41me Année.
Samedi 21 Novembre 1857.
No 4,189.
UN MARIAGE EN 1794
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
TPEiSS 21 Novembre.
v.
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 3 MOIS.
revue politique.
Le Globe du 16 recommande aux éloges et h
l'admiration de la cation les noms des hommes qui
ont le plus constamment contribué h la conserva
tion des Indes sous la domination de l'Angleterre
Lawrence, Wilson, Nicholson, Neill, Outram,
Inglis, Eyre, et Havetock.
Le Morning-Post doute que le gouvernement
propose le reform-bill dans cette session.
La presse de Londres, au lieu de regretter les
représailles qui ont eu lieu b Delhi et de les montrer
comme étant le résultat de l'exaspération des soldats,
soumis depuis longtemps aux plus cruelles souf
frances, semble les glorifier; nous croyons donc
devoir lui rappeler les faits suivants, qu'elle ignore
peut-être
Lorsque la ville fut prise, des corps de cavalerie
cernèrent les issues et empêchèrent tous ceux qni
s'y trouvaient de sortir, et ils furent passés par les
annes; cela dura trois jours. Le nombre des femmes
et des enfants qui périrent dans cette circonstance
est de 5i7, appartenant b des familles indigènes
que les insurgés avaieut contraiules de rester dans
Delhi.
Le corps électoral a encore devant les yeux le
manifeste de l'association libérale d'Ypres, publié
par MM. H. Carton et Ern. Merghelynck b l'occa
sion des dernières électioos communales.
Ce manifeste maçonnique, dont la partie domi
nante a été littéralement reproduite dans nos
colonnes, a fortement impressionné le public; nous
avons soumis b nos concitoyens et aux hommes
d'ordre de l'arrondissement, catholiques ou libé
raux, de graves réflexions que ce document nous
suggérait. Devant ces réflexions, nos adversaires
habituellement si loquaces et si peu embarrassés de
bien de choses, ont cette fois gardé un silence
OU L'HÉROÏSME DE L'AMOUR FILIAL.
(Suite. Voir le n° 4.'8S du Propagateur
Le mariage offrit b Hélène toutes les épreuves
qu'elle avait redoutées: c'était un esprit inculte et
jaloux devant lequel le sien devait s'abaisser c'était
la dure intimité de chaque heure avec un caractère
antipathique; c'étaient les douleurs de sa mère,
dont le cœur semblait l'écho de tous les maux de
sa fille; c'était la honte des crimes des Granier qui
venait peser sur la triste épouse. Cependant, elle
souffrait sans se plaindre; quoique accablée d'un
sombre dégoût, elle remplissait ses devoirs avec
constance, avec séréoité même. En l'absence de
Granier, qui était allé promener la terreur dans les
bourgades de l'Artois, elle était parvenues acqué
rir un certain empire sur l'esprit de son mari. Il
subissait involontairement le charme de sa douceur,
de sa bonté et même de cette élégance qu'il n'avait
jamais connue; plusieurs fois, les prières d'Hélène
avaient empêché les motions sanguinaires que
obstiné. Pour qui connaît les hommes et les choses,
ce silence dit plus que oous pourrions dire, et fera
voir plus clair b bien de personnes.
Quelques jours se sont b peine écoulés, et déjb
l'on voit marcher les choses. Qui nous dira où nous
allons?
Nous devons de nouveau appeler l'attention
publique sur le manifeste maçonnique de dos me
neurs.
Le grand grief articulé contre l'opinion catholi
que et conser vatrice, qu'ils accusent avec une insigne
mauvaise foi de vouloir rétrograder ce grief,
c'est: d'oser dire la civilisation: tu n'iras
pas plus loin. Lés fraDctnaçons ne se cooteu-
tent pas eux en effet de nos libertés constitution
nelles qui leur donnent tonte latitude possible, ni
du jeu régulier de nos institutions pour les ramener
au pouvoir; pour exécuter leurs projets tramés daDS
les mystères des loges, ils avaient déchaîné déjb la
force éminemment civilisatrice de l'émeute, ils se
préparaient b faire violence b tous les ressorts
constitutionnels et monter b l'assaut du pouvoir. Ils
vont loin, ils jouent gros jeu. Non, nonsdisent-ils,
c'est votre crime d'oser nous dire Vous n'irez pas
plus loin. Laissez aller la francmaçonnerie, laissez
vous mener par elle; elle ira bien plus loin encore,
plus loin peut être que ne le pensent et ne le disent
nos meneurs eux-mêmes, s'ils ne sont pas initiés
aux secrets des plus hauts grades. C'est la Religion,
la première base sociale qu'ils veulent détruire
d'abord. Ce n'est plus un mystère pour persoone;
on l'avoue, l'on s'en vante, oe le proclame sur les
toits, et les signataires de la nouvelle édition de
Mamix mettent en avant la plume de Quinet, pour
dire qu'on ne reculera dans ce but, ni devant le
feu ni devant le sang répandu b grands flots.
