ETAT CIVIL D'YPRES,
EXTRAIT.
DU 5 SEPTEMBRE AU H INCLUS.
Lobkowitz, gouverneur de la Moravie, qu'ils
avaient expulsé. La vie du martyr, a été publiée,
l'an dernier, Macerata, dans les Etats pontificaux.
Les employés des douanes russes, sur la
frontière asiatique, s'enrichissent notoirement en
peu de temps. Un journal allemand explique leur
système. Quand un chargement arrive devant le
poste des douanes, le chef prend la lettre de charge,
la lit attentivement, puis trace, avec un morcean de
craie, quelques chiffres sur la table, 3,ooo par
exemple, et sort. Le marchand, qui comprend
cette langue, inscrit au-dessous un uombre moins
élevé, soit 3,000, et sort h son tour. L'employé
rentre, efface ses premiers chiffres, et les remplace
par d'autres, comme 2,800. Le maréchal, sans dire
un mot, élève les siens a 2,4oo. Enfin l'employé
laisse un dernier nombre, saos l'effacer, par exem
ple 2,600. Le maréchal sait ce que cela signifie;
il a l'option, ou de payer 2,600 roubles, ou de
voir ses voitures attendre plusieurs semaines, en
plein air devant le poste, qu'il plaise aux employés
de leur faire subir une sévère visite; presque tou
jours il paie la somme exigée dans ce traité mysté
rieux, réglé sans paroles; et les douaniers peuvent
jurer qu'ils n'ont pas même causé avec le marchand.
Les nouvelles d'Amérique que nous recevons
aujourd'hui ont en général peu d'importance. Le
commerce américain ressentait déjà le contre coup
des troubles de l'Inde. Les districts du Bengale qui
sont aujourd'hui en proie l'insurrection sont ceux
qui fournissent le salpêtre, l'indigo et l'opium;
aussi la spéculation s'est elle portée particulière
ment sur ces produits, et uoe hausse assez forte
s'est fait sentir, principalement sur le salpêtre. Les
États-Unis paraissent, après l'Angleterre, la puis
sance la plus intéressée au rétablissement de la
paix dans l'Inde. C'est dans l'Inde que la plus
grande partie des produits manufacturés en Angle
terre avec le coton de l'Amérique trouve son
écoulement, et jusqu'ici toute conquête faite dans
l'Inde par les Anglais a indirectement et sensible
ment profité au commerce des États-Unis avec
l'Angleterre.
La Gazette des Postes d'Augsbourg publie
la lettre suivante d'un missionnaire catholique, le
R. P. Raphaël, un ami de Bavière, en date de
Patna le 13 juillet
Mon cher ami je n'ai pas d'expressions pour
peindre l'état actuel de l'Inde. D'heure en heure,
le meurtre et les tortures les plus inhumaines
deviennent de plus en plus communs. Plus une
seule ville daos toute l'Inde où n'aient été commis
les meurtres les plus cruels... Ces furieux sont
d'ordinaire plus inhumains encore avec les femmes
et les enfants. Ils déshabillent les premières et les
forcent se promener nues devant eux. Ensuite
ils les poignardent ou leur ouvrent le ventre. Ils
saisissent les enfants et les jettent contre un mur
avec tant de violence que le sang et la moelle
jaillissent et laissent leurs traces sur le mur; ou bien
ils les prennent par les pieds et les déchirent en
deux morceaux. Tout cela se fait dans notre voisi
nage, pourrais-je dire, car les villes où se commet
tent ces actes inouïs de barbarie sont situées sur le
Gange, quelque cent milles anglais de Patna, par
exemple Bénarès, Sangor, Allahabad, Nagade,
Nagpour, etc. Patna n'est guère plus heureux...
Pour preuve de ce qu'il avance par cette der
nière réflexion, le missionnaire raconte ensuite que
sa propre maison a été envahie par une troupe de
musulmans, qui l'ont fouillée durant une demi
heure; qu'il a échappé comme par miracle leurs
recherches, grâce l'obscurité; mais que le docteur
Lycel, protestant, qui était accouru son secours, a
reçu des blessures si graves qu'il n'a pas tardé
rendre le dernier soupir.
