No 4,161
pour la ville 6 fr. par an, PO™ le dehor& fr. 7-50 par
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE» an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
trois mois,
bulletin politique.
pour 3 rtôis.
4Ime Année.
LE PROPAGATEUR
7PB.23S, 14 Août.
La question des principautés danubiennes semble
devoir s'arranger h l'amiable, et l'espoir que le
conflit ne sortira pas du terrain diplomatique, se
confirme pleinement. On prétend que, sur la pro
position de la France, les difficultés pendantes
seraient renvoyées aux délibérations d'une con
férence des diverses puissances, et que déjà l'An
gleterre aurait consenti en principe l'annulation
des élections Moldaves. L'entrevue d'Osborne a
puissamment contribué amener cette solution
pacifique.
Les grives intérêts que l'Angleterre a en jeu
au-debors, tendent de plus en plus apaiser les
agitations intérieures qui la dominaient récemment
encore. La question du serment des Juifs, que les
Communes semblaient disposées trancher sans
délai, est décidemment ajournée la session pro
chaine.
Des nouvelles reçues de Bombay du i4 juillet,
annoncent que Delhy n'est point encore prise,
et qu'il y a eu de. nouveaux soulèvements de
troupes dans neuf villes.
Dans les Etats Sardes on sigDale de nombreuses
arrestations, et le roi a failli être victime d'un atten
tat main armée.
Les journaux américains parlent depuis plusieurs
mois d'une expédition militaire organisée par le
gouvernement de Washington pour aller installer
un nouveau gouverneur dans le territoire d'Utah,
occupé par les Mormons. Dans le principe, on
disait même, qu'au moyen de ces forces, on con
traindrait les Mormons respecter les bases de la
civilisation chrétienne, et que la polygamie ainsi
que leurs autres coutumes immorales seraient for
mellement abolies. Aujourd'hui on envoie bien un
corps de 3,ooo hommes pour accompagner le
LA ®RAINI©(Hlg
(Soite et fin. Voir le n° 4,'6o du Propagateur.)
Ensuite mon régiment fut envoyé en Afrique.
Là, dans un engagement meurtrier, j'eus le bonheur
de sauver la vie mon colonel; je fus fait sous-
lieutenant, et le colonel me prit en amitié. Il était
vieux déjà, moins d'années que de fatigues et de
chagrins; il avait perdu une femme qu'il adorait,
et un fils qui aurait eu mon âge. Cette dernière
circonstance ajoutait son affection pour moi. Je lui
confiai mes peines; il me consola et m'encouragea.
Bientôt je le vis dépérir, et il m'annonça avec
calme qu'il se sentait près de sa fin Etienne,
ine dit-il, je n'ai plus ni femme, ni enfant, ni
famille; tout se borne pour moi des collatéraux
éloignés que je n'ai jamais vus. Je te laisse ma petite
fortune; je sais, d'après tes confidences, qu'en te
faisant riche, je te fais heureux. Quelques
mois après il mourut; je suis revenu en France...
et me voilà.
Monsieur Étienne, lui dit Suzanne, je vous
félicite de votre nouvelle fortune maintenant c'est
moi qui suis pauvre... Hélas! vous ignorez les
malheurs qui ont fondu sur cette maison..v
oouveau gouverneur de l'Uiah. Mais on se bornera
exiger des Mormons obéissance aux lois des
Etats-Unis. Si le prophète Bringham-Young
s'était borné jouer vis-à-vis de son peuplé le
rôle de grand pontifé et de révélateur, les États-
Unis lui eussent Conservé vraisemblablement là
charge de gouverneur de l'Utah. Mais il a voulu
secouer le joug bien léger qui le rattachait atl
pouvoir fédéral; il a chassé les jugés envoyés de
Washington, et il a prétendu être seul juge et seul
pontife. Alors seulement Briogham-Young a été
destitué par le gouvernement; mais la civilisation
chrétienne n'aura rien gagner aux mesures poli
tiques qui vont être prises contre les Mormons.
D'après les principes du Self - Governement,
pour qu'une loi défendant la pluralité des femmes
existât, il faudrait que les Mormons eux-mêmèsj
citoyens de l'Utah, l'eussent votée. Aux termes dé
la Constitution des États-Unis, le pouvoir fédéral
n'a aucun droit d'intervenir dàns les questions
d'intérieur. Si donc lé gouvernement de Was
hington avait la conscience de l'immoralité des
Mormons, le seul moyen de rester fidèle la
civilisation chrétienne serait de conper ce membre
gangrené et de déclarer que le territoire d'Utah ne
fait plus partie de l'Union. Mais Utah est sur la
route de Californie. Ce pays sert relier les États
dti Pacifique avec ceux de l'Atlantique. Il n'y a
donc pas lieu d'espérer qu'oo en vienne jamais
ce remède héroïque.
Quels sont les motifs de la guerre que les
pseudo libéraux ont déclarée au clergé?
