De Broockere, bourgmestre de Bruxelles écrit les
lignes que voici
Je me suis toujours prononcé contre l'homo-
géoéité politique du Conseil communal j'aime
au contraire que toutes les opinions soient repré-
sentées, afin, quand il s'agit des intérêts de la
commuuauté, que tous puissent se convaincre que
l'administration a pour mobile le juste et l'utile.
Quelle est a ce sujet, l'opinion de nos édiles
Yprois? Nos meneurs libéraux sont-ils, comme le
bourgmestre de Bruxelles, les adversaires de
l'homogénéité politique du Conseil communal, ou
bien veulent-ils uo Conseil d'une même couleur,
bien discipliné et toujours obéissant aux arrêts de
l'association libérale?
Faire ces questions, c'est y répondre. Ce que
nous voyons de nos yeux ne prouve-t-il pas que
tous les efforts de nos libéraux ne tendent qu'à
l'exclusion de tout homme indépendant qui ne
partage pas leurs opinions, qui ne se soumet pas
aveuglément leurs exigences?
REVUE POLITIQUE.
En attendant que la malle des Indes apporte
des nouvelles plus fraîches du théâtre de
l'insurrection les journaux reviennent qui
mieux mieux sur les événements déjà connus.
Nous ne les suivrons pas sur ce terrain. Signa
lons cependant le mécontentement général dont
la conduite du gouverneur, lord Canning
devient de plus en plus l'objet. On l'accuse
hautement, dit une correspondance de Calcutta,
de manquer de prévoyance et d'énergie. On lui
a donné le sobriquet de Mylord Ah bah parce
qu'il dit presque toujours Ah bail! Quand on
lui a parlé de la situation terrible du pays où
des machinations des conspirateurs indigènes,
il n'a pas voulu croire ce qu'on lui disait il
n'a pas voulu armer les Européens Calcutta,
jusqu'à ce qu'il ait eu la main forcéeil n'a
pas voulu, pendant bien longtempsdésarmer
ses gardes du corps, bien qu'ils eussent com
ploté son assassinat. Son apathie extraordinaire
a fait pousser des cris de rage non-seulement
aux Anglais, mais tous les Européens. Et
les indigènes eux-mêmes en ont été tellement
étonnés, qu'ils ont dit Quoi! le seigneur
Sahib nous laisse faire! Quoi! il nous fait voir
que le règne de la Compagnie est bien fini!
Les indigènes pourraient bien avoir dit
vrai, et si l'empire britannique aux Indes doit
se reconstituer, il n'est guère improbable que
l'administration de la célèbre Compagnie en
est son dernier gouverneur général.
D'ailleurs des dissensions graves se sont
élevées entre lui et le nouveau commandant en
moi une pauvre femme dont les humbles vêlements,
les traits fatigués, les yeux pleins de larmes,
disaient la misère et les chagrins. Elle mecontempla
longtemps d'un œil d'envie disant Ma pauvre
fille aime tant les roses!... Puis elle ajouta:
Celle-ci est bien jolie! Sa vue réjouirait le cœur de
ma pauvre fille malade; mais elle est trop chère
pour moi. El la pauvre femme, soupirant, s'en alla
avec tristesse.
La bouquetière avait entendu et le souhait et le
soupir, et elle en avait été émue. Les bonnes gens
s'aident entre eux. La pauvre femme fut rappelée,
et moyennant quelques deniers, heureuse et recon
naissante, elle m'emporta!
Ainsi j'étais vendue... et vendue vil prix! J'en
rougis de bonté. Je songeai que, sans doute eo ce
moment, placées dans des vases précieux de Sèvres
ou du Japon, mes sœurs étalaient leurs brillantes
couleurs dans la demeure somptueuse des grands.
Je comparai avec leur sort celui que le ciel me
faisait. Je murmurai dans mon cœur et je baissai
ma tête humiliée.
chefsir Colin CampbellIl faut toutefois
rendre lord Canning celte justicequ il
résiste avec fermeté celte soif de vengeance
dont les Anglais sont possédés et qui les
entraîne trop souvent frapper indistinctement
les innocents et les coupables. Celle conduite
paraît avoir déplu une population surexcitée.
Elle n'en est que plus méritoire.
Un mieux constant s'est déclaré dans l'état
du roi de Prusse, dont on désespérait ces jours
derniers. La convalescence de S. M. ne laissera
pas cependant que d'être longue encore doule-
t-on que le roi récupère jamais dans toute leur
plénitude ses forces physiques et intellectuelles.
Le cabinet s'est donc vu dans la nécessité de
pourvoir, durant ce laps de temps, l'exercice
du pouvoir royal par l'institution d'une sorte
de lieutenance générale ou de vice-royauté
intérimaire. Il a été reconnu unanimement
dans le conseil que ces fonctions revenaient de
plein droit au prince de Prusse, frère du roi et
héritier présomptif de la couronne. S. M. doit
être invitée, la première occasion, sanc
tionner celte délibération. Le prince a déclaré,
de son côté, qu'il ne se chargerait du gouver
nement que sur l'ordre direct du roi. On sait
que depuis nombre d'années le prince et la
princesse de Prusse sont restés presque exilés
volontairement de la cour, et qu'à leur avène
ment une ligne de conduiteune politique
nouvelles ne tarderont pas prévaloir.
Il est enfin permis d'espérer une solution
la crise ministérielle espagnole. L'amiral
Armero a reçu de la Reine mission de former
le nouveau cabinet il en a accepté la prési
dence. Parmi les collègues qu'on lui assigne
se trouvent MM. Mon, ambassadeur Rome,
Bermudes de Castro, ambassadeur Eienne,
le général Roos de Olano.
