41me Année.
No 4,184.
LÉGENDES BOHÈMES.
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an, pour le dehors fr. 7-50 par
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
trois mois. pour 3 mois.
7?5.3S, 4 Novembre.
revue politique.
Une correspondance de Bombay assure que c'est
bien un peu malgré eux que les généraux Wilson
et Nicholsou ont entrepris si tôt l'assaut de Delhi.
Ils auraient voulu attendre l'arrivée des renforts,
surtout de cavalerie, afin de pouvoir empêcher la
fuite des rebelles. Mais ils ont reçu par télégraphe
cet ordre péreraptoire du gouvernement central de
Calcutta: Finissez-en; prenez la ville!
A la suite du grave échec que vient d'essuyer
l'insurrection, les révoltés pourront tenir encore ça
et fô, et sans doute il faudra longtemps encore avant
que la tranquillité du pays soit bien (établie, mais
il paraît certain que l'insurrection ne retrouvera
plus un autre Delhi et qu'elle a perdu le prestige
que lui donnait la possession de cette ancienne
capitale. Il ne faut pas oublier d'ailleurs que les
reuforts des Anglais ont commencé arriver et que
chaque semaine ajoutera leur nombre, tandis que
les forces des Hindous désorganisées et sans chef
iront nécessairement en décroissant, d'autant plus
que les présidences de Bombay et de Madras, qui
n'ont point voulu se soulever au commencement de
la révolte, quand celle-ci offrait quelques chances
de succès, ne le voudront pas sans doute actuelle
ment.
Puissent les Anglais profiter de la fatale expé
rience qu'ils viennent de faire. Qu'ils réforment
leur administration. Qu'ils ne négligent rien pour
répandre la religion chrétienoe parmi les indigènes
et améliorer leur condilion matérielle et morale.
Enhardi sans doute par les embarras que l'An
gleterre rencontre dans l'Inde, l'empereur de la
Chine a formellement approuvé la conduite du
vice-roi de Canton et paraît disposé ne recevoir
aucune ambassade européenne. Aussi le gouver
nement britannique ne manquera-t-il pas défaire
IV.
(Suite. Voir le n° 4.i83 du Propagateur.)
Et la pauvre Gretchen, que devient-elle dans le
bois solitaire? Le sang coule avec la vie des six
blessures cruelles, et teint de pourpre la mousse
fleurie et la bruyère.
Avoir été si près du bonheur et mourir!
Cependant un vieillard se glisse travers les
rochers. Quel est-il? Personne encore ne l'a vu, et
c'est pour la première fois qu'il vient sur les bords
de la verte Moldau. Sa barbe grise tombe jusqu'à
ses genoux, son visage est ridé comme le parchemin
d'nn vieux livre, mais son œil noir roule du feu. Il
se penche vers la jeunefilleet l'emporte comme une
plume légère. Il entre avec elle dans la caverne,
qu'une vigne sauvage cache sous le rideau de ses
rameaux flottants.
Il l'étend sur une couche de feuilles sèches, et
doucement appuiesa têtesur un oreiller de romarin,
puis il la contemple en silence. Bientôt il se dirige
vers l'extrémité reculée de la grotte; il prend un
flacon de cristal caché dans l'ombre, revient v er sa
prévaloir ses droits l'aide d'un grand déploiement
de forces, dès que les circonstances lui permettront
de rien tenter de considérable.
L'affaire des duchés se complique. Il est proba
ble que les grandes puissances allemandes présen
teront incessamment la Diète Germanique une
proposition en leur faveur.
Les Etats de Suède poursuivent la discussion do
projet de loi tendant faire disparaître ou mitiger
les peines dont se trouve frappé tout Suédois pas
sant du luthéranisme un autre culte. Cette
proposition a rencontré une vive opposition dans
les ordres du clergé et de la noblesse.
A Lisbonne, l'épidémie qui décime la popula
tion, fièvre jaune ou typhus, car les médecins
ne sont pas d'accord sur ce point, augmente,
au lieu de diminuer, malgré le refroidissement de
la température, et trompe ainsi toutes les prévisions.
La majorité des électeurs dans les villes semble
être frappée de vertige. Il y a confusion, il y a
anarchie dans les idées des prétendus libéraux; et
cette anarchie, qui a déjà éclaté dans les journées de
mai, pourrait bien avoir pour la Belgique les plus
déplorables conséquences; ce n'est pas sans danger
grave que l'on joue l'émeute.
Cette situation, si compromettante, n'est pas
comprise, il faut le dire, par la plupart des catho
liques. Les uns vont jusqu'à voler avec des gens qui
n'ont de libéral que le nom,«et les autres se ren
ferment dans une apathie non moins repréhensible.
