Discours prononcé parM. le Gouverneur
de la Province, en séance du 18 Juillet
1857, l'occasion de la discussion du rap
port de la 2" Commission, sur la demande
du comité institué àCourtrai, dans l'intérêt
du maintien du rouissage du lin dans les
eaux de la Lys.
(Suite. Voir le n» 4>'5g du Propagateur.)
Messieurs,
Les requérants exposent l'Empereur que
cette défeose leur est tout-à-fait préjudiciable et
les met dans l'impossibilité de faire rouir leur
lin, la pluspart des dits habitants n'ayant point
d'autre eau pour s'en servir cet effet, ou s'ils en
ont qui n'est pas propre pour le rouissage du lin,
celui qui est roai dans les dites montées étant au
double en valeur de celui qui le serait dans une
eau dormante. Etc., etc. De plus si cette
défense de faire rouir les lins dans les montées en
deçà de la Lys doit avoir lieu, cela donnera
occasion de faire passer tout le lin en fraude de
l'autre costé de la rivière, domination de la
France, où non obstant les défenses faites de la
part de l'Intendant, seulement il est permis, au
moins toléré de le faire rouir si avant qu'acluel-
lement toute la Deule qui se décharge dans la
f.ys et la Lys même du côté de la France, sont
remplis de lin qu'on y fait rouir, ce qui est un fait
qu'on est en état de vérifier et ce qui donnerait
encore occasion aux ouvriers d'y passer pareil—
lement et s'y établir pour y travailler le lin,
botteler, peigner, filer et le réduire en toile en
ces quartiers, et s'établiraient en France, au grand
interest de Votre Majesté et préjudice de vos
n fidèles habitants qui par là deviendraient hors
d'état pouvoir continuer le payement de leurs
aydes et subsides, comme il a été dict cy dessus.
Et on a de tout temps si fort connu l'avantage,
même la nécessité de faire rouir les lios dans les
eaux ayant communication avec la Lys, que les
officiers de la maîtrise des eaux et forêts vers l'an
1704 en ayant Voulu empêcher le rouissage, et
ce sujet fait faire plusieurs calangiées, prononcé
des condamnations d'amendes contre les habitants,
les magistrats se sont pourvus au Conseil d'État
du Roy très chrétien lequel, après pleioe con-
naissance de cause, par arrêt du 26 Janvier 1704,
a maintenu les habitants dans la possession où ils
étaient de faire rouir leurs lius, ainsi qu'il est
voir par la copie du dit arrêt ci jointe, et même
on est en état de vérifier que, non obstant les
anciennes défenses portées par les placards
les dits habitants ont toujours été dans une
continuelle possession de faire rouir leurs
lins, n
Vous voyez, Messieurs, qu'en France les officiers
de la maîtrise des eaux et forêts avaient fait des
poursuites contre les rouisseurs, et qu'un arrêt du
Conseil d'État du 26 Janvier 1704, avait maintenu
les habitants dans leur droit de rouir, contre ces
officiers.
Or, savez-vons en vertu de quelle disposition
légale les officiers de la maîtrise croyaient pouvoir
agir contre les rouisseurs? C'était en vertu de
l'ordonnance de 1669, la même qu'on invoque de
nouveau aujourd'hui contr'eux.
