ÉTAT CIVIL D'YPRES, en 1725 du rouissage, et faire naître ces restrictions qu'il fallut bientôt après rapporter; 3o années seulement se sont écoulées, et nous voyons les habitants de cette châtellenie se plaindre qu'on porte des euiraves cette même industrie qui en 1725 m corrompait les eaux, exposait les habitants des maladies, ainsi que leurs bestiaux, qui por- tait ptéjudice aux brasseries, aox blanchisseries et qui causait d'autres grands désordres. C'est le cas de dire quantum mutati ab illis. Les entraves dont se plaignaient alors ceux de la châtellenie de Courtrai, tenaient aux précautions que prenait la douane contre les exportations en France. C'est ainsi qu'en 1755 nous voyons le Duc Charles de Lorraine interdire le rouissage au-dessus de l'endroit appelé la Volandre, et l'année sui vante permettre le rouissage aux habitants de Lau we et de Reckem. On ne trouve plus de disposition d'aucune espèce relative au rouissage, k dater de 1756. Pendant cette dernière moitié du siècle où l'in dustrie linière a pris dans notre pays un développe ment immense, le rouissage semble avoir conquis une liberté complète, grâce sans doute au bien-être que le travail du lin répandait dans toute la Flandre. Nous ne trouvons plus aucune trace de plaintes ou de réclamations qui auraient surgi pendant ce long intervalle: il n'était plus question ni d'odeur infecte et malsaine, ni d'industries paralysées; ces eaux sales étaient un Pactole qui roulait de l'or k travers les deux Flandres, le fléau d'autrefois ne troublait plus personne. Ceci me rappelle une dissertation que j'ai lue récemment et dans laquelle l'Auteur d'un journal agricole déconseille l'emploi des matières fécales dans la culture des céréales et des racines, en sou tenant que le pain et les légumes contractent la saveur de ces matières. C'est probablement aussi parce que nous savons que l'emploi de ces engrais nous donne de bonnes récoltes, là où nous en aurions de mauvaises, que nous avons le sens du goût moios délicat que l'auteur dont je parle. Ainsi, k partir de 1735, régime de liberté pour le rouissage dans la Lys, sauf des précautions de douanes; ce régime dure jusqu'au 16 Mars 18 to, époque k laquelle paraît pour notre province un arrêté du préfet, qui permet de rouir dans la Lys, dans les encaissements dit ballons, mais qui interdit néanmoins le rouissage du 1" Juillet au i5 Août inclusi vement, eu réservant aux sous-préfets d'Ypres et de Courtrai de permettre qu'il ait lieu, même dans cet intervalle, quand la saison est pluvieuse. Cet arrêté ne faisait évidemment quesaoctionner ce que l'usage avait établi depuis de longues années, mais il réglementait cet usage. Considérant, disait l'arrêté, que si l'avantage du commerce et de l'agriculture demande que le rouissage ait lieu dans le lit même de la rivière, il convient de régler la manière dont les dépôts s'y feront pour qu'ils ne puissent gêner le service de la navigation. Qu'il importe aussi d'interdire le rouissage dans les temps de grande sécheresse et de chaleur excessive, afin d'éviter les suites funestes que pourraient causer la stagnation des eaux et la putréfaction des matières végétales. Telle est la dernière disposition réglementaire qui ait été portée sur le rouissage dans la Lys. Messieurs, si je me suis permis de faire passer sous vos yeux, cette série d'ordonnances diverses sur la matière qui nous occupe, c'est qu'il importait d'établir que le rouissage et notamment le rouissage dans la Lys, a été de tout temps l'objet d'une législation spéciale,et que lesintérêtsquis'attaohent h cette branche importante de l'industrie linière, ont depuis plus d'un siècle paru tellement graves, tellement considérables, qu'ils ont'prévalu aux yeux des souverains, sur les inconvénients qui qui pouvaient en résulter. Oo a argumenté dans un mémoire k l'appui des réclamations de la ville de Gand, de l'ordonnance française de 1669, publiée en Belgique, en vertu de l'arrêté du 19 Ventôse an VI, et vous avez vu qu'en France même, il y a pins d'un siècle et demi, le Roi en sou conseil d'État n'avait pas permis que cette ordonnance fut appliquée au rouissage dans la Lys. Pour être continué.) NOUVELLES DIVERSES. La distribution des prix au pensionnat de Moorslede a prouvé une fois de pins combien on y donne dans la plus grande perfection possible l'en seignement de la langue française, anglaise et allemande. Oo ne peut vraiment pas trop recommander, cet établissement aux parents. Plu sieurs demoiselles appartenant la boone bour geoisie d'Ypres et des environs s'y dintinguent. [Communiqué.) Mr Gustave Kesteloot, fils de M' le Notaire Kesteloot de Thourout, vient de passer son examen de candidat-notaire, avec satisfaction, devant le jury combiné de Louvain-Liège. Le journal officiel de Hollande publie de nouveau trois rapports provisoires sur la moisson. Ils concernent les provioces de Gueldre, Hollande septentrionale et Overryssel, et annoncent géné ralement une récolte favorable. Lundi ont eu lieu les obsèques de M. Bazire, agent de change, chevalier de la Légion d'Hon neur, mort presque subitement. On a rappelé que M. Bazire comptait parmi ses ancêtres un person nage historique. Lui même touche aussi k l'histoire, ainsi qu'on va le voir par le fait suivant dont nous pouvons garantir l'exactitude