41me Année.
Mercredi 9 Décembre 1857.
No 4,194.
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 3 mois.
?P3iBS, 9 Décembre.
Candidats du parti conservateur
pour l'élection du 10 courant
M. Jules Malou, membre
sortant, et
M. Charles V an Reny ngbe,
membre sortant.
revue politique.
LE QLATERNE.
LE PROPAGATEUR
Les nouvelles politiques de l'étranger perdent
singulièrement de leur intérêt, la veille du 10
décembre, en présence de la grande lutte électorale
où peut-être doivent se décider les destinées de la
Belgique.
L'émoi est toujours grand néaomoins daus le
monde financier. La crise commerciale, qui de
l'Amérique du nord s'est abattue comme une
trombe sur le Royaume-Uni, qui a sévi également
en France et a passé jusqu'en Allemagne, com
mence maintenant h se faire sentir b Saint-
Pétersbourg et b Varsovie. En cette dernière ville
l'or et l'argent ont presque complètement disparu
de la circulation; les transactions commerciales
sont nulles. Les seules bancknotes en circulation
ne sont reçues qu'à 6 p. c. de perte.
Dans un autre ordre de nouvelles, signalons (ne
fut-ce qu'eu vue de notre propre édification) la
conduite du gouvernement soi-disant libéral du
Tessin. Il vieot de condaminer toute une série de
communes et de particuliers, du cbef d'avoir reçu
l'archevêque de Milao, en tournée pastorale, avec
de grandes démonstrations de joie et de vénération.
Ou cite un sacristain du Val de Btegno, condamné
b une amende de 5 fr. pour avoir sonné les cloches.
Le conseil libéral de Berzona vieot de se
signaler b son tour. A Loco un intrus exerce les
fonctions du culte, et le peuple de cette localité,
(Scite. Voir le n° 4i°9' du Propagateur
Cet homme pouvait, par le corps, avoir quarante
ans environ. Mais pour l'âme, il paraissait déjb un
vieillard, tant je ne sais quelle souffrance cachée
mais qui cherchait b se faire jour en tousses traits,
avait donné b son visage un caractère de vieillesse
anticipée et un âge qu'il n'avait certainement pas.
Il leva une main osseuse et me fit signe du doigt
en m'iuvitant avec instance b entrer dans la maison.
Deux secondes, et lui-même vint ouvrir la porte.
J'entrai.
Soyez-le bien venu sous ce toit, me dit-il, en
m'offrant un siège que j'acceptai avec reconnais
sance après avoir déposé sur la table mon chapeau
et mon portefeuille.
Cet orage s'est bien subitement levé, dit-il,
mais la chaleur nous présageait...
A ces inots il s'arrêta brusquement et passa
la main sur son visage. Une secousse convulsive
parcourut tous ses traits. Je ne compris rien b la
ne voulant pas communiquer avec lui, va dans les
paroisses voisines pour remplir ses devoirs religieux.
Mais le conseil communal de Berzona ne veut pas
que les fidèles de Loco viennent dans son église et
punit de 4 fr. d'ameode quiconque parmi eux vient
b Berzona pour entendre la sainte Messe. Ce
n'est ici qu'un exemple sur mille de la manière
dont le libéralisme entend pratiquer la liberté des
cultes.
Les partis luttent sur le terrain religieux. La
liberté de l'enseignement et celle de la charité
sont, parmi nos libertés constitutionnelles, les
seules sur la portée pratique desquelles il existe
des dissentiments.
Celte division est-elle, ou peut-elle devenir
fatale au pays? Vaut-il mieux, comme l'auteur de
la Revue nationale le soutenait autrefois, que
oous soyons divisés en catholiques et libéraux que
d'être divisés en Flamands et Wallons?
C'est un problême très-grave. On a beau pro
tester, dans les circulaires ministérielles et dans les
factums de minorité, d'un profond respect pour la
religion de ses pères; on a beau entremêler aux
attaques les plus violentes contre la religion catho
lique les simulacres de ce profond respect, les
entraînements de la guerre peuvent détruire ou du
moins altérer dans les populations le sentiment
religieux, première condition de l'ordre et de la
liberté. D'autre part, il faut reconnaître que, par
une loi providentielle, i'intéfêt moral prime l'in
térêt purement matériel; d'où il suit que le parti
politique fondé sur le maintien de ce sentiment
intime de la conscience et de la foi a des forces
immenses, des forces que les intérêts matériels ne
donnent point.