J'ai le texte de cet arrêt sous les yeux, voici ce
qu'il dit
Sur la requête présentée au Roy en son conseil
par les Estais et Magistrats de la Flandre, con-
tenant que les exactions que les officiers des
maîtrises deces provinces exercent journellement
contre les sujets du pays, sous prétexte de l'or-
donnance des eaux et forêts de l'année 1669 qui
n'est point suivie n'y observée dans la Flandre
comme contraire aux ordonnances des Princes du
pays et ses coutumes et usages, ayant donné
lieu auxdits États et Magistrats d'en porter leurs
plaintes a Sa Majtc jls auroieut demandé ou que
les officiers de ces maîtrises se renfermassent
faire leurs fonctions, comme elles étoient exer-
cées avant la création de ces charges en titre
d'offices, cy ce n'est pour les bois et forets de Sa
Maj'" a l'égard desquels l'ordonnance de l'an
1669 seroit suivie et observée, ou que les officiers
des maîtrises fussent réunis aux corps des Estais
et Magistrats, pour les faire exercer suivant les
coutumes et usages du pays, sur quoy Sa Majl°
auroit renvoyé les parties devant les sieurs In-
tendants de ces provioces, pour les entendre et
n donner leurs avis et cependant fait defendre a ces
officiers de rien en prendre ny innover jusqu'à ce
que les questions ou contestations portées par-
devant Sa Maj,<s eussent été décidées, et depuis
auroit encor fait rejterer les deffences ces offi-
ciers d'en faire aucunes poursuites en exécution
des ordonnances qu'jls pourroient avoir rendues,
ensuitte des visites qu'jls auroient fait particu-
lierement pour le rouissage des lins, et comme ces
officiers n'ont pas laissé, au préjudice de ces
defenses, de continuer de faire mettre en exécution
les condemnations d'amende qu'jls avoient pro-
noncéessurle fait dudit rouissage contre plusjeurs
particuliers, qu'jl est d'ailleurs très jmportant
dans la présente conjoincture de ne pas jnter—
rompre le commerce des lins, qu'jl est une des
principales resource, a une grande partie des
habitants desdits pays, pour satisfaire aux jmpo-
sitions dont jls sont chargés pour le service de Sa
Majesté, ces causes requiroient lesdils Estais et
Magistrats qu'jl plait a Sa Maju d'y pourvoir, en
attendant qu'elle ait eu la bonté de statuer sur les
requetes des parties, et les avis des sieurs Inten-
dants, et cependant faire main levée des choses
saisies et exécutées avec restitution des sommes
payés Veu lad* req", ouy le rapport du sieur
Desmarets, Conseiller ordinaire au Conseil Royal
Directeur des finances, le Rqy eu son Conseil,
ayant égard lad* req", a ordonné et ordonne
que par provision et sans préjudice du droit des
parties au principal, jl sera sourcis toutes pour-
suites au sujet des amendes, proooncées par les
officiers des maîtrises particuliers des eaux et
forets des provinces de Flandres pour fait de
n chasse et rouissage des lios, fait Sa Majt<! defences
auxd" officiers d'en prononcer aucunes pour
raison de ce, de troubler les Magistrats desd"
provinces dans la possession où jls sont de con-
noître de ce que regarde la chasse et les habitants
dans le rouissage des lins, jusqu'à ce autrement
par elle en a été ordonné, sur les avis des sieurs
Intendants et Commissaires des parties dans les
provinces, ordonne que les choses saisies, pour
raison du payement desd" amendes, seront ren-
dues et restituées par les gardiens et dépositaires
d'jcelles, quoy faire, jls seront contraints, quoy
faisant jls en demeureront bien et valablem'
deschargés, aijoint Sa Maju auxdits sieurs Ioten-
dants et Commissaires des parties et aux grands
maîtres des eaux et forets dans lesd" provinces
de tenir chacun en droit, soit la main l'execu-
tion du présent arrêt, non obstant toutes opposi-
lions ou autres empechemens quelconcques.
[Pour être continué
chronique judiciaire.
un homme brutal. Une qualité singulière
que possède un individu traduit devant la police
correctionnelle de Paris, appelle sur lui l'attention
de l'auditoire son œil gauche, frappé en plein
par un rayon de soleil, reste fixe et grand ouvert
comme celui d'un aigle. L'autre, beaucoup plus
humain, clignolte, pleure, fait mille contorsions
pour éviter le rayon éblouissant; ce contraste
donne au prévenu une physionomie étrange.
On a déjà deviné que cet œil qui regarde le
soleil comme l'oiseau de Jupiter est un œil de
verre, objet de pur ornement, dont la complète
incapacité comme organe a causé son propriétaire,
M. Bouton, un désagrément qui l'amène devant la
police correctionnelle.
m. le président. Votre conduite a été d'une
brutalité incroyable; comment! parce qu'un pas
sant vous heurte sur un trottoir étroit, vous vous
retournez et vous lui envoyez un coup de poing
de toute votre force en plein visage.
