allégeant. Sa charité était toujours inquiète, et les refus les plus justes et les plus nécessaires, lors qu'elle s'y était résignée, ne la laissaient jamais tranquille. Elle avait refusé un jour une couverture un homme qui vendait, pour s'enivrer, tout ce qu'on lui doonait. Ce refus troubla son sommeil le lendemain elle ne put se tenir de lui envoyer cette couverture, afin, disait-elle, que nous puissions la nuit suivante, bien reposer l'un et l'autre. Comment s'étonner qu'elle fût adorée des pauvres, si on songe qu'en les secourant ainsi elle avait soin de les respecter, et leur dounait, par dessus tous ces bienfaits, la considération et la politesse? Elle les connaissait bien et les savait plus sensibles aux bons procédés qu'aux secours; elle les défendait auprès des riches et voulait qa'ou accusât, non les pauvres, mais la pauvreté, de leurs défauts et de leurs vices. Ces pauvres gens, disait-elle sans cesse, valent mieux qu'ils ne paraissent; et, jalouse de l'honneur de son faubourg, il est calomnié, disait-elle; il vaut beaucoup mieux que sa réputa tion sa pauvreté laisse voir moins de dépravation et de malice que n'en cachent bien d'autres quar tiers sous leur luxe et sous leurs richesses. Avecun si grand amour de Dieu,avec une charilé qui embrassait certainement les âmes aussi bien que les corps, elle était pleine de discrétion et de sagesse dans l'action religieuse qu'elle pouvait exercer sur les pauvres, de peur que le désir trop vif de ramener au bien ne provoquât l'hypocrisie et que le secours ne devînt l'appât ou le salaire d'une cou- version menteuse, a Pour elle-même et pour ses compagnes, elle mettait au premier rang des prati ques religieuses l'exercice de la charité. Sachons, disait-elle, quitter Dieu pour Dieu et la prière pour les pauvres. Pleine de sens et d'humanité, elle s'affligea sincèrement de recevoir la croix d'hon neur. Véritablement humble pour son ordre comme pour elle-même, elle s'inquiétait de sa popularité et de l'admiration publique. Bientôt, disait-elle, les Sœurs de charité mettront des plumets 'a leurs cornettes et elle s'en attachait d'autant plus b sa chère maxime Soyons extraordinaires, b force d'être ordinaires. Pourquoi cependant nous étendre sur celte belle vie dont la gloire est en partie d'avoir voulu rester cachée? Que ceux qui veulent connaître quelques- unes des belles actions et des belles paroles de cette sainte lisent le simple et touchant recueil que M. de Melun a consacré b sa mémoire. Les choses y parlent d'elles-mêmes, et sans qu'il soit besoin d'éloquence, l'émotion saisit le cœur et les larmes viennent anx yeux. Disons seulement que cette vie volontairement passée au milieu des maladies, de la mort, de l'indigence, de l'obscurité et de tout ce que les hommes s'efforcent de fuir, a été, b ce qu'il semble, très-heureuse; que celle qui l'a menée ne l'eut changée contre aucune autre, et que, s'il faut l'en croire, en ce monde même la meilleure part est celle qu'elle a choisie. TERRIBLE ACCIDENT DU CHEMIN DE FER. Un accident, suivi de la mort de quatre per sonnes, et de graves et nombreuses blessures quelques autres, a eu lieu sur la principale ligne du Great-Northern railway, jeudi, vers midi, au train exprès de Manchester Londres, Voici ce que l'on nous écrit ce sujet Le convoi composé de la machine et son tender, d'un waggon de bagage, d'une voilure de seconde classed'une voiture de i' cl de 2' classe, d'une voilure de première classe et d'un waggon de bagage, avait passé la station de Tuxford au temps fixé, et était arrivé près de deux milles plus loin, quand en passant sur le viaduc qui traverse la route de Newark Tux ford, quelque chose se détache, on croit que c'est un essieu la machine fut séparée des voilures et marcha en avant, pendant