41me Année.
mercredi 30 Septembre 1857.
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 5 mois.
TFRSS, 30 Septembre.
revue politique.
mtUE HT FBLLHo
histoire des premiers temps du christianisme.
Ao 4,174.
LE PROPAGATEUR
L'Angleterre atleud avec anxiété des nouvelles de l'Inde;
on craint qu'elles ne soient désastreuses. C'est maintenant
seulement que doivent avoir lieu, d'après les calculs du
Globeles premiers débarquements des troupes envoyées
par la mère-patrie, et l'on évalue en moyenne (j°o hom
mes par jour le chiffre des troupes qui seront débarquées
régulièrement partir de cette époque.
Au reste, si l'empire britannique doit se reconstituer eu
Asie, la domination de la Compagnie des Indes Orieutales
pourrait bien y succomber. Déjà les Européens établis
Calcutta réclament ouvertement le retrait de ses privilèges;
en Angleterre on impute son administration vicieuse d'être
cause de tous les maux qui accablent les Indes et minent
la puissance britannique; on rapporte que l'opinion géné
ralement accréditée dans les Iodes sur les causes de l'in
surrection, c'est la longue série de violence et de fraudes
commises par les employés de la Compagnie l'égard des
indigènes. Ces gens-là ont tout sacrifié leur ambition
effrénée et la soif de l'or et du pouvoir.
Il n'est point improbable qu'un acte de même genre aurait
poussé le vindicatif Nena-Sahib tous ces excès qui ont
attaché son nom une si horrible célébrité. Héritier par
adoption du Pcishwah, Nena, au mépris de la loi indoue,
s'est vu frustrer de la pension que lui devait de ce chef la
Compagnie des Indes. Cette loi, cependant, la Compagnie
avait soin de la respecter, alors qu'il s'agissait de quelques
sommes relativement insignifiantes; en d'autres cas, là où
les pensions étaient très-considérables, ou bien où le terri
toire prendre promettait de grands avantages, la loi indoue
a été écartée. Tel fut le cas de Nena et d'un grand nombre
d'autres Indiens de haut rang, avec lesquels on n'a agi ni
loyalement ni sagement.
La portée réelle et les conséquences probables de l'en
trevue de Stuttgardt exercent toujours la perspica'oité des
journalistes en train de redresser la carte de l'Europe.
L'entrevue de Weimar, où l'Empereur Frauçois-Joseph doit
son tour s'aboucher avec le czar Alexandre, déroute
cependant bien des calculs et dément bien des commen
taires. L'autocrate de toutes les Russies se rapprochant de
l'Autriche, il ne peut plus être question de la fameuse
coalition, où Napoléon III et le czar devaient réciproque
ment s'adjuger les deux empires d'Orient et d'Occident.
Bien plus, il est déjà question d'une troisième entrevue,
et celle-ci aurait lieu entre les souverains d'Autriche et de
France, dans l'une ou l'autre ville d'Allemagne.
On sigualecomme un présage heureux pour l'Église
catholique en Russie, le fait du rappel des prêtres grecs-
unis de l'Ukraineaprès un exil de vingt-deux ans en
(Suite. Voir ie n° 4,17a du Propagateur.)
III.
Dès ce montent, un lien mystérieux s'établit
entre la fille de Licinitis et l'esclave de Sabine.
Pendant le jour, Agathoclie était condamnée aux
plus durs travaux, et subissait, sans commettre de
faute, les châtiments réservés aux criminels; elle
travaillait et souffrait en silence, offrant Dieu ce
martyre incessant, ces douleurs qui, peut-être,
avaient obtenu a Hortensia un premier rayon de
lumière, mais quand la nuit était venue, la patri
cienne se glissait dans la cellule de l'esclave, et
souvent genoux devant celle en qui elle vénérait
une martyre de la chasteté de la foi, elle recevait
de sa bouche les premiers enseigoemeots de l'Évan
gile. Agathoclie ne se servait de l'affection qu'elle
avait inspirée a Hortensia que pour tourner vers
le Dieu véritable cette jeune âme sevrée sitôt de
ses premières félicités; et quoiqu'elle ne fut qu'une
pauvre fille ignorante dans les lettres humaines,
elle n'avait pas en de peine lui démontrer la
vanité des idoles et le néant des dieux d'or et de
bois; la lecture de l'Évangile, le récit de la prédi
cation apostolique, l'histoire simple et nue de trois
siècles de persécutions, de trois siècles de victoires
Sibérie. Dix. seulement de ces généreux confesseurs de la
foi ont survécu leurs compagnons de martyre.