Le prévenu baisse l'œil droit d'un air honteux;
son œil gauche n'exprime pas la moindre confusion.
Le passant, m. mirault, expose sa plainte Je
ne compreods pas, dit-il, la colère de M. Bouton;
il y avait une espèce de petit encombrement sur le
trottoir, j'étais pressé, lui aussi sans doute; il paraît
que je l'ai heurté.
bouton. Vous pouvez même dire bonsculé.
mirault. Mon Dieu! je n'en sais rien; c'est
possible, mais c'était sans intention; vous m'auriez
demandé une explicationque j'aurais été prêt
vous faire des excuses. Au lieu de cela, vous tombez
sur moi comme si je vous avais insulté volon
tairement.
bouton. Je l'ai cru.
mirault. Pourquoi vous aurais-je insulté; je
n'avais pas l'honneur de vous connaître. Du reste,
j'ajoute que vous m'avez au moins bousculé autant
avec votre coude; j'aurais été aussi bien que vous
en droit de me formaliser.
bouton. Moi, c'est différent; j'ai le malheur
d'être borgne du côté où vous passiez, et comme
j'avais l'autre œil dirigé sur une affiche placée du
côté opposé, je ne pouvais pas vous voir.
mirault. Je ne peux pas deviner que vous êtes
borgne.
bouton. Vous avez bien vu mon œil de verre?
mirault. Pourquoi i'aorais-je vu? il ne m'a
pas vu, lui. (Rires bruyants dans l'auditoire.) L'œil
de verre de M. Bouton reste impassible, mais l'autre
paraît irrité de l'hilarité causée par la réponse de
M. Mirault.
Le tribunal condamne M. Bouton 100 francs
d'amende.
nouvelles diverses.
La distribution des prix aux élèves du collège
Saint-Vinceut de Paul, aura lieu aux Halles, jeudi
20 août, deux heures de relevée, et sera présidée
par S. G. l'Évêque de Bruges.
La distribution des prix aux élèves du collège
communal et de l'école moyenne de l'État, aura
lieu aux Halles, demain jeudi, 5 h. de ielevée.
La ville de Ruremonde vieot d'échapper un
immense danger. Il existe danscette villeune vieille
tour dite de Kruidloren, un des restes des ancien
nes fortifications. C'est là que l'on garde la poudre
des magasiniers, qu'ils ne peuvent avoir chez eux,
pour prévenir des malheurs. Il y a plusieurs ouver
tures dans cette tour, pour renouveler l'air. Trois
garçons ayant vu un pigeon entrer dans une de ces
ouvertures, voulaient s'emparer du volatile, et
cet effet, ils entrèrent dans l'ouverture et se laissè
rent choir au fond dix pieds de profondeur.
Comme il faisait noir en cet endroit, les gamins se
procurèrent du feu au moyen d'allumettes et,
voyant des sacs poudre, ils s'emparèrent d'une
certaine quantité et se traînèrent hors de la tour.
Quand on pense que la tour renferme environ
1,600 kil. de poudre!... On peut être certain qne
si le feu y avait pris, la moitié de la ville aurait
sauté. Les gamins se sont amusés avec la poudre,
mais ils ont acheté cher ce plaisir dangereux, car
toute la quantité ayant été enflammée, ils ont reçu
des brûlures tellement fortes, que l'un d'eux est
agonisant et que les autres ne survivront pas long
temps leur malheureux camarade.
On signale deux opérations importantes dans
la province de Zélande (Pays-Bas), qui Auront pour
effet de porter un tort corisidérable, dit-on, au
port d'Anvers. Ces opérations sont i° le barrage
de l'Escaut oriental, qui unira continentalemen; la
Zélande la ville de Berg-op-Zoom, d'une part,
l'île de Tholeo, d'autre part, et la province
d'Anvers, d'une troisième part; 20 le chemin de