41me Année. Mercredi 23 Septembre 1857. No 4,172. pour la ville 6 fr. par an, 4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour trois mois. FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. pour le dehors fr. 7-50 par an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75 pour 3 mois. revue politique. ET [PULLS. histoire des premiers temps du christianisme. LE PROPAGATEUR Y P S. S S 23 Septembre. Les nouvelles venues coup sur coup de l'Hin- doustan ne permettent plus de se faire illusion sur le mouvement insurrectionnel qui menace d'empor ter la péniosnleentière; ni feuilles du gouvernement, ni rapports officiels ne dissimulent plus désormais les périls de la situation. Uo journal de Calcutta, où cependant la censure ne permet pas de tout dire, constate que depuis le Punjab, travers les pro- vioces du nord-ouest, jusqu'aux portes de Calcutta, résidence du gouverneur général, la puissance britannique a disparu. Tout le pays est au pou voir des bandes insurgées; partout le soulèvement étreiot dans ses flots d'hommes armés quelques faibles débris des forces anglaises, qui résistent encore avec un courage admirable contre un ennemi cent fois supérieur en nombre, mais qui sont incapables de se porter de l'assistance mutuelle et qu'il est impossible de dégager. Quant aux renforts de la mère-patrie, comment oser compter sur eux en ce moment; ils sont trop loin, et quand les premiers arriveront, ils ne serviront plus grossir les rangs des défeoseurs de l'Angle terre, mais h les remplacer. La petite armée qui s'était cramponnée h Delhi, où, assiégée plutôt qu'assiégeante, elle attendait les secours qui de vaient lui venir h la fois du Punjab et de Calcutta, a perdu toute change d'être actuellement secourue. D'un côté, en effet, l'agitation qui règne dans le nord-est relient le général Nicholson; de l'autre, Nena-Sahib, dont on rapport officiel avait déjà annoncé la mort, tient en échec le général Have- lock. C'est lui qui prenant le général anglais revers, lorsqu'il marchait au secours de Lucknow, l'a obligé de rebrousser chemin. Ainsi la retraite des forcesanglaisesdevant Delhi,annoncée depuisquel- que temps, paraît aujourd'hui très-vraisemblable. (Suite. Voir le n" 1,47' du Propagateur.) A ces paroles, Hortensia, tout en pleurs, se jeta au cou de sa mère, et se pressa étroitement contre elle, comme si elle eût craint qu'on ne vint l'arra cher des bras maternels. Elle pouvait parler, op pressée de sanglots et de douleur, car jusqu'alors nourrie dans une chaste ignorance, elle ne connais sait pas les maux et les périls du monde; en sa retraite studieuse, elle avait étudié l'histoire de la patrie, elle avait lu les majestueux poètes du temps d'Auguste, et elle croyait que la Rome de Dioctétien était encore la Rome de la république. Elle ignorait surtout de quels incessants périls le désordre des mœurs menaçait la seule félicité qu'elle connut sur la terre, l'amour et les soins de sa mère; elle ne savait pas que son père Licinius, qui loi inspirait au moins autant de crainte que d'amour, pouvait, d'un mot, chasser de la maison conjugale cette inère si chérie, et qu'il suffirait d'un caprice pour qu'une séparation éternelle eût lieu entre l'enfant et la mère. Claudia ne s'expliqua point davantage; elle ne Toutefois une dépêche officielle annonce que Havelock a reçu des reuforts, et fait espérer qu'il aura repris l'offensive et tenté de nouveau de débloquer Lucknow. Plus que jamais il importe que quelque heureux succès rende leur prestige aux armes britanniques. Sinon il y a tout craindre que l'armée indigène de Bombay, forte de 45,ooo hommes, celle de Madras surtout, forte de 60,000 hommes, ne viennent renforcer leur tour les 100,000 insurgés du Bengale que déjà le faible corps d'armée britanni que a sur le bras. Un bruit non moins alarmant tend s'accréditer. On disait le général Campbell gravement malade dès son arrivée Calcutta. Le silence absolu son égard de la presse indigène, soumise la censure, est regardé comme une confirmation indirecte de cçtte grave nouvelle. Quoi qu'il en soit, les immenses ressources finan cières et maritimes dont dispose l'Angleterre, jointes l'indomptable ténacité qui caractérise la nation, parviendront sans doute rétablir sa domination sur les Iodes; mais pour que le succès ne soit point éphémère, il faut qu'elle renonce une bonne fois aux errements qui ont failli la perdre, cette politique égoïste et mercantile, qui ne lui a fait voir dans ces populations déshéritées des lumières de la foi et des bieofaits de la civilisation chrétienne, qu'une mine exploiter au profit de sa cupidité ou même, trop souvent, une proie vile et stupide jetée par le hasard sous ses griffes rapaces. Il faut qu'elle donne sa puissance restaurée une base plus durable que la terreur et la force des armes. Qu'elle