D'où vient cet aveuglement? C'est qu'en général
les catholiques se trompent, ou sont induits en
erreur par les habiles du parti libéral, sur un point
constitutionnel qui forme la base de notre organisa
tion politique. Le Congrès national a proclamé
l'indépendance et la séparation du pouvoir civil et
de l'autorité religieuse; mais, en posant des limites
entre ces deux puissances, il n'a pas entendu établir
jeune fille, et verse sur ses lèvres quelques gouttes
d'un cordial généreux, préparé par les fées; sur ses
poignets mutilés, sur ses jambes que la hache a
brisées, il pose le trèfle quatre feuilles cueilli
pendant la nuit, sous le blancrayon de la lune, dans
les gorges sombres du mont des Géants; dans
l'orbite sans prunelle, il place la fleur rouge de la
mandragore qui chante puis il murmure voix
basse les paroles mystérieuses d'une langue que les
hommes ne comprennent pas.
Soudain le sang des blessures s'arrête, la poitrine
se soulève et palpite, la bouche frémit et respire, et
lentement sur les joues la vie paraît et fleurit. Le
vieillard étend les mains sur elle, et lui dit:
Dors et rêve!
Puis d'un pas léger, il va jusqu'à l'entrée de la
grotte, et prenant en main son cor d'ivoire vert, il
sonne un appel.
Quelque chose s'agite dans les broussailles, on
entend comme un frôlement de feuilles sèches; un
nain paraît, vêtu comme on berger de la montagne
Blanche, la peau de mouton sur l'épaule, la ceinture
de cuir aux reins, l'œil vif, le front hardi et les
cheveux en broussailles.
Maître, me voilà, que veux-tu?
Viens ici, dit le vieillard.
Le nain s'approche.
entr'elles un antagonisme qui les affaiblît l'une et
l'antre; il n'a pas voulu amoindrir l'autorité reli
gieuse, dont il connaissait l'influence salutaire sur
la société; il a eu au contraire l'intention de ren
forcer cette influence en octroyaot l'élément
religieux la plénitude de sa liberté. Ainsi, l'autorité
ecclésiastique n'empiétera pas sur le pouvoir civil,
mais le pouvoir civil n'empiétera pas sur l'autorité
ecclésiastique; l'autel ne sera pas sur le trône, mais
le trône ne sera pas sur l'autel. L'homme doit
compte de tous ses actes, extérieurs et intérieurs,
Dieu; il ne relève de l'autorité temporelle ou civile
qu'en ce qui concerne ses actes extérieurs. Or, que
se passe-t-il? Les roués du parti libéral disent aux
catholiques plus ou moins vacillants: de même
que la politique n'a rien voir dans la religion,
de même la religion n'a rien voir dans la politi-
que; les cagots voudraient bien s'emparer du
pouvoir, mais ils nous imposeraient un gouverne-
ment théocralique (ce qu'ils savent être irapossi-
ble); vous avez trop d'esprit pour ne poiot
comprendre cela; vous avez de la religion, mais
elle est éclairée; vous n'êtes ni jésuite, ni caffard.
Nous n'en voulops ci la religion, ni ses minis-
très: travaillez donc avec nous contre ceux que
nous appelons cléricaux parce que, s'ils parve-
naient établir une théocratie en Belgique, nous
tomberions sous la domination temporelle du
clergé.
Et des hommes sensés d'ailleurs se laissent
prendre ce piège ."ils votent côté des libéraux
pour exclure les catholiques de toutes les positions
politiques ou administratives. Catholiques faibles et
fourvoyés, ils ne comprennent pas la portée de leur
imprudente conduite. Ils De voient pas qu'ils servent
d'instruments leurs propres ennemis, aux ennemis
de leur religion; que les pseudo-libéraux, une fois
maîtres de la place, les confondront avec les pré
tendus cagots dans un même ostracisme; qu'alors
Pas une minute perdre! le temps nous
presse; tu sais où est le rouet d'or?
Le nain s'incline sans mot dire.
Vite, prends-le et cours au château du roi;
tu te placeras sous les fenêtres du grand balcon la
reine verra ton rouet, elle voudra l'acheter tu lui
diras que tu De le vends aucun prix, mais que
pourtant tu le céderas la reine si elle peut te don
ner deux pieds de femme fraîchement coupés.
Le nain prend le rouet, sort du bois, traverse la
Moldau, arrive aux portes de la ville, se rend sur la
place du palais et commence faire tourner sou
rouet.
La reine entend le ron-ron sonore; elle accourt
sa fenêtre, se penche sur le balcon 0 ma
mère! le beau rouet! Comme il brille au soleil! Je
le voudrais. Quel bonheur d'avoir ce beau rouet!
Il est d'or fin.
Tu es la reine, répond sa mère; tu peux ce
que tu veux.
On fait venir le nain Combien ton rouet?
Il n'est pas vendre; son maître est riche, et
pour lui l'or n'est rien.
Je le veux pourtant, dit la Reioe. Fais ton prix.
Eh bien, répond le nain, donnez-moi deux
pieds de femme, et vous aurez mon rouet.