Pour maintenir dans un pays l'ordre et la tran
quillité publique, ces conditions essentielles du
bonheur et de la prospérité d'uo peuple, il faut
punir les perturbateurs, il faut rendre impuissants
les hommes de désordre, il faut encourager les
citoyens assez généreux pour se dévouer la défense
de l'ordre menacé. Le premier de ces devoirs in
combe la magistrature, et elle a su le remplir
dans notre Belgique. Partout les tribunaux correc
tionnels ont châtié les auteurs des manifestations
libérales du mois de mai; les auteurs des scènes
sauvages de Jemmapes en particulier ont trouvé
devant la justice de Mods le digue châtiment de
leurs excès. Le devoir de prévenir le désordre
et de récompenser les hommes d'ordre incombe
particulièrement au gouvernement. Nous consta
tons avec joie qu'il se montre de plus en plus
résolu ne pas faillir sa mission. La leçon qu'il
a faite au conseil communal de Gaod, les décisions
données dans l'affaire Capiaumont sont un coup de
grâce pour l'émeute, alors même qu'elle croirait
pouvoir compter sur la connivence des chefs de la
police. Et maintenant voici que le Moniteur publie
trois récompenses accordées trois bons citoyens
l'occasion des tristes scèoes de Jemmapes, récom
penses qui honorent le gouvernement et raffermis
sent la confiance que mettent en lui les amis de
l'ordre. Voici ces récompenses
Une médaille d'or est décernée Duménil,
ouvrier 'a Jemmapes. Au mois de mai dernier, les
émeutiers maltraitaient un des Frères; plusieurs
personnes justement indignées cherchent le
secourir; Duménil, eutr'auires, pénètre jusqu'à
lui; malgré les vociférations et les menaces, il le
prend par le bras pour le soustraire 'a la fureur de
ces sauvages; uu coup, qui l'atteint la tête, le
forcelâcher prise; il devance le groupe qui se
dirige vers sa maison, ouvre la porte, qu'il peut
heureusement refermer lorsqu'il est parvenu y
faire entrer le Frère mal irai lé il lutte énergique-
ment contre les émeutiers qui veulent s'introduire
chez lui pour en arracher celui qu'il a sauvé, et il
pour l'Église, avaient achevé la conquête de ce
cœur ingénu que le mal n'avait pas encore empoi
sonné, et qui ne puisait pas dans ses passions des
sophismes contre la vérité.
Hortensia était chrétienne par l'affection du
cœur et par l'adhésion de l'intelligence, et elle
soupirait après l'heureux moineDt qui la verrait
initiée aux sacrés mystères. Mais la persécution
sévissait, les léunions des chrétiens éiaient secrètes
et rares, et Agathoclie atleudait un instant favo
rable pour présenter aux pretres du Seigneur la
néophyte qu'elle avait formée, et laquelle elle
s'efforçait d'inspirer la force de l'âme nécessaire
l'athlète qui se dispose entrer au combat. Or,
rien ne louchait autant la jeune fille, rien ue péné
trait aussi profondément son ame que les biulants
récits des souffrances des martyrs, que l'esclave lui
racontait, après les avoir entendus elle-même aux
catacombes. Tonte la puissance romaine était alors
armée contre Dieu et son Christ mais si redoutable
qu'elle fût, elle était vaincue par l'héroïsme des
chrétiens. Des bourreaux tuaient les corps, mais les
âmes restaient libres et en possession de l'éternelle
vérité.