Actuellement, ajoute le missionnaire, je suis
chez un autre missionnaire, l'extrémité de Patna,
attendant que j'aie trouvé une autre station, si je
ne meurs pas auparavant, car ce sont les chrétiens
qui, pour le moment, courent ici les plus grands
dangers,et jeprétendsque c'estune véritable persé
cution exercée par les musulmans contre les chré
tiens. Jusqu'ici les païens nous laissent en repos.
Le numéro du 1" septembre de la revue de
Raspail contient un défi bien extraordinaire porté
aux médecins diplômés. C'est un duel qui, nous en
sommes sûrs, ne sera pas accepté par eux, surtout
en fait de mercure. M. Raspail propose de partager
en frère avec ses malades tous les remèdes qu'il leur
donne, condition que les docteurs de la médecine
officielle en fassent autant, pendant une année
seulement. Ce jugement de Dieu, dit-il, fera con
naître le coupable et l'innocent, lequel sera proba
blement l'unique survivant.
On doit avouer que c'est original, bien que
renouvelé des mœurs du XIII' siècle, où les malades
de qualité exigeaient que leurs médecins bussent
la même coupe. Cette méfiance n'existe plus que
dans les estaminets hollandais, où elle est devenue
une politesse entre le consommateur et la servaote,
obligée de tremper ses lèvres dans la bierre ou le
genièvre présenté la pratique, qui ne manque pas
de le loi rappeler par le raonosylabe toe! racine du
mot toast
On lit daos le Courrier du Havre du 5
septembre: Dans certaines contrées de la France
il existe encore, aux noces de campagne, une
coutume traditionnelle qui consiste tenir le
premier jour de la cérémonie la mariée constam
ment gardée vue, de manière que le soir, si les
conjoints ne parviennent force de ruses et de
diplomatie se réunir pour s'esquiver, le pauvre
mari est obligé de payer aux convives une forte
rançon pour obtenir sa captive moitié.
C'est ce que n'avait pas été obligé de faire M.
A..., propriétaire, qui, ayant l'un de ces derniers
jours épousé la fille d'un cultivateur, s'était si bien
entendu avec sa femme, que vers dix heures du
soir tous deux se rejoignaient la sourdine dans
une arrière-cour de la ferme, où les attendait uue
carriole tout attelée, et que quelques instants après
l'heureux couple fuyait au grand galop ce lieu de
tapage et de joyeuses importnnilés.
Ce même jour, de dix heures dix heures et
demie du soir, MM. X..., frères, dont l'un est
étudiant en droit et l'autre aspirant de marine,
revenaient de la chasse le fusil sur l'épaule. Ils
cheminaient harassés de fatigue et ayant encore
près de six kilomètres faire pour regagner le toit
paternel, lorsqu'ils sont intrigués tout coup par
l'aspect lointain d'une vive lumière qui se dirige
de leur côté avec une rapidité extrême. Bientôt ils
entendent des cris aigus partir du milieu de ce
foyer rapide; enfin ils distinguent le galop d'un
cheval qui soufflait en courant comme une bête
folle. Qu'est-ce que c'est donc que cela? s'écrie
l'étudiant, qui ne comprenait rien ce qu'il voyait.
Eh! parbleu! s'écrie le marin, c'est une voiture
en détresse; le feu est bord et le cheval a pris le
mors aux dents. Aussitôt, avec cette promptitude
de parti pris que donne l'homme de mer l'habi
tude du danger, il glisse une balle dans son fusil,
se campe un genou en terre, arme et attend. Que
vas-tu dooc faire? lui demande de nouveau son
frère, étonné de ces préparatifs. Tu vas le
voir, répondit l'aspirant.
Cependant l'équipage arrivait fond de
train; la flamme,.excitée par cette course furieuse,
enveloppait d'une nappe de feu ceux qui se trou
vaient dans la voiture, et les cris de désespoir étaient
vraiment déchirants. Dès que la voiture est
portée, dès que le jeune homme peut suffisamment
distinguer la forme du cheval, il applique son
arme l'épaule, ajuste et fait feu. Aussitôt la bêle
s'arrête et tombe foudroyée.
