41me Année. No 4,186. UN MARIAGE EN 1794 4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75 7PR.3S, il Novembre. ou l'héroïsme de l'amour filial. Le régime constitutionnel ou parlemen taire est sans contredit le plus favorable l'expansion des forces vives d'une nation; mais, par cela même, il engendre le plus de mouvement dans les passions, le plus d'agitation dans les idées, le plus de crises dans le développement des améliorations sociales. Quoique le peuple belge se distingue, en général, par un penchant prononcé pour l'ordre, la modération,la tranquillité, il ne saurait pourtant se soustraire aux conséquences, le plus souvent naturelles, quelquefois forcées, du système politique fondé en 1830. Notre pacte constitutionnel a excité, juste titre, l'admiration et l'envie du monde civilisé. Laissez.nos institutions leur jeu régulier, et la Belgique sera le pays le plus libre et le plus heureux du continent; précipitez, au contraire, l'action des rouages et vous tomberez d'irrégula rité en irrégularité, de violenceen violence, pour aboutir fatalement l'anarchie et la guerre civile. Nous assistons une de ces crises qui sont le résultat, non de la nature de nos institutions, mais des passions désordon nées de certains hommes de parti. Déchus du pouvoir, les prétendus libé raux sont impatients de le ressaisir, et ne reculent devant aucun moyen pour attein dre leur but. Si les voies légales font défaut, ils ont recours la violence la plus brutale: les émeutes, le pillage, l'incendie; attentats contre les personnes et contre les propriétés. Le ministère De Decker était appuyé, la Chambre des Représentants, par une majorité de 60 voix contre 40, une majo rité qu'aucun ministère libéral n'a jamais pu réunir, et les meneurs du parti du désordre ont voulu le renverser. La loi sur la charité, loi si conforme aux inspi rations de l'humanité et aux intérêts de toutes les classes nécessiteuses leur a servi de prétexte. On a répandu flots sur le pays, les médisances, les calomnies, les mensonges, les suppositions injurieuses et chimériques; et l'on est parvenu soulever contre tous les pouvoirs établis par la Constitution, non pas la nation, non pas le peuple, non pas la classe ouvrière, mais une fraction ignorante et orgueilleuse de la bourgeoisie et une tourbe de jeunes gens étourdis et corrompus. Le ministère a loyalement déclaré qu'il proposerait l'ajournement de la loi sur la charité, et le Roi lui-même a fait un appel la modé ration de tous les partis. Les révolution naires n'ont pas été satisfaits et ils sont restés sourds la voix du Monarque. La politique des rues a trouvé de l'écho chez les électeurs des villes. Les conseils com munaux se substituent cavalièrement aux Chambres législatives. Un troisième parti vient de lever la tête au milieu de la na tion belge, c'est le parti anarchique. Le ministère De Decker, qui n'avait accepté d'autre mission que celle de pacifier les esprits, a succombé la lâche, il s'est retiré. Que sortira-t-il de la crise actuelle? 11 n'y a guère, selon nous, que trois hypothèses possibles. Un ministère libéral avec la faculté de dissoudre les Chambres; ou un ministère conservateur (de la Consti tution) avec le droit de destituer les fonc tionnaires qui enrayent la marche de nos institutions ou bien un ministère d'affaires qui se borne administrer jusqu'aux prochaines élections. LE PROPAGATEUR pour la ville 6 fr. par an, pour le deiiors fr. 7-50 par trois mois. pour 5 mois. revue politique. On écrit de Londres, au Pays, le 6 au soir, que le gouvernement du Céleste-Empire avait officiel lement déclaré la guerre aux Anglais, le 11 septem bre dernier. Les hostilités, avant cette époque, existaient de fait, mais cette dernière démarche montre quelles sont aujourd'hui les dispositions de la cour de Pëking et son ignorance du véritable état de choses. Une dépêche de Madrid nous annonce que le ministère de l'iutérieur vient de recevoir une nou velle organisation. 