Hortensia frémissait d'enthousiasme et de foi
ses paroles qui lui disaient, tantôt les martyrs de la
Palestine, holocauste immense où des familles, des
villes entières avec tous leurs citoyens, confessaient
le Dora de Jésus parmi les supplices; tantôt les
martyrs de la Thébaïde, inébranlables parmi des
réussit le garder jusqu'au moment où il peut
partir pour Mons.
Une médaille en or Joseph Sacré, cordonnier
Jemmapes. Il a puissamment aidé Duménil dans
son œuvre de dévouement; il a reçu plusieurs
contusions au moment où il a poussé le Frère dans
la maison de Duméml.
Une médaille en vermeil Thiby, chef de station
Jemmapes. Il s'est montré plein de dévouement
et de courage, et a beaucoup contribué par ses
exhortatioos et ses efforts empêcher la foule
d'eDvahir la demeure de Duménil.
M. Dupin, ancien procureur-général et pré
sident de la Chambre des Députés de France
parlait en ces termes des devoirs imposés aux
fonctionnaires publics l'égard du gouver
nement. Nous les recommandons celles de nos
feuilles libérales qui voudraient contester au
ministère le droit de sauvegarder sa dignité
contre l'hostilité des fonctionnaires oublieux de
leurs devoirs
Quant aux fonctionnaires publics, quont-
ils donc faire autre chose que de remplir leur
devoir énergiquement et consciencieusement
Eh quoi! chaque fonctionnaire public ne trou-
ve-l-ilpas dans sa compétence, telle qu'elle est
définie par la loi, une consigne générale qui lui
trace et lui rappelle sans cesse les devoirs qu'il
a a remplir? C'est bien remplir les devoirs
de sa place qu'il doit s'adonner tout entier.
S'il est juge, qu'il siège assidûment et
rende bonne justice aux plaideurs s'il est con
seiller d'état, qu'il assiste au conseil et qu'il con
seille avec courage et siucéiilé.
Mais si, au lieu de seconder l'action du
gouvernement par tous les moyens que la loi
met en son pouvoir, il déclare qu'il est en mé
fiance contre le gouvernement; si, pour se ras
surer, il entre dans une association particulière née
de cette défiance même, n'est il pas évident qu'il
fait plus de mal au gouvernement par cette
défiance qu'il affecte, qu'il ne peut lui faire de
bien dans l'exercice équivoque d'une fonction
qu'il ne remplit plus que sous le coup de cette
tourments si divers, mais également affreux tantôt
les officiers même de la maison de l'empereur,
Pierre, Dorolhé, Gorgonius, renonçant la plus
haute faveur de leur maître, foulant aux pieds
dignités et richesses, et s'estimant heureux de
souffrir et de mourir pour le Dieu véritable, tantôt,
de timides vierges, de jeunes enfants, intrépides
martyrs l'âge de la crainte et de la faiblesse;
taniôt ces vieillards, ces prêtres, ces évêques, dont
elle vénérait la dignité, et qu'on livrait, comme un
vil troupeau, aux bêtes des amphithéâtresEn
écoutant de pareils récils, elle pleurait, elle s'ani
mait, et elle soupirait après le baptême, comme le
cerf altéré soupire après l'eau des sources vives....
et comme les disciples du Sauveur, elle disait
Agathoclie Allons, nous aussi, et mourrons
Un jour qu'elle avait passé plusieurs heures
auprès d'une de ses parentes qui l'avait demande'e,
elle rentre au palais avec le sentiment d'inquiétude
qui la poursuivait toujours lorsqu'elle s'éloignait
d'Agatboclie... il lui parut, en traversant les cours
et les galeries, que les serviteurs s'entretenaient
entr'eux d'un air mystérieux, elle chercha en vain
l'esclave et ne la vit pas. Phœbé accourut sa ren
contre, et lui dit, voix basse et avec le tou de
l'épouvante
Illustre patronne, en votre absence, i! s'est
passé une chose effroyable.... l'épouse de Paulus a
voulu contraindre Agathoclie céder sa volonté,
l'esclave a obstinément refusé, alors le bourreau