A les entendre, t'est parce que le clergé s'oc
cupe de politique, parce qu'il veut s'emparer
de tout, devenir maître du pays, nous ramener
vers le moyen-dge, rétablir la dîme, la main
morte et l'inquisition par dessus le marché.
Balivernes que tout cela! beaux mots et
Pardon, mademoiselle, je sais tout; mes pre
mières questions en arrivant dans le pays, ont été
pour vous, pour votre frère, pour cette ferme où
j'ai si longtemps mangé le pain de votre père...
Et vous avez su que mon frère ruîoé, était
én fuite, que cette ferme avait été vendue, et que
j'allais être, d'heure en heure, contrainte de la
quitter?...
La quitter En êles-voos bien sûre?
Hélas! oui. An moment où y entrera le
nouveau propriétaire, il faudra bien que j'en sorte.
Non, mademoiselle; c'est lui au contraire
qui vous supplie d'y rester... jusqu'à ce qu'il puisse
l'habiter avec vous, dit Étienne en tirant de sa
poche une liasse de papiers, et en fléchissant le
genou devant Suzanne.
Quoi! c'est vous! s'écria-t-elle, éperdue.
Eh! quel meilleur emploi pouvais-je faire
de la succession du colonel? Je me suis caché
pendant quelques semaines, et c'est là ce qui m'a
le plus coûté. J'ai mis dans mes intérêts M" Ermel,
le vieux notaire du canton; il n'y a pas eu de
surenchère, et...
Et la ferme est vous?
Oh! non, pas moi... nous, reprit Étienne;
car ce secret, que j'avais confié au colonel; ce
chagrin qui me fit partircette espérance qui m'a
phrases sonores, mais paroles vaines et décla
mations Vttgùes et futileS
Poulet-vous connaître les vrais motifs?
Nous Vous les dirons. Mais h'allez pas écouler
les plaintives et hypocrites protestations de nos
pseudo-libéraux ils Sè récrieront, parce qu ils
se sentiront piqués il n'y a que la vérité qui
blesse.
PoutqUoi le Clergé éèt il le point de fniré des
attaques de tous nos libérauxde ceuX qui ont
le menloU encore imberbe jusqu'à ceux qui
portent cheveux blancs?
C'est parce que le clergé travaille au salut
des ameS, parcè qu'il déploie, parmi nous,
corhmé par toutè là Belgique, un zèle admira-
blépàrce qu'un bien immense s'opère par ses
mains, et que de ce bieh, le pseudo-libéralisme
n'en vêtit point.
Si le Clergé belge voulait èe condamner a
l'inaction, s'il était CotHhië le clergé ahglicàn,
I uniquement occupé dépenser dans line Sainte
oisiveté des revenus ériàtmeè sicomme le
clergé russe, il n'était qu'un ignorant et muet
instrument entre les mains de la politique d'un
maître aussitôt la paix serait faite, on laisse
rait s'engraisser les prêtres d'une idole muette
et immobile, on les entourerait d'hommages et
(de respect, ils seraient les ministres vénérés et
débonnaires du Dieu des bonnes gens.
Mais voilà ce qui n'est point. Le clergé
exerce dés jonctions au nom du Dieu vivant,
au nom du Christ dont il prêche la loi; il dé
clare la guerre aux désordres qui souillent le
monde, il combat pour le bien contre la conta
gion du mal, il se présente devant le monde non
seulement avec son symbole, mais encore avec
son Décalogue, il est lé censeur inflexible du
vice, il méprise les richesses et les honneurs de
la terre quand il doit leur sacrifier sa conscience
ramené... vous avez tout deviné, n'est-ce pas?
Suzanne ne répondit rien; mais son émotion et
sa rougeur avaient déjà répondu pour elle.
Pourquoi mon malheureux frère n'est-il pas
ici? dit la jeune fille après un silence; chose
étrange! ajouta-t-elle, il s'est perdu pour être sorti
de son état, et M. Étienne a rencontré la fortune en
s'élevant au-dessus du sien! Tout le malheur de
l'on, vient de ce qu'il est allé au collège; tout le
bonheur de l'autre, de ce qu'il est allé l'école!
J'avais en ce moment les regards tournés vers le
verger; deux gamins du village, enhardis par une
longue tolérance, étaient entrés par une des brèches
de la haie, et dérobaient cœur-joie les dernières
poires. Seulement l'un des deux, plus actif et plus
leste, s'était hissé jusqu'à la cime de l'arbre et
mangeait les poires mûres; l'antre avait trouvé
plus commode de casser la branche sans bouger de
terre, et détruisait tout la fois fruits mûrs et fruits
verts, bourgeons et feuilles, récolte de la saison
présente et espérance des saisons prochaines.
Mademoiselle, dis-je alors Suzanoe en lui
montrant les deux maraudeurs, la science et la vie
ressemblent un peu ce poirier; les fruits en sont
bons, mais ils sont hauts et, il faut savoir les
atteindre. Jacques a cassé la branche, et Étienne
est monté sur l'arbte.