préventionQue fera un préjet, un sous-préfet, s'il éclate des troubles où se trouvent impliqués ses frères, ses associésceux avec lesquels il a promis, il a juré de rendre le dernier soupir? Ainsi placés entre leurs devoirs publics et leurs engagements privés, les fonctionnaires n'auront évidemment plus celte indépendance qui est né cessai ré au magistrat pour agir et parler au nom de la loi. Disons le donc sans détour, ces associations sont une source de divisions, d'inquiétude et d'agitation. Elles ont du exciter la sollicitude du gouvernementet le moins qu'il ait pu jaire dans cette circonstance, a été d'avertir les citoyens et les fonctionnaires, et de les prévenir du danger de s'y laisser entraîner. De ce moment les fonctionnairess'ils sont réellement en défiance contre le gouvernement, s'ils croient sérieusement qu'il trahit et qu'il marche noire ruinedoivent non pas attendre leur démission, mais la donner ouvertement et se retirer autrement on pourrait croire qu'ils ne restent plus que pour toucher leur traitement... Nous lisons daos le Journal (TAnvers t Le bourgmestre d'Anvers est en voyage. Pendant son absence la police locale fait son devoir. Aussi les manifestations imposantes ont-elles h peu près cessé dans notre cité. Messieurs les maoifes- tateurs, impatients de leur inaction, portent leurs exploits dans les communes rurales qu'ils font retentir de leurs désordres. Dimanche dernier, ils ont fait une excursion a Eeckereo. C'était Kermesse dans cette commune. Aussi espéraient-ils pouvoir associer les habitants au tumulte projeté. A cet effet, dès le coucher du soleil, ils se rounireot de torches et se mirent h parcourir le village en chantant, hurlant et paro diant les cérémonies religieuses. Messieurs les manifestateurs avaient espéré que les villageois se seraient joints a leur stnpide vacarme. Au lieu de cela, ceux-ci firent paraître une indignation telle que nos héros jugèrent h propos de gagner au plus vite la station du chemin de fer. La eut lieu une scène d'une brutalité inouïe. Il y avait h la station une voiture ouverte dans laquelle se trouvait une dame portant le deuil de son mari mort il y a peu de temps. Aussitôt nos vaillants miliciens de l'avenir se mirent la beugler: bas les arislos! Puis approchant insolemment leurs torches de la dame et sous les yeux des chevaux que les domestiques avaient tontes les peines du monde a contenir, ils crièrent: laissez passer le cor billard.' s'est emparé d'elle, et an milieu des tourments, elle a dit plusieurs fois Seigneur Jésus, secourez votre servante! Sabine a entendu ce mot, elle s'est écriée: Tu es donc chrétienne! Et sur-le-champ, elle a livré son esclave aux licteurs. Agatboclie est dans les ceps, et demain elle comparaîtra devant le juge, demain elle mourra! Hortensia pâlit b ces mots, et elle demeura sans parole et sans mouvement. Son esclave effrayée s'empressait autour d'elle; mais reprenant ses sens elle dit soudain Où est mon père? Où est Sabine? Je vais m'en informer, répondit Pbœbé. Elle sortit et revint on instant après Paulus Licinius soupe avecMaximin, dit-elle, et Sabine assiste b une fêle donnée par une de ses «mies. Tous deux ne retiendront au palais que vers la fin de la noit. Oh! qu'elle fol longue cette nuit! Hortensia la passa toute dans la prière et les larmes. A genoox, succombant sous le poids de la dooleor, elle montrait ao Dieu miséricordieux les plaies de son âme déchi rée, elle disait Divin Jésus, rendez inoi ma mère! conservez- moi Agathoclie! que je ne sois pas deux fois orpheline... Ob n'appelez pasb vous votre servante, sans qu'elle m'ait conduite anx fonts sacrés du baptême... que je ne sois pas seule et sans guide sur cette terre d'exil... Ayez pitié de moi... la nuit se Nous croyons devoir donner un conseil b ses courageux jeunes gens. Qu'ils ne se fient pas trop b la faiblesse des femmes et des prêtres pour les instiller et les attaquer; si les prêtres et les femmOS de peuvent pas se défendre, il n'est pas impossible