No 4,166. 4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, S fr. pour 6 mois, 2-75 TPE3S, 2 Septembre. 4Ime Année. LE PROPAGATEUR pour la ville 6 fr. par an, pour le dehors fr. 7-50 pau trois mois. pour 3 mois. revue politique. Delhi a-t-elle, selon ie mot attribué an général Barnard, les mêmes moyens de résistance que Sébastopol? Toujours faut-il reconnaître que les deux sièges se ressemblent par plos d'un côté. La ville, très-étendue, est loin d'être investie. Les Anglais n'agissent que sur un point. Ils laissent complètement intactes des fortifications de plu sieurs milles. Les assiégés entrent et sortent libre ment.C'est ainsi que, le juillet, les Anglais ont vu entrer dans la place, sans pouvoir y mettre obstaclequatre régiments d'infanterie un de cavalerie et une batterie d'artillerie, avec canons, chevaux, bêtes de trait et escortant de grandes valeurs en numéraire. Le défilé dura deux jours. D'un autre côté la petite armée d'observation devant Delhi, réduite un corps de deux mille hommes valides, est menacée de se voir écrasée par les forces insurrectionnelles qui ont marché contre elle. En effet les rebelles de Neemach et de Nus- seerabad, après avoir battu et refoulé dans le fort d'Agra la garnison de cette ville qui voulait leur barrer le passage, après y avoir brûlé bon nombre de maisons, doivent menacer en ce moment, les derrières de l'armée royale h Delhi. On a appris également par la malle des Indes que l'insurrection s'est étendue dans le Punjab, dont oo vantait la tranquillité, et qu'elle a atteint les deux présidences de Madras et de Bombay. Cependant les Anglais, contraiuts pour maintenir tant bien que mal leur domination de disséminer par tout le pays les forces dont ils disposent, ne peuvent tenter rien d'important ni de décisif. D'ailleurs l'effectif des troupes européennes est peu élevé et les épidémies déciment cruellement leurs rangs. Réduites h l'impuissance les armes britanniques perdent le prestige qui les rendait naguère si fortes aux yeux des indigènes, et leur ascendant décline près de ceux-mêmes qui, dans l'incertitude des événements, étaient restés fidèles. On publie d'affreux détails sur les cruautés commises en diverses localités par les insurgés. Presque journellement les feuilles anglaises signa lent soit un nouveau massacre de soldats britanni ques, soit une violation de la foi jurée, soit quelques nouveaux cas d'Européens, de tout âge et de tout sexe, livrés h une mort sanglante, de femmes soumises aux traitements les plus ignominieux et les plos infâmes. Ce pénible état de choses, tant de désastres et de calamités, jettent le Times et d'autres organes de la presse anglaise dans les accès d'un féroce besoin de répression et de vengeance. Que l'ordre doive être rétabli aux Indes, les crimes sévèrement punis, cela ne fait pas l'objet d'un doute, les inté rêts de la civilisation l'exigent; mais ces intérêts commandent aussi que la répressiou marche de pair avec l'humanité et qu'avant de répandre des flots de saDg dans une aveugle rage de châtiment, les autorités anglaises, si elles parviennent b rétablir leur puissance, recherchent si leurs propres excès n'ont pas provoqué ceux qu'ils reprochent aux Indiens. Affectant d'oublier complètement les causes de l'insurrection, qu'un strict devoir de justice oblige cependant de rechercher, le Times ne demande rien moins que la complète destruction, l'anéantissement de Delhi quand une fois les Anglais s'en seront rendus maîtres. Celte ville, s'écrie-1-il, doit disparaître de la surface de la terre comme les villes de Sodome et de Gomorrhe. Le reste est b l'avenant. Les dernières nouvelles de la Perse sont satisfai santes pour l'Angleterre. Contrairement b certains soupçons, la cour de Téhérao se montre disposée b remplir dans toute sa teneur le traité de paix conclu par Ferruck-Khan. Des préoccupations fort différentes tenaient dernièrement les esprits en éveil dans les Etats- Unis d'Amérique. Les élections pour la Chambre des Représentants ont sanctionné la politique sagement libérale du Président. Le parti démocra te qui veut la liberté pour tout le monde, a reconquis la majorité en évinçant de leurs sièges quarante-six députés do parti intolérant et anti- catholique des knows nothings, parti que nous connaissons aussi pour l'avoir vu b l'oeuvre dans notre Belgique, quoique sous uneautre dénomina tion, et qui entend jouir tout seul du bénéfice de la liberté. Au Mexique, l'élection de Comonforl, comme président de la République, est complètement assurée. Le libéralisme contemporain n'est que la con tinuation du libéralisme do i8m* siècle. Leur caractère distioctif c'est la haine du catholicisme, haine qni ne s'endort par intervalle que lorsqu'elle croit le