1 rjT i-
On lit dans le Moniteur
Nous croyons devoir mettre le pays en garde
contre certains bruits qu'on cherche, depuis quel
que temps, répandre dans les provinces comme
dans la capitale, et qui, par la persistance qu'on
met les accréditer, pourraient finir par émouvoir
momentanément l'opinion publique.
Ainsi, l'on dit que le gouvernement a résolu
d'ouvrir, sans discours du Trône, la session légis
lative de 18Ô7-1858. Le cabinet n'a jamais eu
la pensée d'une pareille suppression que rien, ses
yeux, ne saurait motiver.
Ainsi, l'on prétend qu'il est question de repren
dre, au début de la sessioo, la discussion du projet
de loi relatif aux établissements de bienfaisance.
Fidèle l'engagement qu'il a pris, la face du
pays, le ministère, immédiatement après les débats
La pauvre femme, me tenant avec précaution,
m'emportait d'une course rapide. Bientôt nous arri
vâmes devant un grand bâtiment, l'aspect sombre
et sinistre. Nous entrâmes sous une porte étroite et
basse qui se ferma lourdement sur nous.
Juste ciel! m'écriai-je, où suis-je? Où me
conduit-on? Quelles sont ces hautes murailles qui
cacheut le jour? Que ces cours sont petites et
humides! que ces pavés sont froids! Le soleil se
lève-1-il sur cette terre?
Nous parcourûmes de ténébreuses galeries, où
des figures livides passaient en silence comme des
ombres; celle qui m'emportait avançait d'un pas
furtif eu cachaut ses larmes. Elle s'arrêta enfin
devant une lourde porte de fer, au-dessus de
laquelle était écrit en gros caractères ces mots
terribles: Condamnées!
Hélas! c'était la demeure de l'expiation.
Après une longue attente, la porte s'entr'ouvrit
pour nous donner passage, et la voix brisée de
l'infortunée put peine prononcer un nom....
celui de sa fille.
sur l'adresse, proposeraà la Chambre l'ajournement
de ce projet de loi.
Ainsi encore,on interprète, de manière inquié
ter les esprits, le rappel de quelques miliciens.
Or, voici le fait. L'effectif des hommes en solde
s'est trouvé considérablement réduit par suite du
grand nombre de congés accordés des miliciens,
pour les travaux de la moisson. Ces travaux étant
terminés, et le chiffre trop peu élevé de l'effectif
des régiments imposant aux garnisons uo excès de
fatigue qui réagit d'une manière fâcheuse sur l'état
sanitaire de la troupe, il a fallu rétablir le chiffrç
normal des hommes présents sous les armes, cette
époque de l'année. Ce chiffre est encore inférieur
de plus de 6,000 hommes l'effectif moyen fixé
par le budget.
Enfin, ces jours derniers, un autre bruit est
venu jeter l'alarme au sein de nos populations,
celui d'une grave et subite indisposition de Sa
Majesté.
Ce bruit est encore sans le moindre fondement.
Jamais, grâce au ciel, la santé du Roi n'a été
meilleure.
Le Moniteur publie le tableau constatant les
recouvrements faits sur lesimpôtsindirects pendant
les trois premiers trimestres de l'année courante.
Dans le budget de 1857, les évaluations pour
cette période montaient 78 millions 919 mille
25o francs, et on a reçu millions 708 mille
485 fr. 4o c., soit 1 million 789 mille 235 francs
4o c. de plus que les évaluations. Cetétat de choses
n'est pas moius satisfaisant lorsque l'on compare
les recettes effectuées en 1857 avec celles de l'année
précédente.
A pareille époque de l'année 1856, on n'avait
reçue que 74 millions 4o4 mille 390 fr. 88 c., de
sorte qu'en 1857, il y a eu excédant de 1 million
3o4 mille g4 fr. 52 c.
Nous trouvons dans les journaux de Turin une
étrange circulaire aux électeurs; elle est datée de
Londresde Y Athenœum clubet sigoée A.
Gallenga. Nos lecteurs se rappellent les faits hor
ribles que ce nom réveille; nous les leur avons
fait connaître il y a quelques mois, mais nous les
leur remettrons eu mémoire par les lignes suivantes
de YArmoniaqui nous montre avec quelle
moralité le système parlementaire est exploité en
Piémont:
Gallenga, le régicide de Charles-Albert, celui
qui était venuà Turin pour le poignarder, qui avait
reçu pour cela un billet de mille francs de Mazzini,
ce même Gallenga réapparaît et se présente comme
député. Qui sait si le ministère n'appuie pas sa
candidature ne l'a-t-il pas appuyée une fois? ne
soutient-il pas celle du professeur Melegori, qui
Sa fille!... Avec quels transports la pauvre
mère prit dans ses bras le corps frêle et amaigri qui
gisait sur la dure! de quelles caresses elle couvrit
le front décoloré, les yeux caves, les joues terreuses
de la condamnée
Que se dirent-elles pendant le peu d'instants qui
leur furent accordés? Je ne sais.J'entendis des
mots de déshonneur, de crime, de jugement mêlés
des cris de douleur et de révolte. Je vis les mains
de la mère se lever pour bénir, puis on l'emporta
mourante.
La condamnée la suivit des yeux... Mais dans le
sourire amer de ses lèvres crispées, dans son regard
effrayant, il y avait plus de reproche et de désespoir
que de tendresse et de regret.
Lorsque dans nos champs, avant d'éclore, j'en
tendais mes sœurs parler de jeunes filles, je me les
figurais jolies, heurenses, innocentes comme nous.
Quand la pauvre femme m'avait emportée pour sa
fille malade, je voyais celle-ci dans ma pensée,
un peu faible et pâlie, comme une de nous après
un orage. Jamais, dans ma pauvre essence de fleur,
je n'aurais pu supposer ce que je voyais.
{Pour être continué.)