que le convoi se divisait en deux; la première partie composée de la voiture de seconde classe et de la voilure de 1* et 2e classe monta sur le rem- part du côté sud du viaduc, et la dernière par tie, après avoir heurté le mûr du côté nord et brisé la pierre du revêlement et une partie des briques, tomba avec un horrible fracas sur la route au-dessous du viaduc. Les deux pre mières voitures firent un soubresaut sur le remblai et tombèrent de côté devant un petit jardin, et deux ou trois voyageurs furent assez gravement blessés, mais la majorité s'échappa sans danger et les voitures furent peu endom magées. Les autres trois voitures, y compris le waggon de bagages furent littéralement réduits en pièces, toute la partie supérieure étant ar rachée, et le waggon de bagage, sens dessus- dessous était complètement aplati sur le sol. Tous les secours disponibles Jurent rendus aussitôt que possibleet des exprès furent en voyés aux stations les plus proches et chez les médecins les plus voisins. Quatre personnes furent retirées mortes des débristrois autres étaient si grièvement blessées qu'elles ont pu peine être dégagées, et tous les autres voya geurs dans cette partie du convoi ont été plus ou moins gravement blessés. Les cadavres, et un ou deux voyageurs les plus déplorablement atteints, ont été transportés aux Armes de New- castle, Tuxford. Le reste des blessés a été con duit Retford. Les quatre morts sont l'honorable W. M. Windsor Clève,frère de l'honorable Rob. Clève, membre du parlement, qui se trouvait égale ment dans le convoi, mais qui n'a été que légè rement blessé; miss Leliline Paget, de Liverpool; Mm° Healon, de Lancaslre et Mm° Pilman,fem me d'un des employés de la compagnie des che mins de fer. De nombreux voyageurs ont, en outreété grièvement blessés et on craint pour les jours de 4 d'entr'enx. La tête d'une dame tuée était écrasée plat; une autre avait la tête fendue en deux. Une botte d'hommes, pleine de sang a été ramassée sur la route, elle avait été coupée. Un journal tout saturé de sang, a aussi été ramassé. On a trouvé de nombreux objets appartenant aux voyageurs, qui ont été remis la police et em portés Retford. Les employés de la lignesous la direction de M. Leith, supérieur intendant, ont fait tous leurs efforts pour adoucir les souffrances des blessés; la ligne qui était brisée dans une dis tance de 5o pas a été réparée en quatre heures et la circulation a été rétablie. Une enquête aura lieu devant le jury du coroner. L'enquête du coroner sur Taffreux accident dont nous donnons ici les détails a été commen cée vendredi l'hôtel des armes de New Castle où les corps des victimes avaient été transportés. Les corps des victimes ont été officiellement reconnusetaprès quelques témoignages peu importants, l'enquête a été ajournée. La cause de l'accident n'est pas encore bien connue, la rupture d'un essieu dont on parlait hier ne paraît pas être la véritable cause. M. Child. médecin de la compagnie du che min de fer, a visité toutes les personnes blessées, au nombre de dix-sept; malgré la gravité et le nombre des blessures de deux d'entre-elleset, notamment du garde du train, nommé Dyson, qui a le crâne brisé et un bras presque broyé, M. Child espère qu'il n'y aura pas de mort nou velle déplorer. NOUVELLES DIVERSES. Parmi les ouvrages que le Saint Siège vient de réprouver, figure le trop fameux Noord en Zuid, dû aux étudiants de l'université de Gandqui ont placé cette institution sur la pente de la ruine. On lit dans la Esperanza l'anecdote sui vante Un caballero, admirateur profond de l'Empe reur Charles-Quint, se rendit dans l'Estramadure pour visiter le monastère de Saint-Just, dernier séjour du grand homme. Dans un village voisin, il désira se faire raser et s'enquit d'un barbier