Entretemps on travaille dans les collèges, dans
les universités b former une jeunesse noo pas
incrédule mais radicalement impie; daos ses feuilles
la maçonnerie n'a rien de plus b cœnr, que de se
moquer des dogmes religieux et de baffouer la
Léonidas devait faire dans les sections; elle le
ramenait b son insu vers les idées de modération et
de paix qui grandissaient alors dans l'ombre, et
dont Paris, las de massacres, rassasié de sang,
subissait surtout l'influence.
Hélène jouissait de ses conquêtes, elle entre
voyait même un meilleur avenir, car son généreux
esprit ne demandait qu'b pardonnerquaod
éclata le neuf thermidor, arc-en-ciel de paix après
deux ans de tempêtes. Robespierre suivit b l'écha-
faud la pâle multitude de ses victimes, les tyrans
subalternes eurent leur tour; Granier, traduit b
la Convention, en même temps que Joseph Lebon,
paya de sa tête sa sanglante dictature; et Léonidas
fut transféré b Paris pour y attendre son jugement.
Au moment du départ, assis dans la voiture qui
devait l'emmener, il rencontra les yeux d'Hélène
fixés sur lui avec compassion, et un tardif repentir
entra dans son âme. Il fut enfermé b la Conciergerie,
et pendant deux jours il attendit un arrêt dont la
conscience du passé lui faisait assez présager la
rigueur.
La nuit était venue, il se trouvait seul dans sa
cellule, petite chambre basse et froidevoûtée
comme uu sépulcre, où la lumière fumeuse d'une
Religion et ses ministres. Une croix d'honneur doit
bientôt décorer la poitrine de Laurent, de cet
apostat impie qui b l'université de Gaod, empoi
sonne la jeunesse des Flandres catholiques.
Mais on ira plus loin; les rêves subversifs de la
maçonnerie, les symboles maçonniques et les grades
de l'ordre intérieur dictent un bouleversement
social complet; ils ont en horreur la propriété et la
famille, ces deux autres bases de la société que la
Religion soutient; il faudra aller plus loin il faudra
aussi les détruire ou lentement ou dans une catas
trophe violente que la destruction de la Religion
amènerait inévitablement. Enlrelemps on y tra
vaillera en travaillant b la corruption des mœurs,
cette gangrène de la vie et des devoirs de la famille;
jusque dans les simples paroisses on cherchera b
organiser des bais populaires, et l'impôt sur les
successions en ligne directe progressivement étendu,
sera une première brèche faite b la propriété, La
révolution dans les idées, dans les mœurs, dans les
rapports sociaux brisera la résistance des maçoos
propriétaires.
Le manifeste maçonnique de l'association libé
rale d'Ypres, est gros de ces orages. Ecoutez plutôt
les paroles suivantes
Entre nos adversaires et nous, dit-il, il y a
un abime
Électeurs! garde b vous, ou vous y serez en
gloutis!
Nous recevons communication du document
qu'on va lire. C'est l'adresse aux électeurs belges
que les membres formant la majorité de la Chambre
dissoute ont adoptée dans leur réunion du 1 3 de ce
mois. Le langage plein de raison et de dignité de
nos amis politiques n'a pas besoin de commen
taires. Puisse ce généreux appel fait au bon sens
national être écouté! Il y va du salut de la patrie
AUX ÉLECTEURS.
La violence avait fermé, il y a quelques mois, les
portes du Parlement; nous attendions irapatiem-
lampe ne servait qu'b rendre les ténèbres visibles.
Léonidas était assis auprès d'une table ioégale et
boiteuse, sa tête appuyée sur ses mains; son visage
sombre disait assez quelles pensées importunes se
pressaient daos son cerveau aux fonfanteries du
préau, où la tristesse se noyait dans de vaines
bravades, avait succédé le silence de la nuit; les
idées graves, éloignées jusqu'alors, se dressaient b
cette heure, créancières impitoyables, qui voulaient
avoir leur tour. Tout ce qu'après une rie souillée
de crimes, le supplice a d'affreux; tout ce que
l'obscure éternité peut avoir de terrible, se pré
sentait b l'imagination troublée du jeune homme;
un abattement mortel se glissait dans ses veines, et
et il sentait s'évanouir, en cet instant, la seule
vertu qu'il eût conservée un mâle courage et le
mépris de la mort.
Comme un homme qu'enivre le vertige au bord
de l'abîme, il laissait fuir le temps saDsIe mesurer,
quand il fut tiré de sa rêverie par un léger bruit;
il tourna la tête, et une sourde exclamation sortit
de ses lèvres.
11 crut voir une apparition Hélène était devant
luidebout dans la pénombre de la porte...
Pour être continué.)