qu'ils trouvent de généreux défenseurs dans la foule; êt alors gare aux manifestateurs b gattts glacés. la bienfaisance officielle et la charité catholique a propos de la vie de la soeur rosalie. Oo lit dans le Journal des Débats Pendant la crise industrielle qui attristait Londres au commencement de celte année et qui mettait tant d'ouvriers sans ouvrage b la charge de la bienfaisance publique, un contribuable se plai gnait au Times de cet étal de choses, et c'était par l'émigration qu'il proposait d'y porter remède. Je possède deux maisons sur deux paroisses, écrivait-il, et j'ai b répondre de la taxe des pauvres poor moi-même et pour d'autres. La taxe des pauvres me dévore. Oo me tient dans la pauvreté en me forçant b soutenir les pauvres. Eocore, si mon argent n'allait qu'à l'infirme, au malade et au vieillard; mais que font les autorités? Elles nourris sent de mon argent une armée de drôlesses qui brisent les carreaux et mettent sens dessus dessous le workhouseou bien on applique cet argent au service gastronomique de ce qu'on appelle naïve ment les pauvres valides, c'est-a-dire, des gaillards dix fois plus capables que moi de travailler pour vivre, capables de digérer par tonnes le pain et le fromage, et d'étrangler tout le bureau de bienfai sance après leur repas. Et nos magistrats qui disent b la foule: Allez au bureau de bienfaisance; il n'y a pas de honte b cela. Pas de honte! Il est toujours honteux de vivre d'aumônes. Quand l'ouvrier passe dans la rue, je ne veux pas que le boutiquier puisse dire Voilà un monsieur entretenu aux frais de la paroisse. Le sang de ses veines est on des courants de la men dicité. Le phosphate de chaux de ses os est un produit de la taxe des pauvres; le nez que voitb sur ce visage nous coûte i shilling et 10 deniers d'impôts par livre; chaque maison de la paroisse réclame un morceau de son corps, et si chaque contribuable y reprenait ce qui lui appartient, on n'eo laisserait pas un atome. Celte terrible éloquence, qui ferait envie b Shylock, réclamant sa livre de chair d'Antonio, exprime assez fidèlement ce qu'il y a d'inévitable et légitime dureté dans la bienfaisance officielle et administrative. Cette bienfaisance se doit b elle- même de tout calculer et de tout prévoir. Son œil vigilant et sa main sévère recherchent et secourent le pauvre lui-même que pour la société, intéressée fait dans mon âme... les eaux de la douleur l'ont submergée... Seigneur, sauvez-moi, ear je péris! Ayez pitié de moi, car je suis seule et misérable... Vous avez promis que vous ne nous laisseriez pas orphelins... Venez donc vers moirendez-moi ma mère, conservez les jours de ma sœur!... Elle priait ainsi, de paroles entrecoupées, pros ternée et les bras étendus vers le ciel, comme les figures des catacombes. Ses larmes baignaient ses joues, et la plus amère douleur transperçait son âme comme un glaive b la pensée des supplices qui menaçaient Agathoclie. L'aube blanchit enfio le sommet des collines, le jour grandit; les clienIs se pressaient b la porte du palais, et Hortensia voulut aller trouver son père; mais Pollio, l'affranchi de Licinius; la retint au seuil de l'appartement, en lui disaDt que son maître s'était rendu du palais de Maximin au prétoire, et qu'il siégeait, dès la pointe du jour,afiu d'instruire le procès contre les ennemis de l'empire contre les chrétiens. Déçue daos sa faible espérance, Hortensia résolut de tenter la clémence de Sabine, et quoi qu'il en coûtât b sa fierté filiale de s'humilier devant celle qui usurpait la place de sa mère elle n'hésita poiot. On l'introduisit aussitôt. Sabine avait déjà quitté l'alcove garnie de coussins et de courtines de pourpre; elle venait d'enlever la pâle onctueuse qui couvrait son visage et tout en jouant avec une boule d'ambre parfumée, elle parlaitb'demi voix b son astrologue égyptien chargé d'expliquer ses dans la régularité de ce secours. Elle porte dans une œuvre morale le discernement et la mesure nécessaire b nu service