La jeune femme de M. A..., après avoir
échappé la surveillance de sa garde d'honneur,
était donc partie avec soo mari comme nous venons
de le voir en commençant; or, pour moins froisser
sa robe, la fugitive l'avait étalée de son mieax h
droite et gauche, de sorte que le marié se trouvait
moitié enseveli sous des flots de gaze, de tulle et
de dentelles; mais ce que ne remarquèrent pas les
jeunes gens, c'est que la lanterne gauche de la
voilure était aussi complètement recouverte par les
jupes, de manière que la flamme s'y trouvant pres
que privée d'air, s'allonge et lèche travers les
ouvertures supérieures l'étoffe légère qui prend
feu; de là les cris de détresse de la jeune femme
et l'effroi du cheval qui s'était mis fuir sans qu'il
fut possible au conducteur de le maintenir, et
Dieu sait ce qu'il fût advenu si le jeune chasseur
n'eût employé ce moyen extrême pour l'arrêter.
Aussitôt ce résultat obtenu, et avant que le
pauvre mari fût remis de son émotion, MM. X...
se jettent résolûment sur la flamme, l'étooffeot
avec tout ce qui leur tombe sous la main et parvien
nent éteindre l'incendie. Malheureusement ces
secours étaient nn peu tardifs, et la pauvre jenne
femme, bien qu'aucune de ses blessures ne soit
dangereuse, portera toujours sur les bras, sur les
jambes et sur la figure les traces de cet accident.
NÉCROLOGIE.
Hier est décédé en cette ville M. Martin
Smaelen, conseiller commuoal.
Naissances 7. Sexe masculin 4; féminin 3.
Mariage. Nevejans, Honoré, charpentier,
et Vandenpitle, Hermine, dentellière.
Décès 4. Wallaert, Martin-Joseph, 4o ans,
boucher, époux de Marie Vandromme, rue de
Dixmude. De Merseman, Marie-Thérèse, 61
ans, pensionnaire de l'Etat, veuve de François
Platieau, rue de la Bouche. De Waegheoaere,
Aérienne, 74 ans, saos profession, veuve de Louis
Angillis, Marché au Bois. Laporte, Rosalie, 42
ans, sœur de l'École de Marie, rue de Lille.
Enfants au-dessous de 7 ans 5. Sexe
masculin 2; sexe féminin 3.
BULLETIN COMMERCIAL.
Ypres, 12 septembre.
Au marché de ce jour, il y avait 626 hectolitres
de froment 23 fr. 36 c. l'hectolitre; i4o h. de
seigle i5 fr. 60 c.; 62 h. de fèves 17 fr. 20 c.;
20 h. d'avoine 10 fr. y5 c.; 5oo kilos depommes
de terre rouges 5 fr. 5oc. les 100 kilogrammes;
56oo k. de pommes de terre blanches 5 fr.
5o c.; beurre frais 2 fr. 76 c.; viande 1 fr. 4o
c.; le kilog.; pain 24 c. le kilog.
Au marché de ce jour, le froment a subi une
hausse de 78 c.
JUGEMENT DÉCLARATIF DE FAILLITE.
Par jugement du 11 Septembre 1857, le
Tribunal civil de première instance d'Ypres,
siégeant en matière de commerce, a déclaré le
sieur Henri Dehem-Bartibr négociant
Ypres, en état de jailli le, et a fixé au 12 tnars
dernier lyépoque de la cessation de paiement.
Monsieur Biebuycbprésident du tribunal,
été nommé juge-commissaireet M' Louis
Vanheule, avocat-avoué, demeurant Ypres,
curateur.
D'après le même jugement, la déclaration
des créances doit être faite au Greffe du Tribu
nal susdit avant le 5o du présent mois de
Septembre.
La clôture du procès-verbal de vérification
des créances est fixée au 12 Octobre prochain,
et les débats sur les contestations naître de
cette vérification, au 26 du même mois, 9
heures du matin, chaque fois au Palais de
Justice.
Ypres, le 12 Septembre 1857.
le curateur,
(1) L. VANHEULE.