cesse dès maintenant de rivaliser de cruauté avec les indigèoes. On sait les horribles projets de vengeance que formulent les feuilles britanniques et que l'armée, son tour, brûle, semble-t-il,de réaliser. Devant Delhi les troupes anglaises ont juré sur leurs baïonnettes croisées de ne pas faire quartier quaod dit pas sa fille les motifs qui lui dictaient ces craintes; elle ne lui dit pas que la fortune et les charmes de Sabine, veuve du préfet d'Egypte, d'Afranius, avaient tenté son époux, et qu'une sentence de répudiation, autorisée par l'usage et l'exemple universel, semblait inévitable. Elle garda pour elle cette douloureuse certitude, souffrant, d'avance, au fond de son âme, tous les déchire ments de la séparation prochaine et d'un adieu dont rien ne pouvait la consoler. II. Plusieurs mois s'étaient écoulés; l'événement que Claudia, dans ses angoisses maternelles, avait pressenti et pleuré, s'était accompli. Un jour, un affranchi de son époux était venu lui redemander les clés de la maison, phrase significative qui ban nissait du toit conjugal cette noble femme, digne des plus beaux jours de Rome, elle avait dû obéir, en abandonnant Hortensia aux soins de son père, car, d'après la loi romaine, l'enfant était la propriété exclusive du père de famille. La séparation s'était accomplie, en laissant deux cœurs sanglants et déchirés. Claudia avait été emmenée par sa famille, qui reprenait ses droits sur elle, dans une villa aux environs de Naples et Hortensia vivait retirée dans on en viendrait aux mains avec les rebelles. Les officiers, pour s'animer au jour de la vengeance, ont fait graver sur la lame de leurs sabres les noms de leors frères d'armes massacrés. Une dépêche offi cielle raconte avec admiration les traitements qoe fait sabir le général Neill aux brahmines qu'il peut prendre parmi les cipayes. On les contraint de rassembler les vêtements ensanglantés des victimes de Nena-Sabib Cawnpore, et laver le plancher teint de sang. Un soldat européen surveillait chaque homme armé d'un fouet, et lui en admi- nistrait des coups vigoureux toutes les fois qu'il a se relâchait danssa besogne. Les misérables, après avoir été soumis cette dégradation, qui natu- Tellement leur fait perdre la caste, sont ensuite pendus l'un après l'autre. Ce châtiment est, h dit-on, de l'invention du général Neill et l'a rendu très populaire. En face du tableau émouvant qui se déroule aux Indes, les événements politiques du reste du globe, quelque soit leur importance, perdent bien de leur intérêt. Signalons toutefois l'insurrection générale qui vient d'éclater daos le Yucatan (Mexique). Les insurgés appartiennent au parti radical et paraissent victorieux sur tous les points. Cependant le gouvernement résistait encore. L'importance de ce monvement, observe la Gazette du Midi, consiste dans la complicité plus que probable des États-Unis, qui convoitent la presqu'île de Yucatan pour dominer de là tout le golfe des Antilles et les colonies européennes. Ils avaient déjà voulu acheter ce pays. La diète du Lauenbourg a manifesté une oppo sition encore plus décidée aux vues du gouverne ment danois que celle du Holsteiri. Elle en a appelé directement la diète germauique des griefs dont elle croit avoir se plaindre de la part du ministère danois. Cette résolution a été vue de très-mauvais œil Copenhague. la maison paternelle, au milieu de quelques fidèles esclaves qui avaient servi sa mère, et qui s'empres saient autour d'elle, mais sans pouvoir la distraire ni la consoler. Pendaot que son père remplissait les devoirs de sa charge, car il était préfet du prétoire, on se livrait aux plaisirs de l'amphithéâtre; pendant qu'il réu nissait, autour de la table du banquet, ses amis, ses clients et ses parasites, la jeune fille vivait seule dans la plus profonde retraite, occupée du souvenir et des enseignements de sa mère. Sabine, la nouvelle épouse de Paulus Licinius, ne la troublait pas dans sa solitude; car elle aussi avait ses plaisirs et ses affaires; elle ne restait pas la maison et n'y filait point la quenouille après les soins de sa longue et somptueuse toilette, elle montait dans son char et volait l'amphithéâtre, elle allait se promener sous les portiques; sa jonrnée<sepassait dans les plaisirs, la nuit s'écoulait dans les festins. La femme romaine de ces temps dégénérés, abdiquant la tranquille dignité du foyer domestique, avait emprunté anx hommes leurs amusements et leurs licences. On en voyait jouant avec les baladins sur le théâtre; d'autres combattaient daos l'arène en qualité de gladiateurs; d'autres s'enivraient, assises aux festins où jadis leschastesmatronesne paraissaient jamais... Sabine était du nombre de ces femmes sans pudeor,

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Le Propagateur (1818-1871) | 1857 | | pagina 1