catholicisme terrassé et qui se réveille active et intolérante quand celui-ci se relève pour reprendre son éternel combat. L'Église de nos jours avait retrouvé sa liberté, et avec elle le moyen d'opérer les œuvres auxquelles elle se dévoue pour le bien de l'humanité. Or cette liberté de l'Église, le libéralisme du i8m' siècle ne peut la vouloir. Lui qui considérait comme un des plos beaux résultats de la révolution de 89, la suppression des communautés religieuses, de quel œil ne doit-il pas envisager les missionnaires, que les popu lations, b son grand dépit, entourent d'amour et de respect; tous ces frères et ces sœurs de charité qui se trouvent partout où il y a des douleurs b soulager?Comment pourrait-il affectionner encore cette liberté d'association qui permet b de tels abus de revivre? Lui qui avait voulu arracher l'enseignement des mains des prêtres, qui avait applaudi le ministère Martignac comme ayant fait acte de haut libéra lisme en exilant du sol de France les corporations enseignantes? Comment ne sentirait-il pas revivre sa vieille haine, en voyant ces corporations se relever, au nom de la liberté d'enseignement et b la joie des familles? Comment cette liberté ne lui deviendrait-elle pas odieuse b cause des fruits qu'elle porte? Demain si les catholiques mettent sérieusement en usage la liberté de la presse, et ils le pourront quand ils le voudront, ce dernier lambeau de la liberté générale auquel le vieux libéralisme se tient encore arçroché, ce lambeau lui tombera des mains et sa haine contre l'Église apparaîtra dans sa nudité, et sans aucun prétexte pour en voiler la laideur. La contradiction entre la conduite des libéraux intolérants et les principes qu'ils avaient professés de bouche, deviendra plus tranchée et plus insul tante b la bonne foi, b mesure que les catholiques se serviront des libertés politiques, pour les faire tourner au profit de leur croyance. Comme le libéralisme voltairien ne s'était faille champion de la liberté civile et religieuse que dans la prévision que ces libertés tourneraient b la ruine du catholicisme, il en deviendra inévitablement l'ennemi le plus déclaré, lorsqu'il lui sera prouvé que la liberté, comme la persécutiou, au lieu de ruioer l'Église, en retrempe au contraire la puis sance. Le temps est déjà venu où le faux libéralisme ne pourra plus prononcer le mot de tolérance sans se déchirer la bouche; le temps est proche où il sera impossible de trouver une contradiction plus cho quante, une antithèse plus exagérée que le Libé ralisme et la Liberté, b cause des excès par lesquels ce nom si beau aura été déshonoré. il y a dix-nenf ans 1838) que l'article qui précède a été écrit, et on le dirait d'hier. L'hono rable Dechamps a tracé du faux libéralisme un portrait des plos ressemblants, portrait auquel aujourd'hui il n'y a pas une ligne b changer. Tel il fut jadis, tel il est encore, ce libéralisme de contrebande, né des embrassements du Voltai- rianisine et de la Régence. Conservant intact le legs de science railleuse et superficielle, de morale épicurienne et de haine du christianisme que le i8m> siècle lui a laissé. Mais ce qui est surtout remarquable, c'est l'esprit prophétique qui anime la fin de l'article l'honorable M. Dechamps sem blait prévoir dès lors les excès auxquels le libéra lisme se porterait contre les communautés religieuses, contre tous ces frères et ces sœurs de charité qui se trouvent partout où il y a des douleurs soulagercar, s'écriait-il, comment le vieux libéralisme pourrait-il affec tionner encore cette liberté d'association qui permet b de tels abus de revivre? a Jemmapes, Mons, Bruxelles, Anvers, Liège, Verviers, etc., portent encore les traces de la haine que le parti libérai a vouée b la liberté d'association; ses journaux ne rêvent que la destruction de l'Église, et tous les jours, comme le prédisait l'honorable représentant, nous voyons devenir plus tranchée et plus insultante b la bonne foi, la con tradiction entre la conduite des libéraux intolérants et les principes qu'ils professent de bouche tous les jours leur haine brutale contre l'Eglise augmente, parce que la liberté, au lieu de ruiner l'Église, en retrempe, au contraire, la puissance. Selon la presse clubiste la force brutale est, b nos yeux, le beau idéal du gouvernement oous voulons «substituer l'autorité militaire au pouvoir civil dans l'administration de la cité et nous compromettons la sécurité du citoyen en approuvant M. le général Capiaumonl d'avoir em pêché l'émeute de souiller la ville de Gaod. Ces contre-vérités sont très-hardies, et il faut un étrange courage pour oser les émettre en public, le lendemain des tristes événements de mai.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1857 | | pagina 1