public, et, tout en s'inspi rent de l'Évangile, elle l'étndie dans un exem plaire que l'économie politique a commenté. Autre est la charité! Elle arme le patlvre loi- même; elle voit Dieu en lui et De voit gbère que Ini dans le monde. Nous avons besoin de la société pour dos pauvres, disait naïvement la sainte dont M. le vicomte de Melon vient de nous raconter simplement et dignement l'admirable histoire. Celte charité véritablement évangélique et complètement désintéressée des choses de la terre, avide de secourir les misères du corps et de l'âme, et b laquelle les pauvres manqueraient s'ils n'existaient point, humble et ferme devant les puissances du monde toute son ambition mêlée cependant b tous nos troubles et toutes nos infortnnes, traversant les bras ouverts et le cœur déchiré les feux de la guerre civile, infatigable et invulnérable, pleine d'indulgence pour ceux qui l'épuisent, pleine de pitié pour ceux qui l'éprou vent, cette charité presque divine semblait avoir pris un corps et nne figure pour séjourner au sein même des plus profondes misères de celte grande ville elle s'appelait la sœur Rosalie, et tenait sa cour céleste, comme elle disait en parlant de ses pauvres, au faobonrg Saint-Marceau. Si admirables que fussent en la sœur Rosalie le seos, la fermeté, l'esprit de conduite et la sainte activité de laquelle sout sorties tant de fondations pieuses, le grand trait de cette noble figore, c'est l'amonr de Diea dans les pauvres. Elle voyait Dieu dans les pauvres incessamment et naturellement comme avec les yeux du corps; on le sent du moins dans sod langage ordinaire: SaluoDs, disait-elle b ses sœorsen entrant dans la salleoù elle distribnait ses secours, saluons les anges qui sont fiers de con duire les pauvres en qui Dieu réside. Un jour qu'une sœur se plaignait de la lenteur des pauvres a traverser la conr et du temps qu'ils lui faisaient perdre: Quand vous tirez le cordon, répondit- elle, faites un acte de foi en la présence de Dieu dans le pauvre qui frappe b la porte, et vous ne vous plaindrez plos du temps qu'il passe dans la cour et dans la maison. Et no jour d'hiver qu'elle s'était dépouillée de son vêtement pour une pauvre femme et que ses compagnes le lui reprochaient doucement Silence, mes enfants, disait-elle, j'ai revêtu la Sainte-Vierge dépouillée de tout et gèlant de froid. Elle s'enorgueillissait donc du service des pauvres, et c'était sincèrement qu'elle disait b ceux qui la traitaient avec trop de respect Ap pelez-moi plutôt votre servante. Sa belle âme était d'ailleurs d'accord avec ses croyances pour lui faire aimer les pauvres. Les sooffrances du prochain lui étaient naturellement douloureuses et elle se soulageait elle-même eo les songes; le vieillard b figure rusée, lui disait Aujourd'hui vous remporterez une grande victoire snr vos ennemis... Il allait continuer, mais b l'aspect d'Horteusia, il salua humblement sa pa tronne et sortit. Sabine parut surprise en voyant la jeune fille pâle, agitée et si tremblante que les paroles ne pouvaient sortir de ses lèvres. Qu'avez-vous? lui dit-elle en souriant; il semble que vous d'avez pas dormi cette Duit? avez- vous assisté aux mystères de la bonne déesse? Sabine, répondit Hortensia, essayant de sur monter son trouble, hier, vous avez livré aux licteurs votre esclave Agathoclie, je viens vous supplier de la faire réclamer; vous eo avez le droit, usez-en, ne jetez pas votre esclave aux lions du cirque, ou aux bourreaux plus cruels encore!.. Sabine attacha sur Hortensia on regard scruta teur, et lui dit Vous aimez donc bien Agathoclie? Oui je l'aime... je voudrais la sauver... je vous l'achèterai si vous le voulez, an prix de tout ce que je possède, mes perles, mon collier d'éineraudes et celte bague qui vient de Corinlbe... Voyez, j'ai tout apporté. Saviez-vons qu'Agalhoclie fût chrétienne? demanda Sabine en pesant sur ce mot. [Pour être continué.)

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Le Propagateur (1818-1871) | 1857 | | pagina 2