41 me Année. ^ïercredi 20 Janvier 1858. No 4,206. LE PROPAGATEUR pour la ville 6 fr. par an, pour le dehors fr. 7-50 par 4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATIIOLIQEE. CONSTITETIO! BELGE. an5 fr. pour 6 mois, 2-75 pour 3 mois. TPB.3S, 20 Janvier. revue politique. Les pernicieuses doctrines, qui sous l'égide et le couvert du libéralisme de toute nuance tendent dissoudre tous les liens du devoir et de l'ordre social, viennent encore une fois de se traduire en acte, et sont passées aux voies de jail. Ce principe de nos esprits Jorls, qui refuse de reconnaître une règle de conduite que la raison humaine n'ait point enfantée, une raison supérieure au sens individuel d'un chacun, n'a fait que porter tel fruit que sa nature comporte. Celle théorie de la liberté de la pensée, des droits de la raison, qui s'enseigne dans toutes les écoles ou préside le libéralisme, les assassins de Napoléon III l'ont prise au sérieux; ce sont des philosophes pratiques. D'ailleurs l'attentat de la rue Lepeletier n'est point désavouer par celte presse prétendue libérale, ni par la bour geoisie ajfiliée aux loges ou aux clubs, elles qui couvrent de leurs sympathies éclairées et con stantes toute entreprise subversive de l'ordre public, pourvu que le catholicisme en soit victime. Mais d'où vient queplus que tout autre, le chef du gouvernement français se trouve en butte aux coups homicides des siccaires de la révolutionUn correspondant Parisien du Journal de Bruxelles émet ces réflexions. La révolution a besoin d'être maîtresse des forces de la France pour lutter avec avantage contre les forces conservatrices de l'Europe. Elle le sait d'instinct, elle le sait aussi d'expérience, parce qu'elle se souvient de 1 793, époque de ses plus grands triomphes comme de ses plus grands crimes. Elle est convaincue qu'elle ne peut rien sans la France, et qu'elle peut tout avec elle, et comme elle sait qu'on s'empare de la France Paris, elle ne recule pas devant un crime qui pourrait la conduire au but. RESCIIID-l'ACIIA. Reschid-Pacha, l'homme d'État émineot que vient de perdre la Turquie, était né en 1802, Coostantinople. Sou père, Mustapha effendi, était administrateur général des biensde la mosquée du sultan 8ajazet, et sa mère appartenait a urie famille dont plusieurs membres avaient rempli de hautes fonctions diplomatiques. La mère de Reschid, femme de forte intelligence et de volonté puissante, avait fait donner son fils nne éducation distinguée. Aussi celui-ci, n'ayant encore que quinze ans, fut-il choisi par son beau- frère, Ali-Pacha, pour remplir auprès de lui les fonctions de secrétaire particulier. Le jeune Reschid suivit avec ce titre son protec teur dans les gouvernements de Morée et de Brousse, puis a Constantiuople, où Ali Pacha fut appelé, en 1822, pour devenir grand visir. L insuccès des expéditions successivement diri gées contre la Grèce révoltée causa la disgrâce d'Ali-Pacha, qui le divan reprochait de trop pencher pour les mesures de douceur et de con- ciliatioules seules qui, dans son opinion, pussent Ce crime a échoué celte fois; mais s'il avait réussi, tout ne se serait pas borné a la mort de l'Empereur. Il n'y a pas d'action sans but. On ne tue pas pour tuer. Derrière le crime, s'il avait réussi, on aurait tenté un coup de révolu tion. Que ceux qui l'auraient tenté ne connussent pas le dessein pervers des quatre scélérats, cela est possible, probable, si Ion veut on ne divul gue pas de pareilles atrocités, d'abord par pré caution, ensuite dans la crainte de révolter les dmes. Mais, nous ne pouvons en douter, il y a des sociétés secrètes dont Iexistence a été judiciai rement constatée et qui, sur un mol d'ordre, peuvent descendre dans la rue. Nous les avons vus, lors des funérailles de Déranger, effrayer la cité en venant se faire passer en revue la lumière du soleil. Foilà sur quoi avaient compté les meurtriers. Ils s'étaient dit Si nous réussissons, il y aura une révolution derrière notre succès, Tout ce que je puis ajouterc'est que d'après les bruits qui courent, les propos étaient, depuis quelques jours, hor ribles dans ce monde latent et souterrain où germent les révolutions. Terrible état que celui d'une société qu'on peut ainsi tuer en la visant la tête. L'allocution prononcée en cette circonstance par M. de Morny, président du Corps Législatif, a été particulièrement remarquée. M. de Morny a signalé énergiquemenl la coupable facilité avec laquelle certains pays amis et même alliés, tolèrent des