11 n'est donc pas probable que le cabinet ait déjà vu, comme on l'a prétendu, son existence sétieusement menacée, ni qu'il ait songé se retirer. Le jeune roi de Portugal, qui montra tant de courage et d'humanité au milieu de l'affreuse contagion qui désole et dépeuple sa capitale, vient d'envoyer i million de réaux (25o,ooo fr.), somme considérable pour le patrimoine royal, la junte de secours établie pour les pauvres. Nous sommes heureux de nous joindre aux journaux espagnols pour rendre hommage la noble conduite de ce prince, qui donne tous les fonctionnaires de son royaume un exemple si soutenu de fermeté et de dévouement. On annonce que la commission européenne in stituée pour les règlement des frontières turco- russes, a ouvert ses séances le 3o octobre Con- stantinople. Cette commission, après avoir parcouru les ter ritoires eo litige, a fait dresser un plan exact des lieux, et a proposé plusieurs rectifications qui ont été adoptées eo principe. C'est pour régulariser ses travaux et arrêter un système complet d'arran gement qu'elle vient de se rassembler de nouveau dans la capitale de l'empire ottoman. M. le duc de Gramraont, ambassadeur de France Rome, a été reçu, par le Saint-Père, eu audience solennelle, le surlendemain de son arrivée, c'est-à- dire le 3 de ce mois. Il a reçu ensuite la visite des membres du corps diplomatique et d'un grand nombre de personnages de distinction. M.deGram- I. Vous le voulez donc absolument, ma chère Hélène? Ma bonne, pouvez-vous en douter? Cette démarche est mon seul espoir; elle me rendra peut- être la vie de ma mère, et j'hésiterais la tenter Hélas! mon enfant, vous ne savez pas ce que vous allez faire; vous ne connaissez pas ces hommes, ces monstres... Je sais qu'ils peuvent tout ici, que la vie de ma mère est entre leurs mains; cela me suffit... Du reste, Geneviève, si vous craignez de me suivre j'irai seule... Moi mademoiselle, ce mot me décide. Par tons, je vous suivrai partout! Ainsi parlaient, d'une voix oppressée par la crainte, deux femmes dont les traits portaient les mont a été accueilli par le gouvernement et par la société romaine avec la même sympathie et la même distinction que son prédécesseur, qui a laissé dans le pays de si excellents souvenirs. marques de l'angoisse et de la douleur. L'une était une jeune fille de seize ans, au profil ionien, la brune chevelure, et dont les yeux respiraient ce courage, fils du malheur et père des entreprises audacieuses; l'autre, déjà vieille, apportait daDsses remontrances la prudence timide qui nous suit au déclin de la vie: elle craignait un peu pour elle- même, et beaucoup pour l'enfant qu'elle avait élevé. Geneviève avait été la berceuse d'Hélène de Cursy elle avait sur la jeune fille tous les droits qu'assure un long dévouement mais, eu cet instant, ses avis, ses conseils demeuraient inutiles la mère d'Hélène subissait, dans ces jours de troubles, le sort com mun aux nobles âmes et aux positions élevées. Dénoncée comme royaliste et Janatique au club de la sectionMm° de Cursy s'était vue, au milieu de la nuit, arrachée des bras de sa fille et traînée dans une prison où, mise au secret, elle attendait cet arrêt qui, mieux que la loi, nivelait, en ces temps orageux, les inégalités sociales. Hélène, au sein de ces heures affreuses qui font peser sur le Les lignes précédentes étaient composées quand nous avons reçu le Moniteur qui publie les arrêtés royaux qui acceptent les démissions des anciens ministres et nomment les nouveaux titulaires. Tous ces arrêtés sont datés du 9 novembre. Le premier arrêté royal, contresigné par M. de Decker, ministre de l'intérieur, accepte les démis sions offertes, sous la date du 3i octobre, par MM. cceur le poids de toute une vie, avait embrassé une résolution désespérée. Un artisan, autrefois labo rieux et probe, enivré des idées nouvelles, avait abaodonné sa forge et son enclume pour monter sur les tréteaux républicains; là, une violence amère, une rage passionnée contre des distinctions qu'il enviait en les proscrivant, lui servaient d'éloquence; la puissance, mais la puissance du mal, lui avait été accordée, et, aux côtés de Joseph Lebonil siégeait sur les bancs de ce tribunal qui décimait la ville d'Arras, et dont le souvenir détesté est demeuré debout jusqu'aujourd'hui. C'était cet homme-là qu'Hélène voulait implorer. Cachée sous un modeste chapeau, la taille cou verte d'un mantelet de soie noire, Hélène sortit de sa maison, naguère si brillante, maintenant aban donnée et muette comme un sépulcre. Suivie de Geneviève, elle s'achemina, d'un pas furtif et timide, travers les rues d'Arras, où la Terreur visible semblait planer. Aucun négoce n'animait plus cette ville, autrefois vivifiée par la séve du

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Le Propagateur (1818-1871) | 1857 | | pagina 1