auprès du maître dn logis. Telle était justement la profession de celoi-ci. Que vous êtes heureux, s'écria-t-il vous idolâtrez la mémoire de l'Empereur; eh bien! vous allez avoir l'honneur d'être rasé avec le rasoir dont se servait Sa Majesté Impériale! a Le caballero, euchanté, se livra b la merci de son bienfaiteur. Mais b mesure que l'opération avan çait, le visage du patient se contractait; lui-même s'agitait sur sa chaise, mais non pas de joie, et de grosses larmes tombaient sur la serviette qui entou rait son cou. Vous pleurez, caballero?demanda le barbier; vous aurais-je, sans le savoir, arraché quelques poils de barbe? Non pas, je pleure en songeant b ce que souffrait S. M. lorsqu'on l'écorchait avec ce rasoir. Le Staffordshire-Adverliser cite le fait suivant Mercredi dernier, M. Wheaterost, chirurgien b Cannock, a pratiqué l'intéressante opération de la transfusion sur la personne d'une femme nommée Wood. Immédiatement après l'accouchement, une bémorrhagie terrible s'était déclarée; cette femme était mourante, elle avait même déjà, d'une voix faible fait ses adieux b son mari, lorsque M. Whea terost eut l'idée de lui ouvrir la veine et d'ouvrir la veine b son mari; b l'aide d'un appareil spécial, il injecta dans la veine de la femme dix-sept onces du sang du mari; alors le pouls recommença h. battre, la couleur revint aux lèvres, les yeux se ranimèrent et la pauvre femme dit d'une voix plus forte. Je me sens mieux. Les suites de l'opéra tion ont été beureuses. La femme est en voie de rétablissement. Une lettre de Brest mande que, dans la nuit do 20 au 21 septembre, cinq forçats sont parvenus a s'évader, et ce qui est assez rare, du bagne même. Ces évasions ont lieu le plus souvent lorsque les forçats sont occupés aux travaux du port. Voici comment celle-ci s'est effectuée. Sept de ces hommes s'étaient concertés pour pratiquer un trou dans le plancher sous leur banc ou lit de camp. Au moment convenu, cinq d'entre eux avaient déjà réussi b descendre par ce trou dans un magasin situé au-dessous, lorsque la sentinelle ayant entendu du bruit et donné le sigoal, le sixième a été arrêté au passage, tandis que le septième se disposait b le suivre. Oo est b la poursuite des cinq premiers. Nous recevons aujourd'hui de nouveaux détails sur cette affaire d'Arrah qui a coûté cher aux Aaglais, mais qui a donné une preuve de plus de ce que peut l'énergie européenne dans les cir constances les plus défavorables. Les Anglais d'Arrah, au nombre de douze, un juge, un collecteur d'impôt, un ingénieur et quel ques employés du chemin de fer avaient fortifié une maison dans laquelle ils espéraient tenir quel ques heures en cas d'attaque. Quand le soulèvement de Dinapore éclata, ils se sont jetés dans l'asile qu'ils s'étaient préparé avec 45 Sikhs. C'est b détruire cette poignée d'hommes que les cipayes insurgés a Dinapore se sont inutilement attachés. En revanche, un détachement de 4oo hommes envoyé aux secours des assiégés est tombé de nuit dans une embuscade et a été, comme on le sait, réduit de moitié. Ou était persuadé que cet échec condamnait les assiégés b périr. Ils ont tenu huit jours encore et ont été enfin sauvés, dans la soirée du 3 août, par le major Eyvre, officier d'artillerie de l'armée du Bengale, qui, venu de Buxar avec trois canons et 2O0 hommes, a battu les assiégeants et délivré la maison. Les cipayes étaient au nombre de 2 b Sooo et étaient commandés par un rajah. Oo lit dans le Journal des Débats Dans un intéressant article le Morning-Post cherche b diminuer l'étonnement que peuvent causer les cruautés inouïes qu'exercent aujourd'hui les Indiens sur leurs victimes. Le goût des sacrifices

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Le Propagateur (1818-1871) | 1857 | | pagina 3