodne; on interdit le rouissage, également pour préserver la pêche, b partir dn Schependom jusqu'à Rectelings - brugge. Eu 1627 la même défense est renouvelée dans le même intérêt. En 1718, l'Intendant de justice, police et finan ces en Flandre, dont la résidence était Lille* publie une ordonnance sur la police du rouissage; et le 17 Mai 1725 une nouvelle ordonuaoce de la même autorité, rappelle les dispositions de celle de 1718* qni n'avait pas été généralement observée. L'or donnance défend le rouissage dans la Lys, la Scarpe, la Hante et Basse Denle et dans leurs afflueDts. Toutefois, l'Intendant autorise le rouissage dans des rigoles ou canaux appelés vulgairement mon tées, mais b la condition que ces montées seraient séparées de la rivière par une damme(c'est le mot dont se sert l'ordonnance) en terre forte de dix pieds ao moins d'épaisseur, et de ne les point ouvrir avant la fin du mois d'Octobre. Le 21 Joio de la même aouée, parait un placard de S. M. l'Empereur et Roi, qui porte les mêmes défenses, et la pêche y est aussi invoquée. Cette défense s'applique a toutes les rivières et ruisseaux de là province de Flandre; toutefois le rouissage dans les montées est permise comme dans l'ordon nance précédente. On s'était donc mis d'accord dans les deux pays sur uue mesure commune, et l'initiative venait de la France. Mais aussitôt surgissent des réclamations; c'est du pays de Waes que viennent les premières. Le 27 Juillet de la même année 1725, le grand bailly et hauts échevins de ce pays, remontrent dans une supplique b l'Empereur et Roi que les conditions mises au rouissage, rendent illusoire la permission d'exercer cette industrie, et l'Empereur répond b cette supplique en autorisant les magis trats b modérer l'épaisseur des digues selon l'exi gence, comme bons pères du pays. Voila doue le rouissage dans la Lys 9oumis b de pénibles entraves par l'autorité souveraine et savez-vous, Messieurs, quels étaient ceux qui les avaient sollicitées? C'étaient les magistrats de la circonscription de Couitrai et de Menin. Je tiens en mains une requête adressée au gou verneur général, par laquelle les bourgmestre et échevins de la ville, les baut pointers et francs échevins de la châtellenie de Courtrai, les bourg mestre et écbevios de la ville, les bailli et gens de loi de la verge de MeniD, réclament contre l'inexé cution de l'ordonnance de 1725, notamment en ce qui concerne les eaux en communication avec la Lys et la 8asse Deule. Et quels sont les inconvénients que signalent ces magistrats? Les voici Je lis le texte même de !a réclamation Puisque le blanchissage de fils et toiles souffrait infiniment par ces entreprises, par la raison que l'eau corrompue et gâtée au lieu de les blanchir, les noircit, que pins est le brassage des bières blanches qui est le principal négoce de la ville et au moyen duquel une ferme partie de ses habi- tants subsistent, en souffrait aussi considérable- meut, d'autant qu'étant composé de l'eau de la

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Le Propagateur (1818-1871) | 1857 | | pagina 2