Le 25 février i848, alors que le Roi Louis-Philippe et la Reine Amélie quittaient k pied le "palais des Tuileries, M. Bazire se trouvait sur la place da Carrousel. Les quelques personnes qui composaient ce triste cor tège firent monter le Roi et la Reine dans une voiture de place, mais le cocher refusa lâchement de marcher. M. Bazire, indigné, prit le cocher au collet, le jeta par terre, et prenant sa place sur le siège, il conduisit Louis-Philippe et la Reine Amélie jusqu'à Saint-Cloud. La cour de Nancy s'est montrée sévère dans l'affaire de l'accident arrivé sur le chemin de fer de l'Est, près de Bar-le-Duc. Elle a infirmé le jugement de Bar, en doublant toutes les peines. Ainsi, Hully, le chef de gare, condamné a un an, a vu sa peine élevée k deux ans; Rouaux, le surveil lant, fera six mois de prison an lieu de trois; Valet, chef d'équipe, un an de prison au lieu de six mois. Enfin, Docourt, sous-chef de gare, acquitté k Bar, a été frappé d'une condamnation de trois mois de prison. Un journal français publie la dépêche sui vante, datée de Tunis, 12 août, et donnant des détails sur les faits déplorables qui viennent de s'y passer Un derviche ayant, sur une place, désigné un Israélite comme blasphémateur, la populace s'est jetée sur le malheureux juif; on a pu le lui arracher des mains, et il s'est réfugié dans le local de la Bourse. Mais la foule a envahi cet édifice, où elle a tout brisé. De Ik elle s'est portée aux bureaux des Messageries, criant Mort aux Juifs! Mort aux Francs! Le consul français s'est rendu en toute hâte près du Bey, a la Marsa, et a réclamé des troupes pour la protection des personnes et des propriétés européennes. La plus grande efferves cence règne dans la ville. TURQUIE. En rendant compte des fêtes qui ont eu lien k Constanlinople, a l'occasion du mariage d'une des filles du Sultan, les jonrnaux ont parlé de l'audience que S. M. Abdul Medjid a voulu accorder, en cette circonstance, aux religieuses catholiques qui rendeot de si grands services dans sa capitale. Nous croyons, dit l'Univers, qn'on lira avec intérêt l'extrait suivant d'one lettre écrite k ce sujet par une de ces religieuses Constanlinople, 13 août, Vous savez déjà, bien chère Sœur, la sioga* lière épreuve que nous avons dû subir. Qui aurait dit, il y a seuleaen t pen d'années, que les religieuses de Notre Dame de Sion seraient présentées avec honneur devant S. M. le Sultan? C'est cependant on fait accompli, et puisque le bon Dieu l'a voulu, sans nous consulter, il faut croire qu'il en résultera un bien que nous ignorons. Toute cette cérémonie s'est passée en quelque sorte a notre insu. De grandes fêtes ayant été don nées k toutes les écoles d'Orient, on craignait en haut lieu de mécontenter la France si on ne témoignait pas aux écoles chrétiennes, les mêmes sympathies qu'aux autres. On vient donc nous prévenir un samedi, k une heure, qu'un splendide goûter avait été préparé pour nos élèves dans une des tentes impériales, et que le même jour, k quatre heures, le Sultan lui-même (chose inimaginable!) recevrait nos enfants avec leurs maîtresses. A celte nouvelle, notre chère mère était comme terrifiée. Son premier raouvemeot la portait k récnser tant de prévenances; mais craignanl pour notre position en Orient les conséquences de ce refus, elle s'en rapporta aux sages conseils de Mgr. Mussabini, le pieux et digne vicaire apostolique de Constanlinople. Le prélat trancha la question il nous fit com prendre la haute convenance de répondre k une invitation inouïe, qui pourrait avoir une portée toute providentielle, et il nous dit: Allez, con duisez vos élèves; nos bénédictions vons accom pagneront. Cette parole nous tranquillisa. Nous n'avions d'ailleurs pas le temps de réfléchir. Une garde d'honneur vim nous chercher, et voilà que nous traversons religieusement les rues, précédées d'une bannière, pour faire notre révé rence au magnanime allié de la France! Je ne sais qni a été le plus surpris de cette présentation, ou le Sultan ou les pauvres desservantes de Jésus. Le fait est que, rentrées dans notre heureuse retraite, nous fûmes longtemps k nous remettre de notre émotion; mais nous redoublâmes nos prières pour obtenir la conversion de ces braves Turcs, qui semblent se christianiser de plus en plus. Inutile de vous dire que notre excellent aumônier, comme un père plein de sollicitude, nous accompagna dans ce trajet processionnel k travers la ville et ne nous perdit pas de vue. DU 15 AOUT AU 21 INCLUS. Naissances 12. Sexe masculin 5; féminin 7. Mariages 2. Aernout, Joseph, maçon, et De Groote Amélie, dentellière. Caodeel, Joseph- Edouard, peintre, et Terrier, Emérencedentellière. décès 4. Verbruggbe, Albert, 48 ans, fripier, éponx de Virginie Tiberghein, rue des Chiens. Vande Casteele, Rosalie-Marie, 16 ans, dentellière, rue du Quartier Neuf. Billiet, Pierre-François, 38 ans, boucher, époux d'Amélie Verhack, rue du Verger. Turpin, Jeanne- Thérèse, 78 ans, journalière, épouse de Philippe Boddaert, rue de Menin. Enfants au-dessous de 7 ans 5. Sexe masculin 3; sexe féminin 2. bulletin commercial. Ypres 22 août. Au marché de ce jour, il y avait 522 hectolitres de froment k 22 fr. i5 c. l'hectolitre; 151 h. de

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Le Propagateur (1818-1871) | 1857 | | pagina 3