Nous sommes divisés eu catholiques et en libé
raux. Est-ce un bien, est-ce un mal Je ne discute
pas, car c'est un fait non arbitraire, mais qui naît
des besoins et des passions; on essaierait inutilement
de faire aujourd'hui une autre division.
cause de son inexplicable émotion. Seulement je vis
qu'il ne quittait pas des yeux le billet de loterie que
j'avais mis dans mon portefeuille et dont un bout
qui en sortait se moutrait assez visiblement pour
qu'on pût reconnaître ce que c'était.
Serait-ce ce chiffon de papier dont la vue
vous émeut ainsi? demandai-je b mon hôte, peut
être le souvenir de grandes pertes subies vous
revient-il en mémoire par Ib et vous trouble-t-il
de la sorte?
Il ne répondit b mon interrogation que par un
sourire amer et plein de mélancolie.
Monsieur, toute la richesse de roi que ce
numéro l'a peut vous donner je l'ai tenu dans cette
main.
Et vous vous plaignez encore des caprices de
la fortune?
Et des yeux je parcourus la chambre assez mal
garnie et assez peu en harmouie aussi avec la
possession d'une pareille richesse.
Mais j'ai tout rendu et j'ai voulu rester
pauvre comme devant.
Il dit ces paroles avec tant d'assurance et de
calme que je sentis s'augmenter b chaque seconde
Parti catholique et libéral, c'est une antithèse
complète et absolue, une opposition radicale, une
contradiction dans les termes.
Cette contradiction n'existe pas toujours lors
qu'on veut appliquer b des individus entraînés
dans l'orbite d'un parti la qualification qui con
vient b ce parti; mais au parti même,elle s'applique
très-rigoureusement et b toute évidence.
Il y a des libéraux qui sont, d'autres qui se
croient catholiques; le parti libéral est de sa
nature aoti-catholique.
Malgré les précautions oratoires, les faux-fuyants,
les moyens termes, les restrictions et les distinc
tions, il n'est pas un acte du parti qui ne révèle et
ne rende sensibles ces tendances et ce but.
Ëcoutez-Ie, dans ses circulaires et ses manifestes,
séparant la religion de ses ministres, comme s'il
pouvait y avoir un culte catholique sans clergé.
Ecoutez-le, plaignant le bas clergé de subir le
despotisme des évêques, rêvant, dans notre libre
Belgique, la constitution civile du clergé, comme
s'il pouvait y avoir une église catholique sans
hiérarchie.
Écoutez-le, dans sa presse, travaillant b dé
truire, b honnir tout ce que les catholiques respec
tent, aboyant chaque jour b la soutane et maudissant
tous les dévouements que la religion inspire.
Admirez-le, ce parti, lorsque, par un de ses
principaux organes, il remplit deux séances du
Parlement d'un pays civilisé de toutes les calom
nies ,J vieilles et nouvelles qu'il est possible
d'entasser contre le clergé, prétendu spoliateur
des pauvres.
Lisez tous, avant le 10 décembre, pour vous
instruire sur les tendances de ce parti, la préface
des œuvres de Marnix, éditées b grand fracas sous
les auspices des notabilités libérales de Belgique,
et qui vous disent Il ne suffit pas de détruire le
catholicisme, il faut le déshonorer; ce n'est pas
assez de le déshonorer, il faut l'étouffer dans la
boue.
ma curiosité. Je l'interrogeai des yeux et de la
pensée attendant qu'il continuât de me douner
l'explication de ce qu'il venait de me dire, lorsque
tout b coup la porte s'ouvrit et une jeune fille de
douze b treize ans se jeta dans ses bras et b son col.
C'était un enfant ravissant, comme une de ces gra
cieuses créations que le pinceau de Wappers nous
reproduit si bien sur ses belles toiles. Une tête
délicieuse, une riche chevelure blonde, de grands
yeux bleus et un sourire qui nous allait jusqu'au
fond du cœur. Et cette tête charmante, elle la cacha
avec un petit cri d'amour dans la poitrioe de mon
hôte, puis l'embrassa sur les deux yeux, par un
singulier caprice d'enfant, en lui prodiguant toutes
ces enfantines caresses où réside uo charme si doux
que je compris, en ce moment, pourquoi les peintres
naïfs et profonds du moyen âge ont toujours repré
senté les anges sous la forme de jeunes filles. Un
instant elle leva la tête et m'aperçut; ellene m'avait
pas avisé jusqu'alors. Et aussitôt sa bouche si rieuse
se contracta en une moue pareille b celle que
l'homme m'avait montrée la vue du billet de
loterie l'enfant avait aperçu le billet aussi.
Anna, lu as oublié de saluer monsieur. C'est
un hôte que nous devons au même orage qui