laboratoires d'assassinat et appliquent les saintes lois de Ihospitalité des bêtes féroces. On n'est pas éloigné, dit une correspondance, .le penser que des négociations seront prochai nement suivies dans le sens indiqué par M. de Morny. Avant que de clore notre Revue, et bien que les nouvelles de la France absorbent tout l'in térêt du moment, signalons la reconstitution du ramener les insurgés sons le joug de la Porte. Reschid, qui déjà s'était fait remarquer par une grande aptitude aux affaires, devint d'abord secré taire du nouveau grand-vizir Sélim-Pacba, qu'il suivit dans la campagne de 1829 contre les Russes. Izzel Pacha, successeur de Sélim Pacha, le maintint dans ses fonctions, et le chargea même de prendre part aux négociations du traité d'Andrinople. A son retour, grâce l'influence de Perte w Pacha, ministre des affaires étrangères, Reschid-Pacha fut nommé amedji (rapporteur du divan), et en cette qualité il fit partie, eu janvier 1833 de la mission de Halil-Pacha en Égypte. On sait que cette mission avait pour but d'arra cher Meheraet-Ali, vainqueur Konieh, les meilleures conditions possibles, et que le résultat des efforts heureux de Reschid fut le traité de Koutahia, qui ne pouvait alors que satisfaire le sultan. Reschid avait trente-deux ans. Sa connaissance spéciale de la langue et de la littérature françaises, ainsi que les talents diplomatiques dont il avait constamment donné des preuves, engagèrent le sultan le choisir pour présenter la Turquie auprès ministère espagnoldans le sens des principes modérés, sous la présidence de M. de. Isturilz. Le Portugal commence respirer, la suite de la terrible épreuve que les ravages de la fièvre jaune lui ont fait traverser. Le royaume de Naptes se trouve encore sous le poids de l'immense désastre dont quelques secondes de tremblement de terre l'ont couvert. Nos abonnés recevront avec le n® de ce jour la Réponse du Président de Iadministration des Hospices civils d'Ypres, du 29 Décembre 1857, au Rapport adressé l'autorité communale, par la majorité de l'administration des Hospi ces, le 20 Octobre 1857. Aucun journal de la gauche n'enregistre le démenti net et complet que nous avons formulé relativement aux accusations dont la presse dite libérale s'est rendue coupable envers l'honorable premier président de la cour de cassation. Ce silence calculé donne la mesure de la bonne foi de nos adversaires. {Gazelle de Bruxelles.) Nous savons de source certaiue qu'une circulaire confidentielle a été adressée quelques bourg mestres, pour leur prescrire d'avoir l'oeil sur les quêtes qui se font dans leur commune en faveur des œuvres catholiques. Le ministère soupçonne le clergé et les popula tions catholiques de faire servir l'argent recueilli pour ces œuvres former un fonds électoral, et il ordouue aux chefs de l'administration communale d'exercer ce sujet une surveillance rigoureuse. sera parfaitement servi par les hommes dévoués auxquels il adresse ses instructions inquisitoriales. On nous assure qu'aussitôt après la réception de la circulaire, un administrateur progressiste d'une petite ville que nous pourrions nommer, s'est rendu dans une école de la commune pour s'informer officiellement de l'usage que l'ou fesait de l'argent donné par les élèves l'œuvre de la Sainte-Enfance, du gouvernement français. Il vint doue Paris, puis Londres. Deux ans passés l'étranger, dit un de ses biographes, fortifièrent, avec sa science diplomati que, sou esprit pour les institutions des chrétiens, son estime de notre civilisation douce et éclairée, enfin son besoiu de réformes. Il faisait chaque jour avec amertume la comparaison entre deux ordres de choses si différents; et parce qu'il voyait de splendeur et de vie, d'un côté, parce qu'il avait vu de ténèbres et de torches, de l'autre, il sentait quelles causes avaient précipité la décadence de l'empire ottoman, comme aussi quels remèdes pourraient conjurer uue perte imminente. Mais, tandis que Reschid se livrait ainsi une étude intelligente des institutions des deux puis sances les plus éclairées de l'Europe, son protecteur, Pertew Pacha, parvint renverser le vieux Khos- rew, et invita le jeune ambassadeur venir occuper le poste de ministre des affaires étrangères. Je suis ministre, disait-il, et mon fils Reschid est miuistre des affaires étrangères. Qu'il se hâte donc de quitter le pays des infidèles et de venir me rejoindre. Pour être continué.)

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1858 | | pagina 1